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1 septembre 2008 1 01 /09 /septembre /2008 07:39
Après le triomphe de 6eme sens et le succès plus mitigé d'Incassable (Quoique plus de 350 millions de dollars de recette !!) , M Night Shyamalan était attendu au tournant. Allait-il continuer sur sa lancée du retournement de dernière minute ou se renouveler ? Malin, le réalisateur a tout simplement opté pour une solution médiane. Sans renier son attachement au fantastique, il investit de nouveau un thème archiconnu (l'invasion extraterrestre) mais continue à le traiter sous un angle intimiste. Le spectaculaire est donc d'ores et déjà exclu. De toutes façons, sur ce thème impossible de faire mieux qu'ID4.

Signes prend donc comme décor une ferme de Pennsylvanie et comme personnage une famille brisée par la mort récente de la mère. Gibson, extraordinaire dans un rôle où , à l'instar de Bruce Willis, il se débarrasse de tous ses tics, en est le pivot : un pasteur qui a perdu la foi et qui traîne son amertume , entraînant ses enfants et son frère dans une spirale plus ou moins autodestructrice. Mais comme souvent chez Shyamalan, le vrai pivot a moins de 10 ans. Dans 6eme sens, tout le film tournait autour des visions de l'enfant. Dans Incassable, c'est l'enfant qui obligeait Willis à ouvrir les yeux sur ses pouvoirs (la scène magistrale où il pointe une arme sur son père). Dans Signes, sitôt le thème de l'invasion posée, ce sont les enfants et , dans une moindre mesure, le jeune frère (prodigieux Joachim Phoenix) qui mènent la danse. Gibson est donc obligé de suivre et il ne reprendra l'initiative qu'à la toute fin de l'histoire. Le thème arrive d'ailleurs très vite : en quelques minutes , nous découvrons le décor, la famille et les crop circles.

Signes est à l'image de la mise en scène de son auteur : lent, hypnotique et gracieux. Les scènes s'enchaînent sans failles et , une fois de plus, la précision des images ainsi que le hors champs , dont l'emploi ici confine au génie, permettent au spectateur de s'immerger totalement. Pour la 3eme fois, Shyamalan prouve qu'il n'est nul besoin d'effets visuels complexes, d'explosions titanesques ou de climax démentiel pour offrir un film fantastique digne de ce nom. Reprenant , sans se cacher, le thème des Oiseaux d'Hitchcok, il se permet même de laisser sans réponse l'essentiel des questions : pourquoi cette invasion ? Comment expliquer son échec ? L'emprise qu'offre le film au spectateur trop heureux de se laisser berner permet cette façon de faire que l'on en tolérait pas chez un tâcheron !

La grande nouveauté de Signes est sa gestion de la peur. Si 6eme sens offrait quelques scènes choc , il en émanait un sentiment de malaise mais pas de terreur. Ici, dès les premières minutes, le malaise devient pesant et va se transformer en peur absolue au fur et à mesure du film. A l'aide de quelques images (l'apparition de la créature sur le toit , la vision de sa jambe dans le champ, le dessin dans le livre sur les OVNI) , Shyamalan nous dit : "Attention , ces ET ne nous veulent pas du bien". Reprenant la théorie des Dents de la mer (Moins on en voit, mieux c'est) , Signes économise ses effets , ne brûle pas ses cartouches. Résultat : la scène où Phoenix regarde la vidéo amateur brésilienne nous glace le sang et reprend l'horreur du 11 septembre. La terreur éprouvée par le frère est palpable et passe au delà de l'écran. Et Shyamalan enfonce le clou quand la créature tente de prendre les couteau des mains de Gibson à travers la porte.

Désormais, toute la fin du film n'est qu'un long cauchemar qui s'inspire cette fois de La nuit des morts vivants. Une fois de plus le hors champ est constamment sollicité. On ne les voit pas mais on sait qu'ILS sont là. Et quand l'aube se lève, porteuse d'un nouvel espoir, on sait très bien que le répit ne sera peut être pas si long. Après tout, le livre ne dit-il pas : "S'ils sont mis en échec, ils reviendront."

La fin a pu poser problème car c'est le retour de la foi qui permet à Gibson de sauver son fils. Je pense personnellement que, au delà d'une foi religieuse (que je ne partage pas) , c'est peut être la capacité à croire qui est sollicitée. Shyamalan nous dit que rien n'arrive par hasard et ce sont les dernières paroles de sa femme qui sauveront Gibson. Il est clair que , suite à cette expérience , Gibson ne pouvait que retrouver la foi. Mais faut-il vraiment taxer cette fin d'happy end religieux ? Peut être pas. Chacun est libre d'imaginer les derniers plans : passé (il y a deux oreillers sur le lit) ? futur ? (il neige).

En se concentrant sur sa mise en scène et sa direction d'acteurs, Shyamalan permet également au délicat équilibre de durer . L'insertion de quelques moment d'humour désamorce un peu le malaise mais l'espace de quelques instants seulement. Enfin, la musique joue également son rôle de manipulatrice. Manipulation : voilà le maître mot de Signes. le réalisateur, à l'instar de Spielberg, nous connaît et nous manipule, sans honte aucune. Pour certains, c'est l'apologie d'un cinéma commercial. Peut être mais en quoi la manipulation à des fins de divertissement est elle condamnable. Le débat est ouvert !

La force de Signes est justement d'amener le spectateur où il ne souhaite pas aller. Ceux qui attendait une révélation style 6eme sens sont obligés d'admettre qu'un film à chute peut parfois se passer de chute. Ceux qui espérait un traitement spectaculaire sont obligés d'admettre que parfois, moins c'est mieux. Et ceux qui espérait assister à un spectacle de terreur sont récompensés au delà de leurs espoirs. Signes fout carrément la trouille et c'est la peur au ventre que l'on voit se dérouler le film. Malin, voire roublard, Shyamalan sait comment nous frapper à l'estomac et ne s'en prive pas. Après nous avoir donné l'un des meilleurs (le meilleur ?) films de super héros , son Signes s'inscrira forcément au firmament des films de terreurs. Dommage vraiment que le public français n'ait pas désiré le suivre plus fortement dans cette quête sans nom.
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commentaires

S
Décevant "Warnings" effectivement, je m'attendais à mieux. C'est pas vraiment un remake, c'est un "Signes" à la sauce ados.
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D
Je ne l'ai pas vu mais la jaquette du DVD repompait sans vergogne le chef d'oeuvre de Shyamalan.
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:
Excellent film qui a connu un remake minable : Warnings
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  • Enseignant, fan de cinéma et de métal, chanteur dans différents groupe de métal, collectionneur de tout ce qui touche à Star Wars... what else ?
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***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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