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20 septembre 2008 6 20 /09 /septembre /2008 06:55
Allet, j'ai déjà la nostalgie des vacances, avec ce temps déjà froid. Raison de plus de republier cet avis, paru il y a deux ans sur l'ancien SOI.

le pitch : Un chirurgien esthétique se voit contraint de plonger dans un monde impitoyable , celui du camping !!

 
Excellente surprise que ce film. Alors qu'on s'attend à une grosse comédie bien grasse, on découvre une chronique douce amère sur un monde que nous avons tous connu (et que certains, dont votre serviteur, continue à connaître !! Et avec joie) , un vision finalement tendre et des personnages attachants. Camping sent le vécu et se moque gentiment de ces vacances pas comme les autres. Logique, Franc Dubosc a passé ses vacances plus de 33 ans dans des campings. Pas question pour lui de céder à la caricature grossière et insultante mais bel et bien de rendre hommage à son passé.

Camping réussit là où Les Bronzés 3 ont échoué : proposer une série de sketches qui , mis bout à bout, forment le corps d'un récit linéaire et ne pas s'embarrasser d'histoires parallèles inutiles. En reprenant la structure de Jet Set (une personne plongée dans un univers qu'elle ne connaît pas) tout en l'inversant (ici , Gérard Lanvin n'a jamais voulu pénétrer ce monde) , Fabien Onteniente redécouvre un cinéma simple et populaire, loin de la vulgarité sophistiquée de People. Avec des acteurs au diapason, il parvient à faire rire, émouvoir sans jamais franchir la mince ligne qui sépare de la comédie bébête.

La comédie tire sa force des dialogues. La maxime se vérifie ici. Chaque acteur aligne de véritables perles qui font mouche. Ces dialogues remplacent les gags (quasi inexistant) et les grosses ficelles. Certes, on a un peu peur avec les premières scènes de Lanvin dans sa clinique. Mais dès que l'histoire se déplace aux Flots bleus (un vrai camping qui , soit dit en passant , profite à fond du succès du film) , exit les craintes et place à la franche rigolade. Voir Claude Brasseur dire que les 30 bouteilles de Pastis ont englouti un quart du budget l'année d'avant, ce qui l'oblige à utiliser la petite boule est un régal. Autres perles "avec la couilette, je maîtrise la consommation" ou "Chassez le naturiste, il revient au bungalow" !!. Et ne parlons pas de cette scène culte qu'est la négociation avec les nudistes.
Mathilde Seigner , pourtant peu souriante (mais toujours aussi jolie)  , déclame en plein restaurant "Mon mari est un brouteur de minou" et on rit. Tous les acteurs ont droit à leur futur classique. Mention spéciale bien sûr pour Patrick Chirac Alias Frank Dubosc qui obtient les plus belles répliques. Sans en faire de trop (une tare trop présente chez les comiques issus de la télé ou de la radio), ses reflexions "philosophiques"  sur la vie, les femmes , le Benco valent là aussi leur pesant d'or.

Mais une comédie ce sont des personnages. Ici, ils sont sufisamment typés pour qu'on ne les confonde pas mais sans pour autant tomber dans le gros cliché. Ainsi, le vieux couple de campeurs incarné par Claude Brasseur et Mylène Demongeot (que l'on avait redécouvert dans 36, quai des orfèvres) symbolise à lui seul les gens pour qui rien ne doit changer, surtout pas en vacances. Et quand Lanvin leur demande pourquoi ils n'achètent pas une maison dans la coin, Brasseur a cette réponse géniale car véridique "oui, mais on peut aller ailleurs si on veut". Autre couple, celui de Mathilde Seigner. Le réalisateur ne la met pas à son avantage dans ce rôle de femme ternie par la vie, meurtrie par l'infidelité de son mari et qui ne sait plus qui elle est. Là aussi, un tâcheron en aurait fait une folle lubrique. Mais le scénario a le respect (et la pudeur) de lui faire comprendre qu'elle peut pardonner à son mari. Touchante et sincère, Mathilde Seigner est véritablement la lumière de Camping.

 Gérard Lanvin retrouve un rôle comme on aime chez lui : râleur mais finalement généreux. Un personnage que l'on juge antipathique puis sympa puis de nouveau antipathique.... Son personnage ne va pas se fondre dans l'univers du camping comme on aurait pu le penser. Il va même rejeter ses nouveaux amis puis se raviser par l'intermédiaire de sa fille. Son mépris pour les vrais gens va finalement être vaincu par la générosité des campeurs.

 Certes, ils n'ont pas inventé l'eau chaude (on a quand même droit à tous les délires des vacances au camping, avec les fameuses soirées à thèmes, les courses déguisés en canard, les sorties dans les boîtes minables, l'election de Miss Camping et autres délices des 4 étoiles. On a même droit à un caméo de Bernard Montiel, l'ex-présentateur de Vidéo Gag) mais ils ne revendiquent qu'une vie simple. Lanvin va donc devoir abandonner provisoirement sa sophistication mais le film ne se fait jamais démagogique au point de le transformer en campeur. Il traverse l'histoire en râlant, en ne comprenant pas ce qu'il lui arrive et surtout en n'ayant que peu de reconnaissance envers ceux qui l'ont aidés. Et même si ce séjour l'aura transformé, il ne sera pas pour autant un autre homme. Pas de conte de fée à la Jet Set donc mais une véritable chronique de deux hommes seuls qui choississent d'affronter leur solitude différement.

C'est finalement sa fille qui le fera revenir à d'autres sentiments, preuve supplémentaires d'un refus de l'illogisme. C'est par son "camp" que Michel changera quelque peu. Mais jamais il ne comprendra vraiment la chance qu'il lui aura été offerte.

L'autre solitaire c'est Dubosc. On peut le voir comme un niais, un dragueur, un abruti ou un imbécile heureux (il m'a rappelé Bourvil dans certains de ses rôles) mais son personnage est un vrai tendre, un type qui a le coeur sur la main, qui accueille sous sa tente un étranger, allant jusqu'à payer sa part. Il veut que Lanvin fasse partie de son univers sans se rendre compte que ce dernier refuse de quitter le sien. Et même en s'apercevant de la duplicité de Lanvin, il lui pardonnera. Un rôle rare donc dans les comédies où les vrais salauds ne sont pas forcément ceux que l'on pense. Patrick Chirac est un peu le cousin éloigné de François Pignon, version tongue et slip de plage. En plus beauf bien sûr et l'écriture du personnage flirte souvent avec la caricature. Mais Dubosc parvient à rendre attachant cet imbécile (mal)heureux , empétré dans ses contradictions, amoureux de sa femme mais dragueur minable. Rien que le patronyme Chirac résume le personnage : un type qui a raté sa vie mais qui ne veut pas rater ses vacances et qui se complait dans une délicieuse routine.

On pourra me dire que le film n'est qu'une accumulation de clichés sur le camping. C'est vrai mais c'est fait avec tendresse. Alors oui, Camping n'est pas le chef d'oeuvre de l'année. Mais on ne lui demandait pas . Ce n'est qu'un film comique qui est drôle. Et ce n'est pas si courant, par les temps qui court.

NB  : le film est dédié à Jacques Villeret. L'acteur aurait du incarner le rôle tenu par Claude Brasseur (un rôle de composition). Le destin en a voulu autrement. Mais sur son nuage, Villeret doit sûrement être très fier du rôle qui a échu à un de ses amis.
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commentaires

S
J'y allais avec beaucoup de recul, j'ai finalement trouvé ce film assez sympa, même si il faudrait que je le revoie.
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S
un film qui va devenir culte ! excellent à voir et revoir<br /> vive le camping
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  • : Salla Obscursium Invocat
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  • Enseignant, fan de cinéma et de métal, chanteur dans différents groupe de métal, collectionneur de tout ce qui touche à Star Wars... what else ?
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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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