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13 octobre 2008 1 13 /10 /octobre /2008 00:47
Le pitch : Alors que l’empire de Michael Corléone connaît des difficultés, retour sur les premières années de Vito Corléone.

Le Parrain II est considéré par beaucoup comme une séquelle supérieure à l’originale. Je trouve cela partiellement vrai.

Partiellement car si, effectivement, le chassé-croisé entre le passé et le présent permet de comparer à la fois l’ascension de Vito et le début de la chute de Michael, il est clair que certaines coupes narratives handicapent le récit. La version remontée que fit Coppola pour la télévision, dans les années 80, en entremêlant les deux films dans un ordre chronologique et en intégrant les scènes coupées s’avère nettement plus fluide et plus compréhensible.

Mais si l’on passe sur ce (gros) détail, Le Parrain II est une véritable merveille qui utilise à fond l’ambiguïté de Pacino et la force de De Niro. En revenant aux sources de l’histoire, en montrant comment un petit orphelin italien va devenir le chef d’une des plus puissantes familles de New York, le réalisateur se fait certes plaisir en recréant l’Amérique du début du siècle, ou en revisitant des personnages comme Clémenza, il réalise surtout l’exploit de rendre bien plus attachants des hommes qui vouent leur vie au crime, mais qui se mentent à eux-mêmes.

Prenant le contre-pied du premier film, cette séquelle porte vraiment le nom de deuxième partie puisque, contrairement aux suites en vigueurs dans les années 70, il ne raconte pas la même histoire. Au contraire, elle s’en démarque totalement, évacuant le côté baroque du premier film pour plonger dans un univers plus froid (celui de Michael) et un autre plus chaleureux (celui de Vito). Là, où Vito s’attache les hommes par l’amitié, Michael ne connaît finalement plus que le langage de la force. On le craint, mais le respecte-on ?

De plus en plus inhumain au fur et à mesure que le métrage avance, il ira jusqu’à faire tuer son frère, tandis que Vito devient petit à petit le parrain respecté du premier film.

Visuellement, les énormes moyens mis à l’écran prouvent que Coppola n’ait à l’aise que dans la démesure. La reconstitution de la Little Italy des années 20 en est une preuve éclatante, de même que le Cuba pré-castriste. On peut reprocher au réalisateur de ne pas donner de pistes historiques aux spectateurs. Mais ce serait oublier que dans les années 70, d’une part, ces évènements étaient bien récents (la prise du pouvoir par Castro n’a pas 20 ans) et que, d’autre part, la culture historique des spectateurs était bien plus grande. Et puis, pris dans le tourbillon de l’histoire et finalement dépassée par elle , même s’il avait envisagé la victoire castriste, Michael n’a pas grand-chose à faire avec cette révolution. La trahison de son frère l’occupant bien plus, il ne fait qu’être spectateur.

La structure du film a fait énormément pour sa réputation. En mélangeant deux époques, à l’aide de savants fondus enchaînés (et superposant le plus souvent les visages de Vito et Michael), Coppola a établi une structure révolutionnaire car son film est à la fois une séquelle et une préquelle. Ces allers-retours dans le temps permettent aussi de voir comment le monde a changé, comment les hommes ont changé même si les faux-semblants restent intacts. Ainsi, le jeune Clémenza va voler un tapis pour Vito en lui faisant croire qu’il appartient à un ami tandis que Michael nie toutes les charges retenues contre lui lors de la commission sénatoriale. Les deux savent qu’ils mentent mais ils refusent de l’assumer au final. La façade reste intacte, mais les fondations sont viciées.

On voit bien là le génie d’un scénario qui consiste à prendre pour héros des types corrompus et corrompeurs (la scène où le sénateur qui a refusé de ramper devant eux découvre qu’il a couché avec une prostituée désormais morte prouve les méthodes écoeurante de la famille) , à ne rien cacher de leur pourriture intérieure, tout en laissant le spectateur s’attacher à eux.

Alors, on peut effectivement reprocher à la partie contemporaine d’avoir de trop grandes ellipses (rien n’annonce la commission sénatoriale) ou d’une trop grande profusion de personnages parfois mal esquissés, mais au final, Le Parrain reste un modèle de suite réussie et l’un des sommets de l’œuvre de Coppola.
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commentaires

P
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D
Je trouve que Le Parrain III a été sous estimé pendant des années.<br /> <br /> Avec la sortie du coffret dvd en 2002 (celui que je possède, avec Le Parrain II sur 2 disques), cela a commencé à changer .<br /> <br /> Je chroniquerai cette 3e partie sous peu.<br /> <br /> Par contre, que ne donnerais-je pour qu'on ait enfin le montage télé des années 80 . Je crois qu'il existe en Laserdisc NTSC !
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G
Un très très grand classique, c'est indiscutable. Mais je crois que j'ai malgré tout une préférence pour le premier PARRAIN, qui exposait déjà chaque protagoniste et ses failles. Cette suite présente l'avantage d'opposer Pacino et Deniro à travers un montage parallèle situé dans deux espaces-temps distincts. C'est le témoignage de deux époques, la préquelle et la séquelle en même temps, en quelque sorte. Même LE PARRAIN 3, beaucoup décrié, m'a séduit, et j'avoue que le visionnage des trois épisodes dans la continuité est pour moi un plaisir immense.
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*** Un bon film

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* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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