Ha, 007. Cela a beau être le même scénario depuis 40 ans, on se laisse prendre à chaque fois. Et on ne va pas se plaindre.
Petit rappel historique : 1993. Les gardiens de la franchise James Bond sont dans une impasse. Les films avec Thimolty Dalton ont été des échecs commerciaux. 007 est attaqué de toutes parts : Cameron vient de faire le meilleur Bond sans Bond (True Lies), John (Mac Clane) et John (Mac Tierman) ont redéfini le cinéma d'action et notre pauvre agent se sent bien ringardisé. Une décision salutaire est prise : exit les vétérans comme John Glenn qui s'endorment sur leurs lauriers et place à du sang neuf. Un nouveau 007 entre en piste : Pierce Brosnan. Alors que personne n'en attend grand chose, il parvient ni plus ni moins à faire jeu égal avec Sean Connery. Exit également l'humour parfois lourdingue de Roger Moore et les déferlantes de gadgets , place à une nouvelle race de films d'espionnages ancrés dans leur époque. Deux ans plus tard, le succès de Goldeneye confirme que ce lifting était le bon. 97 : Demain ne meurt jamais tient tête à Titanic et révèle Michelle Yeho au public occidental. 99 : Le monde ne suffit pas étonne par la psychologie poussée de ses protagonistes (sublime Sophie Marceau).
2002 : Bond est de retour. Filmé cette fois ci par Lee Tamahori (l'âme des guerriers) mais toujours supervisé coté action par Vic Armstrong, Meurs un autre jour est un excellent cru. Certes, je déplore que le spectaculaire l'ait cette fois ci emporté et que la situation d'ouverture (Bond brisé et laché par le MI6) ne soit pas plus exploitée. Contrairement à ce que l'on a pu lire un peu partout, ce n'est pas la première fois que la scène d'ouverture se prolonge au delà du générique : Goldeneye y voyait l'apparition de 006 , Demain ne... voyait l'apparition du terroriste et Le monde .. était entièrement bâti dessus. Donc, pour une nouveauté !! Il est amusant de voir que barbu, chevelu et plein de cicatrices, Bond garde tout son sex appeal : la race des héros. Car Pierce Brosnan est Bond , définitivement et nul doute que pour la jeune génération, il le restera. Son personnage continue de naviguer en eaux troubles : peu de second degré, une dureté de plus en plus net (même si aucune scène dans cet opus n'égalent celles où il abattait Elektra dans Le monde.. ou ce bon docteur dans Demain...) et surtout une présence physique impressionnante. Qu'importe les racontars sur l'usage de doublures, de cascadeurs virtuels et cie.. Bond est un super héros dont les exploits sont largement plus trépidants que ceux de , disons, Spider-Man.
Et les scènes spectaculaires ne manquent pas : course poursuite sur un lac gelé puis dans un palais de glace (en train de fondre !!), combat dans un avion en chute libre, duel d'escrime brutal dans un club très chic, esquivage d'un glacier qui implose, poursuite en hovercraft... Pas de temps morts durant plus de deux heures. Les péripéties s'enchaînent et le scénario, un peu moins complexe qu'à l'accoutumée, suit habilement. La contrepartie est que les personnages sont taillés à coup de serpes. Jinx , jouée par Halle Berry, a beau sortir de l'eau comme Ursula Andress (dans JB contre le docteur ...trouvez la suite) et tenir la dragée haute à Bond en agent de la NSA, son profil psychologique est à mille lieux d'Elektra. On ne peut pas tout avoir même si la scène d'amour, obligatoire, en rajoute dans le sensuel voire le torride. On sent quand même que les producteurs ont repris l'idée du personnage de Michel Yeho dans Demain : offensive et dangereuse.
L'astuce de ce nouvel opus est de chercher de l'ennemi inédit. La Corée du nord, un des tenants de l'axe du mal si l'on veut croire G.Bush, n'a jamais été exploitée dans la série. Une prochaine mission amènera peut être Bond à la poursuite d'Al Quaida ? Machiavélique, le méchant se dédouble , comme depuis Goldeneye, se triple même (mais en dire plus gâcherait le suspens) et écrase bien sûr le monde par sa technologie. Les méthodes brutales de Bond feront la différence de toutes manières.
Car tous les ingrédients d'un Bond sont là : gadgets, générique high-tech, filles plus ou moins faciles, actions délirantes, exotisme (Corée, Cuba, Islande, Angleterre...), sadisme, Vodka Martini, machisme et même Madonna dans le rôle (trop court) d'une prof d'escrime...Notre Madonne qui chante également le générique. Tout y est. On peut fustiger la formule toute faite , elle est imparable. La musique est toujours (bien) supervisée par David Arnold. Et pour se faire plaisir et pour fêter les 40 ans de Bond, de nombreux clins d'oeil émaillent le film comme, par exemple, cette torture au laser toute droit sortie de ..... Allez devinez un peu !!
Alors rien d'étonnant à ce que le film marche tellement. Les néophytes ne seront pas perdus et les afficionados retrouveront leur univers. C'est tout ce que l'on demande à un Bond !! On notera également et à notre grand plaisir que nul besoin de rock à fond la caisse, d'acteurs tatoués, de façons de filmer djeunes pour qu'un long métrage d'espionnage soit excitant, prenant et jouissif. Ceux qui ont triplement enterré Bond sous des X doivent en prendre de la graine .