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25 novembre 2008 2 25 /11 /novembre /2008 07:13
Soyons clair d'entrée : Gladiator mérite largement son succès critique et commercial. Les chichiteux qui cherchent la petite bête et examinent un à un les quelques défauts du films démontrent une nouvelle fois leur incapacité à comprendre ce qu'est le cinéma.

Car Gladiator est avant tout un film de cinéma et utilise donc à fond sa capacité à créer de grandes images. Ici, les foules sont immenses, les décors sont grandioses, les paysages s'étendent à perte de vue... Tout a été pensé pour donner une impression de grandeur , une idée perdue et qui rejaillit ponctuellement (Titanic il y a deux ans ou La menace Fantôme l'année dernière) , l'idée que la vraie vie d'un film c'est dans une salle, pas en vidéo. Dans le film , l'un des gladiateurs à la vision du colisée dit "Je ne savais pas que l'homme pouvait construire de telles choses". Le spectateur aura tout au long du métrage la même impression

Gladiator s'attache à recréer avec faste une époque qui n'en manquait certes pas. La grandeur de Rome, à son apogée au moment où commence le film , est montrée ici avec une précision maniaque. Tout a été fait pour que le spectateur se sente écrasé par la puissance de l'Empire. Même la tente de Marc Aurèle , l'empereur dont les armées parvinrent à conjurer la menace des germains, est immense . L'empire de Rome ne fut peut être pas le plus grand (celui d'Alexandre le dépassait en taille) mais parce qu'il fut le plus durable (1000 ans en occident, 2000 ans en orient avec la chute de Constantinople en 1453) il est resté dans la mémoire collective. Et Gladiator s'attache à le rendre vivant.

La magie des effets visuels joue ici parfaitement son rôle. Recréant le Colisée, les fastes du sénat, du palais de Commode, et surtout faisant de Rome la ville surpeuplée et grouillante de vie qu'elle était, les effets visuels , comme dans Titanic, démontrent qu'ils peuvent servir à donner la vie, à remplir l'espace et pas seulement à frapper l'imagination. Ils donnent ce supplément d'âme nécessaire à tout péplum.

Péplum , le mot est laché. Genre abandonnée depuis des années, n'inspirant plus que la moquerie ou la parodie (le pas génial Asterix et Obelix puise aux mêmes sources) , le péplum était définitivement mort et avec lui l'idée d'ambition et de mégalomanie au cinéma. Que s'est-il passé dans la tête des producteurs de Dreamworks quand ils ont approuvé le projet ? Certainement la même chose que dans celle de Bill Mechanic, l'homme qui a approuvé Titanic. Le cinéma ne sert pas qu'à faire de l'argent. Il sert aussi à frapper l'imagination. Il sert à ouvrir l'esprit. Il sert à faire rêver plus grand que nature. Que Gladiator soit un succès commercial montre que le public désirait voir un péplum réussi.

Cette réussite , le film le doit autant à sa puissance visuelle qu'à son histoire. En s'attardant sur le destin classique de celui qui a tout eu et qui a tout perdu, Gladiator suit les traces d'une vengeance programmée, mécanique. Maximus va , par désespoir, devenir un autre type de machine à tuer. Lors de l'ouverture du film , il prouve sa capacité à tuer sur un champ de bataille . Mais la tuerie trouve ici une justification militaire même si l'on est nullement obligé d'accepter la politique de conquête des Césars. Mais sitôt que Maximus devient gladiateur, il devient un instrument de mort au service d'une cause infecte : tuer pour divertir, pour amuser, pour asseoir sa domination sur un peuple. Commode se sert des jeux pour s'assurer le soutien du peuple contre la volonté du Sénat. Dans la vraie histoire, il finira d'ailleurs assassiné par le chef des armées, Septime Sévère. Gladiator offre donc un raccourci historique en faisant de Maximus l'instrument de la chute de Commode.

Nous jugeons avec horreur les jeux du cirque, estimant qu'ils sont la marque de la décadence romaine alors qu'ils n'en sont qu'une facette, acceptée par tous à l'époque. Rare furent ceux, même parmi les philosophes chrétiens qui les condamnèrent. Dans cette empire où, en 212 , l'empereur Caracalla décida que chaque personne vivant dans l'empire deviendrait citoyen romain avec tous les avantages dues (imaginez Chirac décidant que toutes les personnes étrangères vivant en France deviennent françaises et vous aurez une idée de la puissance de cette décision), les jeux étaient l'exutoire, la face honteuse mais nullement cachée. Rome la conquérante se célébrait dans l'arène. Il n'est pas là question de légitimer cette barbarie mais de bien faire comprendre aux esprits politiquement corrects que les jeux s'inscrivaient dans la logique d'une époque.

Gladiator c'est aussi (et surtout) le retour de Ridley Scott. Celui qui nous offrit successivement Duellistes, Alien, Blade Runner et Legend, celui qui imprima sur nos rétine Thelma et Louis, 1492 revient après une longue errance. Oubliées les allusions de Lame de Fond, oublié la médiocrité de GI Jane. Scott a retrouvé un sujet qui lui permettent de s'exprimer , un sujet qui lui permettent de composer des images, des tableaux. Gladiator est un spectacle barbare , ne lésinant pas sur le gore (les combats raviront les voyeurs que nous sommes) mais surtout un film d'une cohérence visuelle rare. A l'instar de 1492 , Scott entend faire revivre une époque révolue. La réussite est ici totale , fabuleuse et méritée. Alors que tout le monde le disait fini , Ridley Scott vient de prouver qu'il savait encore transformer un projet fou en réussite absolue. Que les producteurs français méditent sur Gladiator : un sujet ne devient cinématographique que quand on lui applique les règles du cinéma . Plus grand, plus beau , plus loin.
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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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