8 janvier 2009
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Le Pitch : Un universitaire américain se voit accusé du meurtre du conservateur du musée du Louvre. Avec
une jeune policière française , il va mettre à jour une vérité incroyable.
A livre exceptionnel, film exceptionnel. Tous ceux qui redoutaient que Da Vinci Code ne
parvienne pas à passer la rampe cinématographique peuvent se rassurer. Malgré les simplifications obligatoires, les coupes dans le récit et les changements de caractères de certains personnages,
le travail de Ron Howard et de son scénariste est en tout point remarquable. Car il fallait beaucoup de talent pour adapter un livre finalement pauvre en actions mais riches en dialogues , de
haut niveau culturel qui plus est.
Hanks, un homme intègre, intelligent et surtout talentueux , récompensé deux fois à
l'Oscar incarne Robert Langdon, universitaire cultivé (plénonasme) et passionné avec le sérieux qu'on lui connaît. Sans chercher tirer la couverture à lui, Hanks rend plausible le personnage ,
déjà fort étoffé dans le livre (ainsi que sa préquelle Anges et Démons , en fait le premier livre avec Langdon mais sorti en France après DVC).
Audrey Tautou est Sophie Neveu, jeune spécialiste du cryptage employée par la police et
qui va découvrir ses vraies origines. L'actrice française a coiffé au poteau ses rivales (dont Sophie Marceau) et a su donner tout l'éclat necessaire au personnage qui ici joue les yeux du public
dans la quête du Graal.
Quand à Jean Reno, il n'a pas besoin de beaucoup se forcer pour être le bourru
commissaire Fache. Et même si son personnage est quelque peu éclipsé dans la deuxième partie, il donne un caractère quelque peu malsain à la traque de l'universitaire.
Le reste du casting est tout aussi solide : Paul Bettany est un Silas à la fois humain
et glacial, terrifiante marionette de l'Opus Dei, incarné par Alfred Molina (Doc Octopus dans Spiderman), lui même manipulé par un mystérieux Grand Maître. Ian Mc Kellen, décidément dans tous les
gros coups depuis quelques années, est Lee Teabing, l'excentrique historien anglais. Avec d'aussi bons acteurs, difficile de rater le film. Sans oublier les seconds rôles comme Jurgen Prochnow
(le directeur de la banque suisse) , Etienne Chicot (l'adjoint de Fache) et bien sûr Jean Pierre Marielle dont l'image où il git sur le sol, créant avec son corps l'homme de Vitrules , va entrer
directement dans le panthéon du 7eme art.
Un film repose sur une alchimie entre acteurs , histoires et dialogues. Ici, Ron Howard
n'a pris aucun risque : Tom Hanks, un homme intègre, intelligent et surtout talentueux , récompensé deux fois à l'Oscar incarne Robert Langdon, universitaire cultivé (plénonasme) et passionné
avec le sérieux qu'on lui connaît. Sans chercher tirer la couverture à lui, Hanks rend plausible le personnage , déjà fort étoffé dans le livre (ainsi que sa préquelle Anges et Démons , en fait
le premier livre avec Langdon mais sorti en France après DVC). Audrey Tautou est Sophie Neveu, jeune spécialiste du cryptage employée par la police et qui va découvrir ses vraies origines.
L'actrice française a coiffé au poteau ses rivales (dont Sophie Marceau) et a su donner tout l'éclat necessaire au personnage qui ici joue les yeux du public dans la quête du Graal. Quand à Jean
Reno, il n'a pas besoin de beaucoup se forcer pour être le bourru commissaire Fache.
Le reste du casting est tout aussi solide : Paul Bettany est un Silas à la fois humain
et glacial, terrifiante marionette de l'Opus Dei, incarné par Alfred Molina (Doc Octopus dans Spiderman), lui même manipulé par un mystérieux Grand Maître. Ian Mc Kellen, décidément dans tous les
gros coups depuis quelques années, est Lee Teabing, l'excentrique historien anglais. Avec d'aussi bons acteurs, difficile de rater le film.
Ron Howard est souvent critiqué pour une mise en scène impersonnelle. En fait, cette
abscence de style lui permet de se mettre au service de n'importe quelle histoire. Il a touché à tous les genres (SF, drame, film pour enfant, Western, biopic, fantasy, action,
policier.....) et il n'aurait pas de talent ? De qui se moque-t-on ? Avec Da Vinci Code et doté d'un solide budget de 125 millions de dollars, il parvient à rendre crédible le livre à l'écran.
Sans effets de styles bidons , en utilisant juste quelques filtres pour les flashbacks, il plonge son audience au coeur de l'ouvrage. Howard n'est pas un frimeur mais un artisant qui se met
au service de ce qu'il filme. Il sait qu'il n'est pas la star et ne cherche pas à en faire trop. Une modestie affichée qui donne un métrage à la fois facile à suivre, terriblement accrocheur et
surtout à la portée de tous. Un film populaire dans tous les sens du terme. Or, on ne sait que trop combien ce terme est un gros mot pour la critique, toujours prompte à s'ériger en gardien du
bon goût (mais se prosternant devant les salaceries d'Aldomovar) et à fustiger le divertissement mis à la portée de chacun.
Da Vinci Code est un livre bien plus érudit qu'on veut bien nous le faire croire. Même
si Dan Brown a , comme tout manipulateur, plié la réalité historique à ses désirs afin de justifier son intrigue, l'aventure de Langdon et Neveu contient des dizaines de références historiques
qui ne peuvent que ravir tous les amateurs d'histoire. La floppée de bouquins parus autour du DVC afin d'en expliquer le moindre anagramme ou allusion en est la preuve. Brown a en effet tissé son
histoire autour d'une théorie, qui prend corps dans les années 80 , selon laquelle Jésus aurait eu une descendance. Ce faisant , il mêle complot pour étouffer la vérité, sociétés secrètes ,
templiers, artistes de la renaissance, lignée mérovingienne, origine du christianisme, construction de l'identité catholique à Nicée .... pour faire avance le récit, faisant ainsi le régal des
amateurs d'Histoire. Et qu'importe les "accomodements" : DVC a eu sur l'Histoire le même effet qu'Harry Potter sur la lecture pour enfant , un effet d'engouement.
Logiquement, le film simplifie la trame du roman. Exit une bonne partie des discussions philosophiques et religieuses du roman, le scénario ne garde que l'essentiel, juste de quoi ne pas perdre les fans du livre en route et juste assez pour qu'on ne puisse taxer l'intringue de simpliste (un reproche fait régulièrement aux blockbusters). On peut s'étonner de certaines erreurs historiques comme celle consistant à faire des Templiers les responsables de la première croisade alors que l'Ordre du temple fut créé en 1119 , 20 ans après la prisee de Jerusalem et la fin de la première croisade. J'ai d'ailleurs hate de voir le film en version originale pour voir s'il ne s'agit pas d'une erreur de traduction. Cette erreur grossière est absente du roman mais après tout , elle ne sera remarquée que par les médiévistes. Mais au delà de ce fait, le film conserve l'essentiel et ne met pas la pédale douce sur la théorie explosive du livre. il eut été facile pour Sony/Columbia de minorer la révélation finale et de se plier à l'exigence d'une partie de l'Eglise , qui a vu dans le film, une oeuvre hérétique (ce qu'elle est puisque hérétique , du grec hérésios, veut dire étranger à la doctrine officielle) voire diabolique (là , une accusation ridicule puisque ni le livre ni le film ne remettent en cause la finalité du christianisme) mais le studio a , légitimement, estimé que trahir les fans du roman équivaudrait à un suicide commercial . La scène finale va même au delà de ce que suggérait les dernières lignes du roman, qui laissaient une place plus ouverte à l'imagination du lecteur. |
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Simplification toujours, on pourra reprocher la caricature de l'Opus Dei. Dans le roman,
l'organisation rigoriste , créée dans les années 20, a un rôle plus ambigüe et moins manichéen. Ici, grand public oblige, on définit clairement les bons et les méchants . Rappelons que dans le
livre, le supérieur de l'Opus Dei reconnaissait ses erreurs et offraient à Bezu Fache l'argent destiné au grand maître afin de dédommager les victimes. Ici, Fache expédie le religieux en prison
sans le moindre remords. Fache dont le personnage est également un peu moins interessant que dans le livre. Mais là aussi, il a bien fallu faire des concessions et se recentrer sur
l'essentiel.
Mais ces détails n'en font pas moins du film une oeuvre passionnante , un véritable jeu
de piste intelligent, servi par quelques rebondissements que le néophyte ne pourra qu'apprécier. Film à suspens, DVC ménage pas mal de surprise à ceux qui n'ont pas lu le bouquin, en particulier
une double fin particulièrement riche et ouverte. Les scènes d'actions comme la fuite en Smart sont impeccablement réglées, professionalisme de Howard oblige.
Film historique aussi, les scènes de Flashbacks sont particulièrement saisissantes :
ainsi la prise de Jerusalem est digne de Kindom of Heaven et la représentation du concile de Nicée nous plonge directement dans les conflits philosophico-religieux du IVeme siècle (en fait, plus
du à l'Arianisme qu'à la descendance du Christ). L'emploi d'images de synthèse afin de visualiser certaines théories de Langdon et Teabing sont également bienvenues : elles évitent de long
discours et permettent de mieux comprendre l'enjeu. Enfin, la reconstitution impeccable des différentes époques entrevues ne fait que crédibiliser une intrigue déjà fort
riche.
Le film bénéficie aussi des fabuleux décors naturels du Louvre , musée absolument
magique et habité par la puissance des oeuvres qu'ils abritent : celui qui n'a jamais visité ce lieu magnifique doit immédiatement se déconnecter et prendre le premier métro pour s'y rendre en
pelerinage. Vous comprendrez mieux mes propos. La vision de nuit du plus grand musée du monde en rajoute dans l'étrangeté de ce lieu intemporel où génies de la renaissance cotoient peintres
napoléoniens et architectes délirants du XXeme siècle. Jean Pierre Marielle, qui joue le rôle du conservateur et source du secret, incarne parfaitement cette vieille tradition française
d'érudition et de folie douce, malheureusement en voie de disparition.
Sans être un chef d'oeuvre absolu, Da Vinci Code tient toutes ses promesses mais se
permet de mettre à la portée de tous une histoire qui a pu en rebuter quelques uns. Après avoir vu le film, le néophyte ne pourra que se plonger dans les oeuvres de Dan Brown puis se tourner vers
les multiples sources qui l'ont inspiré. Le cinéma au service de la lecture en somme.