Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 janvier 2009 5 23 /01 /janvier /2009 07:06

Le pitch : l’arrivée d’une gigantesque sphère et d’un être mystérieux va bouleverser la vie de la planète et la plonger dans le chaos. Cet être est-il venu nous prévenir, ou nous détruire ?

 

Remake d’un des plus grands films de SF de l’histoire (réalisé en 1951 par Robert Wise), Le jour où la Terre s’arrêta est une des très bonnes surprises de cette fin d’année, malgré un bémol sur ses intentions réelles, servie par une interprétation au top de Keanu Reeves et Jenifer Connely et par d’excellents effets visuels.

 

Le remake est un art difficile car il y a toujours un risque de comparaison. Si le film s’éloigne trop de l’original, on crie à la trahison, s’il s’en approche trop, on se demande le pourquoi du remake. Or depuis qu’Hollywood est Hollywood, les studios recyclent périodiquement leur fond de catalogue (Hitchcock a fait plusieurs fois ses propres films) et il n’y a pas de raison pour que cela cesse. De plus, la montée en puissance des effets visuels permet des images inédites. Enfin, réactualiser un thème (l’écologie en 2008 contre le nucléaire en 1950) permet de situer le film face à son époque.

 

En acceptant le remake la Fox ne prenait pas tant de risques. Certes, l‘original est connu, mais n’a pas été si vu (en France, il n’est passé qu’une fois sur une chaîne publique à ma connaissance, dans La dernière séance d’Eddy Mitchell, et encore, en 2e partie de soirée). Le terrain était donc idéal pour des scénaristes en manque d’imagination que de proposer à une génération nouvelle ce grand classique de la tolérance.

 

Première surprise, le film ne joue pas la carte de la surenchère. Il y a certes un peu d’action, mais la démesure, espérée ou redoutée, n’est pas là. 80 millions de dollars ont été investis ce qui est désormais moyen quand on voit les budgets actuels. Les scènes les plus spectaculaires sont reléguées à la fin du métrage, comme si le réalisateur avait voulu accentuer le manque d’action de la première partie en accélérant son récit. Ce n’est d’ailleurs pas la partie la plus réussie car, malgré de superbes images, on a une impression d’artificielle et de rajout. Dommage, car la technologie employée par les Aliens pour éliminer la race humaine est très bien imaginée.

 

En fait, Le jour où la terre s’arrêta joue plus la carte de l’intimisme et de l’introspection. Le rythme est lent et respecte donc l’original avec l’arrivée du visiteur, sa blessure, sa fuite devant les autorités et sa compréhension des réactions humaines. Keanu Reeves joue ainsi à la perfection un être froid et distant, le costume noir style CIA renforçant encore une impression de détachement et d’anonymat.

 

Il est d’ailleurs amusant ( ?) de voir qu’une partie des critiques s’est focalisée sur son interprétation jugée trop mécanique alors qu’il s’agit justement de l’essence même du personnage. Klaatu n’est qu’une sorte de juge , un observateur impartial pour qui seul compte sa mission génocidaire. Logique alors qu’il soit une sorte d’être froid, sans pitié et détaché de tout. Son jeu contraste alors avec celui de Jenifer Connely, bien plus humaine et il n’y a que le basculement de la seconde partie, quand il comprend, via le fils du soldat mort, que les hommes peuvent être sauvés. Son jeu devient alors moins froid et plus humain.

 

Le jour où la Terre s’arrêta a la réputation d’être un film écologique, surfant ainsi sur l’air du temps et le thème « inquiétant » à la mode. Mais il est aussi, et surtout, une critique hollywoodienne de l’Amérique de Georges Bush, comme l’avoue le réalisateur Scott Derrickson dans SFX de décembre.. Une de plus, et, comme souvent, elle est plutôt sans finesse. D’autant qu’il se sert également des morts en Iraq pour faire son parallèle. Il est clair qu’Hollywood n’a jamais compris la nécessité de libérer de la dictature des millions de musulmans. En montrant des manifestations anti-US dans le monde entier, à cause de l’attitude des militaires vis-à-vis de Kluatu, le film prend le risque de tomber dans la critique facile et emboîte le pas à des médias dont l’indignation est à géométrie variable.

 

Car, mine de rien, sous ses intentions écologiques, Kluatu est un génocidaire qui est prêt à sacrifier toute l’humanité à cause des actions de quelques-uns . Et la seule qui le comprend vraiment est la secrétaire d’état américaine (jouée par l’excellente Kathy Bates). Alors, le film prend soin de nous montrer que sa réaction n’est pas la bonne et que la mise au secret de Klaatu est une erreur, mais une fois de plus, on a le discours typique d’Hollywood qui consiste à critiquer les Cassandre, sans chercher à comprendre leurs peurs. La secrétaire ne pense qu’à protéger le peuple dont elle a la charge, ce qui la pousse à commettre des erreurs. Une analyse plus fine aurait été la bienvenue.

 

Autre défaut, plus petit, la prestation du gamin Jaden Smith, fils de Will Smith dans la vie, n’est pas trop convaincante (il est vrai que la VF ne l’aide pas non plus) mais son retournement d’attitude est bien trop rapide (une poignée de secondes). Dommage, ca là aussi, il y avait possibilité de le faire évoluer doucement afin d’amener Klaatu sur un autre chemin.

 

Ces défauts n’entachent cependant pas un film qui ose s’assumer comme de la vraie SF et qui refuse de céder au tout spectaculaire tout en reprenant une partie de l’imagerie de l’original comme le robot Gort, très bien utilisé ici.  Le jour où la Terre s’arrêta donne à réfléchir mais, il aurait pu être encore meilleur si son scénario avait mis de moins gros sabots.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Salla Obscursium Invocat
  • : BO US, BO France, BO Mondial, chroniques ciné, Chroniques DVD..... Toujours sans concessions et politiquement incorrect !!
  • Contact

  • Dave
  • Enseignant, fan de cinéma et de métal, chanteur dans différents groupe de métal, collectionneur de tout ce qui touche à Star Wars... what else ?
  • Enseignant, fan de cinéma et de métal, chanteur dans différents groupe de métal, collectionneur de tout ce qui touche à Star Wars... what else ?

La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

L'affiche du moment