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12 mai 2009 2 12 /05 /mai /2009 07:01

Je remets en ligne la chronique de Rollerball, l'un des derniers films de McTierman, parue initialement sur l'ancien site. Je l'ai revu récemment et mon opinion n'a pas changé : même massacré par des producteurs stupides, Rollerball reste un sacré truc de malade entièrement tenu par la classe de McT !!

Enfin, il est là , après des mois d'attente. Le nouveau Mac Tierman , l'un des rares cinéastes pour qui le cinéphile passionné donnerait son bras pour voir un de ses films, nous offre un joyau de plus dans sa filmographie déjà parsemée de chef d'oeuvre. Car Mac Tierman, c'est Die Hard I et III, Predator, Last Action Hero, le 13eme guerrier, A la poursuite d'Octobre Rouge pour les réussites ultra majeurs. Même ses films plus calmes comme Medecine Man ou Thomas Crowe sont , au minimum, des leçons de mises en scènes qui refusent les effets faciles, et de toutes façons, des films d'entertainement sacrément bien troussés. Mais tout génie qu'il soit , Mac Tierman n'a , hélas , pas aux yeux des exécutifs d'hollywood l'aura d'un Spielberg ou d'un Allen. Pour imposer ses idées , il doit se battre bec et ongle . Parfois il gagne, parfois il perd. Pour Rollerball , il a perdu et la MGM a massacré son film. Mais on ne détruit pas aussi facilement un tel film. Car a moins de retourner totalement le film, la MGM a bien été obligé de se servir des plans de Mac Tierman. Et quels plans, quelle composition magistrale !! Malgré leur aspect clip évident (Mac T avait voulu exploser le record de L'enfer du dimanche question plan), l'action est tellement lisible que l'on sait toujours ce qui se passe. Vous pouvez dessiner des moustaches à la Joconde, vous ne pourrez jamais effacer le tableau.

Du Rollerball, Mac T a gardé la trame (en gros, un joueur de Rollerball voit sa popularité augmenter au point de gêner les dirigeants du jeu) dans le seul but de faire un film de "bourrin" . Forcément, les 4 parties de Rollerball du film constitue l'essentiel du métrage. Inutile de dire qu'elles enfoncent quasiment tout ce que le cinéma sportif nous a montré depuis des décennies. Là où l'original se contentait d'une piste circulaire , Mac T nous balance une piste en 8 , des règles incompréhensibles , des tunnels de plexiglass, des explosions lors des buts bref rien que du cinématographique. Il lâche ensuite son armée de cascadeurs là dedans au son d'une musique métal des plus excitante (supervisée par Eric Serra que l'on a connu beaucoup plus calme) et c'est parti pour de la folie pure , des cascades démentielles et surtout l'usage de toutes les techniques de la vidéo et de la télé : insert sur les joueurs, utilisation d'effets d'affichages durant le match, ralenti.... Mac T filme à la fois l'action réelle et ce que les téléspectateurs voient. Au final, un résultat détonnant, usant mais sacrément jouissif. L'idée de situer le film en Asie centrale permet en outre d'insister sur le côté crade du jeu : les stades sont vétustes, les spectateurs passablement portés sur la vodka, tout cela sent un parfum de fin du monde diablement enivrant. Mac T se permet évidement de faire parler les protagonistes en langues locales. Pourquoi faire des concessions ? De même, et pour la première fois depuis Predator, aucune star dans le film, sans doute parce Rollerball est un film politique et que rien ne doit distraire le spectateurs du propos. Chris Klein, LL Cool J sont donc des acteurs solides , pas des stars. Et ils illuminent les scènes d'actions par leurs seules performances physiques.

A ces scènes s'ajoutent l'ouverture du film (une course poursuite épatante en luge à roulette dans les rues de San Fransisco) et la tentative d'évasion des deux héros de Mongolie, entièrement tournée en vision de nuit : une folie expérimentale qui nous balance un avion cargo émerger d'une tempête de sable. De la démence pure et des moments jubilatoire en diable. Si les écoles de cinéma étaient bien faites, cette dernière scène devrait être décortiquée par les apprentis metteurs en scène.

Malheureusement, nous devons supporter les coupes brutales (30 minutes de métrage auraient dégagé) qui d'une part altèrent le discours nihilistes du film et d'autre part nuisent considérablement à la continuité du récit. On voit très clairement que les raccords sont brutaux et manquent de logique. Tailler dans le récit de cette manière pour édulcorer le propos n'a finalement aucun intérêt puisque le film perd toute direction et ne peut donc qu'être un échec. On se demande même pourquoi ne pas sortir le film dans sa forme première . L'histoire montre que tous les films massacrés de la sorte ont été des échecs publics : Chapeau Melon et bottes de cuir, Soldier, Hellraiser IV, Le 13eme guerrier... Qui arrêtera la folie des producteurs incompétents qui pullulent à Hollywood ?

De plus, la palette graphique et l'informatique se révèle ici des instruments diaboliques : effacées les litres de sang qui souillaient la piste, effacée la nudité de Rebecca Romijn-Stamos. Par contre, les poitrines dévêtues des joueuses dans les vestiaires ont survécu en Europe (mais pas aux USA semble-t-il) . Toujours dans le but d'édulcorer, toujours dans le but d'attirer le public "djeunes" . Mais à l'heure où les "djeunes" rêvent de participer à Loft Story 2 , y a-t-il une place pour des brûlots comme Rollerball ?

Car quittons le terrain du cinéma deux secondes et posons nous sur celui des médias. Que montre Rollerball ? Le dirigeant d'un sport violent qui utilise cette violence pour faire monter l'audimat mais détourne les yeux à la moindre goutte de sang . Un hypocrite de première (magnifique Jean Reno) qui ressemble trait pour trait à tous ces moguls d'Hollywood . Utilisons la violence comme outil marketing mais frustrons le public de ses mêmes images si bien vantées. A l'heure où le sport en général ne compte plus que pour ses images bien léchées , ses coups de gueule , ses actions brutales , à l'heure où le JT nous balance des images d'une violence insoutenable mais sans nous prévenir aucunement , voire en mettant en scène l'actualité (amusez vous à compter le nombre de coupe dans une interview et jugez ensuite de la crédibilité du propos de l'interviewé) , Rollerball remet les choses à leur place : les médias se nourrissent de notre frustration, de notre goût pour le sang , flattent nos instincts primaires et ne cherchent pas à nous élever, bien au contraire.

Mac Tierman (qui a démarré son travail de cinéaste en décortiquant La nuit américaine de Truffaut) ne fait que confirmer cette tendance. Les médias se déchaînent contre lui car il ne fait que montrer leur vraie nature. Les producteurs le détestent car il les renvoie à leurs propres contradictions. Le public l'ignore car Mac T n'est pas un m'as-tu vu qui étale ses rancoeurs sur la scène médiatique à l'image de tous nos tâcherons bien français qui hurlent avec la meute après le cinéma étranger forcément inférieur au leur et qui leur vole des parts de marché . Cette dialectique me rappelle furieusement les conneries de le pen sur "3 millions de chômeurs, c'est 3 millions d'immigrés".

Rollerball n'est pas le meilleur Mac T dans sa forme actuelle. On nous ferait l'aumône du director's cut et on pourrait se rendre compte que si le cinéaste avait réinventé l'action en 88 et 95 avec ses Die Hard, il vient sans doute de redonner le ton pour la nouvelle décence. Et cela , rien ni personne ne pourra lui enlever

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  • Enseignant, fan de cinéma et de métal, chanteur dans différents groupe de métal, collectionneur de tout ce qui touche à Star Wars... what else ?
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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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