Star Trek (*** 1/2*)

Le pitch : Au XXIe siècle, l’apparition d’une mystérieuse menace venue du futur va obliger un jeune cadet rebelle, fils d’un héros spatial, et un hybride humain-vulcanien à faire équipe à bord du vaisseau Enterprise.

Star Trek 2009 est sans doute la plus belle renaissance de l’histoire du cinéma depuis Batman Begins !! Donnée moribonde en 2002, la franchise reprend enfin ses droits à travers un film à la fois spectaculaire, bien rythmée et puisant directement à la source de la saga. Une première pour Star Trek qui, depuis 1966, allait surtout de l’avant, ne cessant de compliquer sa mythologie en inventant de nouveaux mondes,   de nouveaux vaisseaux, de nouvelles équipes, de nouvelles séries.

Ici, JJ Abrams s’est visiblement inspiré de Starship Troopers (pour la partie « militaire » de l’histoire) mais aussi, et c’est une excellente idée, des préquelles de Star Wars, c’est-à-dire casser l’idée que l’on se fait de personnages ultra-connus. Kirk devient donc un jeune rebelle, porté sur la boisson et la castagne, tandis que Spock est nettement moins calme que dans la série originale. À cela, Abrams ajoute une histoire plutôt simple et qui n’exploite pas toutes ses ramifications mais diablement efficace. Les effets visuels étant réussis et le film suffisamment prenant, il est tout à fait logique de contempler une telle réussite.

Cependant, Star Trek n’aurait pu être qu’un space opéra de plus. Le génie d’Abrams aura été de désacraliser la série et de la mettre à la portée de tous. Le contrepoint total de Générations, un très bon film, mais difficilement accessibles à ceux qui ne connaissaient pas la série dérivée Star Trek Générations. J’en faisais partie en 1994, je sais de quoi je parle.

Ici, rien de tout cela. Les fans retrouveront les marques de la série, le salut vulcain, le jargon technologique, la téléportation. Les non-initiés découvriront cet univers petit à petit.

Le film s’ouvre sur une traumatisante rencontre entre un vaisseau de la fédération et une machine inconnue. Les 10 premières minutes sont exemplaires et fixent d’entrée le cadre : l’humain primera sur le spectaculaire et au-delà des explosions, ce qui ressort c’est la naissance de James Kirk lors de la mort en héros de son père. On comprend alors mieux les motivations futures de chaque personnage.

Tout comme il l’a fait avec Lost, Alias ou MI III, Abrams s’est donc intéressé surtout à des personnages. La SF ne devient qu’un prétexte pour parler de courage, de foi, de confiance, d’amitié. Certes Locke n’est pas présent et nul ne torture Tom Cruise, mais la logique du film fait évoluer les personnages d’un monde inconnu à un environnement qui l’est un peu moins. Ce monde n’est pas l’espace, mais bel et bien les questions béantes des héros. À cet égard, on ne peut que louer la performance de Zachary Quinto, transfuge de l’excellente série Heroes,   qui trouve ici un rôle positif ou Chris Pine, qui fait revivre Kirk en le réinventant. On ne saurait non plus oublier le superbe clin d’œil qu’Abrams fait aux fans avec le personnage de Léonard Limoy. Loin  d’être un simple caméo, son personnage secondaire est en fait l’un des moteurs de l’histoire. Sans lui, point de Star Trek. On regrettera juste qu’il n’en ait pas été de même pour le William Shatner. Il est vrai que le « vieux » Kirk est décédé dans Générations. Quand au reste du casting, d'Eric Bana à Karl Uban ou Wyona Ryder, pas de doute, on a affaire à du solide.

Au final, sans être le film de SF du siècle (on est quand même loin d’un Star Wars) , Star Trek est une superbe surprise, une vraie renaissance. Son succès mérité appelle désormais à d’autres aventures.