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26 mars 2013 2 26 /03 /mars /2013 06:41

36.jpgContinuons d'explorer les archives SOI avec ce film coup de poing sorti en 2004

 

Le pitch : deux flics s'affrontent afin d'être les premiers à coincer une bande de braqueurs violents et assassins. Mais à ce jeu, l'un perdra son âme tandis que l'autre verra sa famille détruite.

 

Soyons franc, je n'attendais pas grand chose de cette énième tentative française de faire revivre un cinéma de genre défunt depuis que Delon et Belmondo ont décidé que le public ne comptait plus. Olivier Marshall, ex policier et qui a puisé dans ses souvenirs et son expérience , a pourtant réussi l'exploit de nous offrir un film qui se hisse à la hauteur des meilleurs films de Corneau et qui peut égaler les plus récents polars US de Michael Man. On n'y croyait pas. On avait tort.

 

La bande annonce est trompeuse car elle annonce un spectacle formaté prime time malgré quelques fulgurances. Dès les premières images on se rend compte qu'on a eu tout faux. Un univers poisseux tout droit sorti de La guerre des Police ou de La balance, une violence que ne renierait pas Alain Corneau, des personnages dont la consistance rappelle Le choix des Armes interprétés par des acteurs au top du top (Depardieu, Auteil, Demongeot, Dussolier.... la classe absolue) ... En quelques images, 36 force le respect, prend le spectateur par les tripes et ne le lâche plus jusqu'au générique final. Scénario impeccable et imparable, évoquant un destin auquel rien n'échappe (l'agression de Mylène Demongeot scèlera le destin de Depardieu, 110 minutes plus tard) et surtout une volonté de redorer le blason d'une institution bien ridiculisée dans le cinéma français. Ici, pas d'opérations Ninja, de flics rigolos et légèrement mongoloïdes, pas de gangsters pour rire , de gunfight pour de faux où personne ne meurt mais un réalisme qui fait peur et un esthétisme qui permet de transformer une (apparente) banalité en tragédie .

 

Car , et au delà d'un scénario en béton , Olivier Marshall a eu le bon goût de ne pas cracher sur le cinéma d'action américain . Résultat : des mouvements de caméra impresionnants, un montage compréhensible et une musique qui ne titille pas les standards d'NRJ. En prenant modèle chez Michael Man, Marshall ne fait pas que piquer du plan mais rend hommage à l'un des plus grands cinéastes actuels . Et comme le frenchie est doué, le film en devient une sorte de spectacle fabuleux et dérisoire, s'interessant à des destins brisés fascinés par la médiocrité dans lequel ils évoluent mais dont on sent qu'ils n'en changeraient pour rien au monde. Crédible , 36 l'est à plus d'un titre. En s'inspirant de la réalité (le film est inspiré d'une histoire vraie que Marshall a connu quand il était policier)  mais aussi en alignant des acteurs auxquels on croit. Certains pourront reprocher à Depardier , Auteil et consort ce défilé de cigarettes , de mines détruites, de regards las mais comment pourrait-il en être autrement quand on cotoie la mort tous les jours, que son quotidien est fait de petites médiocrités humaines ? Les gros plans, nombreux, ne font que souligner l'intolérable conflit interne des personnages tandis que la mort d'Eddie, rappelant la "cruxifiction" de William Defoe dans Platoon, filmée en plan large montre bien la volonté du réalisateur de transcender le réel, de porter cette histoire au delà du téléfilm prime time.

 

En utilisant le cinéma comme une arme pour rendre hommage à ses anciens frères , Marshall en profite pour régler ses comptes avec une adminstration qui récompense bien mal ses serviteurs. La charge politique du film n'épargne personne et la scène où les flics tournent le dos à Depardieu fait froid dans le dos. Mais à la différence des films dit "sociaux" qui ont fleuri sur nos écrans depuis 15 ans, tuant le cinéma de genre, 36 porte aussi une vraie tendresse sur cette institution si souvent décriée : ici , les flics sont humains, vulnérables, accessibles à la passion dans tous ses excès. Ils ne sont ni des héros infaillibles ni des salauds totalement noirs et encore moins des crétins décérébrés mais des gens dans toute leur complexité. En préférant les sentiments les plus nobles (loyauté, amitié, courage) , le film enveloppe les dérives d'un système sans jamais condamner ses protagonistes. Digne des plus grands films de genre (Heat et le Choix des armes en tête, j'insiste sur ce film fabuleux) , 36 s'inscrit dans un processus qui semblait s'être arreté en France à l'aube des années 80.

 

En dépit de quelques tics agaçant (le rythme se fait parfois lent) et d'une légère incohérence temporelle (le film est censé se passer il y a une dizaine d'année mais on y parle en euro) , 36 quai des Orfèvres est largement le meilleur film français de l'année . Son succès ne doit rien au hasard et s'il pouvait servir à relancer ce type de cinéma en France, alors Olivier Marshall aurait largement remporté son pari

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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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