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11 janvier 2012 3 11 /01 /janvier /2012 08:22

anonymous.jpgLe pitch : A Londres, lors de la fin du règne de la grande Elisabeth, un noble convainct un jeune metteur en scène de théâtre de porter ses pièces sur scène en les signant de son nom, les métiers artistiques étant plutôt mal vues dans cette Angleterre puritaine. Mais c'est un acteur un peu bouffon, Will Shakespeare, qui va finalement tirer profit de cette imposture.

 

Passons sur le suicide commercial qu'a organiser Sony pour Anonymous. Sortie en catimini en Amérique (à peine 500 salles) pour un bo de 4,5 millions de dollars et à peine mieux dans le reste du monde. Résultat, le plus beau film de Roland Emmerich risque de ne même pas rembourser ses 30 millions de dollars de budget et ne sera hélas pas vu par grand monde. 

 

Mais qu'importe ! Anonymous est le premier choc de ce début d'année et il surprend d'autant qu'il est signé Emmerich ! Surprise ? En fait, non !! Ceux qui connaissent le cinéaste (et je revendique le statut de fan numéro 1 en France) se rappellent que Roland n'a pas fait que détruire la Terre à 3 reprises. Il a aussi signé The Patriot, une fresque superbe sur la guerre d'indépendance américaine. Ils savent aussi qu'au delà des effets visuels, ce qui intéresse le cinéaste allemand, ce sont surtout les relations entre les personnages : la première partie de Stargate, quand les deux univers se rencontrent sont un bel exemple de l'humanisme d'Emmerich !

 

Alors Anonymous, projet qu'il portait en lui, depuis 10 ans, n'est pas une surprise, bien au contraire !! C'est tout simplement un moment magique comme seul le cinéma peut offrir, porté à bout de bras par un réalisateur en état de grâce et porté par des effets visuels absolument sublimes. Roland a compris qu'il pouvait désormais recréer une époque par le bais du numérique. Il l'avait déjà prouvé avec Patriot et avait ouvert cette voie, en même temps que Ridley Scott. Anonymous n'échappe pas à cette règle : amples plans séquences sur Londres , dont un superbe lors de l'enterrement d'Elisabeth, le cortège évoluant sur une Tamise gelée, mouvements de foule impressionnants (les armées anglaises en Ecosse)  et un étalonage numérique permettant d'afficher des couleurs chaudes lors de la jeunesse des héros et plus froides quand arrive le crépuscule de leur vie. Anonymous porte la patte d'un technicien doué et amoureux de son médium.

 

Mais quid de l'histoire ? Pour la première fois depuis The Patriot, Emmerich a confié le scénario à un tiers, en l'occurence John Orloff, avec qui il avait déjà écrit 10 000. Ce dernier a  donc patiemment tissé les liens entre les personnages, les époques (3 en tout, en comptant la toute jeunesse du comte d'Essex, auteur des textes de Shakespeare selon le scénario et entraîne donc le spectateur dans cette histoire où complot, trahison, amour et art s'entremêlent. Et pour mieux faire passer la théorie (en vogue d'ailleurs depuis des années et qui n'est pas si irréaliste que cela), le film commence de nos jours, dans un théâtre où un comédien vient expliquer aux spectateurs la véritable origine de Roméo et Juliette ou Hamlet ! Une idée simple mais génial et qui dédouanne totalement la polémique. Car après tout, Emmerich ne nous dit jamais que son film est une ré-écriture ou la vérité ! Bien entendu, les admirateurs du dramaturge s'étrangleront en le voyant dépeint comme un rustre illettré et grossier, à l'opposé de la légende dorée.

 

Avec une telle histoire, il fallait évidemment de très bons acteurs. Comme à son habitude, le cinéaste n'est pas allé chercher des stars (après tout, il ne l'a fait que pour Patriot en employant Mel Gibson) mais des comédiens solides comme Rhys Ifans , déjà présent dans Elisabeth l'Age d'or, autre évocation de l'Angleterre du XVIe siècle ou la très belle Joely Richardson qui incarne la reine dans sa jeunesse. Emmerich l'avait déjà employée dans Patriot. Pour Elisabeth agée, c'est Vanessa Redgrave qui a été choisie tandis que David Thewlis est le comte Cecil, le "méchant" qui va intriguer tout au long du film. Enfin, Derek Jacobi (déjà présent, lui, dans Hamlet et Henry V) joue Johnson. On le voit donc, un casting solide mais aucune véritable star à l'affiche. L'histoire seule doit tenir le film. Et ainsi rester dans la limite des 30 millions que Sony a aloué pour reconstituer l'Angleterre du XVIe siècle, une gageure que Volker Engel, le complice d'Emmerich depuis plus de 20 ans a brillamment relevé en traitant en interne la plupart des effets visuels.

 

Anonymous est une réussite totale, empreinte du génie des pièces de Shakespeare, quel qu'il fut réellement et dont les dialogues ciselés sont le complément parfait d'une réalisation pleine de légereté. Rolan Emmerich signe ici un spectacle à la fois intimiste et grandiose, une histoire d'amour et une réflexion poussée sur l'art, la notoriété et la raison d'état. A voir absolument même si, hélas, le film est d'ores et déjà un échec en France, même pas présent dans le top 10 pour cause de manque de visibilité et d'absence quasi totale de promotion. Ne le laissez pas passer si vous avez la chance de le voir près de chez vous.

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commentaires

C
J'ai pu le voir la semaine dernière. C'est effectivement un très beau film. Je suis un peu plus sceptique quand au côté historique, mais c'est bien construit.
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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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