Bienvenue à bord (***)

Le pitch : pour se venger de son patron qui vient de la virer et de la laisser tomber, l'employée d'une société de croisière engage un bras cassé, Rémy, pour le voyage inaugural du nouveau bateau de la compagnie

On attendait beaucoup du nouveau film du réalisateur d'Incognito et au final on n'est pas déçu, malgré quelques baisses de rythmes notables. 

Eric Levaine a compris qu'une bonne comédie, c'est tout d'abord une bonne histoire et de bons acteurs. Après avoir égratiné l'univers people, il s'intéresse ici aux croisières de luxe et retrouve son complice d'Incognito, Franck Dubosc qui obtient le rôel principal. 

Dubosc s'est fait une spécialité de ce type de rôle à savoir un naïf maladroit au coeur tendre. En exagérant un peu, on pourrait même dire qu'il reprend le style de personnage créé par Pierre Richard dans les années 70, le côté délirant en plus. Bienvenue à Bord bénéficie donc de sa prestation de bonne facture, Dubosc ne cherchant pas à surjouer, ce qui n'est pas toujours son cas. Au contraire, on a même l'impression que ce rôle est tout à fait naturel pour lui (ce qui est quelque peu inquiétant, convenons en) et la bonhommie qu'il affiche est un grand atout du film. Certes, on retrouve ici le personnage un peu con-con d'Incognito voire le Patrick Chrirac des Camping, mais c'est sans doute cela que son public veut voir !

Car au final, Rémy va changer la vie de ceux qui sont sur le bateau. Il va se faire rencontrer deux éternels insastifaits, permettre à la DRH humiliée par son patron de refaire sa vie, redonner le goût de vivre à un petit garçon et lui même trouvera l'amour. En fait, Bienvenue à Bord se veut une sorte de petit Capra, une comédie où la bonté est mise en avant. Et en cela ce n'est déjà pas mal.

Une comédie, on lui demande des gags. Bienvenue à bord n'en manque pas et utilise aussi l'arme du quiprocco à de multiples reprises. On rit donc de bon coeur, d'autant que certaines situations cocasses comme celle de ce prof de gym qui se fait passer pour gay pour mieux emballer sont réussies. Les dialogues participent aussi de la rigolade, notamment les échanges musclés entre Dubosc et un Gérard Darmon que l'on n'avait pas vu aussi drôle depuis Astérix et Cléopatre. Toujours aussi pince sans rire, Darmon joue à merveille le type blasé, pro mais finalement pas si heureux qu'il en a l'air.

Autre bonne surprise, Valérie Lemercier qui a enfin compris qu'elle doit se mettre au service d'un film et non s'en servir pour sa promo. Le souvenir épouvantable du Petit Nicolas où elle était largement le point noir dans un métrage réussi s'estompe quelque peu. Il est vrai que Levaine ne lui laisse pas trop le loisir de faire son show et ce n'est pas plus mal.

Enfin, on notera la présence d'Enrico Maccias qui n'hésite pas à casser son image dans un rôle , disons, surprenant !

Si on se bidonne franchement tout au long du film, Bienvenue à bord est cependant victime de sérieuses baisses de régime, notamment dans des passages un peu gnan gnan censés figurer les moments tendres. Il y en a un peu trop, surtout dans la dernière partie. En fait, cette impression vient surtout de la bande annonce : alors qu'on croit venir voir une succession de catastrophe sur mer, une Croisière s'amuse version Les Charlots, le côté gaffeur de Rémy est assez vite abandonné au profit d'intrigues secondaires. Et dès que Rémy ne fait plus d'erreurs, le film perd en drôlerie et le rythme se ralentit. C'est bien le seul reproche qu'on puisse faire, mais il est d'importance. Car le rythme est important en comédie !!

Mais ce défaut n'éclipse pas tous les aspects positifs. Le monde très factice d'une croisière est très bien rendu sans tomber dans la caricature ou la moquerie, impeccablement filmé qui plus est. Il est vrai que le réalisateur est bien aidé par de superbes paysages ou des horizons grandioses ! On a même l'impression qu'il a repris certains mouvements de caméra de Titanic !!

Un bon film donc à voir en famille, même si certaines scènes déshabillées pourront gêner les plus jeunes, et une bonne comédie. Après tout, que demande-t-on de plus à un film comique ?