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15 mai 2011 7 15 /05 /mai /2011 21:37

Black-Swan-movie-poster_m.jpgLe pitch : alors qu’elle vient d’obtenir le rôle principal du Lac des cygnes, une jeune danseuse , Nina Sayers, qui a tout sacrifié à son art voit surgir les parties les plus noires de sa personnalité.

 

Évacuons tout de suite la polémique débile sur le fait que Natalie Portman ait été doublée pour les scènes de danse. D’une part, la production a joué franc jeu là-dessus dès le début et il est clair que les scènes générales, ce n’est pas l’actrice qui danse (un excellent article de SFX explique la technique utilisée) et d’autre part, ces scènes pour importantes qu’elles soient ne constituent pas l’ossature du film bien au contraire ! Natalie Portman mérite donc amplement son Oscar, son Golden Globe car l’interprétation terrifiante qu’elle donne à ce personnage prouve au monde entier qu’elle est sans aucun doute l’actrice la plus douée de sa génération.

 

Omniprésente du début à la fin du film (il n’y a quasiment aucune scène sans elle), Natalie offre donc aux spectateurs médusés le spectacle d’une plongée en enfer d’une noirceur absolue. Elle passe de l’ingénue qui ne vit que pour la danse à une espèce de démon dont la violence éclate dans un déferlement de haine que le scénario prend bien soin de mettre en place et dont l’implacable inéluctabilité prend forcément à la gorge.

 

Mais à bien regarder cette histoire diabolique, les fêlures sont en place dès le début du film : prisonnière du mère tyrannique et possessive, qui reporte son échec de danseuse sur sa fille. Elle refuse de la voir grandir et la traite comme une petite fille, voire une poupée, la coiffant, la berçant, ne respectant aucunement son intimité (la scène où elle l’emmène, à moitié nue, dans la salle de bain pour lui montrer son dos est une preuve éclatante de cette perversité).

 

Sous l’emprise de sa mère, la danseuse est également prisonnière de son art et de son corps. Elle veut être parfaite, mais refuse de laisser cours à ses sentiments. Elle refoule toute idée de sexualité, de passion et il faudra qu’intervienne le metteur en scène du ballet (magnifique Vincent Cassel) et une danseuse qu’elle va voir comme une rivale pour que Nina accepte enfin de devenir une femme !!

 

Si l’on fait le parallèle avec la vraie vie, il est troublant de voir que Natalie Portman casse avec un masochisme souvent effrayant l’image lisse et pure qu’avait renvoyée son rôle de la merveilleuse reine Amidala. Il est alors clair que Cassel est le pendant imaginaire de Darren Aronofsky : le metteur en scène manipule sa danseuse, la pousse sur des chemins qu’elle n’aurait jamais abordés (la scène de la « séduction ») pour finalement la perdre tant elle va aller loin. Mais dans cette histoire, n’est-ce pas Darren Aronofsky qui manipule son actrice, lui impose une bisexualité extrêmement brutale et souligne toute la noirceur de son âme ?

 

Car si Black Swan est un véritable chef d’œuvre, son côté malsain n’en fait pas un spectacle regardable par tous. Le spectateur est souvent mal à l’aise devant un tel déferlement de sentiments tranchés, la représentation de la sexualité, très crue, n’a rien d’érotique, mais donne plutôt l’impression d’un combat où la domination sur l’autre est vitale. Et sans déflorer le scénario, le combat intérieur que livre la danseuse contre ce côté noir qui l’attire et la répulse à la fois permet de douter à tout moment de ce que l’on voit à l’écran.

 

La mise en scène magistrale et les effets visuels d’une puissance rare participe à ce sentiment mitigé : d’un côté, on ne peut qu’admirer l’osmose de toutes les parties du film et de l’autre, le jusqu’au boutiste affiché, y compris dans les cadrages et dans le tournage caméra à l’épaule, donne souvent le tournis voire la nausée. Du coup, il devient presque miraculeux qu’un film aussi dur puisse obtenir un succès mondial, basé uniquement sur le bouche-à-oreille. Le spectateur n’est jamais caressé dans le sens du poil, bien au contraire. On s’adresse à lui comme à un adulte, on ne lui donne aucune clé et pire encore la scène finale, sublime, et les derniers mots de Natalie (parfaite) ainsi que le fondu au blanc permettent à chacun de se faire sa fin.

 

Black Swan est un diamant noir, la confirmation d’une actrice surdouée et un film balayant tout le spectre des sentiments humains ! Sa dureté n’a d’égal que sa beauté fatale. Un choc incroyable, comparable à celui qu’occasionna Seven, il y a près de 15 ans !!

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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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