Le pitch : Dévasté par la mort de son chien, un jeune garçon féru de sciences et de cinéma va le ramener à la vie.
C’est dans un petit cinéma de Paris (les 3 Luxembourg) que j’ai enfin pu voir le dernier film de Tim Burton ! Certes, je n’ai pas eu droit à la 3D et l’écran de la salle était à peine plus grand que celui de la maison (j’ai la chance de posséder un vidéo projecteur depuis près de 10 ans), mais au moins, j’ai pu voir Frankenweenie dans une salle obscure. Car, pour un puriste de mon genre, la pureté d’un Blu-ray n’égalera pas cette sensation extraordinaire que de s’asseoir dans une salle, d’attendre que le film se lance, d’espérer de bonnes bandes-annonces ! Et comme les cinémas de Nancy n’ont daigné projeter cet hommage vibrant au cinéma gothique de la Hammer et d’Universal qu’une poignée de semaines, il faut donc se rendre dans une très grande ville, là où les films restent bien plus longtemps à l’affiche. Gamin, déjà, je me rappelle avoir découvert Les aventuriers de l’Arche perdue plus d’un an après sa sortie dans une petite salle parisienne ! Les habitants du 75 ne connaissent pas leur chance : ils ont Zlatan et peuvent voir quasiment tout au cinéma !!
Foin de cette longue introduction ! J’espérais beaucoup de Frankenweenie, j’ai été comblé au-delà de mes espérances ! Non seulement, Tim Burton signe là son meilleur film depuis Ed Wood, mais il offre bien plus : un noir&blanc formidable, une cascade d’hommage aux films de monstres (la mèche blanche de la chienne renvoie directement à celle de la fiancée de Frankenstein) en passant par le cinéma japonais (la tortue géante !!), une histoire touchante et empreinte de poésie et une animation en stop motion quasi-magique. C’est simple : dès les premières secondes, on oublie qu’il s’agit ici de marionnettes animées comme au tous premiers temps du cinéma ! Burton a beau jurer qu’il a mis moins de technique dans son film, à la différence des Noces funèbres (une sacrée réussite déjà) rien n’y fait. C’est beau, c’est bien fait, c’est miraculeux !! Et la preuve qu’il existe encore des fous furieux capables de consacrer 5 ans de leur temps à une technique désuète mais fascinante, que l’on peut tous reproduire à la maison avec nos caméras vidéos !!
Frankenweenie a sans doute été une bouffée d’oxygène pour le réalisateur qui a subi d’énormes pressions avec Alice au pays des merveilles et Dark Shadows. Car sans renier ses spectacles hollywoodiens qui lui assurent une totale liberté pour ses films plus personnels, il est clair que le réalisateur met plus son amour dans un Frankenweenie ou un Big Fish que dans La planète des singes. On ne lui en voudra pas, d’ailleurs !!
Le film ne dure qu’une heure vingt-sept, mais il semble contenir de quoi faire 3 ou 4 longs-métrages. Entre les expérimentations cinématographiques de Victor, ses expériences scientifiques, les magouilles de ces « collègues » du collège, les catastrophes qui vont s’ensuivre ou cette petite romance esquissée avec la voisine, très gothique d’ailleurs, Frankenweenie se permet toutes les audaces, y compris dans de très beaux jaillissements d’objets vers l’écran qui doivent trouver tout leur impact en 3D. Le récit n’est en rien linéaire, surprend souvent, ne ridiculise jamais ses personnages, y compris le maire de New Holland, pourtant bien antipathique !
C’est donc un véritable retour aux sources pour Tim Burton qui a d’ailleurs employé pour son casting vocal des comédiens qu’il n’avait plus dirigé depuis des années comme Martin Landau, Martin Short ou Wyonna Ryder !!
Frankenweenie est un chef d’œuvre, un de plus dans l’escarcelle de ce réalisateur inclassable qui, du haut de sa coupe à la Cure, continue de creuse un sillon d’une inégalable richesse !!!