Le pitch : Un ex-tueur à gage sort de sa retraite, entraîné par un jeune tireur, afin d’aller venger l’honneur d’une prostituée défigurée.
En 1992, Impitoyable fut un véritable choc cinématographique. Clint Eastwood offrait au western un chef d’œuvre crépusculaire tout en détruisant méthodiquement la légende de l’ouest. Dans son film, on meurt dans la souffrance, les hommes se tirent dans le dos ou abattent leurs adversaires quand il est sans défense, les shérifs sont de véritables brutes et la morale n’est pas vraiment sauve. Il est clair qu’Eastwood a voulu à la fois rendre hommage au genre qui l’a rendu célèbre et en faire le solde de tout compte. Coïncidence ou pas, tous les westerns qui ont suivi ont emprunté cette voie : du fabuleux Wyatt Earp au magistral Open Range (tous deux avec Costner) en passant par Appaloosa. Seul Maverick (Richard Donner) résistera à cette veine !
Impitoyable est un film lent, ce qui a fait dire à certaines critiques qu’il était long voire ennuyeux. Accusation ridicule, surtout venant de la part de gens qui ne supportent pas non plus le style Bay. En fait, Eastwood a choisi de prendre son temps, de faire découvrir les personnages afin que les brefs éclairs de violence n’en deviennent que plus intolérables ! Qu’il s’agisse du passage à tabac gratuit de Richard Harris (English Bob) par Gene Hackman (le shérif), du meurtre des deux cow-boys qui ont tailladé la fille ou de l’affrontement final, Impitoyable s’offre de longues plages quasi statiques afin de mieux détruire la légende.
Alors, oui, les amoureux du western ont fait des bonds en découvrant ce personnage d’ex-ivrogne, hanté par son passé et dont la morale ne vaut finalement pas mieux que celle du shérif. L’atmosphère du film (pluie, lumière quasi inexistante dans les scènes d’intérieurs) et des dialogues murmurés obligent encore plus le spectateur à s’impliquer. Le spectacle n’a pas lieu d’être et Impitoyable se mérite.
Et pour faire un chef d’œuvre, il fallait un casting d’exception. En engageant Richard Harris, Gene Hackman et Morgan Freeman, Eastwood a fait preuve d’un flair exceptionnel tout en démontrant qu’un grand film doit tout à ses acteurs. Aucun rôle n’est superflu et la leçon apprise de Don Siegel reste valable : savoir où l’on va, engager les meilleurs, offrir le meilleur !!
Le revoir, près de 20 ans après sa sortie montre à quel point Eastwood est un très grand réalisateur et à quel point son film a révolutionné le cinéma. Un point de non-retour puisque après 1992, Clint n’a plus jamais touché au genre. Il s’est contenté de le décliner comme dans Un monde Parfait ou Gran Torino. Sommet de sa carrière, Impitoyable reste un joyau noir qui n’a pas pris une ride !
Le Blu-Ray sublime le film, mais ce sera pour une prochaine chronique.