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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 06:44

boutons1Le pitch : Depuis des années, les gamins de deux villages rivaux s’affrontent dans des batailles homériques. Mais pour, Lebrac, le chef d’une des bandes, bientôt va arriver l’heure d’un choix qui le propulsera dans la vie adulte.

 

On a beaucoup jasé sur les deux remakes sortant à deux semaines d’intervalles. On a aussi pas mal critiqué les cinéastes qui osaient s’attaquer à l’intouchable film d’Yves Robert. Mais au final, un film ne doit-il pas être jugé sur ce qu’il est ? Et doit-on sacraliser une œuvre sous prétexte qu’elle a un certain âge ? Sans compter qu’avant la version de 1961, il y avait eu celle de Jacques Daroy en 1936, intitulée La guerre des Gosses (avec Charles Aznavour) , sans oublier la version anglaise, The War of the Buttons de 1994.

 

Je vous l’avoue, je ne suis pas vraiment un fan du film d’Yves Robert. Je trouve qu’il a mal vieilli, que ses images sont parfois ambiguës (désolé, mais montrer des enfants nus, je trouve cela malsain. Vous pouvez pensez que je suis puritain, mais cela me gêne) et qu’il était parfaitement légitime de refaire une nouvelle version du roman de Louis Pergaud. Après tout, on a adapté des dizaines de fois Les misérables sans que cela ne gêne personne.

 

Cette Guerre des boutons est donc une excellente surprise car, d’une part, elle respecte bien l’ambiance particulière du roman et que d’autre part, les jeunes acteurs parviennent à faire passer toute l’émotion nécessaire. Si on ajoute une petite touche passéiste finalement pas si désagréable (mine de rien, il y a 50 ans, on pouvait donc laisser les enfants jouer dehors. Pensons avec effroi au meurtre de la petite Océane pour nous dire que notre société a bien changé), on peut dire que le film est réussi.

 

L’un des atouts de cette nouvelle version est qu’elle n’a pas cherché à moderniser le propos en la situant à notre époque ou en mettant dans la bouche des enfants des dialogues actuels (si ce n’est quelques mots comme baston dont je ne suis pas certain qu’ils fussent utilisés dans les années 50). Le film ne cherche pas cependant à jouer sur la nostalgie à tout prix. Le dilemme de Lebrac qui a l’impression de trahir les siens en allant au collège montre, au contraire, que tout n’était pas rose « avant », que la vie pouvait être injuste et que le fameux ascenseur social ne passait pas souvent !

 

La reconstitution est cependant fidèle à ce que furent ces années d’après-guerre et j’en ai retrouvé quelques brides issues de mon enfance (dans les années 70). Le travail sur les décors est formidable, rendant justice à cette école communale qui éduqua tant d’enfants sans se soucier de leurs origines. Même chose pour les costumes, les rues, les outils, étonnant mélange d’une ruralité qui résiste et d’une modernité qui arrive (l’électricité, l’eau, les véhicules). De ce point de vue-là, le cinéma reste une formidable machine à voyager dans le temps. On voit donc un curé en soutane (et porteur de pas mal de dialogues succulents), des villageois qui prennent le temps de vivre malgré une vie très dure, des écoles qui ne sont pas encore mixtes et une réflexion sur la guerre, la vraie, au détour d’un dialogue poignant entre l’ancien chef de Longeverne, revenu d’Algérie et qui a assisté à la mort de son « rival ». Un moment important qui n’a pourtant été révélé que par peu de critiques.

 

Mais ce qui fait un film ce sont une histoire et des acteurs. Inutile de revenir sur l’histoire, elle reprend les grands thèmes du roman, ce mélange de tendresse et d’apprentissage sévère de la vie à travers les bagarres enfantines pas si innocentes que cela et se déroule tranquillement jusqu’aux dernières images.

Au plan acteur, là aussi, une assise solide. Si l’on peut regretter qu’Alain Chabat et Mathilde Seigner ne soient présents que dans quelques scènes (mais en gros sur l’affiche, marketing oblige) , ce sont surtout les enfants qui se taillent la part du lion. Yann Samuell a réussi à trouver un petit acteur aussi drôle que le petit Gibus du film originel. On peut certes regretter que les enfants de Verlans, village rival de Longemerle soient nettement moins sympathiques, ce qui crée une opposition un peu artificielle, mais dans l’ensemble la bande de gamins et de gamines (une concession à nos années 200 que la présence de petites filles, ce qui est incontestablement un plus) est formidable de justesse et de drôlerie. Les bons mots sont légions, même s’il manque le fameux « Si j’aurais su, j’aurai pas venu ».

 

Les grincheux pourront donc ergoter, dire qu’il y a un peu trop de bons sentiments ou que finalement ces enfants sont bien sages. Qu’à cela ne tiennent, le succès du film (près d’1,5 million de spectateurs) prouve qu’il fallait bien donner une nouvelle couleur à cette histoire, imaginée il y a près de 100 ans (en 1912) par un jeune instituteur fauché par la guerre en 1915 ! Son souvenir est présent dans les nombreuses écoles qui portent son nom, par son livre et désormais par 3 films fort différents ! Il ne me reste plus qu’à voir la version de Christophe Baratier pour me faire une idée et jouer aux comparaisons.

 

En attendant, n’hésitez pas : La guerre des boutons de Yann Samuell est un film réussi, attachant, drôle et fort bien réalisé !

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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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