La planète des singes : les origines (*****)

Le pitch : alors qu'il cherche un remède contre la dégénérence cérébrale, un jeune savant va enclencher, sans le savoir, le processus qui entraînera la prise du pouvoir des singes sur toute la planète !

Franchement, je n'attendais pas grand chose de cette énième Planète des singes (7e film), surtout que la version de Tim Burton me semblait plutôt réussie, même si parfois un peu trop impersonnelle. La bande annonce racontait quasiment tout le film et puis les origines de la planète avaient déjà été racontée, quoiqu'en disent les scénaristes et certains journalistes, dans La conquête de la planète des singes, 4e film de la série où César, enfant de Zira et Cornélius (abattus dans le 3e film Les évadés de la Planète des singes), prenait le pouvoir après qu'une mystérieuse épidémie ait décimé chats et chiens de la planète. 

J'avais tort !! Car Les origines est tout simplement le film le plus intelligent de cet été, alignant un quasi sans faute et relançant donc une saga que l'on avait cru terminée il y a 10 ans !! Certes, il est moins spectaculaire que Transformers 3 et n'a pas la charge émotionnelle du dernier chapitre d'Harry Potter, mais il a pour lui, l'immense avantage de ne pas céder au spectacle décérébré, de prendre son temps et de donner une explication (deux en fait) logique et rationnelle à la prise de pouvoir ! Enfin, le script est truffé de références aux premiers films, comme ces quelques images sur le lancement de la fusée vers Mars et de sa disparition mystérieuse, point de départ du chef d'oeuvre de Franklin J.Schaffner ou le nom de la première gueunon du film, beau regard (le surnom de Charlton Heston, donné par le dr Zira) !

Ruppert Wyatt, dont c'est le 3e long métrage, a en fait quasiment fait le sans faute. Sa direction d'acteur est excellente (il est vrai que le casting, James Franco en tête, est sacrément solide), le script est solide et sans faille et sa mise en scène ne privilégie jamais la frime ou la mode tremblotante. Les scènes d'exposition sont bien amenées, les scènes de batailles sont lisibles et transforment la fin du film en moment d'anthologie. En fait, tout le film est tiré par le haut, des dialogues à la photographie, de la gestion des élipses aux décors contemporains, de la prise de conscience de César à la fin redoutablement ouverte, rien n'a été laissé au hasard. Sans doute parce que la Fox n'attendait pas trop du film (le budget de 93 millions était bien moins important au départ, mais l'apparition de l'animation 3D pour les singes l'a fait sensiblement grimpé) , le studio a laissé le réalisateur et l'équipe du film en paix ! La gestion de la promotion s'est ensuite faite de manière intelligente et graduée pour obtenir cette sortie réussie et un succès incontestable !

Mais au delà de la réussite artistique, le point fort du film réside dans les singes !! Ici, pas d'acteurs connus que le maquillage doit magnifier, mais un nouveau sommet de l'animation 3D réaliste !! Weta signe ici une performance hors du commun et l'on a peine à croire que les singes du film n'existe que dans des ordinateurs !! Andy Serkis endosse une fois de plus la motion capture et permet à César d'être un véritable personnage. Le travail sur les yeux est d'ailleurs extraordinaire ! On sent qu'une partie d'humanité y a été injectée, donnant au regard de César un aspect très humain mais aussi très inquiétant !

Car c'est cela le propre du film. James Franco (qui obtiendra peut-être enfin la reconnaissance qu'il mérite) ouvre la boîte de Pandore pour des raisons louables (il cherche à sauver son père de la maladie d'Alzhemeir) sans se rendre compte qu'il donne l'intelligence à un animal qui nous est supérieur en force et en agilité. Là aussi, le film joue la carte du réalisme. Contrairement à ce que pensent les gens, le chimpanzé est un animal lunatique, dont l'agressivité est réelle et dont la force lui permet d'arracher le bras d'un homme. Ses morsures sont bien plus dangereuses que celles d'un chien et son agilité le rend relativement difficile à capturer. Logique donc de voir que si cet animal obtenait notre intelligence, notre temps sur Terre serait compté, les lois de la nature étant souvent celle du plus fort !!

Une fois que César comprend que l'homme n'est pas forcément son ami, le film prend alors une direction bien plus brutale que sa première heure. Mais c'est cette lenteur calculée qui permet de rendre réaliste la rebellion simiesque. Et quand César prononce son premier mot, on se dit que c'était inéductable !! Cela ne pouvait que se passer ainsi ! La mise en scène atteint alors une puissance folle !!L'homme ne mérite sans doute pas qu'une espèce intelligente vienne lui disputer la vedette. Et la brutalité que César va subir dans le centre où son "père" est sommé de l'enfermer, il la rendra au centuple !!

Les origines est donc à la fois la grosse surprise de 2011 et un film à la fois distrayant et spectaculaire. Et même si sa fin (celle située après le générique) rappelle furieusement L'armée des 12 singes, nul doute que l'on devrait assister rapidement à la chute de l'homme et à la prise de pouvoir totale du singe ! Espérons que la Fox ne gâchera pas ce matériel en le galvaudant !!