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4 février 2012 6 04 /02 /février /2012 17:32

discoursLe pitch : Alors que l’Europe se dirige lentement vers la guerre, le frère du roi d’Angleterre va devoir lutter contre ses problèmes d’élocution.

 

Film multi-oscarisé, Le discours d’un roi a été l’une des très bonnes surprises de 2011. Sorti de nul part, il a non seulement conquis la planète entière en remportant un succès énorme partout, mais il a également séduit la critique et les professionnels ! Un consensus rare, mais totalement logique aux vues de la réussite totale du film.

 

Pourtant, le pari était risqué. Parler pendant près de deux heures des déboires de Georges VI, père de l’actuelle Elisabeth d’Angleterre, aurait bien pu tomber à plat. Dans notre monde où l’on meurt encore de froid dans les rues, voir un héritier du trône pester parce qu’il ne parvient pas à contrôler son bégaiement peut paraître incongru.

 

Mais la force du film est justement de dépasser ce côté anecdotique et se focaliser sur le duel que vont finalement se livrer Colin Firth (exceptionnel) et Geoffrey Rush (dans un rôle aux antipodes – dans tous les sens du terme – du capitaine Barbossa qui l’a imposé au grand public). Les deux antagonistes vont passer par la classique relations haine-amitié avant de réussir à se dompter l’un l’autre, le tout sous le bienveillant arbitrage d’Helena Bonham Carter (dans un rôle très sobre).

 

Mais Tom Hooper (dont le premier film était déjà un biopic, consacré à Brian Cough, l’entraîneur mythique de Leeds United) dépasse évidemment ce qui ne serait qu’un film « médical ». En mettant également en scène la destiné d’Edouard VII, seul roi d’Angleterre à renoncer au trône par amour et en observant en parallèle la montée des périls en Europe, le réalisateur va mélanger l’histoire « officielle » avec la plus petite, montrer que tout personnage important qu’il est, Georges VI n’en est pas moins un homme comme les autres. Et c’est malicieusement que son thérapeute va agir dans ce sens : il se refuse à l’appeler Votre Altesse, le rudoie et le pousse dans ses derniers retranchements jusqu’à qu’il comprenne qu’il a besoin d’aide et que ses nombreux titres de noblesse ne le protègent pas des affections qui touchent les roturiers.

 

C’est ce chemin, long et incertain (le discours final prend soin de montrer que le roi n’est pas totalement guéri) que raconte le film, avec ses hauts et ses bas, ses disputes, ses réconciliations, ses doutes et ses victoires parfois éphémères. Aidé par un trio d’acteurs exceptionnels, Tom Hooper met tous les atouts de son côté et le côté finalement très théâtral humanise encore plus le récit. Mieux encore, il ne cherche même pas à cacher les propres échecs du thérapeute qui ne parvient pas à s’imposer comme acteur amateur. Cette scène, anodine et qui aurait bien pu finir parmi les scènes coupées du DVD, montre en fait que , s’il se montre impitoyable avec le roi, Rush a aussi ses propres démons à affronter.

 

Le plus étonnant dans ce film est qu’il a réussi à toucher le monde entier sans aucune scène spectaculaire, peu d’action, beaucoup de dialogues et un contexte historique que le réalisateur ne cherche pas à surligner. Le spectateur ne doit être distrait par aucun élément extérieur et le pari était d’autant plus risqué que les récents films historiques, aidés par la puissance des images de synthèse, n’hésite désormais plus à donner dans le « bigger than life ».

 

Un tel succès ne peut s’expliquer que par un travail rigoureux autour du film, conçu comme une joute pacifique mais sans merci. Et toute l’histoire progresse lentement mais sûrement vers le fameux discours, celui qui fera comprendre à l’Angleterre et au monde que nous sommes entrés dans une ère nouvelle, une ère fait de périls et de larmes. Devenu enfin maître de sa voix, Georges VI devient vraiment roi d’Angleterre. Il peut alors diriger son peuple et affronter les ténèbres du nazisme, aidé en cela par Churchill. La dernière scène qui voit Georges s’adresser à la foule, en compagnie de ses filles, sonne comme une nouvelle naissance, une renaissance.

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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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