Les 7 mercenaires
Le
pitch : un village mexicain engage des mercenaires pour les aider à contrer les attaques d’une bande de hors-la-loi qui les pille depuis des années.
Western mythique, Les 7 mercenaires représentent aussi une époque révolue, celle où les films se construisaient autour d’une équipe d’acteurs et qui nous donna Les 12 salopards, La grande évasion ou Les canons de Navaronne.
Le but de ce genre de film était de réunir l’équipe la plus prestigieuse possible et de la lancer dans une mission à priori impossible. Qu’importe le thème du film, même si les films de guerre ou les westerns s’y prêtaient le mieux, il fallait imposer LE générique qui tue !
Les 7 mercenaires ne dérogent pas à la règle en mettant sur la même affiche Yul Brynner, Steve McQueen, Robert Wagner, Charles Bronson et James Coburn, John Sturges visait évidemment l’efficacité maximale, même si certains de ses mercenaires comme McQueen n’étaient qu’à l’aube de leur carrière en 1960.
Au delà de son casting, c’est surtout l’histoire qui faisait la part belle dans ces productions racés. Ici, l’adaptation des 7 samouraïs, un classique japonais, ne pouvait que se fondre dans la mythologie du western : la ville assiégée, les combats à un contre 100 perdu d’avance, les pillards sans foi ni loi, les armes à feu, les chevaux… John Sturges connaissait cet univers par cœur, lui qui avait déjà réalisé Règlement de compte à O.K. Corral, Fort Bravo, Coup de fouet en retour ou Les aventuriers du désert. Sans atteindre le génie absolu d’un John Ford, Sturges est un solide artisan qui sait filmer l’Ouest américain et diriger des seconds couteaux du cinéma américain. Ici, pour son 8e film, il offre au public l’un de ses points d’orgue, même si La Grande évasion (où il retrouvera Bronson et McQueen) sera plus abouti encore.
Construit de manière linéaire (la découverte de la situation initiale, la rencontre des mercenaires, le premier succès, le piège des Mexicains et le combat final), Les 7 mercenaires n’avait pas pour ambition de révolutionner le cinéma ou le western. S’il sortait à notre époque, on parlerait de pop corn movie, d’un film destiné à distraire un public qui a envie de passer un bon moment. Le western n’était pas encore entré dans sa période crépusculaire et n’avait rien à prouver. L’enchaînement des scènes où chaque acteur tente d’attirer le regard et où Sturges prend bien soin de ne pas avantager untel ou untel (même si Brynner est hors-concours) démontre qu’on est dans un film choral. Qu’importe si 4 des mercenaires décèdent lors de l’attaque finale ou si Brynner joue de manière très monolithique (sa marque de fabrique après tout), la volonté du film est clairement de rendre hommage aux acteurs. Chacun aura droit à sa scène intimiste, les plus touchantes étant celle de Bronson dont le personnage métis d’Irlandais et de Mexicain, est adopté par les enfants du village.
On peut bien sur se gausser de certaines aberrations du scénario comme le fait que tous les mercenaires quittent le village pour aller disperser les chevaux des hors-la-loi, laissant les paysans sans défense et permettant aux truands de s’emparer de la petite communauté. Mais au final, ces quelques trous dans l’histoire sont surtout là pour relancer l’action et n’entament en rien la solidité du film.
Au final, Les 7 mercenaires, 50 ans après sa sortie reste un classique du western, magnifié par la musique d’Elmer Bernstein, musique devenue légendaire et dont la mélodie s’inscrit immédiatement dans la tête. Il est le témoignage d’une époque où le cinéma restait emprunt d’une certaine candeur et entendait distraire un public qui ne demandait qu’à vibrer et à se dépayser. Pas mal pour ce qu’on qualifiait de « série B » à sa sortie !!