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15 novembre 2012 4 15 /11 /novembre /2012 19:55

Mars.jpgLe pitch : Les Martiens débarquent sur Terre! Petits, méchants, verdâtres et drôles, les Martiens veulent juste nous prendre notre planète !

 

En 1996 sort le dernier film du premier cycle de Tim Burton, un cycle entamé dix ans plus tôt avec Pee-Wee et qui connut son point culminant commercialement avec les deux Batman, mais dont Mars Attacks est sans doute le projet le plus personnel, peut-être plus que Bettlejuice ou Edward aux mains d’argent, en tout cas le plus engagé !

 

Suite à l’échec au box-office, laminé par Independence day, Tim Burton petit à petit va mettre de l’eau dans son vin. Il se rattrapera avec le très gothique Sleepy Hollow, puis entrera à nouveau dans la cour des Blockbusters avec La planète des singes, version 2001.

 

Mais revenons à Mars Attacks. L’idée de base du film est une série de carte à jouer où les ignobles martiens sont représentés dans des situations cocasses, horrifiques et décalés. Hollywood étant capable de faire des films à partir d’une ligne de jouets, pondre une histoire à partir de cartes n’est pas un soucis. Mais pour mettre en scène un univers aussi délirant, il faut un réalisateur qui n’a pas froid aux yeux et qui n’hésite pas à user de son image « différente » pour arriver à ses fins.

 

Burton commence par engager un casting de stars : Jack Nicholson, Danny de Vito, Glen Close, Annette Benning, Pierce Brosnan, Sarah Jessica Parker, Michael J.Fox, Jack Black et une star en devenir Natalie Portman. Il ressort aussi des placards Jim Brown et Pam Grier, deux idoles de la Blaxploitation des années 70. Certains des acteurs cités ont déjà travaillé avec le réalisateur. Rien à voir avec le casting de seconds couteaux d’ID4, où tout l’argent passera dans les effets visuels.

 

Nanti d’un script totalement délirant et très politiquement incorrect, Burton se penche sur les Martiens. Si leur apparence est dictée par les cartes à jouer, il envisage au départ de les filmer en animation image par image. Mais Jurassic Park est passé par là et le studio fait une « amicale » pression pour que la 3D soit utilisée.Décision qui va peut-être jouer contre le film car ces images hyper travaillées (les gros plans sur les Martiens sont bluffant) s’accordent mal avec le parti pris du réalisateur : des maquettes qui ne cachent pas leur origine (et qui ne dépareilleraient pas dans un Ed Wood), des images tirées d’autres films (on y verra même Godzilla !!) et des décors très carton-pâte ! Tim Burton voulait faire un film artisanal avec ses amis, mais l’intrusion de la 3D gêne un peu et le décalage entre les deux techniques n’est pas toujours assumé.

 

Au-delà de ce défaut, somme toute mineur, même si sur un plan visuel, ce genre de détail n’est pas à négliger, Mars Attacks vaut surtout pour son délirant jeu de massacre !! Le réalisateur n’hésite pas à ridiculiser toutes les institutions à commencer par la Maison-Blanche. Le couple présidentiel est un couple de beaufs, tout juste sauvé par la candeur et la gentillesse de leur fille, les militaires sont soit des abrutis bellicistes soit des planqués à côté de la plaque, les gens de médias sont arrivistes, superficiels, incultes et imbus d’eux-mêmes. Quant aux scientifiques, on a le choix entre l’imbécile heureux persuadé qu’une civilisation avancée ne peut être que pacifique (incroyable Pierce Brosnan !!) ou le savant allemand à côté de la plaque et dont les inventions prêtent vraiment à rire ! Avec une telle brochette d’incapable, les Martiens n’ont aucun mal à dévaster notre planète, avec un cynisme confondant ! Ainsi, alors que ses collègues désintègrent à qui mieux mieux, un Martien se trimballe avec un haut-parleur disant « Nous sommes vos amis ».

 

En s’acharnant ainsi sur les travers de son pays, Burton donne évidemment d’énormes bâtons pour se faire battre. Le côté caricatural totalement assumé par le script, mais aussi les acteurs en rajoutent encore. Et si tous les gags ne font pas mouche, la volonté de faire rire le public est là et bien là !! Burton a voulu faire un film de sale gosse et ne rien respecter. Sur le moment, cela a dû sembler une bonne idée à la Warner.

 

Comme souvent chez le réalisateur, ce sont donc les petits, les sans-grade qui sortiront grandis de cette histoire. Un vendeur de beignet écrasé par le machisme de son frère, une grand-mère méprisée par ses enfants, un boxeur en fin de course ou deux jeunes gamins noirs qui vont jusqu’à s’improviser gardes du corps du président, ce sont bel et bien ceux que l’Amérique triomphante méprise qui vont sauver le pays ! Et Burton enfonce le clou en faisant jouer la musique patriotique de mise par un orchestre mexicain !! Rien n’est respecté, mais c’est pour le rire.

 

Pour le rire ? Peut-être pas après tout ! On sait que Burton aime les loosers magnifiques, qu’il ne supporte pas les héros sans faille. Avoir fait un film sur celui que l’on a considéré comme le pire réalisateur de tous les temps montre qu’il a une vision bien particulière de la réussite, qualité ô combien glorifiée dans l’Amérique de Clinton. Son film reflète sans aucun doute ses idées ! Mars Attacks est un film très politique, un véritable pamphlet camouflé dans une comédie SF. Et c’est sans doute là, la plus grande injustice. Car si le film avait été un drame urbain décrivant une Amérique à la dérive, la réaction du public aurait sans doute été meilleure. En marchant sur les traces d’un John Carpenter qui, coïncidence, connaîtra un échec cinglant la même année avec Escape from LA(et qui n’était pas tendre non plus pour l’Amérique), Burton a peut-être présumé de ses forces. Malgré le casting, malgré le sujet, malgré la SF, le public ne suivra pas.

 

On sait que le film fut mis en concurrence avec ID4dès sa mise en chantier. Et c’est sans doute ce qui a perdu Mars Attacks. Au traitement « sérieux » de l’Allemand s’opposait un traitement potache d’un sale gosse d’Hollywood. Or, l’Amérique des années 90, même si elle est dirigée par un démocrate, Bill Clinton, reste un pays où l’on ne badine pas avec les valeurs patriotiques, valeurs que Burton prend un malin plaisir à dézinguer ! Le constat sera sans appel : à peine 37 millions de dollars de recette, quasiment 10 fois moins que ID4. Et le reste du monde, contrairement à une légende tenace, ne suivra pas vraiment plus. Si l’on excepte 2 millions d’entrées en France, Mars Attacks ne rapportera que 63 millions supplémentaires. De quoi rembourser certes le budget, mais on est loin du triomphe qu’espérait la Warner. Décidément, en cette année 96, mieux valait casser de l’Alien de manière militaire que d’y résister avec de la musique…

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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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