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18 février 2012 6 18 /02 /février /2012 17:05

milleniumLe pitch : Un journaliste suédois, qui vient de subir un désaveu judiciaire cinglant, est engagé pour enquêter sur une disparition inexpliquée datant de plus de 40 ans.

 

Voici donc la deuxième adaptation du roman culte de Stier Largson après le téléfilm suédois sorti en salles en France en 2010. Osons le dire, je n’ai pas (encore) lu les romans, mais si l’adage qui dit qu’une adaptation cinéma est souvent inférieure au matériel livresque de départ, alors le bouquin doit être sacrément noir, flippant et brutal !

 

Il fallait bien l’auteur de Seven et Zodiac pour adapter ce récit âpre, tordu et bien barré, une histoire à base de secrets de famille sanglants, de vengeance atroce et d’enquêtes policières plutôt bien troussées. Car le film raconte deux histoire : le combat du journaliste pour découvrir une vérité enfouie depuis 40 ans et celui de Lisbeth, jeune marginale douée pour l’informatique, pour se venger d’une société qui la considère au mieux comme un simple objet.

 

Et si les deux histoires vont, bien entendu, se rejoindre, il va déjà falloir passer par une longue mise en place où chaque détail prendra son importance plus tard.L’atmosphère vénéneuse de la Suède (franchement, le pays décrit n’a pas l’air bien agréable à vivre et son froid intense n’en est que l’aspect le plus joyeux) que l’on se trouve en ville ou dans l’île où officie le héros annihile toute tentative de rendre plus accessible la trame. Peu d’explications claires durant la première heure, des brides d’informations qu’il faudra se rappeler plus tard et des motivations qui ne prennent leur sens que vers la fin du film : Millénium n’est pas un métrage facile.

 

D’autant que l’histoire se complaît dans une représentation du sordide difficilement supportable : le viol de Lisbeth aurait pu être filmé à la manière d’une éclipse.Mais Fincher plonge au contraire le spectateur dans une horreur que l’on pourrait qualifier de gratuite si l’on n’entre pas dans le film. Certes, la scène (et la vengeance qui l’accompagne) sont dans le livre, mais le malaise est palpable, d’autant qu’une certaine misogynie s’en dégage. C’est peut-être une mauvaise interprétation de ma part, mais le traitement infligé à Lisbeth est décrit de manière plus crue que celui qu’elle infligera à son bourreau.

 

Quoi qu’il en soit, c’est une certaine misanthropie qui ressort du film. Tous les personnages ont une effroyable part d’ombre, même si celle de Daniel Craig (époustouflant) semble bien moins sombre. À l’image de l’atmosphère, les personnages n’ont aucun espoir, ne cherchent pas de rédemption et ne semblent vivre que pour assouvir leurs instincts. La jeune Rooney Mara incarne parfaitement une paumée qui ne l’est pas tant que cela et tous ses piercings ou tatouages sont en fait la parfaite couverture pour une personne intelligente voire diabolique qui se trouve constamment en équilibre instable.

 

Sa sexualité crue est un autre aspect quelque peu malsain du film. Fincher ne la filme jamais de manière « romantique ». Lisbeth veut une femme ou un homme, elle prend sans ménagement et son viol n’en est que plus terrible, plus atroce et plus écoeurant. Il est vrai que le script a pris soin de bien charger son agresseur !!

 

Le casting est donc au diapason du scénario, n’hésitant à aller sonder les tréfonds d’une âme noire et de cacher sous un vernis de respectabilité un océan de pourriture. On pourra là aussi trouver la ficelle un peu grosse : les riches sont forcément des ordures tandis que les marginaux sont les vrais justes. Sur ce point, Millénium ne s’éloigne pas des clichés établis.

 

D’un point de vue de mise en scène, Fincher reste très sage et a mis de côté les aspects baroques qui rendaient Social Network si fascinant. Même l’utilisation de la musique, si l’on excepte le somptueux générique, est plus discrète. Mais cela n’a rien à voir avec une quelconque paresse : le réalisateur sait que son atout est l’histoire et ne voit pas l’intérêt de la surcharger. C’est sans doute en cela qu’il fallait un véritable auteur de cinéma, et pas un mercenaire de la caméra. Car Millénium est un film ambitieux et attendu. Il n’a pas le droit de décevoir des millions de lecteurs. D’un point de vue box-office, le pari est réussi puisque le film a rapporté plus de 210 millions de dollars de recettes. Mais il me faudra lire le roman pour savoir si le réalisateur a réussi à transcender le matériel de base où s’il s’est contenté, comme Ron Howard sur Da Vinci Code ou Anges et démons, à adoucir une histoire bien plus complexe. Mais si tel est le cas, j’avoue que la lecture me fait un peu peur.

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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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