Le pitch : En atterrissant sur Altaïr-4 , une équipe d'astronautes va découvrir les vestiges d'une civilisation disparue, celle des Kreels, qu'étudie le docteur Morbius, assisté de sa fille. Mais la planète recèle une terreur sans nom dont l'origine les confrontera directement à eux mêmes ! Cette terreur qui a éradiqué tout l'équipage du docteur Morbius
Planète interdite est une référence ans la science fiction, tout en s'englobant dans l'incroyable masse de films de genre des années 50-60 (Them, L'invasion vient de Mars, La guerre des mondes,L'homme qui rétrécit, Le jour où la Terre s'arrêta, The Thing...) et ce malgré les années qui ont passé et qui ont forcément "vieilli" ses effets visuels.
Une référence parce que, quelque peu perdu dans le dédale des invasions en tout genre préfigurant la crainte du nucléaire et de la menace communiste, Planète interdite s'inspire de La tempête de Shakespeare.
Une référence parce que le film, même s'il met en avant son robot vedette, Robby, s'articule autour de la psychologie des personnages, de leurs peurs, de leurs envies, de leur volonté de puissance même. Inutile de chercher des scènes d'action fracassantes ou du Bigger than life, le film fonctionne sur un autre registre, bien plus fin : celui de l'introspection et de la suggestion. Ainsi, la créature que vont combattre les héros est à peine visible : juste une animation qui la laisse dans l'ombre.
Une référence par sa bande son, entièrement électronique : une première dans l'histoire du cinéma.
Une référence par ses décors incroyablement inventifs et qui ont directement inspiré Star Trek.
Une référence enfin par son scénario qui évite tout manichéisme : l'ennemi n'est pas une menace lointaine ou un être venu de Mars, mais bel et bien l'homme. A partir d'un postulat classique (la découverte via les yeux du candide d'une situation qui n'est pas celle que l'on croit), Fred McLeod Wilcox guide ses acteurs , dont un très glamour Leslie Nielsen, dans un dédale passionnant où l'esprit prime sur la force. On sent l'esprit de la tragédie shakespearienne tout au long du film, même si le réalisateur s'autorise des moments de détente avec Robby (qui, mine de rien, obéit tout de même aux trois lois d'Asimov) et une légère touche d'érotisme, notamment avec cette scène où Anne Francis nage nue ! Rassurez vous, les prudes années 50 veillent et ne vous attendez pas à voir l'intégralité du physique de la belle actrice.
Alors oui, les cyniques se gausseront de ses vieux effets visuels (à la pointe pourtant dans les années 50) ou au jeu parfois caricatural de certains acteurs, mais qu'importe : Planète Interdite a largement gagné son statut de classique de la SF !
De grand classique tout court.
La Warner a eu la très bonne idée de proposer le film en Blu-Ray, dans une magnifique copie, respectant bien l'univers coloré de Planète Interdite. Et la pléthore de bonus autorisera un deuxième article du blog. Mais sachez pour vous mettre l'eau à la bouche que l'un des reportages fait intervenir rien de moins que Steven Spielberg, Ridley Scott, Georges Lucas et James Cameron !!