Le pitch : Un jeune orphelin, élevé à la cour du roi Perse, est accusé du meurtre de son père. Avec l’aide d’une princesse indienne et d’une dague magique, il va devoir prouver son innocence.
Adapté d’un jeu vidéo fort populaire depuis le début des années 90, Prince of Persia est une excellente surprise, même si Jerry Bruckheimer n’atteint pas ici le niveau de réussite de Pirates des Caraïbes.
Doté d’un budget énorme (plus de 150 millions de dollars) se traduisant à l’écran par des décors sublimes et des effets visuels à la fois élégants et époustouflants, réalisé par un homme d’expérience (Mike Nevel aussi à l’aise dans la comédie comme 4 Mariages et un enterrement ou le fantastique comme Harry Potter et la coupe de feu) et bénéficiant d’un très bon casting, athlétique à souhait (Gemma Arteton confirme le bien qu’on pensait d’elle), Prince of Persia n’a pourtant pas connu le destin qu’espérait Disney.
L’histoire est pourtant très bonne, dotée d’un retournement final très intéressant : les péripéties s’enchaînent sans faiblir et les surprises sont légions. Certes, on reste dans du conventionnel et le spectateur a toujours (ou presque) un tour d’avance sur le héros, mais pour qui veut se divertir, le film est agréable, rythmé, bien joué et bien filmé. Les magnifiques paysages marocains dépaysent totalement et , rehaussés par de subtils effets numériques, participent activement à l’histoire. On sent que l’argent n’a pas été dépensé en pure perte et que les artisans marocains ont mis toute leur âme dans la construction de décors, d’accessoires, d’objets de toutes beautés. La Nouvelle-Zélande a un sérieux concurrent car le travail est largement du niveau de Weta !!
Le semi échec du film est sans doute à chercher ailleurs. Certes, avec plus de 350 millions de dollars de recettes, le studio a sauvé les meubles et la vidéo permettra de toute façon de plantureux bénéfices, mais l’absence de moment réellement énormes se fait parfois sentir : l’attaque de la ville sainte est vue par un petit groupe de combattant et l’on attend la grosse bataille comme en propose Le seigneur des anneaux. De ce point de vue-là, Mike Nevel a choisi de s’axer sur son héros Dastan et sa quête. On gagne donc en intimiste, mais on regrette parfois que tant de moyens ne soient finalement pas si bien employés à l’écran. Le travail minutieux des artistes ayant œuvré sur le film n’est parfois pas assez mis en valeur et il faut une deuxième voire une troisième vision pour bien remarquer la finesse des décors ou des effets. Et même ainsi, le montage parfois trop abrupt laisse de côté trop de chose. Ainsi, ce n’est qu’en visionnant les featurettes du Blu-Ray que l’on peut voir le travail accompli sur les effets de destruction du sablier du temps.
L’autre raison tient en son contexte : la Perse n’est pas un endroit très populaire de nos jours. Grosso modo, l’ancienne Perse recouvre des pays comme l’Iran, l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie. Et ce qui avait réussi au dessin animé Aladdin (qui ne mentionnait pas le mot Bagdad , mais Agrabar) a ici joué contre lui. De plus, si l’on prend les péplums sortis depuis Gladiator, on s’aperçoit que la plupart ont été des échecs commerciaux. Or, Prince of Persia sort du même moule et le côté aventure n’a sans doute pas été assez mis en avant par la promotion.
Cependant, le spectateur qui découvrira l’œuvre en vidéo ne pourra que passer un bon moment. Parfois, cela suffit amplement.
Le Blu-Ray
Si l’image et le son sont vraiment au top, on reste déçu par l’interactivivé. Une seule scène coupée (on se demande pourquoi) et un long ensemble de featurettes (77 minutes en tout) que l’on peut regarder via un index ou lors de la lecture du film : il suffit alors de cliquer sur l’icône d’une petite dague pour pouvoir accéder à 20 retours en arrière et à une cinquantaine de petits reportages. Alors certes, tout y est vu : décors, effets visuels, distribution, cascades, autruches et j’en passe. On a même la surprise d’entendre l’un de nos compatriotes expliquer en français comment il a entraîné Jake Gyllenhaal lors de ses scènes de cascades urbaines. Mais le reportage le plus long faisant 3 minutes, tout y est trop superficiel et manque singulièrement de recul. C’est bien dommage car le support se prête bien à une analyse plus poussée. Mais pour cela, il faut du temps ! En sortant le DVD et le Blu-ray à peine 4 mois après sa sortie, Disney ne dispose pas de ce temps. Dommage donc car le film méritait nettement mieux.