Rien à déclarer (***)

Le pitch : alors que l'Europe se prépare à abolir les frontières douanières, deux douaniers, un Belge qui déteste les Français et un Français amoureux de la soeur du Belge sont obligés de faire équipe.

On attendait au tournant Dany Boon après le triomphe absolu de Bienvenue chez les Ch'tis, la France n'aimant pas trop ceux qui réussissent trop vite. Et Rien à déclarer fut donc descendu en flamme avant même sa sortie. Il attira quand même plus de 8 millions de gens en France et rapporta un peu plus de 90 millions de dollars dans le monde ! Pas si mal pour ce que certains voyaient déjà comme un gros bide !

La sortie vidéo (déjà ancienne, mais bon, on n'a pas toujours le temps qu'il nous faudrait) me permet de faire la chronique de cette sympathique comédie que je n'avais pas pu voir en salle.

Sympathique car, comme pour Les Ch'tis, Dany Boon a construit une histoire simple, exempt de tout cynisme, parfois naïve mais au final facile à suivre pour toute la famille. Dit comme cela, on pourrait croire que je décris un film ringard, mais pas du tout. Rien à déclarer est simplement une bonne comédie qui ne révolutionne pas le genre, mais qui ne s'appuie sur aucun effet de mode ou attrape nigaud putassier. Le rire y est franc, les dialogues sont bien mis en avant et le but avoué est de faire passer un bon moment au public. Et quand on sait que la situation personnelle de l'artiste fut terriblement mis à mal durant le tournage, on ne peut le remercier d'avoir voulu faire rire ses contemporains.

Certes, le film n'est pas exempt de défauts. Si certaines situations sont parfois artificielles et si Dany abuse un peu trop de son personnage de gentil, la mécanique qu'il met en route est finalement irrésistible. Il est bien aidé par un Benoît Poelvoorde qui en fait des tonnes (comme d'habitude) mais dont l'énergie contraste avec la passivité de son collègue. On reprochera aussi quelques erreurs dans la progression dramatique, notamment quand Ruben évacue trop rapidement son animosité envers Mathias. Le même soucis apparaissait déjà dans Les Ch'tis quand Abrams, après avoir passé sa première journée à insulter les habitants du Nord, devenait en un seul repas leur meilleur ami.

Rien à déclarer ne révolutionne pas le cinéma français, mais il est totalement injuste de cracher sur son réalisateur. Dany Boon croit aux valeurs humaines et distille ici une saine leçon contre le racisme et la xénophobie. C'est sans doute naïf, mais cela fait du bien.

Quand à la réalisation, elle est nettement moins plate que celle des Ch'tis, Boon ayant énormément progressé dans ce domaine. Le film est mieux éclairé, le rythme est plus soutenu et la scène du carambolage montre qu'il maîtrise aussi des aspects moins "comiques" de la mise en scène.

Si l'on ajoute des seconds rôles hilarant (le couple François Damien/Karin Viard est exceptionnel) , quelques répliques appelés à devenir cultes, Rien à déclarer tire son épingle du jeu et fait passer un bon moment à celui qui le regarde. C'est déjà une bonne chose et son succès ne peut qu'inciter Boon à continuer dans cette voie.