Le pitch : Deux policiers sont entraînés sur la piste d'un tueur qui signent ses crimes des 7 péchés capitaux.
Revoir Seven 15 ans après sa sortie, en Blu Ray (qui remplacera donc mon Laserdisc Pal VOST) reste un choc ! Car 15 ans après, le film n'a rien perdu de son aura, de sa noirceur, de son déroulement implacable et millimétré, de son interprétation sans faille et surtout, de son côté jusqu'au boutiste !
Révélé par le 3e volet d'Alien (injustement décrié par certains), David Finsher s'est donné ici les moyens d'aller au bout de sa vie. Ecoeuré par les interventions de la Fox sur Alien, il a préféré se servir d'un petit budget (27 millions de dollars) et avoir les coudées franches. Pour éviter les problèmes de raccord, il choisit de faire pleuvoir durant tout le film, imitant en cela le Blade Runner de Ridley Scott. Pour contourner la censure, les meurtres ne sont jamais montrés mais laissés à l'imagination ou à quelques photos chez John Doe. Le malaise en devient encore plus grand car l'esprit du spectateurs est bien cruelle que ce que l'écran peut apporter. Il lance également la mode des génériques bien tarabiscotés et ose même faire défiler le générique de fin à l'envers !! Il se refuse à écarter des dialogues d'une rare violence, notamment quand John Doe justifie les tortures de Victor parce que "dealer et pédéraste" ! Imaginez cela aujourd'hui. D'autant qu'en montrant Doe comme un homme ordinaire, cultivé, profondément religieux et au visage d'ange, il accentue encore la répugnance qu'on a envers ce monstre fascinant. Et bien entendu, il refuse le happy end (visible dans les bonus sous la forme d'un story board où c'est Sommerset qui abat John Doe) au risque de s'aliéner une partie du public !
Mais les paris se sont révélés payants puisque d'une part Seven fut un succès commercial sans précédent pour un thriller aussi noir et que d'autre part, il s'imposa comme une oeuvre majeure du XXe siècle, une date et une référence du cinéma mondial. Il lança totalement la carrière de Finsher qui, malgré un The Game un peu mou du genou, ne redescendit plus de l'olympe des réalisateurs. Quand on aligne Fight Club, Panic Room, Zodiac, Benjamin Button ou The Social Network, on ne peut que dire merci au type qui vous fit un jour le script de Seven. Quand à Brad Pitt, qui y trouva le rôle de sa vie, il sait que sans Seven, sa carrière n'aurait jamais grimpé aussi haut.
Car derrière la mise en scène au cordeau, il y a le script démentiel d'Andrew Kevin Walker qui signa ici un coup de génie, resté hélas presque sans lendemain puisqu'il ne signa plus que 3 autres scénarii : 8 mm, Sleepy Hollow et The Wolfman. A la manière d'un Orson Wells qui ne parvient jamais à digérer la réputation de son Citizen Kane, Walker n'a pas réussi à surmonter ce script exceptionnel qui redéfinit à jamais le thriller .
Car blindé par la mise en scène de Finsher et ses scènes chocs (le réveil de Victor, le coup de fil dans le couloir, l'apparition à visage découvert de John Doe), le travail de Walker ne pouvait trouver plus bel écrin.
Film somme de toute une vie (la technique de Finsher, formé sur des milliers de pubs et de clips, s'étale ici sans aucune prétention), Seven a plus que redéfinit le genre, il lui a donné ses vraies lettres de noblesse. Après cette date, plus personne n'a osé considéré le thriller comme un sous-genre, à part bien sûr les abrutis incapables de comprendre une révolution !!
Revoir Seven 15 ans après, en haute définition, c'est tout simplement se reprendre un vrai coup dans la tronche !! Et cela fait toujours aussi mal !
En 1995, Finsher clôturait un siècle de cinéma par Seven ! On a connu pire anniversaire !