Skyfall (**** 1/2*)

Le pitch : 007 porté disparu, le MI6 doit faire face à une attaque terroriste particulièrement violente.

Enfin !! Après un épisode franchement en demi-teinte, Bond revient vraiment sur nos écrans ! Fini le décalque de la saga Jason Bourne ! Fini les scénarii totalement incompréhensibles ! Exit le montage à la serpe qui rendait illisible chaque combat et chaque scène d’action. Exit aussi cette volonté qui consistait à casser tout ce qui avait fait le succès de 007 depuis 50 ans. Casino et Quantum avaient viré les gadgets, l’humour, le côté « bigger than life » et la classe toute british d’un Pierce Brosnan. Certes, les deux films avaient obtenu un énorme succès, mais Quantum of Solace s’était écroulé aussi qu’il avait démarré, preuve que le public attendait autre chose d’un Bond qu’une vulgaire copie ! Depuis 1962, Bond a toujours été un leader, jamais un suiveur !

Skyfall répare tout cela. Non seulement, le script est excellent (rien à voir avec celui de Quantum, écrit en urgence avant la grève des scénaristes, il est vrai) mais en plus il ramène de manière astucieuse plusieurs éléments de la mythologie Bond !

Le film démarre par une séance d’ouverture d’anthologie, avec une course-poursuite exceptionnelle !! Et même si la fin de la séquence ne surprend pas autant qu’elle le devrait, elle permet au film de se lancer complètement. Le montage, excellent, laisse augurer du meilleur.

Et c’est bien le meilleur qui arrive ! La chanson titre est excellente et le générique très inventif, dévoilant, mais on ne le saura que plus tard, certains éléments du film, notamment la signification de Skyfall, titre qui a intrigué toute la planète.

À partir de là, Sam Mendès filme magistralement 2 heures et quelques d’un métrage de très grande classe ! On savait le bonhomme doué (American Beauty, Les sentiers de la perdition ou Les noces rebelles, excusez du peu) mais là, il se surpasse !! Les scènes d’actions, notamment la dernière filmée sous une lumière rouge crépusculaire, sont magnifiques et franchement spectaculaires. Les scènes plus intimistes ou cérébrales sont parmi les plus réussies de la saga. Ainsi, le jeu d’ombre utilisé quand 007 piste un tueur dans un building de Shanghai permet de renouveler le genre.

En fait, tout le film est à l’avenant. Mendès et toute l’équipe ont voulu amener 007 à un autre niveau. Certes, le budget énorme permet de tenir la dragée haute à n’importe quel autre blockbusters, mais ici, il passe dans l’esthétisme. Jamais le film n’est écrasé par le gigantisme des décors (l’île du méchant !!), les cascades ou la pyrotechnie ! Ces éléments sont présents évidemment, mais ils ne constituent qu’un plus dans une histoire où la recherche de la vérité est primordiale. Bond veut savoir qui en veut au MI6 et en même temps, il cherche à détruire le traumatisme qui a fait de lui l’un des meilleurs agents de sa Majesté. La dernière partie du film, quand la signification de Skyfall prend toute son ampleur, va bien plus loin que le reboot opéré dans Casino Royale. En dire plus serait criminel, mais il est clair qu’il y aura désormais un avant et un après Skyfall ! Car il va falloir se mesurer à un tel film.

La plus grande trouvaille du film est simplement d’avoir ramené certains éléments de la saga dans le film, sans jamais tomber dans le kitch. Oui, il y a quelques gadgets, mais vous serez scotchés par la façon dont ils reviennent ! Un personnage essentiel, même si mineur, fera également sa réapparition. Q aussi est là, mais un Q années 2010 ! Enfin, la transition en Judi Bench et son successeur est également amené de manière très fine, presque pudique !

Et surtout James Bond est redevenu Bond. Daniel Craig n’a pas le flegme de Roger Moore ou le côté très classe de Pierce Brosnan, mais il en a retrouvé l’humour froid ! Il est plus rugueux, et le début du film insiste un peu trop sur un côté épave qui ne sied pas trop à l’agent britannique, mais au final, c’est bel et bien James Bond qui est à l’écran, pas Jason Bourne.

En engageant un très grand metteur en scène, en revenant aux fondamentaux de la saga et en laissant au film le temps de se mettre en place (le méchant – fabuleux Javier Borden – n’intervient qu’après une heure de métrage) , les producteurs historiques en tout simplement produit le meilleur film de la série depuis Le monde ne suffit pas. Et en le situant en grande partie en Angleterre, ils disent haut et fort que c’est bel et bien la patrie de sa majesté qui est la plus grande vedette des films depuis 1962 ! La présence d’acteur haut de gamme comme Ralph Fiennes ne fait que confirmer cet état de fait.

Si vous n’avez pas encore vu Skyfall, laissez donc tomber votre clavier et ruez vous dans la salle la plus proche. Croyez- moi, vous me remercierez !!