Le pitch : le dictateur d’un petit pays musulman se rend à New York pour plaider sa cause devant l’ONU. Mais son bras droit va le remplacer par un sosie, après lui avoir rasé la barbe.
Attention, film OVNI. On savait Sacha Baron Cohen capable de s’attaquer à n’importe quel tabou (l’hilarant Borat en est la preuve), mais ici il va plus loin dans le sexisme, le politiquement incorrect, la grossièreté, le racisme, l’antisémitisme et la bêtise humaine en général. Seul petit problème, son script est trop paresseux, lance trop de pistes avant de les abandonner brutalement et précipite sa fin de manière bien trop rapide. D’ailleurs, à 1H20 de métrage, il est clair que The Dictator n’est pas la réussite qu’il devrait être.
Le film démarre par un vibrant hommage à Kim Jong Il ! Le ton est donné, The Dictator ne s’embarrassera pas de manières. La jeunesse du guide
suprême Saladdeen est prétexte à un premier déluge de gags de très mauvais goût ! On comprend vite qu’on a à faire à un imbécile de premier ordre, mais un imbécile avec du pouvoir et du pétrole.
Et l’on comprend vite que son entourage est bien plus futé que lui, mais ne sait pas comment s’en débarrasser. Saladdeen fait donc exécuter à tour de bras, pour le moindre prétexte, mais est
persuadé d’être le plus grand dirigeant du monde ! Et c’est cet orgueil très mal placé qui le perdra une fois à New York quand son bras droit le fera remplacer par un sosie plus
maléable.
Rapidement donc, Saladdeen devient donc un type ordinaire : sexiste, grossier, raciste, mais ordinaire. Et c’est à ce moment-là que le film devrait décoller car le scénario lui met dans les pattes une jeune femme responsable d’un magasin bio et équitable, dont les idées égalitaires ne peuvent s’accommoder avec les siennes. Mais, si le script en profite pour brocarder les handicapés, les petits obèses et les filles très « natures », si les dialogues montrent le décalage énorme entre les deux personnages, ces aspects sont trop vite expédiés. Et même si Saladdeen va rapidement devenir Epicier suprême et appliquer des recettes à la fois capitalistes et dictatoriales au magasin équitable, là aussi, on peut penser que le film va trop vite.
Heureusement, dans le même temps, son sosie totalement ahuri commet gaffe sur gaffe (mention spéciale à la scène où il trait une jeune femme) et Saladdeen tente de recouvrer le pouvoir avec l’aide d’un savant exilé qu’il croyait avoir exécuté. D’ailleurs les retrouvailles ont lieu dans un restaurant new-yorkais où se retrouvent tous les opposants au régime du dictateur. Cette brillante trouvaille aurait pu, elle aussi, être mieux exploitée.
À partir de ce moment, le film accélère encore, balance une scène d’accouchement d’un mauvais goût absolument incroyable (et à hurler de rire) pour finalement se terminer par une ode à la démocratie, malgré tous ses défauts. Dans la dernière ligne droite, Sacha Baron Cohen se dégonfle quelque peu et termine donc son histoire sur un happy end à peine voilé.
Ne jetons pas tout. Malgré ce scénario à la va comme je te pousse, The Dictator permet de passer un bon moment, d’assister à quelques scènes cultes et au final, on rit parfois tellement fort qu’on en oublie tous les défauts cités.