Le pitch : la recherche, sur plus de 20 ans, d’un criminel, jamais formellement identifié, se faisant appeler Zodiac et sévissant dans la région de San Francisco par un duo de journaliste et un inspecteur de police.
4 ans après le très bon score de Panic Room , un thriller sophistiqué avec Jodie Foster, David Finsher décida de se tourner vers un registre totalement différent. Certes le thème du Serial Killer y est présent, mais à la différence de Seven, Zodiac parle d’un individu bien moins compliqué et bien plus réel, qui ne fut jamais démasqué. À l’instar de son homologue italien, le monstre de Florence, le tueur californien nargua la police pendant des années, envoyant des lettres au San Francisco Chronicle afin de se vanter de ses exploits. Revendiquant plus de 30 meurtres, Zodiac terrorisa la région de la Bay Aera durant des années avant de s’évanouir mystérieusement.
Finsher s’est logiquement inspiré du livre de Robert Gray Smith, un ouvrage passionnant même si pas vraiment bien écrit,, et dont le personnage devient petit à petit le vrai héros du film. Mais si le métrage suit chronologiquement les méfaits du tueur à travers une reconstitution quasi maniaque de l’époque, de ses codes vestimentaires, musicaux, de son architecture et de toutes ses caractéristiques, Finsher perd parfois le spectateur , la faute à un scénario qui oublie de temps en temps que le spectateur non américain ne connaît pas toute l’affaire voire la découvre via le film.
Cette réserve faite, Zodiac est une plongée impressionnante dans les 70’s : le cinéaste ne néglige rien, y compris le fait que le tueur inspira les scénaristes du premier Dirty Harry (le nom fut remplacé par Scorpio, mais ses méthodes restaient les mêmes, y compris dans l’envoi des lettres) et fait preuve d’une rare pédagogie. On sent que le sujet le passionne et, même si le nombre très important de protagonistes noie là aussi le spectateur, il n’est pas question pour lui de romancer mais de coller à la réalité.
Ainsi, comme dans le roman, le film désigne très clairement Arthur Leigh comme coupable, même si des analyses ADN effectuées en 2004 ne confirmèrent pas les soupçons des enquêteurs. Le scénario montre dans une première partie comment les policiers vont être amené à le considérer comme le tueur, puis, ayant été mis en échec, le film bifurque sur Gray Smith, personnage effacé jusque-là qui arrivera aux mêmes conclusions sans savoir que la police l’avait déjà précédée.
Film miroir qui prend le point de vue de chacun des protagonistes (flic, journaliste, victime, tueur…) , Zodiac laisse quantité d’interrogations, n’exploite pas certaines pistes (tout comme la police de Frisco) et se refuse à donner une explication claire et précise. Aidé par un excellent casting, Finsher livre ici un quasi-reportage fictionnel d’une irréprochable tenue technique. Il évite également le voyeurisme et le sensationnalisme : les personnages sont de chair et de sang, pas des surhommes ni des génies du mal. Les meurtres sont filmés de manière froide voire clinique, sans musique (si ce n’est l’autoradio des premières victimes). Ainsi, quand les deux jeunes sont poignardés au bord du lac, on entend juste les coups mats et les hurlements des victimes. Rien à voir avec un meurtre de slasher où musique grandiloquente et effets de caméra amplifient encore l’horreur de la situation.
Zodiac est donc le long-métrage de David Finsher à redécouvrir, ne serait-ce que pour se faire une idée du talent du bonhomme et de voir qu’il s’est servi de ce tournage pour anticiper la reconstitution fastueuse de Benjamin Button. On complètera la vision du film par la lecture du très bon livre de Robert Graysmith, ce qui comblera les quelques trous de la narration.