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15 septembre 2013 7 15 /09 /septembre /2013 11:40

Le pitch : une ancienne gloire du football est obligée d’accepter le poste d’entraîneur d’une équipe amateur bretonne afin de lui faire passer les 32e de finales de la coupe de France…

 

Etant moi-même joueur de football en ligue vétéran depuis pas mal de temps, j’avoue avoir été ravi de voir qu’un cinéaste s’intéresse enfin aux turpitudes des championnats amateurs. Et quand ce cinéaste s’appelle Olivier Dahan, auteur de La Môme ou du Petit poucet, l’intérêt n’a plus que s’en trouver décuplé. Hélas, je n’ai pas vu le film au cinéma. Rattrapage donc en vidéo et bonne surprise à l’arrivée.

 

Si l’on met de côté le fait que certains acteurs, Gad Elmaleh et Frank Dubosc en particulier, surjouent leur rôle, Les seigneurs est une réussite. Non pas par ses péripéties (quoique la fin évite la démagogie et conclut logiquement le film), mais plutôt par son ambiance. Vivant de l’intérieur ces matchs si particuliers (et encore, à la différence de ceux que l’on voit dans le film, quand nous jouons, il y a à peine une dizaine de spectateurs), il est rafraîchissant de voir que Dahan en a saisi toute la subtilité.

 

La structure de l’histoire est sans surprise : à la manière des films de groupes, José Garcia recrute ses troupes une à une, chaque scène étant l’occasion de découvrir ce que fut le footballeur. Et c’est plutôt bien vu, du gardien névrosé qui ne veut plus aller dans les cages au milieu défensif dont le cœur est trop fragile pour jouer, en passant par l’avant-centre traumatisé par une panneka ratée, chaque membre de cette équipe traîne de sacrées casseroles. Mention spéciale à Joey Starr, insupportable habituellement, mais qui a ici le physique et l’attitude parfaite pour être un joueur arrogant, superficiel et gâté, bref le cliché (hélas très juste) de certains de nos footballeurs actuels.

 

A partir de là, Les Seigneurs va se décliner en une série de scènes qui va voir chacun se reconstruire et qui va mener l’équipe vers son destin. Toutes les parties autour de l’entraînement sont bien vues et le petit côté « social » ajouté par les difficultés de la conserverie empêche de sombrer dans la grosse farce. C’est même le contraire car jamais l’histoire ne se moque de ses personnages, même quand elle les confronte à des situations grotesques. Le fait que Jean Pierre Marielle soit l’homme orchestre du film, bien plus que José Garcia, n’est pas étranger à cela. On l’a oublié, mais l’acteur a déjà joué dans pas mal de films comiques franchement hilarants comme On aura tout vu (avec Pierre Richard et Gérard Jugnot) ou Les galettes de Pont-Aven. Il retrouve donc ici un territoire qu’il connaît bien et qu’il maîtrise à la perfection.

 

On peut, bien entendu, être agacé par la facilité de certaines situations comme le décalage d’une île où l’on vit comme il y a, allez, 30 ans et l’environnement habituel et urbain de personnages pour qui le haut débit est une chose naturel. Ou bien, par la propension qu’ont certains des acteurs à cabotiner. Si Dubosc reste finalement dans son registre habituel , le type un peu niais persuadé d’être un génie (quasiment une copie conforme de son rôle dans Incognito), c’est Gad Elmaleh qui déçoit. On a l’impression de voir Coco avec un ballon et une perruque (horrible). Omar Sy, à l’inverse, joue tout en finesse et José Garcia est sans aucun doute le plus attachant du lot. Une gageure quand on sait qu’il est lui aussi capable de sombrer dans l’auto-parodie la plus pénible. Ceux qui ont vu Rires et châtiments ne me contrediront pas.

 

La mise en scène est au service du film. Les matchs sont bien filmés, bien rythmés et le dernier, se déroulant dans l’enceinte de Brest (descendu depuis en Ligue 2) où l’équipe de Molène affronte Marseille (une facilité qu’aurait pu éviter le scénario ! Ras le bol que, dès que l’on voit une équipe pro, on nous balance l’OM) dans un match à rebondissement. On sent que les acteurs ont mouillé le maillot pour que le spectateur ait l’impression d’une véritable partie.

 

Amusant, sans être hilarant, tendre quand il le faut, ne se moquant pas de ses personnages ou alors de manière plutôt sympa, Les seigneurs n’est pas une plongée dans le monde impitoyaaaable du foot, tel qu’une certaine presse veut nous le vendre. C’est au contraire un hommage aux besogneux de ce sport, à ceux que le football a laissés sur le côté (et ils sont nombreux), à tous ceux qui le font vivre le week-end sur des terrains cabossés, devant 3 pelés et 2 tondus, bref à un sport populaire et généreux tel que nous sommes des dizaines de milliers à le pratiquer, dans l’anonymat le plus total.

 

Et rien que pour cela, on peut remercier Olivier Dahan d’avoir mis son talent au service d’une histoire.

 

Le Blu-ray rend un bel hommage au film, avec des images très lumineuses de la Bretagne. N’hésitez pas à vous provoquer l’édition qui comprend le T-Shirt du film. Avec le n°10 dans le dos, vous serez forcément dans la peau de Michel Platini !!

 

Les Seigneurs (*** 1/2*)
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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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