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Il y a 20 ans, Le pacte des Loups sortait en France

Publié le par Dave

Il y a 20 ans, Le pacte des Loups sortait en France

C'est un OVNI, une promesse démentielle restée quasiment sans lendemain, un métrage qui mixait aventure à grand spectacle, effets visuels, film historique, séquences horrifiques, histoire d'amour contrarié ! Il y a 20 ans sortait donc en France Le pacte des Loups, vrai succès populaire (plus de 5 millions d'entrées) et critique (malgré quelques pisse-froids qui n'avaient pas apprécié le côté "fourre-tout") et dont le seul défaut fut de présenter une bête en CGI passablement raté.

 

Mais pour le reste , attention chef d'oeuvre ! Christophe Dans a totalement réussi son coup, à savoir faire revivre des pans entiers du cinéma français (Croyez le ou non, mais l'une de ses inspirations fut la série des Angélique) tout en le modernisant, s'appuyer sur les meilleures méthodes américaines en l'adaptant à un univers tricolore. Et surtout, n'avoir aucun complexe vis à vis de ce cinéma US qu'il adorait. Si on y ajoute la petite touche HK qui allait bien, alors oui, Le pacte des Loups mérite bien qu'on lui fête son anniversaire !

 

Doté d'un casting démentiel (Vincent Cassel, Samuel Le Bihan, Mark Dacascos, Monica Belluci, Emilie Dequenne, Jérémie Renier, Jean Yanne, Philippe Nahon, Jacques Perrin....) et d'une histoire formidable, inspirée de la fameuse bête du Gévaudan, Le pacte des Loups émerveille, émeut, effraye tour à tour. Rien n'est laissé au hasard que cela soit les scènes de dialogues où Grégoire de Frontsac se sert des idées des lumières pour brocarder l'obscurantisme de ses hôtes ou les scènes de baston , Gans rend une copie parfaite, rôdé par son travail sur l'un des segments de Necronomicon et son très beau Crying Freeman , adaptation d'un manga et également en se servant de tout ce qu'il a pu apprendre quand il dirigeait Starfix !

 

Car Dans n'est pas qu'un cinéaste doué, c'est , à l'instar d'un Tarantino, une encyclopédie vivant du cinéma. Rien ne lui échappe, que cela soit les films de la nouvelle vague, les séries B US, le cinéma asiatique, les blockbusters ! Il  a parfois un avis tranché voire tranchant (voir une légendaire interview dans SFX où il descend en flamme L'île aux pirates et la mise en scène de Renny Harlin) mais ses connaissances, sa technique, son envie de faire un vrai cinéma populaire lui en donnent le droit.

 

Il part donc sur ce projet très ambitieux, couteux, compliqué (film en costume, avec des animaux, de l'effet visuel en veux tu en voilà, une myriade de personnage) en sachant très bien ce qu'il veut au final. Le 2e making of , présent sur l'édition 3 DVD sortie en 2002, montre que, malgré les galères, il ne faiblit pas et mène sa barque à bon port, s'autorisant même une double fin et un "happy end" qui n'en est peut être pas un. Entendre également son commentaire audio sur ce même DVD est un régal tant c'est une leçon de cinéma.

 

Alors, bien sûr, on peut "critiquer" les influences nombreuses du film, en vrac, The Killer de John Woo, certains jeux vidéos comme Soul Calibur, la série déjà citée des Angélique, mais on oublie souvent que Le pacte des Loups n'était que son 2e long métrage.  Et qu'il avait vraiment à coeur de faire revivre un cinéma qui n'existait plus chez nous.

 

Hélas, ce sublime coup de maître sera quasiment sans lendemain. Ceux qui espérait une nouvelle vague française sévèrement burnée seront déçus, d'autant plus que Le pacte des Loups arrivait après une autre claque tricolore à savoir Les rivières pourpres. Christophe Gans n'a réalisé que deux films depuis 20 ans, Silent Hill, très bonne adaptation d'un jeu vidéo culte et La belle et la bête, superbe relecture live du classique enfantin. En fait, il a surtout collectionné les projets avortés : Némo, qui devait raconter la genèse du capitaine du Nautilus, Rahan , inspirée de la célèbre BD préhistorique, Bob Morane avec Vincent Cassel... A chaque fois, le film ne s'est pas fait, faute de budget, de producteurs sérieux, de prise de risque.

 

Le cinéma français de genre a bien sûr offert quelque belles perles depuis 2001 : L'odyssée, les deux Largo Winch, Assassin(s) ou L'ordre et la morale, Le chant du loup. Mais aucun n'a l'aura, la puissance du Pacte des loups !

 

Le revoir en 2021 montre qu'en plus, il n'a pas vieilli, il est toujours aussi prenant ! Gardons donc ce souvenir d'une époque où l'on a pensé que tout était possible.

 

Quant à Gans, je ne saurai que lui conseiller de persévérer ! Un jour, c'est fatal, il y aura bien des gens qui comprendront qu'on ne peut pas laisser un cinéaste aussi talentueux sur la touche !!

Il y a 20 ans, Le pacte des Loups sortait en France

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A propos de Lupin (Netflix)

Publié le par Dave

A propos de Lupin (Netflix)

Après un visionnaire éclaire (3 soirées) des cinq épisodes de Lupin, je me permets donc quelques réflexions sur cette excellente série.

 

Excellente car Lupin, malgré quelques (très) grosses invraisemblances, notamment dans le 2e épisode qui se passe en partie dans une prison, déroule une excellente histoire, naviguant entre passé et présent, prenant le temps de développer ses personnages - même si certains ne sont pas exempts de clichés - et allant au delà du simple divertissement vite vu vite oublié.

 

Lupin, c'est Omar Sy dans le rôle d'Assanne, une figure quelque peu trouble qui a vu son père  mourir en prison après avoir été accusé d'avoir volé un collier à son patron. Le premier épisode le voit mettre en place une machination pour dérober le collier au Louvre. Avec un esprit bon enfant, quelques retours ans le passé récent pour montrer comment Assam s'y est pris pour rouler tout le monde dans la famille, les 45 minutes passent très très vite et , forcément on veut savoir la suite, d'autant plus que, au delà du vol, le scénario met en place les futurs enjeux de la série.

 

Ce premier épisode évoque souvent le film Insaisissable voire Ocean's Eleven. Et quand on sait que Louis Leterrier l'a réalisé, on comprend mieux la façon dont il est mis en scène. En fait, Leterrier (qui a déjà travaillé pour Netflix avec Dark Crystal) est donc en terrain connu puisque c'est lui qui avait fait de Insaisissable un succès.

 

Puis à partir du 2e épisode, on commence à s'éloigner de ce côté "manipulateur", même s'il restera présent également dans l'épisode suivant. En fait, ce qui fait l'intérêt de Lupin, c'est  certes le parallèle avec le héros de Maurice Leblanc - parfois un peu trop marqué d'ailleurs - mais  au final, c'est le combat d'Assane Diop , qui peut évoquer celui de Monté Cristo, qui prend rapidement le dessus, d'autant plus que tout n'est pas si manichéen, comme le montre le personnage du flic.

 

Dans un premier temps, on voit en lui un salaud qui va envoyer Assane dans un foyer après la mort de son père, mais le 3e épisode va montrer une autre facette.

 

Evidemment, Omar Sy se taille la part du Lyon dans cette série et il vampirise quelque peu le casting - excellent au demeurant et souvent incarné par des acteurs peu connus, ce qui permet une réelle identification - mais ce n'est qu'un point de détail. Car on peut être agacé par ses prises de paroles politiques, on ne peut nier que c'est un sacré bon acteur et il le prouve une fois de plus.

 

Par contre, on peut s'étonner de certaines facilités scénaristiques et d'une police à peine moins ridicule que dans un épisode de Taxi. On peut aussi être déçu que, finalement, l'ombre d'Arsène Lupin ne soit pas si présente au fil des épisodes, comme si les scénaristes n'avaient pas souhaité aller au bout de cette démarche, mais là aussi, les qualités l'emportent largement sur ces quelques défauts. 

 

S'achevant sur un double cliffhanger haletant , qui donne envie de voir tout de suite le 6e épisode - qui n'arrivera que dans quelques mois - Lupin est une vraie bonne série tricolore. Son immense succès est totalement mérité et on espère que la 2e partie sera tout aussi réussie ! 

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Mes meilleurs copains (*****), un hommage à Bacri.

Publié le par Dave

Mes meilleurs copains (*****), un  hommage à Bacri.

Le pitch : 20 ans après avoir la chanteuse de leur groupe s'exiler au Quebec et devenir une vedette, une bande d'amis la retrouve le temps d'un week end !

 

Quoi ? 5 étoiles pour l'un des films les moins connus de Jean Marie Poiré ? Hé oui, car malgré son échec au BO à sa sortie (moins de 400 000 entrées), Mes meilleurs copains est sans aucun doute le film le plus abouti de l'auteur des Visiteurs ,  le plus personnel, celui que l'on peut voir et revoir jusqu'à plus soif ! Et oui, je le trouve encore meilleur que Le père Noël est une ordure, c'est dire !

 

Pourquoi ? Parce qu'en mettant en scène des quadra autrefois révolutionnaires devenus ce qu'ils ne voulaient pas être, Poiré raconte une partie de sa jeunesse  (il a fait partie d'un groupe rock et a côtoyé la future chanteuse des Pretenders) mais surtout fait s'entremêler deux époques totalement différentes : les années 60 et le flotter power, la musique rock, l'amour libre d'un côté, de l'autre les années 80 et la course à l'argent, à la réussite, le sida.

 

De cette opposition naît un film où la nostalgie l'emporte sur le cynisme, où Jean Pierre Daroussin, formidable dans son personnage lunaire et déconnectée de la réalité, joue de la guitare solo le long d'une rivière, où Clavier ne fait pas encore du Clavier, où Lanvin est formidable dans son rôle de râleur et surtout où Jean Pierre Bacri trouve son meilleur rôle.

 

Vous voyez où je veux en venir ? Plutôt que de rendre un hommage mérité à Bacri en citant ses films les plus connus (Un air de famille, Cuisine et dépendance, Smoking/no smoking ou Le goût des autres) , je préfère chroniquer un film moins connu mais où il est merveilleux, dans un rôle pas simple, celui d'un artiste homosexuel devenu directeur de marketing, mais qui n'a jamais oublié sa jeunesse.

 

Mes meilleurs copains, c'est tout ce qu'il y a de mieux dans la comédie française : des dialogues aux petits oignons (C'est bon, y a pas mort d'homme), des scènes cocasses et drôles qui ne tombent jamais dans le ridicule, une vraie écriture de l'intrigue et non une succession de gags et surtout une vraie mise en scène, avec une lumière différente selon les époques. Bref, un vrai film de cinéma et non pas un téléfilm projeté au cinéma.

 

Si ce film mérite 5 étoiles, c'est surtout parce qu'il est quasi parfait , que chaque situation dans les années 60 trouve son écho dans les années 80, que les acteurs sont au sommet de leur art, même ceux plus secondaires comme celui de Didier Pain - mari et producteur de la chanteuse, divinement interprétée par Louis Portal (Tchao Pantin) et que, au final, quand le générique de fin arrive, on n'a qu'une envie : le revoir !

 

Si vous ne connaissez pas Mes Meilleurs copains, n'hésitez pas ! C'est un véritable chef d'oeuvre, drôle, tendre, parfois vache (ah, Philippe Khorsand qui se fait piquer toutes ses femmes par son entourage) et dont la nostalgie empreinte les plus belle voies de la narration.

 

Vous verrez, vous ne le regretterez pas ! Et vous découvriez l'un des plus beaux rôles de Jean Pierre Bacri. Peut-on trouver plus bel hommage ?

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Liam Neeson détrône Wonder Woman

Publié le par Dave

Liam Neeson détrône Wonder Woman

Après 3 semaines en tête du box office US (et mondial), Wonder Woman 84 a donc laissé sa place au nouveau thriller de Liam Neeson, The Marksman, qui démarre avec un score de 3,7 millions. Pas franchement extraordinaire pour un l'acteur qui est habitué à bien mieux, mais encore et toujours, la pandémie lamine tout sur son passage.

 

Le thème est quelque peu d'actualité puisque Qui-Gon-Jin...heu Neeson y incarne un ancien militaire qui va défendre un jeune garçon mexicain, entré clandestinement au Texas, contre un cartel de la drogue. A un moment où Joe Biden entend légaliser 11 millions de clandestins aux USA, le film tombe quelque peu à pic. Connaissant l'acteur et ses choix de films, nul doute que le cartel va s'en prendre plein la tronche pour pas un rond.

 

Wonder Woman baisse donc d'une place (les chiffres ont été réactualisés et mon tableau de sommaire est donc à revoir) pour un total en 4 semaines de 35,8 millions. Au niveau mondial, c'est 141,7. Le film passera la barre des 40 aux USA  et on peut penser aussi que les 160 mondiaux seront atteints. Mais le manque à gagner risque d'être important pour l'amazone et la Warner.

 

The Croods 2 est 3e avec 39,2 millions. Notez que ce trio de tête dispose de moins de 2000 cinémas chacun, ce qui explique aussi les chiffres, les grandes villes US étant toujours privées de salles.

 

New of the World et Monster Hunter complètent ce top 5. Le western de Tom Hanks en est à 8,5 millions tandis que l'adaptation du jeu vidéo signé Paul Anderson cumule 9 millions.

 

La ressortie de la semaine est celle de Kuzco, l'empereur mégalo, le dessin animé de Disney sorti il y a près de 20 ans (déjà !) qui a rapporté 169 000$ dans 744 cinémas.

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Soul (****)

Publié le par Dave

Soul (****)

Le pitch : Alors que la chance de sa vie s'offre à Joe Gardner, un professeur de musique, un stupide accident l'envoie directement dans l'au delà où il va rencontrer une âme, 22, qui refuse d'aller sur Terre.

 

Après Mulan, qui devait être le film Disney phare de l'été, c'est donc celui de Noël qui arrive directement sur Disney +. Un nouveau coup dur pour les salles, mais une nécessité pour le studio qui ne peut risquer de voir le dernier Pixar faire des recettes ridicules comme celles de En avant, sorti au moment du déclenchement du confinement mondial.

 

On ne le dira jamais assez mais la crise Covid va fortement modifier l'industrie du cinéma. Les salles vont devoir se ré-inventer - certaines vont proposer des sortes de loges pour que l'on ait plus une impression de "home cinéma" , d'autres misent sur une immersion plus profonde avec des fauteuils qui bougent en fonction de l'action - mais les chaines de streaming seront sans doute les grandes gagnantes.

 

Soul est donc visible en France sur Disney +, si on a bien sûr une bonne connexion Internet. Ce qui n'est pas mon cas et ce qui m'a obligé à relancer ma Livebox pour suivre le film sur deux soirée. On espère que Souls sortira en Blu-ray plus tard dans l'année car il le mérite.

 

Réalisé par Pete Docter (Vice et Versa, Monstres et cie), Souls est un nouveau petit bijou du studio Pixar. Déjà, ce n'est pas une suite , même si de l'aveu même du patron du studio, elles sont indispensables pour engranger les recettes qui permettent justement les histoires originales. 

 

Ensuite, même si Soul emprunte toutes les recettes du Buddy Movie (deux personnages que tout oppose vont devoir faire front commun pour affronter leur destin), les protagonistes de l'histoire sont suffisamment forts et bien écrits pour que cet aspect qui aurait pu donner du déjà vu passe au second plan.

 

Enfin, l'amour de la musique jazz permet à l'histoire de se focaliser sur ce qui fait l'âme de quelqu'un, ses passions, ses désirs, ses souhaits, ses envies. Et quelque soit son parcours, c'est bien ce que l'on fait de sa vie qui est important nous dit le film.

 

Techniquement, on est dans du pur Pixar à savoir irréprochable. Mieux, les artistes se permettent même une représentation de l'au delà mêlant des personnages tout simples (une simple ligne brisée) à des environnements plus "réalistes". Pour ce qui est de la reconstitution de New York, là aussi, on touche au sublime. Il est loin le temps où les machines et les logiciels ne permettaient pas un tel photo réalisme. 

 

Ce qui fait le sel d'une production Pixar, c'est encore et toujours son histoire. Même dans ses suites les plus opportunistes, le studio met toujours un point d'accueil à offrir des scripts solides. Ici l'inversion de point de vue des deux personnages, rendus possible par une très classique astuce de scénario,  relance non seulement l'histoire mais permet surtout d'explorer les sentiments de chacun. 

 

Ainsi Gardner et 22 vont devoir vivre avec les yeux de l'autre. Enfin, c'est surtout 22 qui va le devoir , Gardner se "contentant" de le guider dans sa nouvelle vie, ce qui nous donne des scènes cocasses ou tendres. Mais en aidant 22 à s'adapter, Gardner va finalement trouver les ressources pour faire le ménage dans sa vie, retrouver l'affection des siens, comprendre ce qui est vraiment important et que, finalement, le but suprême qu'il s'était fixé, n'est pas forcément  un aboutissement.

 

En dire plus serait criminel, mais sachez que Soul explore comme jamais ce qui fait le sel de l'humanité.

 

Si certains ont dit que le happy end est quelque peu forcé - apparemment, ce n'était pas le premier choix du scénario, force est de reconnaitre, une fois de plus chez Pixar, l'implacable marche de l'histoire et la logique qui va en découler. Rien n'est laissé au hasard , chaque détail entrevu dans le premier acte aura son importance dans le dernier et si au final, l'au-delà redonne sa chance à Gardner, c'est bien pour qu'il puisse faire de sa vie autre chose qu'une sorte de course au challenge. 

 

En ces temps où les faux semblants, le manque de responsabilité et la tricherie sont rois, ce n'est pas là sa moindre qualité.

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Insomnia (****)

Publié le par Dave

Insomnia (****)

Le pitch : alors qu'il enquête sur un crime en Alaska, Will Dormer, un inspecteur de police chevronné abat, par accident, son coéquipier. Mais le tir a un témoin : le criminel qu'il cherchait justement à arrêter.

Avant de s'emparer du Caped Crusader en 2005 avec Batman Begins, Christopher Nolan s'était fait un nom dans le thriller, tout d'abord avec Mémento puis avec Insomnia, remake US d'un film finlandais. Steven Soderbergh , producteur, avait eu du mal à imposer Nolan auprès de la Warner, qui espérait un réalisateur plus "aguerri" mais l'auteur de Ocean's Eleven tint bon. Bien lui en a pris car on peut penser que c'est bien Insomnia qui a totalement lancé la carrière de Nolan et le début de sa collaboration avec la Warner ! 

 

Pour cette nouvelle incursion dans le thriller , il s'offre un casting royal avec Al Pacino , Robin Williams (prodigieux dans un contre emploi implacable), Hillary Swank et Maura Terney (connue pour son merveilleux rôle d'infirmière dans la série Urgences), des décors naturels somptueux (l'Alaska en pleine période où le soleil ne se couche pas) et, évidemment, d'un scénario qui, même en abattant rapidement ses cartes , promène le spectateur d'un bout à l'autre de l'histoire. Les 46 millions de budget sont judicieusement employés et sont à l'écran, comme toujours chez lui !

 

En 2002, Nolan n'a encore pas les moyens dont il bénéficiera à partir de Batman, mais son cinéma est déjà fait pour le grand écran. Utilisant l'image pour raconter son histoire, même si elle n'est pas de lui, il s'attarde sur les visages, celui blafard et épuisé de Pacino , celui plus troublant et machiavélique de Williams, enfin celui de Hillary Swank qui, petit à petit, va passer de l'admiration envers Dormer, inspecteur qu'elle admire, à un sentiment bien plus trouble, surtout quand elle va comprendre la vérité. Et quand la machine s'accélère comme dans cette course poursuite qui va se terminer sur des troncs flottants, là aussi, la virtuosité de l'auteur d'Interstellar ou Tenet était déjà là.  Certes, ces moments sont rares - seul le duel final entre les deux hommes peut être qualifié de "spectaculaire" - mais c'est surtout l'affrontement psychologique entre deux personnages pas si éloigné que cela qui fait le sel de l'histoire. Et au milieu, tenace, la femme flic qui, comme lui a appris son mentor, fait des "petites" enquêtes, convaincue que quelque chose ne va pas.

 

En adaptant une histoire européenne, Nolan ne se contente pas de l'américaniser, même si le cadre de l'Alaska participe totalement à l'histoire, il en fait surtout un cauchemar halluciné où les apparences sont tellement trompeuses. La voie sans issue où s'enlise Al Pacino et où Robin Williams le maintient, anticipant toutes les erreurs à venir de l'inspecteur. Et même si la morale finira par l'emporter, il faudra attendre les dernières secondes pour que les différents protagonistes de cette terrible histoire règlent leur compte, non sans que l'on ait cru qu'ils allaient vraiment plonger dans le pire.

 

Thriller majuscule, ténébreux, dur sur ses personnages - Maura Terney a cette terrible phrase "L'Alaska on y vit parce qu'on y est né, ou parce qu'on y est venu pour fuir quelque chose" - Insomnia porte en lui tout le cinéma à venir de Nolan : les faux semblants, les errances entre le bien et le mal, les décors naturels, la duplicité de certains mais aussi la lumineuse innocence qui refuse de se laisser corrompre ! 

 

Revoir Insomnia presque 20 ans après sa sortie - je l'avais découvert en DVD en 2005 - permet donc de voir un cinéaste en gestation. Le dire semble une évidence, mais à l'époque, qui pensait vraiment qu'il révolutionnerait le cinéma de manière aussi importante ?

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Wonder Woman 84 s'accroche à sa première place

Publié le par Dave

Wonder Woman 84 s'accroche à sa première place

Avec 32,6 millions de dollars de recette aux USA et 131,4 dans le monde entier, Wonder Woman ne peut pas être considéré comme un triomphe identique au premier opus, mais ce score, compte tenu de la situation, est loin d'être ridicule. Et comme apparement , la Warner compte le sortir au cinéma dans les pays qui rouvriront leurs salles, on peut penser que la belle amazone ira plus haut.

 

Notez que le film dure 2H30, ce qui complique encore la rentabilité. Reste que l'on peut se demander ce qu'il va advenir des blockbusters futurs. Les studios souhaiteront-ils mettre encore autant d'argent sur un seul film ? Pour ceux qui sont déjà tournées (Black Widow, 007, Fast and Furious 9 et j'en passe), le problème ne se posera pas, mais pour la suite ? 

 

Car si cette situation dure, on va peut être voir un nouveau modèle économique éclore, avec moins d'argent mis dans les films cinémas, plus de streaming - la voie Disney qui n'a pas hésité à mettre Mulan et Soul risque de faire des émules - et au final, moins de prise de risque.

 

C'est d'ailleurs peut être une balle à saisir pour les studios indépendants, les réalisateurs qui veulent sortir des oeuvres moins formatées. Qui vivra verra.

 

Les Croods 2 s'en sort bien aussi avec 36 et 127 millions à l'international. Le film est prévu pour avril chez nous.

 

Le reste du top 5 n'a pas bougé. News of the World, la western de Tom Hanks est 3e avec 7,1 millions, suivi par les 7,7 de Monster Hunter et les 4 de Fatale.

 

La seule ressortie de ce week end est Jurassic World. Mais bon, une sortie dans 80 salles qui rapporte 25 000$, est-ce une bonne opération ?

 

Petite parenthèse, j'ai pu voir Soul sur Disney + et comme Pete Docter, son réalisateur, on ne peut que regretter qu'un tel bijou ne soit pas sorti en salle ! Espérons au moins une belle édition Blu-ray, le film le mérite amplement !

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Blu-ray de Tenet : Warner continue son sans faute

Publié le par Dave

Blu-ray de Tenet  : Warner continue son sans faute

Alors que la pandémie avait commencé à reculer (provisoirement hélas) et que certains cinémas rouvraient timidement , la Warner avait décidé de céder à la pression de Christopher Nolan qui voulait absolument que Tenet sorte en salle.

 

Au final, avec 362 millions de dollars de recettes mondiales (dont 56 aux USA), le studio avait réussi son pari fou. Certes, c'est le score le plus faible du réalisateur depuis Memento (39 millions) ,  Insomnia (113) et Le prestige (109), mais avec 80% des salles US fermées en été et des conditions drastiques en Europe, ce chiffre est loin d'être un échec, comme j'ai pu le lire.

 

Avec la sortie Blu-ray, la Warner continue son sans faute, à savoir sortir une édition de grande qualité, avec des disques sérigraphiés à l'image du film (Le protagoniste sur le film, l'impact de balle sur les bonus), un superbe fourreau et évidemment, une image et un son au top, respectant les passages Imax de la version cinéma.

 

Mais c'est avec le fabuleux making of de plus de 75 minutes que la Warner fait encore plus d'heureux. Là aussi, on sait que Nolan est exigeant et entend que l'on puisse décortiquer ses films. Ici tout est passé en revue : le scénario, le tournage, les effets en durs, les acteurs, les costumes - dont on peut voir que leur choix est dicté par l'histoire - les cascades, le crash du 747.... Une mine d'information où l'on peut voir une équipe soudée autour de son général en chef !

 

A l'heure où les blockbusters sortent dans des éditions bien pauvres - à l'exception  notable de L'ascension de Skywalker qui, Lucasfilm oblige, offre un vrai disque de bonus - comme , au hasard, le dernier Avengers, qu'il est réjouissant de voir que certains studios continuent à croire au support physique et aux éditions sérieuses ! 

 

Et dire qu'il y a 20 ans, l'arrivée du DVD en Europe avait fait naitre un immense espoir : avoir enfin des éditions dignes de ce nom, héritières des Laserdisc NTSC dont les 3e et 4e faces étaient bardées de bonus !!

 

Désormais, nous en sommes à nous extasier quand un film sort dans une édition où l'on ne trouve pas que des featurettes ou un bêtisier !!

 

Remercions donc la Warner pour perpétuer cette tradition !

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The doors (****)

Publié le par Dave

The doors (****)

Le pitch : la vie et la mort de Jim Morrison, charismatique leader des Doors, dont la passion pour l'autodestruction marquera la musique des années 60.

 

N'ayant pas revu le film depuis sa sortie il y a 30 ans, c'est avec un oeil presque neuf - les scènes clés étant restées dans ma mémoire - que j'ai pu appréhender l'un des films les plus "mystiques" d'Oliver Stone, loin de ses paraboles politiques ou militantes (quoique) et où la musique intemporelle des Doors permet des respirations bienvenues dans l'histoire d'une vie totalement gâchée, selon moi, par l'alcool et la drogue.

 

The Doors, c'est surtout l'histoire de Jim Morrison et le moins que l'on puisse dire est que le portrait n'est pas très flatteur. Victime de sautes d'humeur dévastatrice tant pour lui  que pour son entourage et son groupe, totalement sous l'emprise des drogues et ne reculant devant aucune provocation, y compris les plus puériles, Morrison a vécu en brûlant la chandelle par les deux bouts. Mais derrière cette vie , il est évident que se cachaient des fragilités énormes, une enfance compliquée - son père militaire obligeait la famille à déménager régulièrement - et malgré ses capacités intellectuelles hors normes (son quotient intellectuel fut évalué à 149 et ses années d'école et de collège furent marquées par des notes largement au dessus de la moyenne),  Jim était un enfant déroutant, qui n'hésitait pas à martyriser son petit frère ou à provoquer ses parents.

 

Tout ceci, le film ne le montre pas, passant directement de l'enfance - une scène où Jim assiste à un accident de la route - au moment où il présente un film très expérimental à l'UCLA puis où, avec Ray Manzarek, un autre étudiant en cinéma à l'UCLA, il fonde les Doors. En moins de 20 minutes, Oliver Stone a présenté son personnage : un jeune homme attiré par le mysticisme , les drogues et qui voit dans le rock une façon de manipuler les foules et d'imposer ses idées.

 

A partir de là, The Doors va osciller entre reconstitution de la vie du groupe (les répétitions, premiers concerts, l'enregistrement du premier album) ainsi que la folie qui va s'en dégager dans une Amérique où les idéaux hippies commencent à imprégner la société et la volonté du chanteur d'aller au bout de son nihilisme. Il accumule les conquêtes , au désespoir de sa petite amie "officielle" Pamela (brillamment interprétée par Meg Ryan), les provocations et semble se contrefiche de ce que son attitude auto-destructrice pourrait engendrer. 

 

Mais au delà du biopic classique, Oliver Stone va truffer son film de référence au chamanisme , symbolisé par la figure d'un indien qui apparait dans les moments où Morrison n'est clairement plus dans notre monde, qu'il soit défoncé sur scène lors des concerts ou dans sa vie quotidienne. Ne cherchant jamais à adoucir la figure du chanteur , bien au contraire  - quelqu'un qui ne connait pas la vie de Morrison pourrait même y voir un portrait à charge, Stone fait surtout revivre une époque, marqué par la contestation à la guerre du Viet-nam et par une philosophie libertaire (l'amour libre, les drogues, le rejet de l'autorité). Il filme le groupe en concert entouré par une haie de policiers chargés d'empêcher tout débordement. Morrison supportait d'ailleurs très mal cette "protection" et cherchera plusieurs fois à provoquer la colère de la foule contre eux.

 

Le point culminant du film est le concert de Miami où, totalement ivre, Morrison va provoquer la foule en l'insultant, puis voyant qu'elle en redemande, va aller plus loin et montrer son sexe au public, sous les yeux catastrophés de ses partenaires musiciens. L'incident va tourner à l'émeute et Morrison sera jugé pour outrage aux bonnes moeurs et ivresse sur la voie publique. A noter que le fait qu'il ait montré son sexe n'est pas clairement établi, Morrison lui même ne se rappelant plus l'avoir fait.

 

Ce concert est filmé comme une véritable bataille entre le chanteur et la foule, où le chaos va s'inviter et où la musique des Doors devient un élément central. Toutes les scènes de concert sont d'ailleurs formidablement bien restituées, bien loin des images statiques que l'on a traditionnellement des années 60. Stone utilise les techniques du clip vidéo pour dynamiser sa mise en scène et ces seules scènes justifient la vision du film.

 

A partir du concert de Miami, ne reste plus qu'à voir se finir la vie du chanteur, mort à Paris dans des circonstances troubles - que le film ne met pas en avant, se contentant de montrer Morrison mort dans sa baignoire d'un arrêt cardiaque. Les ultimes scènes sont filmées au Père Lachaise, célèbre cimetière parisien où le chanteur est inhumé, pas loin de la tombe d'Oscar Wilde.

 

On le sait, un biopic n'est réussi que si son interprète fait corps avec son personnage. Ici, Val Kilmer est parfait dans ce rôle de poète maudit et décadent. Et même si les autres membres du groupe reprochèrent à Oliver Stone le côté caricatural du chanteur (certaines scènes comme celle où il enferme Pamela dans un placard pour y mettre le feu sont pure invention , d'autres moment de la vie de Morrison où , par exemple, il calmait la foule lors d'un concert, sont absents du film) , on ne peut qu'admirer le travail de Kilmer dans un rôle difficile, et pas toujours aimable , même si, répétons-le, Stone a accentué les travers du chanteur, n'hésitant pas à modifier certains aspects de sa vie  - autre exemple, sa rencontre avec la journaliste Patricia Kennealy eut lieu en 1969 et non 1967, ce qui fait que ce n'était pas elle qui était présente avec lui dans les douches lors du concert de New Haven.

 

Ce qui fait la force de The Doors, 30 ans après sa sortie, c'est d'une part la musique, intemporelle et toujours aussi envoutante, et d'autre part, la violence de la vie de Morrison. Stone ne cherche pas à édulcorer , quitte à en rajouter dans l'excès. Ce faisant, il met quelque peu de côté le groupe. Le film n'est pas l'histoire des Doors, mais bien l'histoire de Morrison et son implication dans la musique rock des années 60, un écueil qu'avait su éviter Bohemian Rapsody pour prendre un exemple récent.

 

La mise en scène de Stone s'avère moins expérimentale que ce qu'il fera plus tard, notamment dans Tueurs nés, ce qui n'empêchent pas quelques coquetteries comme des passages en 8mm quand les musiciens se filment avec une petite caméra ou les visions de cet indien déjà citées. Mais elle est efficace, claire et restitue la folie d'une époque où tout le monde semble défoncé. Sans doute, Stone donne une vision fantasmée (la sienne ?) des années 60 américaine, mais elle est suffisamment puissante pour donner un sentiment de malaise et de fascination mêlé.

 

A noter enfin un travail exemplaire sur le son ! The Doors fut d'ailleurs l'un des premiers films à bénéficier d'un son numérique.

 

 

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Wonder Woman 84 chute de 67% aux USA.

Publié le par Dave

Wonder Woman 84 chute de 67% aux USA.

Bis repetitas ! Comme pour Tenet, après un départ canon (enfin, selon les normes Covid), Wonder Woman 84 a lourdement chuté pour son 2e week end et cumule 28,5 millions aux USA et 118 dans le monde entier.

 

Rappelons qu'aux USA, les salles des plus grandes villes (New York, Chicago, Los Angeles, San Francisco..) sont toujours fermées. Et c'est ce public qui, majoritairement, fait les triomphes US, n'hésitant pas à aller voir plusieurs fois un film particulièrement populaire. En fait, seul 56% des cinémas sont ouverts (et 5% au Canada) et ils ne peuvent pas faire salle comble, seulement moitié de salle.

 

Qui plus est, Wonder Woman 84 subit la loi des séquelles qui veut qu'après un départ canon (et parfois supérieur à l'original) la deuxième semaine soit plus rude. Le premier Wonder Woman avait surpris tout le monde par son ton féministe et son côté plus léger après les deux films de Snyder du DCU. De film peu attendu, il s'était donc transformé en hype et cela avait largement contribué aux 800 millions et quelques mondiaux de recettes. 

 

Là, l'effet de surprise n'est plus là, les reports en cascade n'ont pas aidé et les critiques US sont moins bonnes que pour le premier ainsi que celles du public : le film n'obtient qu'un B+ sur Cinemascore, alors que l'original de 2017 avait obtenu un A. 

 

Il faut noter que la Warner table sur une recette US de 40 millions, bien conscient qu'il est impossible d'aller au delà de 50/60. La sortie en salle était donc un pari qui n'est totalement réussi, mais qui a au moins le mérite d'avoir été tenté. Quand on voit la frilosité de Disney, on peut au moins remercier le studio centenaire d'essayer de relancer une industrie moribonde.

 

Reste qu'il faudra compter sur les recettes HBO Max et la vidéo pour rembourser un budget que l'on imagine énorme.

 

The Croods 2 reprend sa 2e place pour un total de 34,5 millions (et 80,4 dans le reste du monde). Là aussi, un pari risqué mais qui est loin d'être ridicule.

 

News of the World, avec Tom Hanks (je ne l'avais pas précisé la semaine dernière) est 3e avec 5,4 millions. L'acteur oscarisé retrouve Paul Greenglass avec qui il avait déjà tourné l'excellent Capitaine Philips. Là , Hanks joue le rôle d'un vétéran de la guerre civile américaine qui doit accompagner une fillette élevée par des indiens. En France, le film, retitré The Mission sortirait sur Netflix.

 

Monster Hunter bondit un peu de 11% mais son cumul de 6,2 millions n'en fait pas vraiment un hit. A noter que deux jeux de cette série sont prévus cette année.

 

Enfin, le polar Fatale clôt ce top 5 avec un peu plus de 3 millions de recettes.

A noter la re-sortie d'Alien par Disney : pour 75 000$ dans 149 cinémas, pas sûr que le jeu en valait la chandelle.

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