Dunkerque, une BO extraordinaire
Dunkerque étant disponible en vidéo, j'ai pu revoir avec grand plaisir le film que j'avais classé dans mon top 3 (en 3eme position). Mais au delà du choc visuel, je me suis rendu compte que la musique jouait également un très grand rôle dans cette nouvelle réussite de Christopher Nolan.
Le réalisateur britannique a retrouvé son compositeur Hans Zimmer, qui avait déjà travaillé avec lui sur les Batman, Inception et Interstellar. Et le résultat est une fois de plus largement à la hauteur , mêlant habilement sons électroniques et orchestre, ne lésinant jamais sur la puissance des cuivres ou des cordes et prenant presque l'auditeur à la gorge, sans lui laisser le temps de respirer.
Zimmer (qui a obtenu un Oscar pour Le roi Lion, un Golden Globe pour Gladiator, un Emmy Awards pour Dark Knight et USS Alabama) est sans doute l'un des compositeurs les plus audacieux de ces quarante derniers. Si John William privilégie toujours une approche "classique" de la musique de film, et ce avec un brio extraordinaire (il suffit d'écouter ses derniers travaux pour Spielberg ou la BO de Les derniers Jedi), Zimmer a toujours cherché à explorer de nouveaux territoires. Son énorme discographie parle pour lui : il a tout exploré ! De la SF au drame, du film d'action au film de guerre en passant par le film historique et même la comédie ou l'animation, il s'est essayé à tous les genres depuis une quarantaine d'année.
Pour Dunkerque, Nolan et lui sont allés encore plus loin, calant le montage sur la musique , alors que beaucoup de réalisateurs montent leur film en se servant de musique provisoire, ce qui oblige le compositeur à caler sa musique sur les images montées. Le travail de montage n'en est que plus complexe car il doit se faire en parallèle avec la composition de la musique. Au passage , un réalisateur comme Carpenter filmait, montait et composait ses films afin de ne pas être piégé.
Zimmer est parti d'une idée simple : la musique du film doit monter en crescendo et chaque scène d'action (une énorme partie de Dunkerque) doit être une poussée d'adrénaline boostée par la composition. Ce qui donne une impression de vitesse (alors que d'après Nolan et son monteur, le film n'a pas un rythme rapide) et qui doit épuiser le spectateur, les images Imax se chargeant de l'immerger encore plus dans l'histoire. La mélodie, souvent très simple, monte d'octave en octave, tout étant soutenue par des basses très puissantes. Sons électroniques ou sons orchestraux peuvent être utilisés indifféremment pour être la mélodie ou la basse continue.
Chaque plage du CD (11 en tout, mais 10 si on enlève le End Titles) participe donc à une scène essentielles du film : l'évacuation sur la jetée, le combat aérien, le naufrage du destroyer, l'arrivée des petits bateaux... Et en écoutant la musique (au casque), on revoit toutes les images du film.
Un des partis-pris de la BO est d'avoir arrangé une partie de la musique sur le tic tac d'une montre de Christopher Nolan ! Idée géniale mais tellement logique quand on sait que Dunkerque est un film où cohabitent trois unités de temps : la semaine d'évacuation sur la plage, la journée pour rallier la France en bateau, l'heure pour rallier la France en avion. Utiliser un instrument de mesure du temps devenait donc indispensable. Mais Zimmer ose même faire entendre le tic tac dans différents morceaux.
Bien entendu, on retrouve les longues nappes de synthétiseurs que le compositeur affectionne tant. Mais toute nuance martiale est absente de cette BO ! Un comble finalement pour un homme qui n'hésitait pas à en abuser quand il bossait sur les BO des films Bruckheimer !!
Evidemment, ce type de BO ne fera pas battre du pied. Il faut vraiment se mettre dans l'ambiance pour l'écouter, mais une telle réussite ne pouvait pas se livrer aussi facilement. Une fois que l'on est vraiment dedans, alors on en découvre l'incroyable richesse .
Bref, achat indispensable à tous ceux qui aiment se projeter un film dans leur tête tout en écoutant sa musique.