L'arrivée d'une nouvelle flopée de films cultes des années 80 en Blu-ray est une bonne chose car des films comme Flashdance, Un fauteuil pour deux , Le cercle ou méritaient bien une réédition en haute définition , les DVD étant épuisés depuis des années.
Ce qui est nettement moins bien, c'est que ces nouvelles éditions débarquent totalement nues, sans aucun bonus ! Et le pire c'est que soit les DVD en contenaient, soit les éditions US en ont ! Bref, les éditeurs continuent de nous prendre pour des cons, en vendant cher des disques qui ne contiennent que le film, alors que le matériel est disponible !
On sait que les éditeurs rêvent du tout numérique, à savoir des films que le consommateur téléchargera directement chez lui ! Plus de support physique, plus de stocks à gérer, plus de jaquette à imprimer, de boitiers à commander, de frais de livraison et j'en passe. Bien entendu, n'espérez pas une baisse des prix des films. Ceux-ci coûtant de plus en plus cher, la case cinéma ne suffit pas forcément à les rentabiliser et la vidéo permet d'engranger le manque à gagner le plus souvent.
Bien entendu, on oublie de vous dire qu'un serveur informatique, ça peut tomber en panne, cela peut se pirater. Imaginez-vous qu'un jour, vous voulez vous connecter pour revoir tel ou tel film et que le serveur soit en carafe !! Un disque que vous avez à la maison, à moins de le casser, vous pourrez toujours le regarder, même si Internet disparaissait du jour au lendemain.
J'ai déjà parlé de ces éditions spéciales qui n'en sont plus, des éditeurs, notamment Disney, qui font le strict minimum y compris pour leurs blockbusters les plus rentables : quelques featurettes, deux-trois scènes coupées, un bêtisier, la bande annonce et hop, on fait croire qu'on a des bonus !
Pourquoi une telle avarice ? Parce qu'un vrai making of coûte cher, que finaliser une scène coupée coûte cher, qu'intégrer la bande originale sur une piste isolée coûte cher, que faire un packaging digne de ce nom coûte cher, que sous-titrer un commentaire audio coûte cher. Et pour des raisons d'économies encore, les studios sortent des éditions par zone, pour toute l'Europe avec des jaquettes écrites en deux langues ! Même la sérigraphie sur les disques a disparu et à ce rythme, on va bientôt écrire nous mêmes les titres avec un marqueur indélébile !!
Economie, économie ! Mais toujours au détriment du cinéphile. Bien entendu, il y a des exceptions : Le chant du loup s'annonce exceptionnel côté bonus, la réédition de Backdraft (en Ultra HD cependant) reprend les bonus du Blu-ray et certains "petits" éditeurs osent sortir des Blu-rays qui font honte aux gros.
Mais au final, le déclin du support physique s'accentue. On nous dit "cela se vend moins". Mais qui a vraiment envie de mettre 25 balles dans un disque avec une jaquette quelconque , emballé dans un support plastique et dépourvu de tout bonus digne de ce nom ?
Même moi, qui suis pourtant un adepte du support depuis presque 30 ans (ma collection a commencé en 90 avec l'achat de mes premiers Laserdiscs) , je me vois attendre que les promos style "3 BR pour 30 euros) me permettent de mettre la main sur Bumblebee, Aquaman, Creed II , The Predator, A star is born, Skycrapper ou En eaux troubles. Si pour certains films, je n'hésite pas à les prendre dès leur sortie (Glass, Bohemian Rhapsody), cela m'agace toujours de les voir 2 ou 3 mois après dans ses fameuses opérations de promotion.
J'ai déjà , dans de précédents articles, pointé la dérive des éditeurs qui ont lancé le DVD sur la promesse de bonus jamais vus. il est vrai que dans les années 90, seuls les Laserdiscs US proposaient de vrais éditions collector, le phénomène était quasiment inconnu en Europe. Puis, lorsqu'il a fallu vendre le Blu-ray, les bonus se sont raréfiés sur les DVD pour passer aux galettes bleues. C'est quand j'ai compris cela que j'ai changé de support. Le problème est que des innovations comme le BD live voire la 3D ont rapidement été abandonnées. C'était pourtant l'un des arguments pour changer de support.
Le passage à l'Ultra HD procédait un peu du même principe, mais le saut qualitatif des bonus était nettement moindre. En clair, on vend plus cher un produit, mais sans forcément ajouter une vraie plue-value. L'image et le son sont meilleurs ? Sans aucun doute, mais à moins de posséder un équipement au top, la différence est en fait minime.
Revenons à nos éditions toute nues. La seule solution est le boycott et l'exigence de véritables éditions. Mais si ces BR ne se vendent pas, les éditeurs auront beau jeu de dire "l'édition physique est morte" ! En clair, on sera perdant dans tous les cas. Et je suis étonné de voir que des magazines qui défendent le Home Theater depuis des années, en particulier Les années Laser, ne montent pas plus au créneau. Le fait que le nombre d'étoiles qu'ils consacrent au bonus baisse de mois en mois montre qu'ils ne sont pas dupes de la qualité déclinante de ce que l'on nous propose. Mais ils devraient être plus incisifs !
Car , soyons clair : à force d'avaler des couleuvres, d'accepter des éditions bâclées - parce qu'on a quand même envie de revoir notre film préféré - , on va dans le mur.
Et franchement, cela me désole !