Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 mai 2021 3 12 /05 /mai /2021 20:01
Chasse à l'homme - 1993 (****)

Le pitch : A la Nouvelle Orléans, de riches personnages à la recherche de sensations fortes s'adonnent à traquer des SDF dans des chasses organisées par un certain Emil Fouchon.

 

Premier film américain de John Woo, Chasse à l'homme a récemment été réédité en Blu-Ray. L'occasion idéale de vous parler de ce film quelque peu mal aimé du grand réalisateur de Hong Kong, surtout qu'il est présenté ici dans sa version longue et non censurée.

 

Conçu comme un véhicule pour Jean Claude Vandamme, Chasse à l'homme (Hard Target en VO) reste, 28 ans après sa sortie, un bon film de la star belge. Car si Woo a clairement été bridé (sans jeu de mots) dans sa mise en scène - Rappelons que son dernier film à HK fut A toute épreuve, chef d'oeuvre absolu du film d'action - et qu'il doit mettre en avant son acteur, il le fait sans trop laisser sa patte dans la jungle des studios US.

 

Alors, bien évidemment, le scénario n'est pas franchement fou fou et les dialogues sonnent parfois très clichés. Mais qu'importe car le propos n'est pas là. Woo et Vandamme proposent un métrage qui file à 100 à l'heure, truffé de scènes d'action bien frappadingue - ah Vandamme en équilibre sur une moto ou Vandamme massacrant du vilain dans un entrepôt de personnages de carnaval en papier mâché - et qui ne lésine pas sur l'hémoglobine, les morts brutales et le cynisme des méchants.

 

En divisant le film en deux parties et en inversant les rôles dans la 2e partie, Vandamme devenant le chasseur , Woo permet de découvrir les différents personnages, notamment le duo qui organise les chasses, et de construire une relation plutôt intéressante entre le héros et la jeune femme à la recherche de son frère avant de basculer dans le tout action sans complexe.

 

Usant de ralentis, de gros plans sur les visages , de colombes et de tous ses "tics" de mise en scène, Woo ne fera pas changer d'avis ses détracteurs, mais , même si ce film est aseptisé par rapport à sa période de Hong Kong, il est faux de dire qu'on lui a totalement rogné les ailes. Bien sûr, tout comme Broken Arrow qui ne sera pas non plus un Woo pur jus - pour cela, il faudra attendre Volte Face - , Chasse à l'homme est clairement une gamme, un exercice d'entrainement, un gage donné au studio avant de partir vers le cinéma plus ambitieux qu'il aime. En fait, il lui fallait clairement passer par là, les studios US n'étant pas si accueillants pour les réalisateurs étrangers. Que cela soit Veroheven, Weir ou un franchie comme Louis Letterier, il faut toujours faire ses preuves avant de revenir à un cinéma plus personnel.

 

En s'alliant avec Jean Claude Vandamme, John Woo s'est ipso facto compliqué la tâche car on sait la star plutôt capricieuse. Comme il sait bien filmer  les arts martiaux également, il permet à Chasse à l'homme d'aligner pas mal de scènes de combats à "pieds" nus. On sent là des concessions à JCVD, mais vu que c'est superbement filmé, ça passe. Et puis, personnellement, je trouve que Vandamme s'en sort plutôt bien , même en VF,  Bien sur, les petites pointes d'humour rappellent qu'on est bien dans les années 80, quand les acteurs d'action cherchaient à sortir du cliché machiste et les phrases de Chance font mouche le plus souvent.

 

Le plus intéressant dans Chasse à l'homme réside , comme souvent, dans son duo de méchants. Lance Henriksen et Arnold Vosloo (qui avait encore quelques cheveux) composent une belle paire de salopards, cyniques et violents, n'hésitant à commettre leurs crimes au grand jour et nettoyant tout derrière eux. Ce sont eux qui portent finalement l'histoire et la font avancer, eux qui organisent les chasses, eux qui matent les "récalcitrants" et eux qui, au final, seront confrontés tour à tour à Chance Goudrau ! Il est intéressant de voir que, très calme tant que les choses se déroulent comme prévues, Henriksen va se transformer en une véritable boule  de haine quand elles vont déraper, ce qui va l'amener à commettre l'erreur de sous-estimer le gibier.

 

Enfin, notons que le seul personnage féminin du film, incarnée par Yancy Butler - je passe sur la policière qui se fait rapidement dézinguée par le gang de Fouchon - va mettre également la main à la pâte et n'est pas la potiche que l'on pouvait craindre au début du film, quand elle recherche son frère et que Vandamme la sauve d'une poignée de voyous. Natasha aura même son heure de gloire quand elle abattra l'un des membres du gang d'une bonne trentaine de balles dans le buffet.

 

La dernière partie du film ne s'embarrasse plus de scénario, Vandamme éliminant les malfrats un par un, dans un déluge de plomb et de feu. On retrouve là, toute proportion gardée, la scène finale dans l'hôpital de A toute épreuve où des chargeurs inépuisables truffaient des corps uniquement destinés à tressauter sur les balles. L'impact du son est également un facteur essentiel de ces scènes, décuplant cette sensation de violence.

 

Série B à défaut d'être un grand film, Chasse à l'homme fut donc le parfait véhicule pour Woo aux USA. La version longue donne un aspect plus "classique" à ce que le maestro tournait à Hong Kong et redonne pas mal de lustre à un métrage qui mérite vraiment d'être redécouvert. Ca tombe bien : cette édition Blu-ray est superbe, l'image est très belle, que l'on soit dans les rues de la Nouvelle Orléans ou dans le bayou et les suppléments permettent de redécouvrir également les coulisses de cette première incursion de John Woo sur la "terre promise" du cinéma.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
7 avril 2021 3 07 /04 /avril /2021 21:12
Birds of Prey (****)

Le pitch : Après sa rupture avec le Joker, Harley Quinn devient la cible de tout Gotham. C'est à ce moment qu'elle va rencontrer une jeune fille qui détient un diamant que toute la pègre recherche.

 

Premier spin off de Suicide Squad, et nouvelle tentative de DC pour "féminiser" son univers (après le triomphe de Wonder Woman), Birds of Prey se centre donc sur le personnage d'Harley Quinn, l'une des icônes les plus folles de l'univers de Batman !

 

Car si vous connaissez le Comics, vous savez que Harley Quinn est un personnage totalement délirant, fantasque, nourrissant certes un amour pour le Joker mais étant également très très "proche" de Poison Ivy, autre super vilaine DC. Mais c'est surtout son côté imprévisible qui fait son charme : Harley Quinn suit son instinct, ne réfléchit pas et se met dans des situations totalement ubuesque.

 

Et si on avait eu un bel aperçu de son côté "Ca passe ou ça casse" dans Suicide Squad, tout le film est centré autour de l'imprévisibilité de Harley. Et comme le scénario ne se gêne pas niveau dialogues salées, situations bien décalées et foncièrement politiquement incorrecte, surtout pour un film de super héros, on assiste , bouche bée, à un spectaculaire jeu de massacre où tout le monde en prend pour son grade, notamment les hommes avec un Ewan Mc Gregor très cabotin qui incarne à lui seul toutes les tares masculines : sexiste, lâche, odieux avec les autres... Bref, le genre de vilain qu'on aime détester.

 

D'autant plus que Harley va vite s'entourer d'autres personnages féminins forts dont Huntress et surtout Black Canary, une super heroïne dont le cri dévastateur peut tout renverser sur son passage.

 

Alors oui, la structure du film est assez bordélique, avec des allers et retours dans la narration parfois durs à suivre , une voix off qui en dit parfois trop et une impression de flottement à la moitié de l'histoire. Mais pour peu que l'on se prenne  au jeu de ce script qui se veut non linéaire,  on ne peut que réjouir de la prise de risque de la Warner sur ce film. Plutôt que de nous vendre un "classique" film de super héros, Cathy Yan et Christina Hodson, respectivement réalisatrice et scénariste, préfère suivre le destin d'une femme qui entend se libérer de l'emprise toxique de son ex-amant. Et tant pis si cette "libération" va mettre Gotham à feu et à sang.

 

Maintenant, si le film est plus que jouissif et se permet tout, on peut regretter que Black Mask, excellent ennemi de Batman dans le Comics, soit ici quelque peu sous-exploité, réduit à un simple macho sadique, même si son côté grandiloquent et son sentiment de supériorité prend tout de même toute sa place ici. On aurait aimé un vilain moins unidimensionnel , mais tel n'était pas le but du script.

 

Parfois totalement amoral - après tout, l'héroïne massacre, vole, escroque... - Birds of Prey est un vrai régal visuel également. Les effets spéciaux sont parfois discrets parfois bien tape à l'oeil, mais ils permettent à Margot Robbie de tenir son rang en tant que vilaine numéro 1 du DCU ! Et ce qu'on avait pu voir dans Suicide Squad est ici multiplié par 10 , l'actrice débordant de charisme et ne reculant devant rien pour imposer son personnage.

 

Au final , et en attendant Wonder Woman 84, le DCU continue son parcours , même si celui ci est moins couronné de succès que la concurrence Marvel. Avec cet excellent cru, il continue à se développer, partant certes un peu dans tous les sens et donnant l'impression d'être dans l'improvisation totale, mais on sait que la Warner n'est pas connue pour réussir à développer sur le long terme une franchise.

 

 

Partager cet article
Repost0
6 avril 2021 2 06 /04 /avril /2021 10:28
30 jours Max (****)

Le pitch : un policier trouillard et se laissant piétiner par tout le monde devient un casse cou n'ayant peur de rien en apprenant qu'il n'a plus que 30 jours à vivre.

 

Amateurs de poésie et de finesse , passez votre chemin. Si vous n'avez pas aimé Baby Sitting, Alibi.com ou Epouse moi mon pote, il n'y a que peu de chance que vous appréciez 30 jours Max tant la nouvelle réalisateur de Tarek Boudali joue exactement sur les mêmes registres, à savoir des situations délirantes et culottées, des dialogues qui ne reculent devant rien, surtout pas la grivoiserie et des acteurs dont le seul but est de faire rire, quitte à choquer. Bref, c'est très infantile, aussi léger qu'une choucroute suivi d'une tartiflette, mais vu que quasiment tout le temps, on se tord de rire, finalement, tout passe.

 

Evidemment, le scénario se permet quelques raccourcis bien pratiques  , des accélérations trop abruptes (d'un coup d'un seul, Rayane va changer radicalement d'attitude)et  quelques baisses de tension, notamment dans le dernier tiers du film. Mais, les interventions comiques du reste de la bande permettent justement de ne pas se focaliser uniquement sur le personnage principal. Ainsi, voir Philippe Lacheau - attention spoiler - se retrouver avec des seins est franchement irrésistibles.

 

Si on devine assez rapidement quelle direction va prendre l'histoire, force est de dire que celle ci est bien troussée et bien menée, qu'elle rebondit régulièrement et quelle offre un quota d'action non négligeable.

 

Et à ce propos, on ne peut que louer l'investissement de Tarek Bouladi qui a tenu à réaliser  toutes ses cascades - voir le making of du Blu-ray - et s'est investi bien au delà de ce que les acteurs français font habituellement. Toute proportion gardée, il y a du Belmondo en lui. Alors bien sûr, on n'est pas au niveau d'un Tom Cruise en ce qui concerne l'échelle des cascades, mais elles sont suffisamment variées pour que l'acteur/réalisateur s'éclate et se donne à fond. 

 

Il est clair qu'il se fait plaisir sur ce coup, dilapidant l'argent de la production pour la bonne cause  ! La notion de plaisir est de toutes façons liée au film de la cette nouvelle bande de comique : ils font ce qu'ils veulent, quitter à aller dans le (très) mauvais goût du moment que cela fait rire.

 

Autre constance des films de la bande à Fifi, c'est l'emploi de vieilles gloires du comique. Ici, c'est Anne Marie Chazel qui prend le relais de Jugnot, Clavier ou Didier Bourbon. Et le moins que l'on puisse dire est qu'elle a du bien se marrer aussi , notamment avec les dialogues de ses "vidéos" qui doivent la rendre célèbre. Un petit exemple "Les filles , il faut bien vous épiler la " et hop, l'image d'une chatte qui miaule. C'est bête, mais c'est drôle.

 

A noter aussi l'apparition surprise de Hugo Lloris dans son propre rôle. C'est court, fugace mais cela montre que la bande à Fifi commence également à devenir un "must".

 

Gags en cascades, dialogues salés, situations bien débiles, politiquement incorrect à tous les étages - même les enfants s'en prennent plein la figure - les amateurs trouveront ici ce qu'ils sont venus chercher. En clair, si vous êtes hermétique  à ce genre d'humour, inutile de tenter le film : ce sera encore plus désolant que ce que vous craignez.

 

Mais si, comme moi, vous vous tapez sur les cuisses en regardant des andouilles faire les imbéciles, alors , tout comme 1,4 million de gens qui l'ont vu en salle, vous allez vraiment rigoler !! Et c'est bien ce que l'on demande à une comédie. 

 

Côté technique, le Blu-ray est parfait, très propre et avec quelques effets sonores bien répartis. Dommage que le making of n'aborde que les cascades et non pas la mécanique du rire de cette histoire. 

 

Bref, si vous avez aimez les autres films cités en introduction, foncez !

Partager cet article
Repost0
3 avril 2021 6 03 /04 /avril /2021 16:06
News of the World (****)

Le pitch : Jefferson Kyle Kidd, un ancien capitaine nordiste, parcourt les USA pour lire les nouvelles dans les petites villes, autant pour suivre son passé que pour éviter d'affronter son retour chez lui. Mais un jour, il doit prendre en charge une fillette et la ramener chez elle, à travers un Ouest qui reste encore sauvage et dangereux.

 

Privé de sortie en salle - à part aux USA où il a amassé 12 millions de dollars - News of the World est donc visible sur Netflix. Un moindre mal pour ce superbe western, certes avare en action,  mais qui aurait amplement mérité d'être vu sur grand écran tant Paul Greengrass filme magnifiquement l'Ouest américain.

 

Mais au delà d'un superbe livre d'image, News of the World ("La mission" chez nous) est surtout une nouvelle occasion pour Tom Hanks de prouver son immense talent. 

 

Car oui, Tom Hanks est sans aucun doute l'un des plus grands acteurs de ces 30 dernières années. Son palmarès est hallucinant, il a joué pour les plus grands , obtenu 2 Oscars, oeuvré dans tous les genres - comédie, polar, guerre, drame, espionnage, action , animation , doublage - mais certains font encore la fine bouche. Il est vrai qu'il n'a pas une vie privée tapageuse, qu'il n'affiche pas ses convictions politiques comme des breloques et qu'il ne cherche qu'à faire du cinéma. 

 

Ici, on le retrouve dans un personnage qu'il connait bien, celui de l'homme normal, mais qui cache une fêlure, une blessure et qui devra se surpasser pour aller au battre ses démons, en l'occurence ici, le refus d'affronter son veuvage. Et c'est en protégeant une petite fille, enlevée par des indiens et qu'il doit ramener dans sa "vraie" famille qu'il va comprendre l'importance d'avoir quelqu'un à ses côtés.

 

News of the world est un film lent, chose étonnante pour Paul Greengrass (Les 2 derniers volets de ...Dans la peau, Vol 93, Captain Philips, Jason Bourne) que l'on a connu plus agité dans sa façon de tenir une caméra, mais ici, le sujet ne s'y prêtait pas. Car , c'est bien un road movie qui est mis en scène, genre qui ne supporte pas la frénésie. Kidd et sa protégée, Joana, doivent parcourir des étendues immenses, quasiment vides et encore sauvages. On sent d'ailleurs une vraie nostalgie de cette Amérique encore jeune et qui, malgré la blessure béante de la guerre de Sécession (un aspect très bien pris en compte dans le film), commence tout juste sa marche vers la modernité. Mais à quel prix ? les Indiens sont refoulés de plus en plus loin, les haines n'ont pas disparu et un patchwork de nations immigrées se partagent une terre avec violence.

 

En accompagnant Joana vers son destin, Kidd  va, évidemment, s'y attacher. La barrière du langage va bloquer leurs échanges dans un premier temps, puis les deux personnages vont s'apprivoiser, s'apprécier et chacun va comprendre le traumatisme de l'autre. Les scènes de dialogue sur le chariot sont de véritables bijoux (même si le passage de la VF à la VO quand Hanks parle indien est quelque peu dérangeant) et on sent l'attachement venir petit à petit.

 

La "mission" décrite par le titre français va se transformer en une véritable coopération, chacun sauvant l'autre à son tour. Et la violence sèche de certaines scènes, dont un gunfight d'anthologie dans les montagnes, surprend car elle arrive toujours quand on ne s'y attend pas. Et le film montre que , tout civilisé qu'il est, Kidd peut redevenir le soldat impitoyable qu'il fut sans doute durant la guerre. Ses paroles quand il estime que Dieu l'a puni pour ce qu'il a fait à la guerre en lui enlevant sa femme montre qu'il se sent coupable d'actes atroces.

 

Joana sera donc sa rédemption, le début de sa nouvelle vie, une autre personne à protéger. Et si la fin de l'histoire se devine dès lors qu'il la rend à sa famille, on ne peut s'empêcher d'avoir la gorge serrée devant cette humanisme merveilleusement incarné par Tom Hanks.

 

Oui, News of the World méritait une sortie salle, une vraie. Certes, j'ai pu le voir en vidéo projection chez moi, mais j'aurais vraiment aimer l'apprécier dans une salle obscure. Espérons qu'il sera disponible en Blu-ray d'ici quelques mois, avec de vrais bonus pour prolonger l'aventure.

 

 

Partager cet article
Repost0
15 janvier 2021 5 15 /01 /janvier /2021 08:21
Soul (****)

Le pitch : Alors que la chance de sa vie s'offre à Joe Gardner, un professeur de musique, un stupide accident l'envoie directement dans l'au delà où il va rencontrer une âme, 22, qui refuse d'aller sur Terre.

 

Après Mulan, qui devait être le film Disney phare de l'été, c'est donc celui de Noël qui arrive directement sur Disney +. Un nouveau coup dur pour les salles, mais une nécessité pour le studio qui ne peut risquer de voir le dernier Pixar faire des recettes ridicules comme celles de En avant, sorti au moment du déclenchement du confinement mondial.

 

On ne le dira jamais assez mais la crise Covid va fortement modifier l'industrie du cinéma. Les salles vont devoir se ré-inventer - certaines vont proposer des sortes de loges pour que l'on ait plus une impression de "home cinéma" , d'autres misent sur une immersion plus profonde avec des fauteuils qui bougent en fonction de l'action - mais les chaines de streaming seront sans doute les grandes gagnantes.

 

Soul est donc visible en France sur Disney +, si on a bien sûr une bonne connexion Internet. Ce qui n'est pas mon cas et ce qui m'a obligé à relancer ma Livebox pour suivre le film sur deux soirée. On espère que Souls sortira en Blu-ray plus tard dans l'année car il le mérite.

 

Réalisé par Pete Docter (Vice et Versa, Monstres et cie), Souls est un nouveau petit bijou du studio Pixar. Déjà, ce n'est pas une suite , même si de l'aveu même du patron du studio, elles sont indispensables pour engranger les recettes qui permettent justement les histoires originales. 

 

Ensuite, même si Soul emprunte toutes les recettes du Buddy Movie (deux personnages que tout oppose vont devoir faire front commun pour affronter leur destin), les protagonistes de l'histoire sont suffisamment forts et bien écrits pour que cet aspect qui aurait pu donner du déjà vu passe au second plan.

 

Enfin, l'amour de la musique jazz permet à l'histoire de se focaliser sur ce qui fait l'âme de quelqu'un, ses passions, ses désirs, ses souhaits, ses envies. Et quelque soit son parcours, c'est bien ce que l'on fait de sa vie qui est important nous dit le film.

 

Techniquement, on est dans du pur Pixar à savoir irréprochable. Mieux, les artistes se permettent même une représentation de l'au delà mêlant des personnages tout simples (une simple ligne brisée) à des environnements plus "réalistes". Pour ce qui est de la reconstitution de New York, là aussi, on touche au sublime. Il est loin le temps où les machines et les logiciels ne permettaient pas un tel photo réalisme. 

 

Ce qui fait le sel d'une production Pixar, c'est encore et toujours son histoire. Même dans ses suites les plus opportunistes, le studio met toujours un point d'accueil à offrir des scripts solides. Ici l'inversion de point de vue des deux personnages, rendus possible par une très classique astuce de scénario,  relance non seulement l'histoire mais permet surtout d'explorer les sentiments de chacun. 

 

Ainsi Gardner et 22 vont devoir vivre avec les yeux de l'autre. Enfin, c'est surtout 22 qui va le devoir , Gardner se "contentant" de le guider dans sa nouvelle vie, ce qui nous donne des scènes cocasses ou tendres. Mais en aidant 22 à s'adapter, Gardner va finalement trouver les ressources pour faire le ménage dans sa vie, retrouver l'affection des siens, comprendre ce qui est vraiment important et que, finalement, le but suprême qu'il s'était fixé, n'est pas forcément  un aboutissement.

 

En dire plus serait criminel, mais sachez que Soul explore comme jamais ce qui fait le sel de l'humanité.

 

Si certains ont dit que le happy end est quelque peu forcé - apparemment, ce n'était pas le premier choix du scénario, force est de reconnaitre, une fois de plus chez Pixar, l'implacable marche de l'histoire et la logique qui va en découler. Rien n'est laissé au hasard , chaque détail entrevu dans le premier acte aura son importance dans le dernier et si au final, l'au-delà redonne sa chance à Gardner, c'est bien pour qu'il puisse faire de sa vie autre chose qu'une sorte de course au challenge. 

 

En ces temps où les faux semblants, le manque de responsabilité et la tricherie sont rois, ce n'est pas là sa moindre qualité.

Partager cet article
Repost0
25 décembre 2020 5 25 /12 /décembre /2020 10:27
Mulan (*** 1/2 *)- Disney +

Alors que la Chine subit une attaque visant directement la cité impériale, une jeune femme, Mulan, va prendre la place de son père dans l'armée chinoise.

 

Adaptée d'une légende chinoise, puis ayant faut l'objet d'un superbe dessin animé en 1998, Mulan aurait donc du revenir sur les grands écrans en cet été 2020. Le Covid en a décidé autrement et c'est donc sur Disney + que l'on peut découvrir cette version live.

 

Disons le tout de suite, malgré d'indéniables qualités, cette relecture en vrai ne vaut pas l'original. Elle n'égale pas non plus Le roi Lion ou Le livre de la jungle. La faute à une réalisation quelque peu quelconque et à un manque d'emphase dans le côté "grandiose". Si on est méchant, on peut même se demander où sont vraiment passés les 200 millions de budget. La bataille contre les envahisseurs, où Mulan va révéler sa féminité, est loin de valoir sa version animé, la cité impériale n'a pas la grandeur que l'on pourrait espérer dans un tel film et le combat final entre Mulan et le chef des envahisseurs méritait un autre traitement. 

 

Le côté merveilleux est également mis de côté : l'absence de Mushu, le dragon du dessin animé (qu'il aurait été compliqué d'intégrer dans un film live) est préjudiciable et son remplacement par une sorcière qui représente la face sombre de Mulan ne compense pas forcément.

 

Mulan est donc une relecture "réaliste" de la légende, où seul l'utilisation des câbles afin de mettre en scène des combats dans le pur style HK donne un peu plus de fantaisie.

 

Mais attention, Mulan reste un excellent spectacle, bien rythmé et présentant une jeune femme plus fragile qu'on ne le croirait. Elle montre aussi le poids écrasant de la tradition dans cette Chine disparue, où les femmes n'étaient au mieux que des faire-valoir au pire des ventres. Et si l'on met de côté l'absence de chanson ou de passages "comiques", l'histoire suivant le dessin animé, elle reste passionnante et on aurait aimé la découvrir sur un grand écran. Car même si mon home cinéma n'est pas vilain, rien ne vaut une expérience salle.

 

L'interprétation n'est pas en reste. Je fais fi des opinions politique de l'actrice principale Liu Yifei (qui a soutenu la police contre les manifestants à Hong Kong) car cela n'a pas influé sur sa prestation : elle est parfaite en Mulan, à la fois garçon manqué et personnage vulnérable, toujours sur le fil du rasoir, dont la conscience est torturée par ses mensonges. Le reste du casting est plus "traditionnel" , entièrement chinois, dont un Jet Li en empereur mais qui rend bien hommage au dessin animé.

 

Il est à noter que cette version de Mulan bénéficie également de superbes paysages , dont certains situés dans la province des Ouïghours (ce qui a occasionné une autre polémique) et que ceux-ci sont bien mis en valeur par les prises de vues.

 

Au final, Mulan n'est ni plus ni moins qu'une nouvelle relecture live d'un dessin animé culte, mais on aurait aimé qu'il prenne plus de liberté, plus de folie, qu'il soit plus grand de par ses batailles ou ses duels. On aurait surtout aimé le voir au cinéma, mais , à la différence des USA, on n'aura pas à débourser 29$ pour le regarder en famille.

Partager cet article
Repost0
9 décembre 2020 3 09 /12 /décembre /2020 08:25
Green Book (****)

Le pitch : En manque d'argent, un videur de boîte de nuit italo-américain accepte de véhiculer un pianiste noir qui doit partir en tournée dans le sud des Etats-Unis.

Venant de la part d'un des frères Farrely (Mary à tout prix, Fous d'Irène et autres comédies pas vraiment fines), la surprise devant la vision de Green Book n'en est que totale. Car ce road movie situé dans les années 60, à une époque où la ségrégation raciale était toujours de vigueur dans une grande partie des USA est à la fois pudique, réaliste et empreint d'une grande rigueur historique, ne cherchant jamais à nier une situation que l'on espère disparue à jamais.

 

Se basant sur le principe du Buddy movie, avec ces deux personnages que tout oppose , Tony le vigile brut de décoffrage et Dr Shirley, artiste raffiné et instruit, Green Book va donc faire monter en puissance le respect mutuel puis l'amitié qui va s'installer entre les deux hommes.

 Petit à petit, chacun va chercher à comprendre l'autre, à se rendre compte qu'il est aussi victime de préjugés et que les apparences sont parfois trompeuses. Dr Shirley a beau être riche et célèbre, il est seul et sa notoriété ne le protège pas des humiliations subies dans le sud des USA : interdiction de manger dans un restaurant réservé aux blancs, obligation d'aller dans des toilettes pour noir situées dans un jardin, obligation de dormir dans des hôtels pour les "colorés". Tony, lui, malgré sa situation précaire, peut compter sur ses amis, sa famille.

 

Chacun des deux hommes devra faire un pas vers l'autre,  et l'aider à découvrir d'autres facettes de la vie. Shirley apprendra à Tony à écrire de vraies lettres à sa femme et Tony fera découvrir le KFC à Shirley. De petites choses certes, mais au final, ce sont elles qui cimenteront leur amitié.

 

Victime de préjugés épouvantables, Shirley  devra compter sur l'aide de Tony pour le sortir de plusieurs situations délicates. Il le fera sans arrière pensée et sans se poser de questions, bien conscients que son statut de "blanc"  lui permet d'éviter ce genre de problèmes. Et quand ce sera à Shirley de rendre la pareille, son honnêteté et son sens du devoir lui feront honte d'être obligé de faire appel à de puissants soutiens. D'ailleurs à ce moment du film, le point de bascule entre les deux hommes est sur le point de se rompre et c'est finalement le fait que Shirley ouvre - enfin - son coeur à Tony et lui explique sa solitude que ce dernier va comprendre celui qui va devenir plus qu'un simple patron.

 

Filmé de manière très simple, Green Book n'en est pas moins un film au rabais. La reconstitution des années 60 que cela soit les maisons bourgeoises du sud des USA, les salles de concert où se produit Shirley, les rues de New York - du Bronx en particulier - donne un incontestable cachet au film. Tout un monde disparu qui revit sous nous yeux et qui , pourtant , n'est vieux que d'une soixantaine d'année. 

 

Enfin, pour obtenir une telle réussite, il fallait deux grands acteurs. Farrelly les a trouvé en la personne de Virgo Mortensen, quelque peu empâté certes mais toujours aussi charismatique, et Mahershala Ali (on avait pu le voir dans Les figures de l'ombre, autre superbe film se déroulant dans des années 60 ségrégationnistes ou Alita), parfait dans ce rôle d'artiste hautain mais cachant une réelle fragilité. L'alchimie fonctionne dès leur première scène, et dynamise le film, se servant des joutes verbales - qui ont souvent lieu dans la voiture - pour faire avancer l'histoire. 

 

Si on peut quelque peu déplorer que l'aspect musical passe au second plan, une scène magistrale rappelle que nous sommes sur un récit biographique : à un moment du film, Dr Shirley va investir le piano d'un bar réservé aux noirs, alors qu'il vient de refuser un concert dans un hôtel pour blanc et montrer les deux facettes de son talent  : le pianiste classique prodige et celui qui va donner une puissance folle au rythm'n'blues de l'orchestre local. A ce moment, Shirley a basculé dans le monde de Tony et surtout il s'est mis au diapason de ses frères.

 

Green Book a donc parfaitement mérité son succès mondial (325 millions de dollars de recette dont 85 aux USA) de par son message positif et de par cette grande direction d'acteur.

 

Disponible en Blu-ray - c'est sur ce support que j'ai pu le voir - Green Book n'est pas qu'un film sur la ségrégation , la musique ou les rapports entre blancs et noirs, c'est surtout un grand film, porté par deux grands acteurs. Chapeau bas, messieurs !!

 

Partager cet article
Repost0
22 novembre 2020 7 22 /11 /novembre /2020 15:50
Tenet (*****)

Le pitch : après une mission qui le laisse quasiment pour mort en Ukraine, un agent secret découvre que des objets venus du futur menacent la paix du monde.

 

Avant propos : cette chronique est prête depuis un bail, mais j'espérais revoir le film avant de la poster. Vu que c'est impossible et que la 2e vision se fera en vidéo, je la poste donc tel quel.

Après avoir révolutionné le film de super héros, le film de guerre et la SF, Christopher Nolan s'attaque au film d'espionnage. Et comme à l'accoutumée, le résultat est à la fois époustouflant, complexe, mystérieux et doté d'une écriture rare. C'est simple : il n'existe pas de métrage comparable à Tenet !!

 

Nolan a parfaitement compris que pour attirer du monde en salle, il faut leur offrir du jamais vu et que pour le faire revenir, il faut lui offrir une histoire à la hauteur, quitte à perdre du monde en route. Car oui, Tenet est un film exigeant qui n'autorise pas le spectateur à se laisser aller, bien au contraire. Dès le départ (une prise d'otage dans une salle d'opéra), l'histoire est complexe et à aucun moment, le script ne nous prend par la main pour nous dire de quoi il retourne. C'est à la fois impressionnant et agaçant. Impressionnant car on n'a jamais l'impression de naviguer en terrain connu, agaçant parce que, à certains moments, on serait presque prêt à décrocher. Mais à chaque baisse d'attention, le film se relance et oblige donc à nouveau à la vigilance.

 

La force de Christopher Nolan est d'ancrer le fantastique dans le quotidien. Dans le sous-estimé Le prestige, le cinéaste racontait la rivalité de deux magiciens (et offrait à David Bowie son plus rôle avec Furyo) de manière presque terre à terre, tout le "fantastique" reposant sur l'illusion et ce jusque dans la pirouette scénaristique finale. Dans Dunkerque, film ultra-réaliste s'il en est, le jeu avec le temps qui passait différemment selon l'histoire donnait également un côté surréaliste au métrage.

 

Pour Tenet, Nolan aurait très bien pu se passer de l'aspect fantastique. Il en aurait résulté un très bon thriller d'espionnage, aux scènes d'action fracassantes, comme le crash du Boeing sur un hangar (réalisé en dur !!) ou les différentes fusillades. Bref, on aurait pu avoir un Bond sans James Bond.

 

Mais en y ajoutant le retournement du temps, les objets venus du futur, il complique son histoire, la tord, obligeant le spectateur à ne pas rester passif devant le spectacle. Il est évident que tout le monde n'aimera pas Tenet. Certains vont estimer que son réalisateur s'est offert un caprice couteux et mégalomane. Il y a du vrai dans cette affirmation. Mais comme Cameron ou Bay, Nolan veut faire du cinéma pour le cinéma. Même s'il dit que cela ne dérange pas si quelqu'un regarde Tenet sur son téléphone, il est évident que c'est juste une phrase diplomatique et que son film a été conçu pour l'écran le plus possible.

 

Que cela soit le travail sur l'image, la composition des cadres, le son (comme souvent chez lui, une partie de l'histoire est racontée par la musique, les bruitages et les sons hors champs), Tenet a été conçu pour être vu au cinéma. C'est sans doute ce qui explique que, malgré la pandémie et la fermeture des cinémas, il a réalisé un tel score. Les gens voulaient du grand spectacle.

 

Alors oui, parfois on se perd, on se demande où l'on va, mais, patiemment, on arrive à voir un métrage retomber sur ses pattes et on espère qu'il aura une suite car il y a encore tant de zones d'ombres dans Tenet.

 

Pour réussir un film, il faut une bonne histoire, un héros et un bon méchant. Tenet a évidemment les trois. John David Washington a hérité de tous les talents de son père et tient le film sur ses épaules. Epaulé par un Robert Pattison qui retrouve aussi un rôle à la hauteur de son talent (Vous ne me croyez pas ? oubliez Twilight et revoyez De l'eau pour les éléphants ou The lost city of Z). Le duo est parfait, ambigu (Pattison est-il vraiment du "bon" côté ?) et n'hésite jamais à payer de sa personne.

 

Quand au vilain , qui de mieux que Kenneth Branagh pour l'incarner. D'autant plus que, là aussi, le rôle est bien plus complexe qu'à l'accoutumée et bien malin qui devinera les réelles intentions de cet homme de pouvoir.

 

Si l'on peut regretter une chose, c'est que le casting féminin soit quelque peu en retrait, même si Elizabeth Debicki est également parfaite. J'attendais un rôle plus important pour notre compatriote Clementine Poesy qui, hasard des tournages, retrouve donc Pattison à l'affiche 15 ans après La coupe de feu.

 

Vous l'aurez compris, Tenet m'a totalement conquis et il me tarde de le revoir en salle pour bien comprendre les tenants et aboutissants, pour voir si les théories que je me suis échafaudé sont les bonnes. A l'instar d'Interstellar ou Inception, autres sommets de la filmographie de Nolan, Tenet est un film qu'il faut voir plusieurs fois. Pas parce que la première fois, on ne le comprend pas, mais pour comprendre comment le cinéaste dissémine ses indices.

 

Car, et on ne le dira jamais assez, Nolan aime autant le spectateur que le cinéma. Sauf qu'il ne le prend pas par la main. Il lui donne les clés et à lui de trouver les bonnes combinaisons. C'est peut être cela, le cinéma total !

Partager cet article
Repost0
14 novembre 2020 6 14 /11 /novembre /2020 19:40
Rambo, Last Blood (****)

Le pitch : Alors qu'il tente de finir  sa vie tranquillement dans le ranch qui l'a vu naître, John Rambo doit partir à la rescousse de celle qu'il considère comme sa fille, enlevée au Mexique.

 

Plus de 10 ans après le dernier épisode, qui se déroulait en Asie du sud est, Stallone retrouve donc l'autre personnage qui l'a rendu célèbre et le moins que l'on puisse dire, c'est que ces retrouvailles sont réussies !

 

Prenant en compte, l'âge de l'acteur (et donc du personnage), Adrian Grunberg, le réalisateur, aidé en cela par un script écrit par Sly, a donc conçu un film qui se découpe clairement en 3 parties : une  introduction où l'on découvre la nouvelle vie de Rambo, en paix pour la première fois avec lui même et ayant enfin sa famille, même si c'est une famille d'adoption, une deuxième plus sombre se déroulant au Mexique où il va devoir affronter l'horreur des réseaux d'exploitation sexuelles et enfin, une dernière partie où il lâche ses démons et décime tous ceux qui ont brisé sa fin de vie.

 

Trois parties fort différentes, que cela soit dans leur montage , de plus en plus cut au fur et à mesure, leur brutalité - le massacre final se teinte d'un gore parfois outrancier - et le ton, Rambo étant de plus en plus désabusé, et de moins en moins humain, de moins en moins héroïque. La réussite du film vient qu'il ne cherche pas à reproduire les exploits du 2e et 3e épisode, véritables films de super héros où, Stallone, tout muscle saillant, n'avait plus grand chose à voir avec le vétéran brisé du premier opus. Il ne cherche pas non plus à se rapprocher du 4e film, si ce n'est pas son approche de la violence. Comme je l'ai dit, Rambo a vieilli et désormais, il doit rivaliser d'astuce et de furtivité pour se défaire de ses ennemis. La scène centrale du film le voit d'ailleurs se faire passer à tabac par une horde de voyous mexicains, alors que dans les années 80, il n'en n'aurait fait qu'une bouchée ! A partir de là, Rambo comprend qu'il va devoir avoir une autre approche et sa vengeance n'en sera que plus brutale !

 

L'un des aspects du film réside dans la description d'un fléau de notre époque, à savoir le commerce sexuelle où les femmes ne sont que des objets de plaisir. Le making of (excellent au demeurant) insiste bien sur cet aspect, même si, et le réalisateur l'avoue, il n'était pas question de faire un documentaire et il a mis la pédale douce sur la description des horreurs que subissent les prostituées malgré elle. Cependant, cette partie est suffisamment écoeurante pour faire réfléchir le spectateur  ! Et le dénouement tragique de la destinée de plusieurs partenaires ne laisse que peu d'espoir pour ces filles enlevées, droguées et vendues comme des objets.

 

Sly a donc vieilli, mais sa rage reste intacte. Et même si l'histoire prend un peu de temps à démarrer , tout en s'accélérant dans la dernière partie, le film est tout aussi nerveux que les autres, insistant bien sur le temps qui a passé. Une autre scène pivot voit Rambo balancer ses médicaments qui l'aidaient à contrôler son stress post traumatique : une façon de dire que la bête va se libérer à nouveau.

 

Last Blood est donc l'ultime (?) voyage d'un homme que la vie aura meurtri, défait et dont les cadeaux qu'elle lui a donné lui seront impitoyablement retiré. Stallone est évidemment magnifique dans ce rôle qui, même si il lui a collé à la peau durant des années, est sans aucun doute celui où il est le plus lui même. Mine de rien, sa carrière, ses hauts, ses bas, se sont construites sur la vie de John Rambo. L'incompréhension de certains, les accusations de fascisme (surtout dans les années 80), mais la reconnaissance mondiale (Rambo est connu dans tous les pays du monde) sont à la mesure du personnage !

 

Avec ce dernier épisode, Sly offre donc un beau cadeau à ses fans, mais aussi à lui même. Il boucle une boucle entamée il y 38 ans, sur une petite route des USA, où un quasi vagabond tentait de retrouver un de ses camarades de combat.

 

Ceux qui suivent ce blog savent combien j'aime Stallone, dans ses réussites et dans ses échecs, dans ses excès, dans ses idées. Ce Last Blood, que j'aurais donc découvert en vidéo, est clairement un nouveau sommet de sa carrière !!

 

 

Partager cet article
Repost0
5 août 2020 3 05 /08 /août /2020 17:53
Rocketman (****)

Le pitch : la vie d'un jeune pianiste prodige, des années 60 à 1983 et qui deviendra une vedette mondiale sous le nom d'Elton John.

 

Un an après le triomphe mondial (et totalement inattendu) de Bohemian Rapsody , c'est donc au tour d'Elton John de se raconter sur grand écran. Mais si le fond est le même - on suit le parcours de la star, de ses débuts à ses triomphes, sans occulter tous ses démons (alcool, drogue, médicaments) ni son homosexualité, la forme est très différente.

 

En effet, Dexter Fletcher (qui avait entamé puis terminé le biopic de Queen) a conçu Rocketman comme une vraie comédie musicale, à savoir que les chansons d'Elton John servent à faire avancer la narration. Il est vrai qu'elles sont souvent autobiographiques et s'y prêtent sans aucun problème. De plus, la mise en scène n'hésite pas à se faire fantasmagorique , en usant d'effets visuels et en quittant totalement le champ de la réalité. Ainsi, la scène où Elton tombe dans sa piscine se transforme en une succession de tableaux dignes d'un clip vidéo voire d'un numéro de Broadway. Et cela dès le départ du film. Là où BR s'ancrait dans la réalité et ne s'autorisait aucune fantaisie (même si des écarts avec la vraie vie de Queen étaient là, mais adoubés par Bryan May, producteur), Rocketman cherche autant à raconter la vie mouvementée de la star qu'à éblouir le public.

 

Comme dans (quasiment) tout biopic , le film est raconté en flashbacks. Au départ, Elton John, en pleine désintoxication , se rappelle sa vie, son enfance, ses rapports avec des parents qui ne l'aimaient pas, son génie musical et sa rencontre avec Bernie, qui deviendra son parolier (un fait que j'ignorais totalement) et qui lui permettra de se concentrer sur l'écriture de sa musique. Puis vient le temps des débuts et l'explosion, le triomphe planétaire. Cette partie est d'ailleurs quelque peu abrupte. Elton John passe d'une tournée où il n'est que pianiste d'un groupe de soul au statut de super star. Dans BR, on avait le temps d'admirer la montée en puissance de Queen. Là, le scénario semble se désintéresser de l'aspect "On a tous commencé petit" pour se concentrer sur la vie totalement dingue du chanteur une fois le succès installé. Elton se laisse aller à tous les excès, dans une spirale d'auto-destruction qui laisse pantois. Le côté négatif du chanteur est parfois tellement mis en avant qu'on pourrait presque penser que le film est un portrait à charge.

 

Je me permets une petite parenthèse : je fais de la musique et je chante depuis 30 ans dans des groupes de death metal. Bien évidemment, je n'ai pas la prétention de me comparer à de telles idoles, mais je ne comprendrais jamais pourquoi, alors qu'ils atteignent enfin leur rêve, à savoir vivre de la musique, ils prennent alors un malin plaisir à tout saccager. Argent trop facile ? entourage de parasites ? monde artificiel ? Le fait de devoir travailler à côté de ma musique me permet sans doute de rester les pieds sur terre, mais quand même : j'aimerais comprendre. Fermons la parenthèse.

 

Si la mise en scène est audacieuse, elle est également servie par des acteurs au top, Taron Egerton dans le rôle titre et Jaimie Bell (Bernie) en tête. Le duo créatif donne toute sa mesure à une aventure musicale sans précédent. Mention spéciale, une fois de plus, à Dallas Bryce Howard, impeccable en mère indigne. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'elle joue un personnage très négatif , rappelez vous de l'ignoble WASP de La couleur des sentiments. 

 

Rocketman n'occulte pas les moments les plus "controversés" de la vie de l'artiste, notamment son homosexualité, via plusieurs scènes de "sexe" rarement vues dans un film grand public. Mais c'est tout à l'honneur de l'équipe créative que de présenter Elton John dans toute sa complexité et toutes ses facettes.

 

Enfin, quelques mots sur la musique. Personnellement, je ne suis pas vraiment fan d'Elton John, j'apprécie surtout la reprise de Saturday Nigth's allright par Flotsam&Jetsam (le premier groupe de Jason Newsteed, ex-bassiste de Metallica) mais comme tout le monde, je connais la plupart de ses hits. Mais dans Rocketman, les chansons sont sublimées par la mise en scène et participe à l'histoire.

 

Au final, Rocketman est un très bon biopic partiel (après tout, les 37 dernières années du chanteur ne sont évoquées que dans le générique de fin), sacrément bien interprété, bien rythmé et avec une ambition visuelle qui renforce encore son intérêt. Doté d'un budget somme toute modeste de 40 millions de dollars, il en remportera 96 aux USA et quasiment autant à l'international. On est donc loin des 850 millions de Bohemian Rapsody, mais qu'importe : pour tout amateur de pop/rock ou tout fan de comédie musicale, Rocketman est un merveilleux témoignages sur une époque révolue, celle où les stars vendaient des disques par palettes entières, vivaient tous les excès possibles et surtout vendaient du rêve sans passer par les réseaux sociaux.

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Salla Obscursium Invocat
  • : BO US, BO France, BO Mondial, chroniques ciné, Chroniques DVD..... Toujours sans concessions et politiquement incorrect !!
  • Contact

  • Dave
  • Enseignant, fan de cinéma et de métal, chanteur dans différents groupe de métal, collectionneur de tout ce qui touche à Star Wars... what else ?
  • Enseignant, fan de cinéma et de métal, chanteur dans différents groupe de métal, collectionneur de tout ce qui touche à Star Wars... what else ?

La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

L'affiche du moment