Le pitch : l’équipage du commandant Picard se retrouve aux prises avec un phénomène spatial mystérieux qui avait emporté jadis le commandant Kirk.
Si JJ Abrams a su relancer la franchise en 2009 en se servant habilement du voyage dans le temps pour restructurer l’univers Star Trek, on a un peu oublié que la Paramount avait déjà tenté et réussi un grand coup en 1994, à savoir faire un habile passage de témoin cinématographique entre James T.Kirk et Picard. Le résultat fut cet excellent épisode, le septième de la franchise, mais qui valut quelques déconvenues à Malcom McDowell, accusé d’avoir « tué » Kirk.
Contrairement à ce qu’on a souvent lu, la volonté de changer d’époque Star Trek pour le cinéma n’est pas venu du box-office. Le 6e épisode avait rapporté 74 millions de dollars, soit un score dans les eaux du II (78), du III (76) ou du I (82). Il avait mieux marché que le 5e (53) et il faut aussi rappeler que seul Star Trek IV – Retour sur Terre avait dépassé la barre des 100 millions.
En fait, c’est bien la vieillesse qui a eu raison du premier équipage. D’ailleurs dans ce film, seul Kirk a un rôle étoffé et tous ses compagnons sont comme lui, à la retraite. Léonard Nimov n’apparaît même pas dans le film. Pour continuer la franchise au cinéma sans abuser de déambulateur, il fallait bien se tourner vers l’avenir et des acteurs plus jeunes, donc celui de Next Generation. Cette astuce permettait donc de prolonger la vie de Star Trek au cinéma. D’ailleurs la série télé s’arrêta lors de la sortie du film et ce fut Voyager qui prit le relais (même si la première saison date de 1993)
Le défaut premier de ce film est donc de se comporter comme un épisode de plus de la série télé. Il n’y a donc aucune présentation du nouvel équipage et les néophytes pourraient rapidement être perdus si le film n’avait pas démarré aussi vite. Car dès que le vortex refait surface, on assiste à un space opéra de très haute tenue et dont les enjeux vont au-delà du simple film de SF. À la différence de Star Wars, la saga Star Trek s’est toujours appuyée sur des personnages très proches de nous, et non des archétypes du héros. Ici, Picard et Kirk vivent, sans vraiment la maîtriser, la vie qu’ils ont secrètement rêvée. Et c’est de ce choc de générations que va venir le thème le plus intéressant du film, à savoir l’entraide entre les deux personnages. Et même si ce voyage sera le dernier de Kirk, il mourra en héros, comme il l’avait sans doute espéré. Certains spectateurs se sont émus du traitement réservé à celui qui incarnait Star Trek depuis près de 30 ans, mais sa fin est somme toute logique.
Mais avant d’en arriver là, Générations a tenu le spectateur en haleine avec un scénario habile et plein de surprises, quelques guest stars comme Whoopy Wholberg et des effets visuels, signés ILM, absolument splendides. Et même si certains ont vu dans le crash de l’Enterprise une tentative de faire du spectaculaire pour du spectaculaire, le travail technique est à la hauteur, d’autant que Star Trek entrait alors dans l’ère du numérique. Ce qui est un peu inexact vu que le changement de la planète à la fin de La colère de Khan s’était déjà fait par ordinateur. L’humour est également très présent, notamment avec le personnage de Data et sa conquête des sentiments humains. Sans jamais être ridicule, Brent Spiner (qui connaîtra une consécration encore plus grande deux ans plus tard avec ID4) incarne à merveille l’androïde DATA qui, suivant l’exemple des robots d’Asimov, cherche à devenir plus humain.
Si la série télé avait relancé la saga dans les années 80, ce film permettait de la remettre sur rail sur le grand écran. C’est sans aucun doute sa grande force et c’est ce qui permettra à Premier contact, le film qui suivra, de s’imposer comme une totale réussite. Mais nous en reparlerons un peu plus tard.