Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 août 2020 1 03 /08 /août /2020 16:39
Scooby (****)

Le pitch : Assistons à la première rencontre de Scooby-doo et Sammy, à  leur association avec Fred, Vera et Daphné et aux premières traques des imposteurs fantomatiques. Mais un jour, tout ceci va se dérégler.

 

Il sera donc dit que le premier film que je serai allé voir suite à la crise du Covid a donc été Scooby, un sympathique dessin animé 3D, bien rythmé, se permettant du crossover avec d'autres productions Warner (Captain Cavern, Les fous du volant) et racontant une histoire bien fichue. On a connu pire.

 

Scooby narre donc la rencontre du chien le plus peureux du monde et de son maître Sammy, puis le début de leur association avec les trois autres membres du club du mystère, quand tout ce petit monde n'était encore qu'enfant. Mais cette partie de l'histoire n'occupe que le tout début du film et rapidement, on retrouve notre quintette adulte et en pleine crise : Sammy et Scooby-Doo quittent le groupe, s'estimant blessés par l'attitude d'un animateur télé qui veut propulser Mystère et Cie dans une nouvelle dynamique et estimant qu'ils ne sont que des boulets. Le duo va rapidement se trouver mêlé à un complot fomenté par Satanas (oui, le Satanas des Fous du volant) qui cherche à retrouver Diabolo, quitte à déclencher l'apocalypse.

 

Graphiquement , Scooby est très beau, très coloré et les personnages rappellent bien le dessin animé de notre enfance, bien plus que les deux films live, montrant ainsi que la meilleure façon de rester fidèle à un cartoon, hé bien, c'est de faire un cartoon. L'animation est jolie , avec quelques belles scènes, notamment dans sa troisième partie, mais elle ne peut se mesurer à des cadors comme Pixar ou Dreamworks. Là n'est pas le but de toute façons. Scooby est surtout une belle occasion de remettre en selle un ensemble de personnages dont on avait un peu perdu la trace.  Le design des différents membres de l'équipe a été bien pensé, notamment dans leur version enfant ou chiot.

 

Et même si le film prend quelques libertés avec la "mythologie" de Scooby-Doo , en lui inventant une lignée prestigieuse, et relègue Daphnée, Véra et Fred au rang de seconds rôles de luxe, l'histoire est suffisamment riche en rebondissements pour ne pas laisser de temps morts. Les gags sont nombreux, notamment avec un personnage qui, comme notre duo, ne prendra pleinement conscience de sa vraie force qu'à la toute fin du film. Enfin, l'alchimie entre Scooby-Doo et Sammy reste intacte et magique. Bref, c'est une belle réussite. Enfin, les voix françaises sont très bien choisies ! Enfin, l'intégration d'autres franchises de Hanna-Barberra montre que la Warner a également enfin de construire son propre univers partagé au cinéma en piochant dans son vaste répertoire animé. 

 

Evidemment, Scooby ne peut prétendre à être autre chose qu'un sympathique divertissement d'été, mais en ces temps de crise sanitaire anxiogène, cela fait du bien de se détendre dans une salle obscure, une fois le masque retiré (j'ai vu le film avant le 1er aout dans un petit cinéma indépendant de La faute/mer , en Vendée). Parfait métrage pour les enfants, suffisamment intelligent pour que les adultes y trouvent leur compte et ne s'y ennuient pas, la nostalgie en plus, Scooby méritait bien une sortie cinéma. Aux USA, il est parti directement en VOD. C'est bien dommage mais c'est hélas le cas de la grande majorité des films de 2020 qui ne présentent pas un succès assuré en salle.

 

 

Partager cet article
Repost0
27 mai 2020 3 27 /05 /mai /2020 11:44
Snake Eyes (****)

Le pitch : lors d'un match de boxe dans un casino d'Atlantic City, le secrétaire à la défense est assassiné par un terroriste palestinien. C'est du moins ce que pense l'inspecteur Santoro, un flic corrompu qui va trouver ici sa rédemption.

 

En 1998 , Brian de Palma est revenu au top. Mission Impossible a été un carton mondial , après les scores plus décevants de l'Impasse ou du Bucher des vanités et le réalisateur séduit donc à nouveau les studios. Disney lui offre donc l'opportunité de retrouver son scénaristes de MI 1, David Koep, et 73 millions de dollars pour réaliser Snake Eyes, un thriller se déroulant à huis clos avec un Nicolas Cage en totale roue libre et Gary Sinise en militaire pas si propre que cela.

 

Et même si le film ne sera pas le triomphe espéré (103 millions de recettes mondiales, mais il se rattrapera en vidéo), Snake Eyes n'en demeure pas loin un sacré bon film.

 

En débutant par un long plan séquence qui se termine par la mort du secrétaire (sans doute créé à partir de plusieurs assemblés de manière invisible, mais ce n'est qu'un détail) De Palma s'autorise donc une petite gourmandise, d'autant plus que cette introduction sera reprise sous des angles différents au fur et à mesure que Santoro va comprendre ce qui s'est passé et montre qu'il n'a rien perdu de sa technique, bien au contraire. La caméra vole autour de Nicolas Cage, lui fait rencontrer tous les protagonistes de l'histoire et introduit magistralement ce personnage de flic ripoux, prêt à tout pour quelques dollars, se contenant de régner sur son "quartier" et partageant sa vie entre sa maîtresse et sa femme. Son costume tape à l'oeil, son cellulaire que l'on croirait plaqué or, sa dégaine de maquereau ne font pas vraiment dans la dentelle et l'on comprend tout de suite la nature du personnage. 

 

Et durant ce plan, on va "voir" ce qui s'est passé, même si De Palma focalise volontairement l'attention du spectateur sur certains points, comme le fait un magicien quand il fait un tour. C'est le même le B.A BA de cet art : attirer l'attention sur un endroit pendant que la véritable action a lieu ailleurs. Manipulateur dans l'âme, De Palma retrouve ici l'intensité de ses thrillers des années 80, Blow Up en particulier et ne se force pas à caresser le spectateur dans le sens du poil. En fait, soit on adore ce style à la limite de l'esbroufe soit on déteste.

 

Mais une fois le meurtre commis, Snake Eyes va, petit à petit, se muer en un film plus "classique". Dans un premier temps, Nicolas Cage doit changer de costume et retrouve une apparence plus digne de celle d'un policier. Puis, l'approche de la vérité va faire tomber ses oeillères sur son monde et sur ses amis. Enfin, même si , lors de l'affrontement final, le "méchant" lui prédit que s'il dévoile la vérité, il perdra finalement tout car la presse va s'intéresser à ses magouilles (et c'est ce qui arrive avant le générique !) , Santoro va retrouver sa dignité et sa fonction : protéger les innocents et non pas racketter des voyous. Cette évolution se fera pas à pas, au fur et à mesure, qu'il va comprendre qu'il a été manipulé et que c'est son style de vie qui a rendu possible cette manipulation.

 

Evoluant dans le monde artificiel d'un casino (et croyez moi, pour être aller à Las Vegas, cet adjectif s'accorde parfaitement avec un tel endroit) et de sa salle de spectacle, accentué par le fait que la caméra passe au dessus des décors - comme cette scène où elle survole plusieurs chambres d'hôtel du casino - Snake Eyes est une vraie réflexion sur la façon dont on met en scène la fiction. Car il y a plusieurs vérités dans ce film : celle que l'on croit voir dans le plan séquences, celle qu'imagine les personnages, et notamment Santoro, et enfin, la vraie vérité, celle que l'on découvre à mi-chemin de l'histoire et qui nous semble trop énorme pour être celle que l'on doit suivre , mais qui se révèle implacable.

 

Le  spectateur se met donc dans la peau de Nicolas Cage quand au cheminement de l'histoire mais aussi dans celle de De Palma qui n'hésite pas à dévoiler certains trucs de sa mise en scène. Qui plus est de nombreuses scènes clés sont découvertes sur des écrans de télévisions, des caméras de surveillance... l'aspect "voyeur" du film renvoie là aussi aux premiers travaux du cinéaste, bouclant ainsi une boucle démarré dans les années 70.

 

Cependant, quelques défauts entachent le film. Le premier est qu'il ne supporte pas une deuxième vision très rapprochée. Ayant ressorti mon DVD il y a 3 jours et n'ayant pas vu le film depuis les début des années 2000, la surprise a refait surface, mais je me rappelle parfaitement que quand je l'avais vu en vidéo pour la 1ere fois, je me rappelais trop vivement l'histoire et l'avait nettement moins apprécié.

 

Ensuite, Gary Sinise, excellent acteur, passe un peu trop vite d'un statut à un autre et , même si c'est quelque peu voulu, le spectateur a toujours de l'avance sur lui.

 

Enfin, le jeu souvent outrancier de Nicolas Cage peut agacer certains spectateurs. Ce ne fut pas mon cas, mais je sais qu'à sa sortie en salle en 98, ce fut l'un des reproches qu'on adressa au film.

 

Si on y ajoute les rumeurs d'une énorme scène disparue , se situant durant la tempête à l'extérieur du casino, on se dit que De Palma n'a pas réussi son coup à 100%.

 

La suite, on la connait. Même si Snake Eyes ne donnera pas les bénéfices escomptés, De Palma continuera sa collaboration avec Disney sur le plus consensuel Mission to Mars, retrouvant Gary Sinise. Mais là aussi, le triomphe ne sera pas au rendez vous (110 millions de dollars de recette pour un budget de 100). Et le réalisateur ne retrouvera plus le chemin du succès, entamant une longue éclipse qui dure encore.

Partager cet article
Repost0
25 mai 2020 1 25 /05 /mai /2020 11:21
Apollo 11 (*****)

Le pitch : la mission lunaire la plus célèbre de l'histoire reconstituée grâce à des images d'époque tournées en 65 mm.

 

Attention, documentaire bluffant ! Si on excepte des voix françaises qui se superposent aux voix américaines (un conseil, regardez le film en VOST), Apollo 11 est LE film que l'on attendait depuis des années, un complément idéal à First Man (génial biopic sur Neil Armstrong) et Apollo 13 (histoire de comparer les deux missions) à savoir une compilation d'images absolument incroyables sur une aventure humaine qui l'est encore plus.

 

En faisant ressurgir des images 65 mm, Todd Douglas Miller a profité du 50eme anniversaire de la mission lunaire pour redonner un sacré coup de jeune à Apollo 11. Exit les images en noir&blanc que l'on a tous vu et place à des images que l'on croirait extraites d'un film de fiction. Comme le dit le réalisateur dans le (tout petit) bonus du Blu-ray, la vision de la fusée Saturn 5 tractée sur la base de lancement par cette énorme chariot a tout d'une image d'un long métrage et c'est la découverte de ces films qui lui a donné l'idée de se lancer dans un tel projet.

 

Des documentaires sur Apollo 11, il y en a eu des tas, bien sûr et celui ci tient surtout sur le côté inédit de son matériel pictural. Mais  alliés à un superbe montage - les diverses caméras donnant des angles de vue différents - et à un gros travail sur le son et la musique, on sort du strict documentaire. La voix off est issue des milliers d'heures qui ont commenté l'évènement, c'est celle de l'équipage d'Apollo, celles des techniciens étant restés au sol, ces milliers d'anonymes qui ont permis cet ahurissant exploit. Mieux encore, les scènes où la foule attend le décollage de la fusée tranchent avec le côté controversé de First man qui, par un souci d'objectivité , mettait trop en avant le fait que tous les Américains n'adhéraient pas forcément à ce programme. Ici, on a affaire à des images tournées pour magnifier la mission, parfois proche de la propagande, mais qu'importe !

 

Du coup, on n'a rarement l'impression de regarder un documentaire, mais un vrai film, avec ses rebondissements, ses inquiétudes, ses scènes d'actions, ses moments de plénitude, voire de contemplation. Apollo 11 ne donne aucune clé, aucune direction , mais au contraire, emmène le spectateur dans Saturn 5, dans l'Aigle, sur la Lune... Un travail titanesque , je le redis, sur le montage qui permet de s'extasier, de s'enthousiasmer et ,au final, de regretter que l'Amérique ait renoncé à son rêve lunaire après l'arrêt du programme. La dernière mission, Apollo 17 mettait un terme final, mais on ne le savait pas à l'époque, à cette course à la Lune. Pour des raisons politiques (on a battu les Russes, à quoi bon continuer), économiques (aller sur la Lune coûtait une fortune à une époque où la guerre du Vietnam engloutissait une partie du PIB US) voire idéologiques (les partisans de la navette spatiale estimaient qu'il fallait reprendre une autre direction.

 

Du coup, Apollo 11 permet de voir le sommet de ce programme. N'y pensez pas y voir comment l'Amérique a construit ce projet ou la tragédie d'Apollo 11. Vous ne verrez pas d'ingénieurs en train de réfléchir à la façon dont envoyer un homme sur la Lune, pas d'officiels de la Nasa défendant le budget devant le congrès. Non, on commence quelques heures avant le lancement et on finit avec la fin de la quarantaine des trois astronautes puis la parade à Chicago. 

 

Véritable chef d'oeuvre du genre, Apollo 11 justifie son achat par la qualité des images - je le redis, impossible de dire que les images n'ont pas été tournées en 1969 - , de son montage, de sa bande son, mais surtout de sa capacité d'émerveillement ! Si vous aimez la conquête spatiale, si vous avez vibré en regardant les images de ces missions, si vous désespérez qu'un jour, on  y retourne encore , alors n'hésitez pas. Non seulement , vous allez adorer et surtout, vous allez le regarder un paquet de fois.

Partager cet article
Repost0
12 mai 2020 2 12 /05 /mai /2020 11:21
Le maître du jeu (****)

Le pitch : Suite au meurtre de son mari lors d'une fusillade , une veuve intente un procès au fabricant du fusil d'assaut qui a causé le carnage. Vont alors s'opposer défense et accusation, chacune avec ses propres méthodes pas toujours claires tandis qu'un des membres du jury va, petit à petit, prendre le contrôle des jurés.

 

Adapté d'un roman de John Grisham, et réalisé par Gary Fleder (Le collectionneur, Derniers jours à Denver), Le maître du jeu est un solide polar juridique, suffisamment bien construit pour maintenir les faux semblants jusqu'au bout et bénéficiant d'une histoire passionnante, même pour ceux qui connaissent le roman d'origine.

 

A l'origine, dans le livre, ce n'est pas le lobby des armes qui est en cause, mais celui du tabac. Ce changement fut fait pour obtenir une scène d'ouverture plus spectaculaire (une fusillade dans des bureaux) et surtout pour surfer sur la polémique anti-arme à feu qui avait commencé à prendre corps aux USA, notamment après le massacre de Colombine. Mais si on met de côté cet aspect, Le maitre du jeu reste assez fidèle au roman, même s'il n'en garde pas la complexité, comme dans toutes les adaptations de Grisham de toutes façons.

 

Chose étonnante mais logique, ce ne sont pas les héros , John Cusack et Rachel Weisz qui sont en tête d'affiche, mais les deux seconds rôles de prestige à savoir Dustin Hoffman et Gene Hackman. Ce dernier n'était d'ailleurs pas à son coup d'essai chez Grisham vu qu'il apparaissait dans La firme et L'héritage de la haine. Cependant, dans Le maître du jeu, il joue pour la première fois un véritable salopard, alors que ses rôles dans les deux autres best sellers étaient plus nuancés. Ici, en interprétant Rankin Fitch, un juriste engagé par les firmes d'armes à feu pour sélectionner et manipuler un jury qui leur sera favorable, il renoue avec son rôle de type méprisable mais brillant, tirant les ficelles et se comportant comme un tyran avec son équipe dont il exige le maximum , flirtant avec l'illégalité afin de pouvoir connaitre tous les secrets de "son" jury et faire pression sur lui.

 

Face à lui, Dustin Hoffman est son double lumineux, même s'il on sent qu'il pourrait basculer du mauvais côté tant il est obnubilé par le fait de gagner ce procès et rendre justice à sa cliente, veuve à cause de la fusillade. La scène qui oppose verbalement les deux hommes dans les toilettes du tribunal est un régal pour qui apprécie les joutes d'acteur, sans aucun doute le moment le plus intense du film.

 

De ce fait, le couple vedette de l'histoire, Nicholas Easter et sa compagne, pâlit un peu de l'aura des deux monstres sacrés, ce qui est bien dommage car les manipulations auxquelles ils se prêtent, jouant sur plusieurs tableaux afin de mettre le maximum de chance de leurs côtés sont des points essentiels du film. Car au delà de la morale prévisible , Le maitre du jeu, en décortiquant de l'intérieur la vie d'un jury (sans atteindre cependant la perfection de 12 hommes en colère), est un passionnant exercice de style où chaque phrase, chaque action semble pesée, où les apparences ont une énorme importance et où la vie privée de chacun ne semble pas peser lourd face à un lobby de plusieurs milliards de dollars.

 

En mêlant deux niveaux d'intrigues (ce qui se passe durant le procès, ce qui se passe autour), le film parvient à captiver mais il faut reconnaître un certain déséquilibre entre les deux faces. En effet, l'accent est mis sur les manipulations du couple et celles de Fitch. Si cet aspect est évidemment le plus spectaculaire, il crée  une dichotomie avec la partie procès. Pourtant , le réalisateur ne ménage pas ses effets pour rendre le procès le plus passionnant possible, filmant certaines joutes verbales comme un combat entre deux gladiateurs. Mais on est frustré de ne pas entrer plus dans l'intimité du jury, ce qui est le cas dans le livre : sans doute trop statique pour un film qui doit tout de même apporter son lot de péripéties ou d'action. C'est cependant dommage car c'est sur ce point que le roman est le plus fort, amenant par petite touche Nicholas Easter à prendre totalement le contrôle du jury (d'où le titre). Ici, ce n'est que par moment que l'on retrouve l'intensité du livre sur ce point.

 

En résumé, Le maitre du jeu est une bonne adaptation de Grisham , que j'ai pris plaisir à revoir , près de 15 ans après avoir acheté et visionné le DVD. S'il ne fut pas un succès énorme en son temps (80 millions de recettes mondiales pour un budget de 60), il n'en reste pas moins un excellent thriller et dont le dénouement surprendra forcément ceux qui n'ont pas lu livre.

Partager cet article
Repost0
8 mai 2020 5 08 /05 /mai /2020 16:34
Ad Astra (****)

Le pitch : dans un futur proche, Roy McBride un astronaute part à la recherche de son père , disparu près de Neptune, lors d'une mission ultra-secrète.

 

Quand le réalisateur de Little Odessa, Lost City of Z ou La nuit nous appartient , tous d'authentiques chefs d'oeuvre, s'attaque à la SF, on se doute bien qu'on sera plus proche  de 2001 que de Star Wars. Et effectivement, hormis quelques scènes "d'action" obligées (je vais y revenir), Ad Astra choisit de prendre son temps pour raconter son histoire et s'ancre le plus possible dans la réalité.

 

Et quand il s'inspire , avec Ethan Gross, de la nouvelle Au coeur des ténèbres, qui a déjà inspiré le script d'Apocalypse Now, on sait que Ad Astra sera forcément un voyage autant intérieur que physique.

 

Car le scénario d'Ad Astra évoque irrémédiablement Apocalypse Now à savoir un soldat qui va , étape par étape, remonter la piste d'un autre soldat disparu et dont la hiérarchie veut la mort car il a visiblement sombré dans les arcanes de la folie. Tommy Lee Jones remplace Marlon Brando, Brad Pitt prend le relais de Martin Sheen, la route vers Neptune passant par la Lune et Mars remplace elle la remontée du fleuve vietnamien. 

 

Doté d'effets visuels extraordinaires (certaines visions spatiale du McBride sont fabuleuse, notamment quand il passe devant Saturne), d'un casting en béton et d'une interprétation sans faille, Ad Astra avait tout pour se hisser à la hauteur d'Interstellar , Blade Runner (les deux opus), Gravity ou de Premier Contact en matière de SF cérébrale.

 

Mais, quelques défauts l'empêchent d'obtenir une étoile supplémentaire. 

 

En premier, on ne peut que regretter la présence ultra minimale de Liv Tyler. La belle jeune fille d'Armageddon ou That's thing you do n'est là que dans les flashbacks et la scène finale, de manière tellement brève qu'elle en devient subliminale. Il y avait pourtant matière à en dire plus sur ce couple à la dérive, mais Gray a choisi de se centrer sur le voyage de McBride, ce qui enlève une grande partie de l'émotion au film, le personnage osant enfin les exprimer que dans le derniers tiers de l'histoire.

 

Ensuite, même si grandement réussies, les scènes "d'action" à savoir la chute de McBride de l'immense station qui part de la Terre jusque dans l'espace, l'affrontement sur la Lune ou la découverte d'un vaisseau abandonné  donnent parfois l'impression d'avoir été ajoutées artificiellement. Là où Coppola incorporait parfaitement ses scènes grandioses (l'attaque du village, le lâcher de napalm, le combat sur la rivière) dans sa trame contemplative, Gray semble réaliser deux films différents, d'autant que le contexte politique est parfois nébuleux (pourquoi la Lune est-elle devenue une zone de quasi non droit ?). En fait, ce sont surtout les ruptures de ton entre des scènes que l'on sent "obligées" qui gênent quelque peu. Ce sont pourtant elles  qui ont été mises en avant dans la bande annonce et l'affiche, trompant quelque peu le public qui s'attendait peut être à voir un film à la Emmerich.

 

Enfin, la froideur de McBride , que l'on devine semi autiste, finit par  se retourner contre lui et on n'éprouve finalement pas d'empathie pour lui. Heureusement, la dernière partie du film balaye enfin cette impression, grandement aidée par un Tommy Lee Jones une fois de plus au sommet de son art. 

 

Mais que ces défauts n'empêchent pas de donner sa chance à Ad Astra si vous n'avez pas pu le voir en salle car ce voyage aux confins de notre système solaire est d'une beauté incroyable et sa conclusion redonne forcément foi en ses personnages. Après tout, les films de SF nous amenant à réfléchir ne sont pas si légion et quand ils sont portés par un tel casting, que cela soit devant ou derrière la caméra, on ne peut pas jouer les blasés.

 

Comme il se doit, le Blu-ray est extraordinaire et les bonus grandement intéressants. On peut cependant, mais cela devient une constance , l'absence de sérigraphie colorée sur le disque. Les éditeurs en font vraiment de moins en moins !!

 

Partager cet article
Repost0
24 avril 2020 5 24 /04 /avril /2020 15:27
Le Mans 66 (*****)

Le pitch : soucieux de changer l'image de sa marque, Ford décide de défier Ferrari sur la plus prestigieuse course automobile du monde , celle du Mans !

 

Attention chef d'oeuvre ! Même si vous n'aimez pas les voitures de courses ou les films de voiture, James Mangold transcende le genre et brosse surtout le portrait de deux pilotes marginaux, totalement différents dans leur caractère et leur vie, mais unis par la même détermination et la même volonté de ne rien céder de leurs idéaux.

 

Car au travers de deux acteurs d'exception, Matt Damon et Christian Bale, le film , même s'il offre de spectaculaires scènes de course et une reconstitution fidèle des circuits du Mans ou de Daytona, s'attarde sur le lien qu'entretiennent les différents personnages avec les voitures. James Mangold avait déclaré n'avoir aucun fétichisme envers l'automobile et c'est sans doute pour cela qu'il a fait un film sur des pilotes et non sur des courses.

 

Toute l'histoire tourne autour de cette même idée : réussir sans renier ses idéaux. Tous les personnages qui suivent cette voie attirent immédiatement la sympathie, malgré leur caractère parfois difficile. Tous ceux qui tentent de louvoyer, comme l'un des cadres de Ford sont montrés sous leur jour le plus noir, comme si Mangold nous disait : ceux qui sont prêt à des compromissions ne méritent pas notre compassion, au contraire de ceux qui ne transigent pas, même s'ils font des erreurs.

En cherchant à capter une époque , le film se double évidemment d'une formidable reconstitution historique, pas si ancienne que cela et pourtant où tout semble différent : les habits, les voitures, les objets, les mentalités même. Le travail sur les décors, sur les accessoires est exemplaires et on jurerait que le film a été tourné dans les années 60. Bien sûr, les effets visuels sont à l'origine de cette réussite également , preuve que le médium est arrivé à maturité car à aucun moment, ils ne cherchent à en mettre plein la vue, mais sont totalement invisible. Ceux qui ont vu Le Mans avec Steve McQueen pourront faire la comparaison, mais Le Mans 66 aurait pu être tourné au moment même des faits.

 

Si on compare le film avec le dernier fleuron du genre, à savoir Rush de Ron Howard, Mangold a donc choisi une approche quelque peu différente (pas d'opposition frontale entre les deux acteurs principaux) mais il s'inspire du respect des personnages pour leurs bolides, tout en ne mettant pas en avant les voitures qui sont, ici, un "véhicule" pour le destin des héros. Et même quand celui ci est tragique, Mangold filme de loin, ne cherche jamais à faire de l'esbroufe. On est loin d'une vision romantique voire tape à l'oeil de Michael Bay, adorateur de voitures puissantes devant l'éternel, qui cadre ses bolides comme s'ils étaient des personnages à part entière.

 

Mieux encore, Mangold refuse même au spectateur certaines scènes attendues. Ainsi, la première course du Mans que fait l'écurie Ford n'est présente que par la retransmission radio. Beaucoup d'ellipses permettent d'aller à l'essentiel également, tandis que d'autres passages que d'aucuns jugeraient comme "inutile", par exemple, quand Ken Miller, le pilote surdoué mais rebelle, explique à son fils les arcanes du circuit du Mans, sont là pour  que, quand les scènes de cette course arrivent, on sache tout de suite où on est. Mangold n'est jamais vraiment là où on l'attend et c'est cela qui fait le sel du film, même si on en connait l'issue - on sait que Ford a réussi à battre Ferrari plusieurs fois de suite !

 

Le Mans 66 est un vrai film d'acteurs, filmé à l'ancienne avec l'aide des nouvelles technologie. Un énorme travail est fait sur le son également : on est dans l'habitable avec les pilotes, on ressent la tension, la dangerosité rien qu'en entendant les crissements de pneus, les freins qui chauffent...

 

Enfin, l'histoire n'élude pas les frustrations énormes de ces protagonistes, dont le plus gros traumatisme est la victoire ex-eaquo d'une des courses. En présentant des personnages humains, servis, je le répète, par des acteurs d'exception, ce qui n'est pas une surprise, Mangold réalise un vrai chef d'oeuvre, récompensé au box office mondial (225 millions, à comparer aux 97 de Rush) et encensé par la critique, à juste titre.

 

N'ayant pas pu le voir en salle, c'est donc en Blu-ray que j'ai pu enfin le découvrir. La qualité du disque est exceptionnelle et lui rend parfaitement justice.

 

Si, comme moi, vous n'avez pas pu voir le voir sur un grand écran, vous savez ce qu'il vous reste à faire.

Partager cet article
Repost0
31 mars 2020 2 31 /03 /mars /2020 11:26
Les indestructibles 2 (**** 1/2*)

Le pitch : après un combat qui a tourné au désastre, les super héros sont à nouveau interdits. Mais une énorme société va proposer à la famille de Bob de redorer le blason des super. Sauf que c'est Elastic Girl qui va s'en charger, au grand désarroi de son mari.

 

En fouillant dans les pages de SOI, je me suis aperçu que je n'avais pas chroniques cet excellente séquelle. Voilà donc une chose réparée, d'autant plus que le film de Brad Bird, qui revenait à l'animation après un passage réussi par le film live (Mission Impossible IV, A la poursuite de demain) n'a rien perdu de son inventivité.

 

On sait que Brad Bird est l'auteur d'au moins 3 chefs d'oeuvre de l'animation : Le géant de fer, échec commercial en son temps mais devenu culte depuis, Ratatouille et Les indestructibles. On aurait pu penser que le voir revenir pour une suite était une solution de facilité pour se refaire suite aux résultats mitigés de A la poursuite de demain. D'ailleurs les critiques n'ont pas été absentes, tant envers lui qu'envers Pixar, accusé de désormais capitaliser sur les séquelles. Cars, Toy Story, Némo, Monstres et cie avaient chacun eu droit à une voire plusieurs suites, ce qui hypothéquait la fameuse propension du studio à imaginer des mondes nouveaux.

 

Or, chacune de ses suites a permis d'approfondir un univers et surtout de proposer un schéma différent. Cars 2 par exemple est un film d'action et d'espionnage basé sur le personnage de Martin tandis que le 3e opus revenait à Flash. Le monde de Dory se focalisait sur Dory justement et non Marin. Monsters Académie jouait sur le thème de la préquelle et expliquait l'origine de l'amitié de Bob et Sully. Quand aux différents Toy Story, chaque film est une évocation de l'enfance et de la façon dont elle s'enfuit, mais à chaque fois, c'est tout le casting animé qui évolue.

 

Qu'en serait-il pour les Indestructibles 2 ? Brad Bird a choisi de mettre en avant l'élément féminin de la famille et dans le premier acte du film c'est donc Helen (Elastic Girl) qui se taille la part du lion au niveau super héros. Bob devient un faire valoir domestique qui doit dompter sa vie de papa, faire les devoirs, traiter les problèmes sentimentaux de sa fille et tenter de gérer les super pouvoirs du petit dernier. Cette inversion des rôles permet des gags très réussis et donne - enfin - un rôle important à une super héroïne. Il est d'ailleurs intéressant que la genèse des Indestructibles 2 s'est faite alors que Wonder Woman était en tournage et que Captain Marvel un projet encore un peu lointain du MCU. Cette convergence féministe est une véritable bouffée d'air frais dans le monde du cinéma gangréné par le sexisme et les abus, bien symbolisé par le mouvement Me Too. Mais ici, point de revanche, mais la recherche d'un point d'équilibre. 

 

Et c'est d'ailleurs sur ce point que va s'articuler la deuxième partie du film quand Bob puis les enfants vont devoir venir prêter main forte à Elastic Girl, victime d'une trahison. On notera que le méchant du film est également une méchante (je ne pense pas spolier, le film étant sorti il y a 3 ans). Là aussi, une évolution logique car qui dit égalité dit également égalité dans le mal. Bard Bird et son équipe refusent l'angélisme et font des femmes de leur histoire des protagonistes cherchant chacune une façon d'exister dans l'ombre des hommes. Sauf que leur chemin est bien différent.

 

En choisissant la voie de la séquelle, Brad Bird peut également approfondir les rapports de la famille Parr. L'idée de génie est de situer le début de l'histoire immédiatement après la fin du premier : le combat entamé en 2005 se finit donc 13 ans plus tard. Ce qui fait que les personnages n'ont pas changé d'un iota, la magie de l'animation permettant de faire fi du vieillissement des acteurs. Du coup, on va pouvoir assister aux bouleversements qui vont transformer leur vie. Chaque enfant Parr va devenir plus responsable, sans rien perdre de sa drôlerie. Violette reste certes une adolescente timide, réservée et quelque peu en colère, mais elle va accepter son rôle de super héroïne d'autant plus qu'elle aura contribué, avec ses frères, à sauver ses parents.

 

Le seul point faible du film réside dans son déroulement : on comprend bien trop vite que la société qui engage Helen cache quelque chose et une fois la trahison accomplie, l'histoire se met en pilotage quasi automatique : il faut contrer les méchants, empêcher la catastrophe. Certes, c'est la base de 99% des films de super héros, mais la première partie du film, avec cette inversion mère en action/père au foyer est nettement plus intéressante.

 

Ce qui n'empêche pas le film d'être ultra spectaculaire, rythmée, inventif, rempli de gags hilarant. Les différents pouvoirs de Jack Jack sont une source de délire infini et on sent que les concepteurs de l'histoire se sont bien marrés à travailler dessus. Et comme le film est un Pixar, la technique est irréprochable. Enfin, le design très particulier de l'original, inspiré des clichés du comics (les mâchoires carrés, la musculature démesurée...) est toujours là.

 

Les Indestructibles 2 est donc une franche réussite, même si on aurait aimé qu'il prenne un peu plus de risques dans sa deuxième partie. Mais ne boudons pas notre plaisir et gageons qu'un 3e épisode permettra d'aller plus loin dans les aventures de la famille super héroïque la plus cool depuis les Fantastic Four !

Partager cet article
Repost0
26 mars 2020 4 26 /03 /mars /2020 08:05
Pirates des Caraïbes 5 : la vengeance de Salazar (*** 1/2*)

Le pitch : Décidé à sauver son père, le fils de Will Turner se lance à la recherche du légendaire trident de Posseidon en compagnie de Jack Sparrow. Mais d'autres pirates sont également sur la trace de cet objet qui peut lever les malédictions.

 

Entamée en 2003, la saga Pirates des Caraïbes s'est révélée, à la grande surprise de tous, une rente incroyable au Box Office. Le premier opus rapporta 654 millions de dollars et engendra une double suite, tournée en même temps et qui engrangea successivement 1066 et 960 millions ! Et alors même que le trio vedette n'était pas dans le 4e film - seul Johnny Depp restait à la barre, La fontaine de jouvence dépassait également le milliard, malgré des recettes en baisse aux USA.

 

Avec un tel succès, logique que Disney continue à faire des petits à sa poule aux oeufs d'or, mais ce 5e épisode , pour spectaculaire qu'il soit, perd quelque peu la magie de la trilogie originelle.

 

Dans un premier temps, la promesse du retour de Will Turner et Elisabeth Shaw s'avère finalement très anecdotique. Le premier est présent au début et à la fin du film, la deuxième uniquement à la fin et dans la scène post-générique. Et la tentative d'introduire un nouveau couple à savoir Henry Turner et Carina Smyth tourne un peu court. Si la jeune femme fait avancer l'histoire - et s'avère un personnage finalement lié également aux premiers films - , Henry Turner n'est pas très impliqué dans l'histoire, si ce n'est sa quête qui est , heureusement, le moteur du script. Mais leur romance apparait convenue, visible à 10 km et n'a pas le côté piquant du triangle Sparrow/Tuner/Shaw, ni son aspect gentiment coquin. Dommage car il y avait sans doute mieux à faire de ce côté.

 

Autre semi-déception, le jeu de Johnny Depp qui se contente de faire du Jack Sparrow sans renouveler son personnage. Alors, oui, on prend plaisir à le retrouver et certains de ses dialogues sont toujours aussi décalés, mais force est de reconnaitre qu'il commence à tourner en rond et que son jeu d'acteur est souvent en roue libre, voire en pilotage automatique. Autant on le sentait concerné à 1000% sur les premiers films, autant là, il donne la désagréable impression de n'être là que pour son (énorme) cachet. 

 

Heureusement, La vengeance de Salazar dispose tout de même de sacrés atouts : son méchant tout d'abord, délicieusement interprété par Javem Bardem ! Salazar , dont on connaitra l'origine au mi-temps du métrage dans une scène qui nous permet de découvrir Jack au tout début de sa carrière de capitaine, est dans la lignée de Barbossa (toujours présent dans ce film d'ailleurs) ou du maître du Hollandais volant : un être machiavélique et sans pitié, mais dont le tragique destin s'explique par sa volonté de débarrasser les mers des pirates. Son équipage et lui même bénéficient d'effets visuels extraordinaires (sa chevelure flotte dans les airs comme s'il était tout le temps dans l'eau)  , atteignant sans soucis le degré d'excellence dont la saga se prévaut depuis le début.

 

De ce fait, la quête de Salazar, qui se double d'un désir de vengeance envers Jack Sparrow (décidément, il se sera mis à dos quasiment tous les navigateurs de l'époque) est finalement un moteur du film plus intéressant que celui de Henry Turner. 

 

L'autre atout est que les deux réalisateurs danois Joachim Ronning et Espen Sandberg ne sont pas des manchots et alignent les scènes très spectaculaires : le vol d'un coffre qui dévaste une ville côtière, l'origine de la malédiction de Salazar, la découverte du trident et l'affrontement final sont dignes des premiers opus. Qui plus est, leur montage est très lisible et ne sombre pas dans le sur-découpage. Les meilleurs moments du film sont également bien répartis tout du long du métrage, ce qui fait qu'on ne s'ennuie jamais et qu'il n'y a pas de baisse de régime.

 

Enfin, retrouver la quasi totalité des équipages de la saga, avec ses personnages haut en couleur participe également à la bonne tenue du film. On sent de la part des acteurs secondaires une implication réelle à travailler sur le film, à telle point qu'ils volent parfois la vedette à Depp.

 

Au final, ce 5e opus ne constitue pas le sommet de la saga, mais il s'apprécie pour peu que l'on fasse abstraction de ce que les autres films , le 3e notamment , nous apporté. Un bon divertissement donc, mais qui s'essouffle. La rumeur d'un reboot de Pirates de Caraïbes se faisant de plus plus entendre, on peut se demander s'il ne serait pas plus sage de laisser la saga en paix. Ou bien de repartir avec Will et Elisabeth comme la scène post-générique le laisse entendre.

Partager cet article
Repost0
23 mars 2020 1 23 /03 /mars /2020 07:44
Le grinch  - 2018 (****)

Le pitch  : personnage misanthrope, le Grinch décide de saboter la fête de Noël de Chouville dont le bonheur de vivre l'indispose.

 

Si le film éponyme de 2000 avec Jim Carrey , réalisé avec Ron Howard, avait été une bonne surprise , et une bonne adaptation du livre du Dr Seuss (sans compter que ce fut l'un des projets de maquillage les plus importants de l'histoire du cinéma), cette version animée, réalisée par le studio d'Illumination l'est tout autant.

 

Car, à partir d'une histoire très connue, les auteurs ont réussi à développer le thème , en allant plus loin dans la psychologie des personnages, notamment celle du Grinch et ils ont utilisé le médium de l'animation pour offrir au spectateur un film très spectaculaire. 

 

La 3D animée permet de faire quasiment tout ce qui passe par la tête de ceux qui imaginent ces mondes fantastiques. Et Illumination ne s'en est pas privé : Chouville est immense, scintillant de mille feux, bourrés de vie et d'une beauté sans égal. Les lumières de l'hiver sont très bien captées, très belles et donnent une coloration "chaude" aux décors. Quand à l'environnement du Grinch, là aussi, le souci du détail, l'adjonction d'un petit compagnon à 4 pattes et la taille démesurée de son repaire permettent également de surpasser le film éponyme de 2000. 

 

En fait, tout comme Horton en 2008, The Grinch se sublime en dessin animé. Car le médium permet d'aller plus loin, plus grand, plus fort. Les mouvements de caméra ne lésinent pas sur cet aspect spectaculaire non plus. Ainsi , la glissade en traineau de la petite héroïne au début du film est digne des grandes séquences d'action de n'importe quel blockbusters. De même , quand la caméra tourne autour des décors, fonce sur les personnages et se faufile dans les rues, on a l'impression d'être sur un manège. Sur grand écran et avec la 3D, le procédé était très immersif.

 

Voilà pour la technique. Mais on le sait, un bon film c'est avant tout une bonne histoire. Et  Michael Lesieur, le scénariste a su tirer le meilleur du livre, alternant les scènes drôles (la vie quotidienne du Grinch est irrésistible) et tendres (les interactions de la fillette avec sa maman ou ses amis). Il n'en oublie donc pas des passages très spectaculaires (le vol des cadeaux, la chasse aux rennes) tout en respectant là aussi le personnage. Enfin, dans le roman, l'intéressant est évidemment la prise de conscience du Grinch de son égoïsme et du mal qu'il fait en voulant réparer une injustice dont il s'estime victime. Cet aspect est là aussi très bien amené, préparant lentement le spectateur qui ne connaîtrait pas l'histoire au retournement final. 

 

Si on y ajoute un casting vocal très réussi, y compris en doublage VF, on comprend tout à fait le très bon score mondial du film, plus de 500 millions de dollars de recette pour un budget de 75. Car, et on oublie trop souvent de le dire mais Illumination ne fait pas dans l'escalade de dépenses pour ses films. Preuve que l'animation 3D, si elle coûte cher, peut rester raisonnable tout en offrant un très beau film, coloré et spectaculaire !

Partager cet article
Repost0
21 mars 2020 6 21 /03 /mars /2020 17:17
Midway (*****)

Le pitch : alors que la flotte américaine  a été décimée  à Pearl Harbor, un analyste américain tente d'alerter la hiérarchie militaire de l'imminence d'une attaque à Midway.

 

Les lecteurs de ce blog le savent : j'ai un faible pour Roland Emmerich et ce depuis un jour d'été 1992 où j'ai pu voir Universal Soldiers, un film dont je n'attendais pas grand chose (Van Damme, Lundgren, un inconnu allemand derrière la caméra) mais qui m'avait ébloui par sa réalisation, son rythme et son visuel. S'ensuivit Stargate, sublime SF à l'ancienne, ID4 , LA claque de 1996 , Godzilla, The Patriot et j'en passe.

 

La filmographie de Emmerich, je l'ai donc vu à chaque fois au cinéma sauf Stonewall (un drame historique sur la naissance du mouvement LGBT aux USA) et ...Midway !!

 

Car si en 2011, j'avais réussi à dégoter une salle qui projetait Anonymous (sans aucun doute son plus beau film, même si Midway s'en approche), impossible l'an dernier de trouver du temps pour aller voir le dernier opus d'Emmerich, du fait de son échec au box office français. Dans ma région, il est resté deux petites semaines à l'affiche.

 

Rattrapage donc avec le Blu-ray qui vient de sortir et que j'ai choppé dans une superbe édition métal, avec un disque supplémentaire de la Fnac contenant une interview inédite du réalisateur.

 

Midway renoue donc avec la face historique de Emmerich, qui avait déjà mêlé histoire et grand spectacle dans The Patriot (La révolution américaine), 10000 (la préhistoire et la naissance de l'agriculture, avec cependant un côté plutôt fantaisiste), Anonymous (Shakespeare a-t-il écrit ses pièces ?) et donc Midway, un projet qu'il portait depuis la fin des années 2000. En effet, le 21 septembre 2009, Roland Emmerich avait annoncé, alors qu'il présentait 2012, que la bataille du Pacifique était un de ses projets à venir.

 

Il aura donc fallu 10 ans pour que le film se fasse. Les raisons ? Sony avait refusé le film (n'oublions pas que Midway fut une défaite japonaise) ce qui amena Emmerich a chercher d'autres partenaires. Pearl Harbor de Michael Bay (qui fut loin d'être un échec commercial comme je l'ai lu à droite et à gauche, avec 450 millions de recettes mondiales pour un budget de 140) avait également raconté une partie de l'histoire de la guerre du Pacifique. Enfin, les films historiques sont toujours un énorme pari. Même Spielberg ne parvient toujours à faire d'un triomphe de toutes ses incursions : Cheval de guerre en est un bel exemple.

 

Mais au final, Emmerich est parvenu à réunir un budget de 100 millions de dollars et, sa science des effets visuels aidant (le making of montre bien comment il réussit à passer d'un plateau, certes énorme, à un porte avion naviguant sur le Pacifique) , restitue donc l'ampleur de la bataille. 

 

Blindé par un script en béton, basé sur les protagonistes réels et les péripéties vécues, Midway est un mélange rare de réalisme et de spectaculaire. Démarrant quelques années avant Pearl Harbor, quand l'agent de renseignements Layton (impeccable Patrick Wilson) commence à se doute que le Japon ne  joue pas franc jeu, le film passe rapidement sur l'attaque surprise de décembre 41 puis le raid de Doolittle (vu dans le métrage de Michael Bay) avant de s'attaquer à son sujet proprement dit. Mais cette longue introduction permet de poser tous les protagonistes, d'expliquer clairement l'enjeu de la bataille - si les Japonais avaient réussi à anéantir totalement la flotte américaine, le Pacifique leur aurait appartenu et la côte Ouest devenait vulnérable - et de permettre au spectateur de suivre une chronologie quelque peu complexe pour celui qui ne connaît pas cette phase de la guerre.

 

En confiant les rôles à de solides acteurs , Woody Harrelson en Nimitz, Dennis Quaid en Haisley (les deux acteurs avaient d'ailleurs déjà travailler avec le réalisateur) ou Aaron Eckart en Doolittle, Emmerich ancre son projet dans du concret. Et le reste du casting est à l'avenant !  Luke Evan et Ed Skrein interprètent les deux faces de l'aviation : le posé et la tête brûlée. Mais chacun, à sa façon, participera à la victoire.

 

Soucieux de réalisme, Emmerich ne s'embarrasse pas de romance. Malgré toutes les qualités du film de Michael Bay (que j'avais revu en revenant de Los Angeles il y a un an, ayant séjourné dans le motel où furent tournées quelques scènes) , le film était quelque peu parasité par la romance du trio vedette. Là, l'histoire ne s'intéresse qu'à la bataille, ce qui n'empêche pas des scènes intimistes, très réussies d'ailleurs. Il ne double pas non plus les dialogues en japonais , sauf quand ils parlent avec des Américains. Et on sait que c'est toujours très risqué aux USA, le public ayant du mal avec les sous-titres.

 

En fait, Midway est un film très didactique , pédagogique même. Le scénariste Wes Tooke, dont une partie de la famille était dans la Navy, a fait un travail énorme pour rendre accessible à tous le compte à rebours, les étapes de la bataille, et ce des deux côtés, et Roland Emmerich magnifie ce script par une mise en scène fluide et très lisible. Mais il n'en oublie pas qu'un film de guerre peut être spectaculaire et son professionnalisme sans faille, sa connaissance des effets visuels et son sens de l'image font le reste. 

 

Midway est un film à très grand spectacle, avec une reconstitution maniaque des attaques japonaises ou américaines. Mais là aussi, Emmerich ne fait pas dans l'esbroufe , il se base sur des images d'archives et reste fidèle au leitmotiv de départ : ne pas amplifier, ne pas magnifier, respecter la réalité.

 

Au final, Midway est un superbe film, magistralement interprété , réalisé par professionnalisme sans faille. Rien ne distraira le spectateur de l'histoire et son échec commercial (124 millions de recettes mondiales seulement) ne peut s'expliquer que par une chose : le public ne s'est pas intéressé  à cette histoire. Et c'est bien dommage.

 

Profitez donc de la sortie vidéo pour vivre cette bataille et vous comprendrez comment, en quelques minutes, l'Amérique a réussi à inverser le cours de la guerre. 

 

Chapeau et merci , Monsieur Emmerich !

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Salla Obscursium Invocat
  • : BO US, BO France, BO Mondial, chroniques ciné, Chroniques DVD..... Toujours sans concessions et politiquement incorrect !!
  • Contact

  • Dave
  • Enseignant, fan de cinéma et de métal, chanteur dans différents groupe de métal, collectionneur de tout ce qui touche à Star Wars... what else ?
  • Enseignant, fan de cinéma et de métal, chanteur dans différents groupe de métal, collectionneur de tout ce qui touche à Star Wars... what else ?

La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

L'affiche du moment