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20 septembre 2008 6 20 /09 /septembre /2008 06:55
Allet, j'ai déjà la nostalgie des vacances, avec ce temps déjà froid. Raison de plus de republier cet avis, paru il y a deux ans sur l'ancien SOI.

le pitch : Un chirurgien esthétique se voit contraint de plonger dans un monde impitoyable , celui du camping !!

 
Excellente surprise que ce film. Alors qu'on s'attend à une grosse comédie bien grasse, on découvre une chronique douce amère sur un monde que nous avons tous connu (et que certains, dont votre serviteur, continue à connaître !! Et avec joie) , un vision finalement tendre et des personnages attachants. Camping sent le vécu et se moque gentiment de ces vacances pas comme les autres. Logique, Franc Dubosc a passé ses vacances plus de 33 ans dans des campings. Pas question pour lui de céder à la caricature grossière et insultante mais bel et bien de rendre hommage à son passé.

Camping réussit là où Les Bronzés 3 ont échoué : proposer une série de sketches qui , mis bout à bout, forment le corps d'un récit linéaire et ne pas s'embarrasser d'histoires parallèles inutiles. En reprenant la structure de Jet Set (une personne plongée dans un univers qu'elle ne connaît pas) tout en l'inversant (ici , Gérard Lanvin n'a jamais voulu pénétrer ce monde) , Fabien Onteniente redécouvre un cinéma simple et populaire, loin de la vulgarité sophistiquée de People. Avec des acteurs au diapason, il parvient à faire rire, émouvoir sans jamais franchir la mince ligne qui sépare de la comédie bébête.

La comédie tire sa force des dialogues. La maxime se vérifie ici. Chaque acteur aligne de véritables perles qui font mouche. Ces dialogues remplacent les gags (quasi inexistant) et les grosses ficelles. Certes, on a un peu peur avec les premières scènes de Lanvin dans sa clinique. Mais dès que l'histoire se déplace aux Flots bleus (un vrai camping qui , soit dit en passant , profite à fond du succès du film) , exit les craintes et place à la franche rigolade. Voir Claude Brasseur dire que les 30 bouteilles de Pastis ont englouti un quart du budget l'année d'avant, ce qui l'oblige à utiliser la petite boule est un régal. Autres perles "avec la couilette, je maîtrise la consommation" ou "Chassez le naturiste, il revient au bungalow" !!. Et ne parlons pas de cette scène culte qu'est la négociation avec les nudistes.
Mathilde Seigner , pourtant peu souriante (mais toujours aussi jolie)  , déclame en plein restaurant "Mon mari est un brouteur de minou" et on rit. Tous les acteurs ont droit à leur futur classique. Mention spéciale bien sûr pour Patrick Chirac Alias Frank Dubosc qui obtient les plus belles répliques. Sans en faire de trop (une tare trop présente chez les comiques issus de la télé ou de la radio), ses reflexions "philosophiques"  sur la vie, les femmes , le Benco valent là aussi leur pesant d'or.

Mais une comédie ce sont des personnages. Ici, ils sont sufisamment typés pour qu'on ne les confonde pas mais sans pour autant tomber dans le gros cliché. Ainsi, le vieux couple de campeurs incarné par Claude Brasseur et Mylène Demongeot (que l'on avait redécouvert dans 36, quai des orfèvres) symbolise à lui seul les gens pour qui rien ne doit changer, surtout pas en vacances. Et quand Lanvin leur demande pourquoi ils n'achètent pas une maison dans la coin, Brasseur a cette réponse géniale car véridique "oui, mais on peut aller ailleurs si on veut". Autre couple, celui de Mathilde Seigner. Le réalisateur ne la met pas à son avantage dans ce rôle de femme ternie par la vie, meurtrie par l'infidelité de son mari et qui ne sait plus qui elle est. Là aussi, un tâcheron en aurait fait une folle lubrique. Mais le scénario a le respect (et la pudeur) de lui faire comprendre qu'elle peut pardonner à son mari. Touchante et sincère, Mathilde Seigner est véritablement la lumière de Camping.

 Gérard Lanvin retrouve un rôle comme on aime chez lui : râleur mais finalement généreux. Un personnage que l'on juge antipathique puis sympa puis de nouveau antipathique.... Son personnage ne va pas se fondre dans l'univers du camping comme on aurait pu le penser. Il va même rejeter ses nouveaux amis puis se raviser par l'intermédiaire de sa fille. Son mépris pour les vrais gens va finalement être vaincu par la générosité des campeurs.

 Certes, ils n'ont pas inventé l'eau chaude (on a quand même droit à tous les délires des vacances au camping, avec les fameuses soirées à thèmes, les courses déguisés en canard, les sorties dans les boîtes minables, l'election de Miss Camping et autres délices des 4 étoiles. On a même droit à un caméo de Bernard Montiel, l'ex-présentateur de Vidéo Gag) mais ils ne revendiquent qu'une vie simple. Lanvin va donc devoir abandonner provisoirement sa sophistication mais le film ne se fait jamais démagogique au point de le transformer en campeur. Il traverse l'histoire en râlant, en ne comprenant pas ce qu'il lui arrive et surtout en n'ayant que peu de reconnaissance envers ceux qui l'ont aidés. Et même si ce séjour l'aura transformé, il ne sera pas pour autant un autre homme. Pas de conte de fée à la Jet Set donc mais une véritable chronique de deux hommes seuls qui choississent d'affronter leur solitude différement.

C'est finalement sa fille qui le fera revenir à d'autres sentiments, preuve supplémentaires d'un refus de l'illogisme. C'est par son "camp" que Michel changera quelque peu. Mais jamais il ne comprendra vraiment la chance qu'il lui aura été offerte.

L'autre solitaire c'est Dubosc. On peut le voir comme un niais, un dragueur, un abruti ou un imbécile heureux (il m'a rappelé Bourvil dans certains de ses rôles) mais son personnage est un vrai tendre, un type qui a le coeur sur la main, qui accueille sous sa tente un étranger, allant jusqu'à payer sa part. Il veut que Lanvin fasse partie de son univers sans se rendre compte que ce dernier refuse de quitter le sien. Et même en s'apercevant de la duplicité de Lanvin, il lui pardonnera. Un rôle rare donc dans les comédies où les vrais salauds ne sont pas forcément ceux que l'on pense. Patrick Chirac est un peu le cousin éloigné de François Pignon, version tongue et slip de plage. En plus beauf bien sûr et l'écriture du personnage flirte souvent avec la caricature. Mais Dubosc parvient à rendre attachant cet imbécile (mal)heureux , empétré dans ses contradictions, amoureux de sa femme mais dragueur minable. Rien que le patronyme Chirac résume le personnage : un type qui a raté sa vie mais qui ne veut pas rater ses vacances et qui se complait dans une délicieuse routine.

On pourra me dire que le film n'est qu'une accumulation de clichés sur le camping. C'est vrai mais c'est fait avec tendresse. Alors oui, Camping n'est pas le chef d'oeuvre de l'année. Mais on ne lui demandait pas . Ce n'est qu'un film comique qui est drôle. Et ce n'est pas si courant, par les temps qui court.

NB  : le film est dédié à Jacques Villeret. L'acteur aurait du incarner le rôle tenu par Claude Brasseur (un rôle de composition). Le destin en a voulu autrement. Mais sur son nuage, Villeret doit sûrement être très fier du rôle qui a échu à un de ses amis.
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10 septembre 2008 3 10 /09 /septembre /2008 06:33
Sixième sens fut le premier choc de cette année 2000 , un film virtuose, fantastique dans tous les sens du terme, un modèle d'écriture et une oeuvre montrant que le film de genre pouvait mixer la puissance et la finesse.

Incassable est le dernier choc de cette année 2000 , un film virtuose, fantastique dans tous les sens du terme, un modèle d'écriture et une oeuvre montrant que le film de genre pouvait mixer la puissance et la finesse.

Ma chronique pourrait s'arrêter là tant il y a peu de choses à ajouter sur un tel film. Mais en fait, Incassable est un film tellement riche que l'on pourrait faire des pages et des pages sans épuiser le sujet.

L'intelligence de Night Shyamalan est de ne pas avoir fait la séquelle de Sixième sens . Bien sur, on trouve dans la forme du film ce qui fait la beauté de son précédent opus : lents mouvements de caméra, gros plans sur des visages torturés, parfaite utilisation de la musique de James Newton Howard. On retrouve aussi cette lente montée en puissance du sujet, les décors tristes de Philadelphie, les teintes ocres et marrons (il y a vraiment très peu de rouge ou de jaune) et bien evidement Bruce Willis. Willis qui montre (mais le vrai cinéphile le sait depuis longtemps) l'étendue de son talent . C'est sa vulnérabilité qui en fait sa force et qui lui a évité les déboires d'Arnold ou de Stalonne. Willis a su faire les bons choix au bon moments, a su prendre des risques pas si calculés que ça. Face à lui, Samuel Jackson, son partenaire de Die Hard III est parfait dans le rôle de l'exact opposé de son personnage. Comme dans Sixième sens , les personnages ont été travaillés, on sent leur passé, leur souffrance , leur conflit.

Mais Incassable raconte une histoire totalement différente de Sixième sens. En fait, si vous lisez , comme moi, des comics , vous contasterez que incassable étend sur 1h40 la parfaite génèse d'un super héros et que la chute finale , vertigineuse, ouvre le film sur les deux séquelles que Night nous avait promis.  (hélas , le cinéaste a changé d'avis depuis). La chute de Sixième sens mettait un terme définitif au film, celle de Incassable ne fait que commencer le deuxième. Une véritable fin ouverte. Si Incassable dérange (le film a moins bien marché aux USA que Sixième sens) c'est qu'il laisse volontairement des tas de zones d'ombres, à la manière d'un Episode I. Et pourtant, la fin est d'une logique implacable comme la construction du film. En clair, Incassable est tout simplement le meilleur film de Super Héros de tous les temps , ne sacrifiant pas à l'action bigger than life, dépassant même X-Men car inventant une mythologie complète. Le seul défaut de Incassable est qu'il faudra attendre que vos amis aient vu le film pour en discuter.

Incassable est non seulement une oeuvre de grande classe mais aussi une reflexion aigue sur le monde, la mort et l'amour. Son seul vrai effet spécial est son scénario , très très loin des standards en vogues à Hollywood. Incassable mérite sans doute le titre de chef d'oeuvre et ne sera pas tout de suite comprise. Mais je le répète, sa chute vertigineuse autorise tous les espoirs et tous les délires. L'attente va être longue, très longue mais Shyalaman peut se vanter d'avoir réussi à créer ce qui sera sans doute la première mythologie du XXIeme siècle
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4 septembre 2008 4 04 /09 /septembre /2008 07:07
Le pitch : Arrivée d'un nouvel adversaire pour Batman, le Joker !! Semant le chaos et la mort autour de lui, il va plonger le chevalier noir aux limites de ses convictions.

Vous pensiez qu’Incassable allait très loin dans la tête d’un super héros ?

Vous pensiez que Superman Returns représentait le summum du film de super héros ?

Vous pensiez que, côté spectacle, on ne ferait pas mieux qu’X-Men 2 ?

Vous pensiez que Jack Nicholson est le joker ultime ?

Vous pensiez que la complexité d’un scénario ne s’accordait pas avec de l’entertainement ?

Vous pensiez que seuls les drames psychologiques primés à Cannes vous offraient une réflexion sur ce qui définit un être humain ?

Vous pensiez que la notion de liberté de choix était une chose que l’on ne pouvait pas voir dans un film fantastique ?

Vous pensiez que Batman Begins était le meilleur film de la franchise ?

Vous pensiez cela ? Vous aviez tort !!

The Dark Knight enfonce allègrement tout ce que je viens de citer et intronise définitivement les frères Nolan parmi les plus grands cinéastes contemporains !!

Dark Knight commence très fort par une attaque de banque qui renverrait presque celle de Heat au rang de passage d’un Navarro. D’entrée les enjeux sont posés : le Joker est un anarchiste fini qui n’entend que semer le chaos et détruire, non pas Gotham, mais son âme !!

Le choix d’Heath Ledger est, bien entendu, un grand choix : l’acteur est né pour ce rôle. Il en ferait presque de l’ombre à Christian Bale.

Presque, car Bale garde intact son côté sombre qui prouve que, finalement, il n’est pas si différent du Joker.

Le scénario joue alors sur deux aspects : la vision « sans règles » du Joker et les tentatives désespérées de Batman, Gordon et Dent d’imposer les leurs. Or, sans déflorer l’histoire, force est de constater que le Joker a toujours un coup d’avance et qu’il manipule tout le monde, la pègre, la police, les héros, la presse, la ville même.

Là où le trio super héros-policier-procureur tente de faire régner l’ordre, avec des moyens totalement différents mais, finalement, complémentaires, le joker impose son ordre. Un ordre né du chaos et amené à faire douter l’âme de Gotham !!

À cet égard, la scène du ferry est édifiante : le Joker place alors bons et méchants devant un choix moral, terrifiant. Son but est de détruire la ville par la haine. Adversaire bien plus dangereux qu’un quelconque épouvantail, il entend devenir l’âme de la ville, une âme tordue, damnée et brutale.

Autre but du Joker, détruire la réputation de l’autre, l’amener à lui ressembler. Harvey Dent en fera les frais et finalement ira rejoindre le monstre dans les ténèbres qu’il avait juré d’éradiquer. Dent, devenu Double Face ne se comporte plus comme un homme mais comme ceux qu’il combattait. Pathétique Dent, tombé plus bas que terre. Terrifiant Dent, prêt à tout pour obtenir une once de vengeance.

Et Batman dans tout cela ? Lui aussi est prêt de succomber, lui aussi doute de sa mission. Mais au final, il accepte d’endosser le rôle quasi christique du méchant de service. Batman sacrifie son personnage, son intégrité, sa réputation pour sa ville et pour les autres. Il accepte de tout perdre pour ne pas trahir son serment : protéger le faible, celui qui n’a pas accès à sa force, son argent, sa technologie.

En réalisant un film basé sur la dualité, les frères Nolan élèvent Batman au rang de mythe.Alors oui, on peut ajouter que les scènes spectaculaires pullulent , oui que des moyens démesurés sont à l’écran que l’on nous offre des guest stars de choc, que la musique est une expérience démente, que la bat moto est géniale, que le film doit être vu sur le plus écran possible (comme j’envie les américains qui l’ont vu en Imax !!). On peut y ajouter des effets visuels parfaitement intégrés et souvent impressionnant , comme le maquillage de Double Face qui renvoie celui du film de 95 à un accessoire de carnaval. Tout cela contribue à la réussite du film mais au final, ce n’est pas l’essentiel.

L’essentiel est bien là dans cet affrontement psychologique entre le bien et le mal, l’ordre et le chaos. Et la grande force du film est que les frères Nolan nous font croire pendant la quasi-totalité du métrage qu’ils sont du côté du Joker avant de, dans les dernières minutes du film, offrir une victoire ambiguë au caped crusader, ce dernier devenant alors le chevalier noir !!
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1 septembre 2008 1 01 /09 /septembre /2008 07:39
Après le triomphe de 6eme sens et le succès plus mitigé d'Incassable (Quoique plus de 350 millions de dollars de recette !!) , M Night Shyamalan était attendu au tournant. Allait-il continuer sur sa lancée du retournement de dernière minute ou se renouveler ? Malin, le réalisateur a tout simplement opté pour une solution médiane. Sans renier son attachement au fantastique, il investit de nouveau un thème archiconnu (l'invasion extraterrestre) mais continue à le traiter sous un angle intimiste. Le spectaculaire est donc d'ores et déjà exclu. De toutes façons, sur ce thème impossible de faire mieux qu'ID4.

Signes prend donc comme décor une ferme de Pennsylvanie et comme personnage une famille brisée par la mort récente de la mère. Gibson, extraordinaire dans un rôle où , à l'instar de Bruce Willis, il se débarrasse de tous ses tics, en est le pivot : un pasteur qui a perdu la foi et qui traîne son amertume , entraînant ses enfants et son frère dans une spirale plus ou moins autodestructrice. Mais comme souvent chez Shyamalan, le vrai pivot a moins de 10 ans. Dans 6eme sens, tout le film tournait autour des visions de l'enfant. Dans Incassable, c'est l'enfant qui obligeait Willis à ouvrir les yeux sur ses pouvoirs (la scène magistrale où il pointe une arme sur son père). Dans Signes, sitôt le thème de l'invasion posée, ce sont les enfants et , dans une moindre mesure, le jeune frère (prodigieux Joachim Phoenix) qui mènent la danse. Gibson est donc obligé de suivre et il ne reprendra l'initiative qu'à la toute fin de l'histoire. Le thème arrive d'ailleurs très vite : en quelques minutes , nous découvrons le décor, la famille et les crop circles.

Signes est à l'image de la mise en scène de son auteur : lent, hypnotique et gracieux. Les scènes s'enchaînent sans failles et , une fois de plus, la précision des images ainsi que le hors champs , dont l'emploi ici confine au génie, permettent au spectateur de s'immerger totalement. Pour la 3eme fois, Shyamalan prouve qu'il n'est nul besoin d'effets visuels complexes, d'explosions titanesques ou de climax démentiel pour offrir un film fantastique digne de ce nom. Reprenant , sans se cacher, le thème des Oiseaux d'Hitchcok, il se permet même de laisser sans réponse l'essentiel des questions : pourquoi cette invasion ? Comment expliquer son échec ? L'emprise qu'offre le film au spectateur trop heureux de se laisser berner permet cette façon de faire que l'on en tolérait pas chez un tâcheron !

La grande nouveauté de Signes est sa gestion de la peur. Si 6eme sens offrait quelques scènes choc , il en émanait un sentiment de malaise mais pas de terreur. Ici, dès les premières minutes, le malaise devient pesant et va se transformer en peur absolue au fur et à mesure du film. A l'aide de quelques images (l'apparition de la créature sur le toit , la vision de sa jambe dans le champ, le dessin dans le livre sur les OVNI) , Shyamalan nous dit : "Attention , ces ET ne nous veulent pas du bien". Reprenant la théorie des Dents de la mer (Moins on en voit, mieux c'est) , Signes économise ses effets , ne brûle pas ses cartouches. Résultat : la scène où Phoenix regarde la vidéo amateur brésilienne nous glace le sang et reprend l'horreur du 11 septembre. La terreur éprouvée par le frère est palpable et passe au delà de l'écran. Et Shyamalan enfonce le clou quand la créature tente de prendre les couteau des mains de Gibson à travers la porte.

Désormais, toute la fin du film n'est qu'un long cauchemar qui s'inspire cette fois de La nuit des morts vivants. Une fois de plus le hors champ est constamment sollicité. On ne les voit pas mais on sait qu'ILS sont là. Et quand l'aube se lève, porteuse d'un nouvel espoir, on sait très bien que le répit ne sera peut être pas si long. Après tout, le livre ne dit-il pas : "S'ils sont mis en échec, ils reviendront."

La fin a pu poser problème car c'est le retour de la foi qui permet à Gibson de sauver son fils. Je pense personnellement que, au delà d'une foi religieuse (que je ne partage pas) , c'est peut être la capacité à croire qui est sollicitée. Shyamalan nous dit que rien n'arrive par hasard et ce sont les dernières paroles de sa femme qui sauveront Gibson. Il est clair que , suite à cette expérience , Gibson ne pouvait que retrouver la foi. Mais faut-il vraiment taxer cette fin d'happy end religieux ? Peut être pas. Chacun est libre d'imaginer les derniers plans : passé (il y a deux oreillers sur le lit) ? futur ? (il neige).

En se concentrant sur sa mise en scène et sa direction d'acteurs, Shyamalan permet également au délicat équilibre de durer . L'insertion de quelques moment d'humour désamorce un peu le malaise mais l'espace de quelques instants seulement. Enfin, la musique joue également son rôle de manipulatrice. Manipulation : voilà le maître mot de Signes. le réalisateur, à l'instar de Spielberg, nous connaît et nous manipule, sans honte aucune. Pour certains, c'est l'apologie d'un cinéma commercial. Peut être mais en quoi la manipulation à des fins de divertissement est elle condamnable. Le débat est ouvert !

La force de Signes est justement d'amener le spectateur où il ne souhaite pas aller. Ceux qui attendait une révélation style 6eme sens sont obligés d'admettre qu'un film à chute peut parfois se passer de chute. Ceux qui espérait un traitement spectaculaire sont obligés d'admettre que parfois, moins c'est mieux. Et ceux qui espérait assister à un spectacle de terreur sont récompensés au delà de leurs espoirs. Signes fout carrément la trouille et c'est la peur au ventre que l'on voit se dérouler le film. Malin, voire roublard, Shyamalan sait comment nous frapper à l'estomac et ne s'en prive pas. Après nous avoir donné l'un des meilleurs (le meilleur ?) films de super héros , son Signes s'inscrira forcément au firmament des films de terreurs. Dommage vraiment que le public français n'ait pas désiré le suivre plus fortement dans cette quête sans nom.
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26 août 2008 2 26 /08 /août /2008 07:39
Le pitch : le gardien d'une résidence de Philadelphie découvre une "nymphe" dans la piscine. L'étrange jeune femme est en mission. Mais laquelle ? A lui de le découvrir.

Les visiteurs de SOI savent que j'ai un faible pour M.Night Shyamalan. Tous ces films, y compris Le Village , m'inspirent et certains ont même été des repères spirituelles pour moi. D'où un sentiment parfois mitigé à la vision de La jeune fille de l'eau, le cinéaste indo-américain ayant visiblement mal encaissé le clash avec Buena Vista.

Attention, je dis parfois. Car le film peut tour à tour vous émerveiller (la mise en scène est absolument époustouflante, d'une grande douceur et la direction d'acteur donne le vertige tant elle est maîtrisée) puis vous irriter (certains scènes sont incongrues et quelques personnages sont indignes du maître).

Commençons par le négatif . Le film commence par un petit cartoon bien trop explicatif. Est ce une volonté de la Warner , sans doute désorientée par le métrage , de vouloir tout expliquer ? Toujours est-il qu'une énorme partie de l'intrigue est ainsi déflorée. Les surprises n'en sont donc plus, bien au contraire, et le film perd tout son suspens !! Un comble pour un cinéaste qui a bâti sa carrière sur des scripts hors pairs et bourrés de surprises !!

Autre source d'agacement (mais aussi de réjouissance, ce qui être paradoxal), le recours à un conte qui permet de faire avancer le héros. Que cet argument narratif soit utilisé une fois (quand le héros demande à une des locataires si elle connaît un des mots qu'a prononcé la nymphe , par exemple) , passe encore. Mais ce gymnick est utilisé plusieurs fois dans le film. Qu'est ce qui aurait empêché le gardien de faire ses propres recherches, découvrant alors par lui même la vérité ? Mais si l'on considère que le film est une réflexion sur le mythe, alors il devient logique que ce soit par le biais de la parole , qui plus est traduite, que l'histoire avance.

Enfin, certains personnages sont inaboutis. Même le traumatisme du héros n'est pas exploité de manière optimale. Le pompon revient à un critique de cinéma (?) que Shyamalan expédie dans une scène , certes très bien écrite , mais hors de propos. On a d'ailleurs l'impression que le cinéaste se venge. A brasser trop de résidents, Shyamalan prend le risque d'en effleurer. Et tombe parfois dans le trop juste, tout en évitant le cliché. Pas de bimbo, pas de fier à bras mais une galerie attachante de personnages qu'on ne voit rarement dans des films : une maman chinoise , un bodybuiler un peu neuneu, une équipe de jeunes grassouillettes, un écrivain en devenir qui vit avec sa soeur... une galerie peu typée, et qui aurait gagné à être plus étoffée.

Mais ces points négatifs ne résistent pas à ceux positifs du film . La jeune fille de l'eau a pour lui un scénario original qui n'est ni une séquelle, ni une adaptation. Shyamalan s'est sans doute inspiré d'un conte (mais lequel) ? ou de plusieurs pour nous offrir une relecture de la fantasy. Après avoir exploré la peur dans Signs puis la manipulation dans Le village, le cinéaste s'interesse à la construction d'un mythe. Son script est incroyablement abouti et ce , malgré les facilités citées plus hauts.

De plus, à la manière d'un McTierman, Shyamalan ose interroger sa propre vision du cinéma et casser le mythe de la progression du récit. Ici, ce sont les acteurs qui font avancer l'histoire et non des péripéties quelconques. On sent d'ailleurs un immense respect dans la légende racontée par la maman chinoise. Et cette maman, c'est tout simplement le scénariste expliquant à un réalisateur où il veut en venir. La subtilité de la chose peut parfois être trop soulignée mais il est clair que La jeune fille de l'eau n'est pas qu'un essai sur le mythe.

Certes, on peut parfois se demander où il veut en venir : film d'épouvante ? conte de fée ? satire sociale ? Sans doute tout cela à la fois. Mais cela serait aussi mettre de côté la puissance comique du film. Car La jeune fille de l'eau recèle plusieurs scènes de pure comédie, souvent impeccablement réussies et d'une grande rigueur niveau mise en scène . Pas de gags idiots mais l'irruption du fantastique dans des vies mornes tire irrésistiblement vers le côté drôle des individus obligés de faire ce qu'ils n'ont pas l'habitude de faire. c'est sans doute ce mélange des genres qui met mal à l'aise une partie du (maigre) public. On a vraiment affaire à un OVNI, un film n'obéissant à aucune règle, bien au contraire. Shymalan n'est toujours pas dans le moule d'Hollywood et ses budgets restent raisonnable. On peut même dire qu'il reste un des derniers auteurs d'arts et d'essai de Los Angeles à oser voir les choses en grand.

Il est aidé par des acteurs franchement étonnant. Passons rapidement sur  Bryce Dallas Howard, dont le rôle quasi-muet permet de tout faire passer par son étrange regard. Sa beauté (à peine voilée par une pudique chemise) illumine également toutes les scènes où elle apparaît. Sa fragilité , enfin, bien loin des personnages stéréotypés que l'on voit dans les films actuels, démontre que l'icône féminine de la grande époque holywoodienne n'a pas dit son dernier mot. Ici , aucun effet de mode qui gangrène les films fantastique style femme forte et cie. La nymphe est et reste un personnage mystérieux, éthéré, fascinant.

Face à elle, Paul Giamatti joue à la perfection l'homme ordinaire confronté à l'extra-ordinaire. Shyamalan a su tirer de lui ce qu'il avait su tirer de Bruce Willis ou Mel Gibson. Mais son statut de non-star renforce encore l'identification. Giamatti est un homme normal, un spectateur lambda dans le film qui ne devient qu'acteur de l'histoire que par intermittence. Il cherche d'ailleurs sans arrêt à déléguer ses responsabilités aux autres.

Enfin, le réalisateur se met encore en scène et prouve qu'il a envie de jouer, que ce n'est pas un caprice de metteur en scène. Ce qui pouvait passer pour un clin d'oeil à Hitchcok (dont l'admiration que lui porte Shyamalan est bien connue) est en passe de devenir un vrai désir de jouer. Et comme il est aussi bon acteur que directeur de film....

Il ne faudrait pas que cet échec relatif ne détourne le réalisateur de son but  : faire des films intelligents et originaux dans un monde où la rentabilité à court terme est érigé en veau d'or.

La jeune fille de l'eau est un film déroutant, parfois décevant, souvent brillant, sans doute incompris. Une oeuvre que la vidéo devrait remettre à sa juste place et lui rendre sa juste valeur.
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22 août 2008 5 22 /08 /août /2008 11:05
Le pitch : Un an s’est écoulé dans notre monde mais 1300 à Narnia. Attirés par la trompe du prince Caspian, héritier dont l’avenir semble bien compromis, Peter et sa famille vont vite voir que le monde qu’ils ont connu a totalement disparu et qu’il va falloir de nouveau se battre pour le reconquérir.

Le premier chapitre de Narnia avait mis la barre très haut côté fantasy et s’était avéré une adaptation fidèle du roman de CS Lewis, ne laissant rien de côté, y compris sa thématique Chrétienne prononcée. Ce deuxième opus va plus loin côté spectaculaire, s’avère être beaucoup plus sombre et semble laisser de côté le thème religieux.

Semble ? Oui, semble car comme je le développerai plus loin, le christianisme est toujours là mais de manière moins apparente.

Le prince Caspian est un film spectaculaire, riche en batailles et en images chocs. Là dessus, pas de déception, il est clair que le réalisateur a mis l’accent sur la surenchère avec plus de créatures, plus de combats (dont un formidable duel entre Peter et un adversaire bien plus vieux que lui) et des mouvements de caméras bien plus audacieux. Ainsi la tentative du conquête du château de Caspian est un véritable régal, la caméra volant littéralement au-dessus d’un décor somptueux, aidée par un montage clair et précis.

La technique est irréprochable et les 200 millions de dollars sont bel et bien à l’écran. Weta a fait un travail d’orfèvre et mis la barre très haute, une fois de plus.

Mais si le film affiche une démesure visuelle encore plus grande, paradoxalement, il perd quelque peu l’innocence du 1er épisode. Les enfants ne voient plus le monde de Narnia avec des yeux découvreurs et émerveillés mais comme de vieux habitués. Logique alors que le spectacle se fasse plus sombre et éloigne donc le jeune public, ce qui explique sa performance moindre au Box Office.

Les enfants ont grandi, Narnia n’est donc plus ce monde féerique mais un univers plus dangereux, où l’amitié ne suffit pas forcément à la survie. On peut également trouver étonnant la présence de deux héros, Peter et Caspian (défaut déjà présent dans le livre), ce qui réduit considérablement la sympathie du public envers le jeune prince, ce dernier se posant en adversaire/rival du héros du premier film. Et ce n’est pas la timide histoire d’amour naissante entre Caspian et Suzanne qui parvient à redresser cet aspect. Mais si cette transition était indispensable dans les livres, afin de préparer les derniers volumes, elle dessert ici le film.

Cependant, Le prince Caspian détient toujours un atout maître : la sublime Lucy, véritable âme de Narnia. La fillette ne se contente pas d’illuminer chaque plan où elle apparaît, elle est la seul à croire en Aslan. Et c’est là que se développe le thème cher à Lewis : la foi.

Si le premier film mettait en scène le mystère de la résurrection, Le prince Caspian met en scène le thème de la croyance. Lucy seule croyait qu’elle retournerait à Narnia, elle seule savait qu’Aslan était là. Lucy n’a pas besoin de voir pour croire, elle croit car elle sait que sa foi est intacte.

Le thème, tout en filigrane, est merveilleusement bien exploité et quand Aslan rappelle à Lucy qu’elle a tout de même mis un peu de temps pour le rejoindre, alors le spectateur peut se demander si, lui, il croyait en Aslan.

À une époque où la foi est parfois ténue, Le prince Caspian est bien plus qu’un simple divertissement, qu’un film de Fantasy, c’est une profonde réflexion sur ce que nous croyons. Ou voulons croire.

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21 août 2008 4 21 /08 /août /2008 09:43
La récente sortie de Phénomènes (que je n'ai, hélas, pas eu le temps de voir au cinéma) me permet de remettre en ligne les autres chroniques de M.Night Shyamalan. On commence par Le Village, injustement dénigré à sa sortie.

Le pitch : Au XIXeme siècle , en Pennsylvannie, une communauté villageoise vit sous la terreur de mystérieuses créatures qui hantent les bois avoisinants. Alors qu'il est interdit aux gens du village de pénétrer dans les bois, un jeune  homme va braver le tabou ..

Depuis 1999 et le succès surprise de 6eme sens, M.Night Shyamalan nous a habitué à des films d'une intensité rare ,totalement maîtrisés et surtout dotés de scénarii diaboliques, visant avant tout à surprendre le spectateur , trop habitué à des formules convenues et à des déroulements linéaires prévisibles. Le village n'échappe pas à cette règle mais ce n'est pas son retournement final qui est l'aspect important du film (tout comme dans Signes) mais bel et bien le traitement qu'en apporte le cinéaste. Alors que Signes s'imposait comme un témoignage de terreur pure, Le village est une analyse de ce qu'engendre la peur et de ses moyens d'y parvenir. Le mot manipulation est en fait le sujet principal du film.

D'un point de vue cinématographique, le film est un pur régal. La mise en scène de Shyamalan , d'un classissisme absolu, est une fois de plus réglée au cordeau. La préparation intense et les storyboards montrent bien que rien n'est laissé au hasard. Chaque plan est composé de manière magistrale et le cinéaste ne cède jamais aux effets de mode, bien au  contraire. Ce qui n'est pas synonyme de lourdeur : les plans en contre plongée et les vues aériennes abondent. Ils ne sont pas là pour faire de l'esbrouffe mais pour faire avancer l'action et le propos. Ainsi la découverte du village ou de sa haie de torches bordant la forêt se fera à la manière d'un oiseau qui découvrirait l'endroit. La première apparition des créatures sera en hauteur car le personnage qui la voit est juché sur une plate-forme. Bref, une mise en scène en adéquation avec le sujet et qui montre que Shyamalan est réellement l'un des plus grands metteurs en scène actuels.

Mais cet rigueur ne serait rien sans les deux autres piliers du film : une interprétation sans faille et une histoire où chaque détail a été pensé, le scénario se permettant même deux retournements brutaux et un changement de héros en cours de film, chose relativement rare dans le cinéma actuel. Interprétation avec des acteurs en totale adéquation avec leur personnage et l'histoire. Certes, il est clair que des pointures comme Signourey Weaver , William Hurt ou Adrian Body ne peuvent pas décevoir mais en prenant des acteurs dits "sérieux" et en les projetant dans un univers fantastique, Shyamalan profite du meilleur des deux mondes. En ne misant pas sur des vedettes ultra renommées , il permet au suspens de s'installer et au spectateur une meilleur identification. Joaquim Phoenix y est également extraordinaire et la puissance de son jeu, qui passe quasiment par son seul regard emmène le film très loin. Mais c'est la jeune Bryce Dallas Howard (la fille de Ron Howard) qui s'impose dans un rôle d'une jeune aveugle . Non seulement , elle illumine le film de sa présence mais surtout elle habite totalement le sujet , permettant au Village de ne pas être un simple film de terreur.

Car ceux qui espéraient un nouveau Signes ne pourront qu'être déçus. Car loin de susciter la même angoisse , Le Village s'attache surtout à decrypter la manipulation engendrée par la peur. Mais comme Signes , ce nouvel opus s'axe sur la notion de foi.  Pas une foi religieuse mais une foi supersticieuse , une foi basée sur l'interdit, sur la peur, voire sur le rejet. Car les habitants vivent hors du monde, hors du temps presque et font parfois penser à ces communautés très croyantes de l'Utah . Difficile donc pour eux d'admettre qu'il existe autre chose que leur univers. Et la façon qu'ont les jeunes garçons de vouloir braver les interdits donne surtout la vision d'un monde replié sur lui même mais en même temps qui se suffit à lui même. Il est clair que le réalisateur éprouve une certaine nostalgie pour cette période où la vie semblait plus simple, les gens plus solidaires et où la communauté de base était la famille et le voisinage. L'héritage hindou est bel et bien là.

L'un des aspects du film est cette volonté de briser le carcan  qui entraînera les héros et les spectateurs dans une direction qu'ils n'ont pas prévu. Ceux qui ont vu le film savent de quoi il retourne mais l'important n'est pas cette succession de coups de théâtre mais bel et bien les paroles de William Hurt, le chef du Village. Car son soucis (que je ne peux dévoiler ici) rejoint finalement le soucis de beaucoup : vivre en sécurité mais en sacrifiant une partie de sa liberté . La communauté est libre mais soumise à des carcans qu'elle s'impose elle même. Or, ces carcans sont aussi le garant de sa sécurité. Sacré paradoxe qui doit ammener à réfléchir sur sa propre notion de la liberté.

M.Night Shyamalan ne fait pas que signer un très grand film fantastique, il signe surtout un conte philosophique dont la portée dépasse de très loin ceux que l'on peut attendre du cinéma. Or, la majorité de la critique (et peut être du public) n'a pas retenu cet aspect, cherchant en fait un simple rollercoaster de peur, un Signes 2. Par sa culture indienne et occidentale, Shyamalan est nettement bien placé pour nous lancer vers de nouvelles pistes de reflexions. Sa maîtrise technique et la justesse de sa vision ne devraient pas être  l'arbre qui cache la forêt de la profondeur de ses thèmes. Si 6eme sens parlait de notre mort , si Incassable parlait de notre vision de la justice, si Signes nous montrait que le hasard n'existe pas, Le Village nous dit simplement : et si nous n'étions libres que dans les règles ? Le village nous parle de notre société, de nos choix de vie, de notre aveuglement peut être. En aucun cas, il ne devrait laisser indifférent, en aucun cas il ne devrait être pris comme un simple "divertissement".

Dommage donc que les magazines soient quasiment tous passé à côté du film. Ceux qui reprochaient hier à Shyamalan de toujours faire la même chose (ce qui était faux !!) crient à la trahison. Mad Movies accuse même le réalisateur de cracher dans la soupe. Le village est sans doute trop sophistiqué pour des critiques habitués, quoiqu'ils en disent , à des formules toutes faites et à aucune remise en question de "leur" vision du cinéma.
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27 juillet 2008 7 27 /07 /juillet /2008 08:22
En attendant le 13 août, retour sur Batman Begins avec cette chronique publiée en 2005

3ème départ pour Batman, après les versions schyzo de Tim Burton et l'option gay de Joël Schumacher. 3ème tentative pour la Warner de créer une franchise réellement rentable et ce sur plus d'un film.  Le premier Batman fut un triomphe mais Batman le Défi n'eut pas le succès estompé et le studio changea d'orientation. Schumacher remit au goût du jour les couleurs flashy des sixties et Batman Forever fit un carton . Mais Batman et Robin passa avec difficulté la barre des 100 millions et on décida de remettre le Caped Crusader au placard.
Conscient de son erreur , même si Schumacher ne fit que ce qu'on lui demandait , à savoir fournir des films d'actions spectaculaires et inoffensif, le studio a donc décidé de revenir aux sources et ce pour la 3ème fois. 
 
Conscient que la Marvel a obtenu ses plus gros succès en laissant des fans et des gens connaissant les super héros faire ses films, la Warner a donc engagé David Goyer, l'homme qui a lancé Blade et Christopher Nolan, auteur remarqué de Insomnia et Mémento, deux véritables auteurs et non des yes men . Le résultat est un film à la fois spectaculaire mais non écrasé par sa logistique, sombre dans son propos, cohérent si l'on fait table rase des premiers chapitres et surtout sérieux. Rien à voir avec le fun et les couleurs de Schumacher. Et pour se démarquer de Burton, le héros est bel et bien Batman, pas les méchants. 
 
On pourra reprocher un léger manque d'envergure aux deux méchants ainsi que des motivations un peu floues mais si l'on considère ce film comme le premier d'une série (d'où son titre) , il est normal que le caped crusader ne soit pas amené à affronter des menaces ultra sérieuses. Après tout il est en apprentissage . Si l'on met ce point de côté, force est de constater que le film est une réussite totale et que Nolan a réussi son pari. Le triomphe du film aux USA en est une preuve évidente.
 
L'aspect principal du film est réalisme. Ici, Batman est Bruce Wayne et non un surhomme bardé de gadgets et accomplissant des choses impossibles  , comme le firent les Batman de Schumacher. On perd peut être en spectaculaire mais on y gagne en sérieux. Même la Batmobile se fond dans cette optique et en devient une sorte de tank blindé . Tant pis pour le glamour. Mais c'est dans le traitement du personnage que le travail de Goyer et Nolan est le plus impressionnant  : Batman redevient humain tout en gagnant une animalité (la voix métallique et dure quand Wayne porte le masque) et une brutalité que n'avait pas ses précédentes incarnations . Plus de rigolade ou de super vilains faisant de bons mots mais un plongeon vers la noirceur. Le public a désormais évolué et il est intéressant de noter que cette année, d'autres films comme La revanche des Sith ou La guerre des mondes se sont également tournés vers un univers sombre. La métamorphose du cinéma spectaculaire US entamée par Minority Report se poursuit donc.
Et c'est tout l'univers qui bénéficie de ce lifting. Alfred n'est plus un papy gâteau, le commissaire Gordon passe du guignol attendant que Batman fasse son boulot à un vrai flic s'investissant dans son travail. Batman maltraite les criminels , sacrifie son alter ego afin de mieux faire s'investir dans sa croisade (la scène de l'anniversaire où Wayne insulte sa "cour" pour être tranquille). Les supers vilains ne sont pas en reste : L'épouvantail utilise la peur et l'épouvante pour arriver à ses fins (même si ces motivations sont un peu obscures) et Ras'al Ghul affiche clairement ses objectifs d'extermination. Gotham, quand à elle, redevient ce cloaque sans nom où la haute société ignore ses bas-fonds et où le crime reste impuni. On notera que quasiment toutes les scènes de Gotham sont nocturnes et dans un monochrome sombre.  Bref, on est très loin de l'univers aseptisé et bon enfant de Schumacher. Ici, l'inspiration est clairement le Batman de Miller, décidément à l'honneur cette année. 
 
En repartant au tout début de l'histoire et en montrant les fondements du héros avec des scènes jamais vues au cinéma comme l'entraînement avec Henry Ducard, Nolan décide de faire oeuvre de négationiste. Son Batman n'a que faire des précédents films. Il détruit avec une joie certaine tout ce qu'on fait ces prédécesseurs et ne laisse guère d'options à ses éventuels successeurs . Les nouveaux Batman seront sombres . Ne parle-t-on pas du Dark Knight ? L'ultime scène du film , où une carte montre que le Joker a fait son apparition est également une belle fin ouverte. Batman Begins ou un titre qui n'a jamais été aussi bien mérité.
 
Mais là où le film atteint totalement ses objectifs c'est dans son rôle titre. Christian Bale est aussi à l'aise en Batman qu'en Bruce Wayne. Sa silhouette massive , son air à la fois égaré et décidé, sa volonté inébranlable qui se lit dans ses yeux en font un parfait interprète pour un super héros qui reste avant tout un être humain. Rien à voir , là aussi, avec la fadeur de Georges Clooney . Wayne redevient une machine vengeresse, obsédé par son passé.
 
Mention identique pour les autres acteurs : que cela soit Liam Neeson (qui réserve une sacré surprise au dernier tiers du métrage) , Gary Goldman (qui obtient enfin un personnage positif), Morgan Freeman (parfait en technicien high tech), Katie Holmes qui ne se contente pas de jouer les poupées de service et même Cillian Murphy dont le visage poupin cache un criminel redoutable et sans remords. Seul bémol, Ken Watanabe n'est pas assez exploité et on peut même penser que son rôle répond plus à des impératifs commerciaux qu'autre chose.
 
Batman Begins est donc à la fois une excellente introduction pour les néophytes, une fabuleuse relaunch et une oeuvre jubilatoire pour tous les fans du Caped Crusader. Espérons juste que la Warner a vraiment compris la leçon.
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22 juillet 2008 2 22 /07 /juillet /2008 08:42
Enfin !! Après 3 longues années, enfin le nouveau Kassovitz. Rappelez vous, en 97 , Kassovitz lançait à la face du monde l'un des meilleurs films français de ces 10 dernières années : Assassin(s). La critique ne supporta pas la vision de ce film choc qui osait affirmer une vérité bien cachée : la télé c'est de la merde et c'est dangereux. Mathieu s'en prenait plein la gueule alors qu'il fut porté aux nues deux ans auparavant avec La Haine. En clair, dénoncer la vie dans les banlieues, c'est cool (la presse n'y habite pas) mais dénoncer la télé, c'est mal (la presse en vit pas mal). Durant 2 ans, silence radar d'autant que le lynchage avait été suivi d'un échec public. J'ai souvenance d'une salle où nous fûmes 5 à admirer ce chef d'oeuvre. J'ai souvenance aussi du Laserdisc bradé à 99 frs 4 mois après sa sortie.

Et puis  miracle : Kassovitz tourne et adapte Les rivière Pourpres, un polar brutal et bien noir. Les rumeurs promettent une ambiance à la Seven, une adaptation du meilleur du film noir US, un Jean Reno que l'on dit impérial et surtout une maîtrise technique à en faire pâlir la totalité du staff français et à renvoyer aux placards 99% d'entre eux. La rumeur....

Vous savez quoi ? La rumeur disait vrai !! Les rivières Pourpres balaient 3 ans de frustration , depuis le triptyque dément Cinquième élément / Dobermann / Assassin(s). L'intelligence de Kassovitz ait d'avoir su intégrer et digérer deux univers qui , au départ ne sont pas les siens : un scénario qui ne sort pas de sa tête et un décor qui n'est pas la banlieue. Résultat , un film magistral, exceptionnel, servi par des acteurs au top. Reno confirme bel et bien, à tous ceux qui en doutaient, qu'il est l'acteur français numéro 1. Son personnage de flic taciturne et solitaire est certes en terrain connu mais avec quelle maestria, quelle classe !! Un numéro exceptionnel contre-balancé par la fougue et le jeu outrée (parfois trop) de Vincent Cassel. Cassel déjà présent dans Doberman a mûri et on sent son joie de jouer dans un polar, de se confronter à Réno. Là aussi , son personnage n'a rien de neuf et l'association chien/chat fait les beaux jours des buddy movie depuis des années. Mais qu'importe puisque Kassovitz a parfaitement assimilé les codes de ce genre de film.

Et cette technique !! La caméra vole, virevolte, tourne , épouse les personnages. Le montage soigne les images chocs, léchées et d'une invention rare. Voir le tueur tirer sur Réno sans que l'on ne voit son visage montre à quel point Kassovitz maîtrise son sujet. Bien sur, Seven est passé par là : la lumière brille par son absence, les flash gores sont en terrain connu mais répétons le : Les rivières pourpres n'est qu'en fait une réponse à la suprématie US en matière d'ambiance. Mais là où un tâcheron nous l'aurait joué film d'auteur, Kassovitz a l'humilité de faire un vrai film populaire.

Alors fi de quelques fautes de goût, d'une baston kung fu pas indispensable ou du manque d'épaisseur du personnage féminin. Les rivières pourpres va jusqu'au bout de son sujet, n'hésite pas à maltraiter le public et surtout à faire du vrai, du grand cinéma. Un film français qui ose, c'est tellement rare que l'on peut tout pardonner. Voir Les rivières pourpres n'a rien du réflexe cocardier mais permet tout simplement de voir un sacré bon film.

(Chronique publiée en 2001 sur l'ancienne SOI)
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18 juillet 2008 5 18 /07 /juillet /2008 09:37
Réédition de ma chronique d'Alexandre, parue en 2005. J'ai récemment revu le film sur deux soirs. Mon avis n'a pas changé : Alexandre reste un grand film sans atteindre le chef d'oeuvre qu'il aurait pu être.

Le pitch : vie et mort d'Alexandre, le plus grand conquérant du monde antique , qui étendit son empire de la Macédoine jusqu'à la rive de l'Indus.

C'est avec une certaine impatience que je suis allé voir Alexandre car, intrigué par son échec US mais fasciné par les images de tournage et sa bande-annonce, j'espérais que ce bide n'avait été dicté que par un manque d'intérêt du public Américain pour cette période (ce qui est à relativiser car Troie avait pourtant bien marché) et non pas par la nullité d'un film. Les critiques de la presse française n'étaient pas là pour me rassurer. Mais 2h30 plus tard, force est de reconnaître qu'Oliver Stone a réussi son pari et qu'Alexandre, sans être le chef d'oeuvre espéré (on est loin de l'émotion de Gladiator ou même de la maîtrise technique de Troie) est un excellent film et une superbe introduction à ce personnage mythique.

Oliver Stone n'est pas le réalisateur le plus "techniquement" doué au monde. Il est clair que, pour un tel sujet, il aurait fallu un Cameron ou un McTierman pour le mener à bien. Mais Stone est un réalisateur avec une vision. Et c'est cette vision qui fait d'Alexandre  une oeuvre passionnante et viscérale, habitée par un désir hallucinant mais hélas parfois plombée par des considérations politiques hors de propos.

La presse s'est déchaînée contre le film, estimant le casting raté et l'action trop pauvre. C'est faux. Angelina Jolie, Val Kilmer, Jared Leto et Colin Farrel sont absolument fabuleux, totalement possédés par des personnages hors du commun. Car on parle ici tout simplement des gens qui ont enfanté notre civilisation occidentale. C'est dans sa tentative d'unir l'Europe à l'Asie qu'Alexandre a jeté les bases de l'Empire de Rome. Et c'est de Rome que nous venons tous. Et avec un tel casting (les acteurs, je le répète, jouent à la perfection avec une mention pour Jolie, sublime dans son rôle de mère vénéneuse et manipulatrice) ,  nul doute dontAlexandre , au moins sur ce point, ne pouvait décevoir.

Les moyens sont là : décors colossaux (la reconstitution de Babylone, rêve de tout archéologue, malgré son exagération destinée à frapper le spectateur), figurants par centaines, costumes somptueux, batailles sanglantes... Doté de 150 millions de dollars, Stone n'hésite pas à assommer l'audience et fait revivre la Macédoine et la Perse de l'âge classique. Mais malgré cette débauche de moyen, Alexandre reste un film intimiste : trois grosses séquences se détachent d'un récit plus porté sur les personnages et leurs démons. Il est clair que ce refus de la surenchère est l'explication de l'échec du film. Le climax est la bataille contre Darius et elle intervient à la moitié du métrage. Les deux autres séquences (l'arrivée dans Babylone et la dernière bataille en Inde) ne peuvent pas supporter la comparaison et le film était donc condamné à rester sur une pente descendante. La dictature du toujours plus qui veut que plus un film avance, plus il doit être spectaculaire a eu raison du film. Stone aurait conclu son film avec la défaite de Darius , et il est clair que le succès aurait été au rendez-vous.
De plus, la structure en flash-back plombe également le récit. En faisant raconter son épopée par Ptolémée (fondateur de la dernière dynastie de Pharaon) ,  Stone veut se faire pédagogue, mais rapidement cela tourne à vide. Car les flash-backs interviennent un peu n'importe comment (la mort de Philippe est d'ailleurs évoquée puis montrer lorsqu'Alexandre tue Crateiros) et cassent le récit. De plus, Anthony Hopkins en Ptolémée n'est guère crédible et son personnage est mal introduit. Là ou Gladiator plongeait le spectateur au coeur de l'Empire Romain avec un petit carton d'introduction (et une mise en scène sublime de Scott), Alexandre ne parvient à entrer dans son sujet qu'avec le départ de Macédoine. Dommage .

Autre regret : Stone entend développer toute la vie d'Alexandre et s'attarde sur l'enfance (l'éducation d'Aristote, la rencontre avec Bucéphale, l'amour naissant pour Hephaistion, l'opposition avec Philippe, le triangle père-mère-fils) mais zappe toute une partie de sa vie, évoquée par quelques lignes du monologue de Ptolémée : ainsi on ne voit pas Alexandre se rendre au temple d'Amon où il se fera reconnaître comme Pharaon et comme Dieu sur terre et surtout cette séquence qui aurait plus être fabuleuse où le jeune conquérant coupe le noeud gordien, qui lui ouvre la porte de l'Asie. On sait qu'Alexandre brûla ses bateaux afin de pas être tenté de revenir en arrière. De ce fait, la formidable ambition du conquérant, persuadé d'être le fils de Zeus et de Râ, n'apparaît plus qu'en filigrane. La bataille de Gaugamèle en donne quelques idées, de même que ses discours sur les rives de l'Indus quand ses soldats menacent de rentrer. En refusant de montrer ouvertement cet aspect du personnage et en insistant trop sur sa bisexualité (trop lourd de symbolique, cet aspect plombe le récit, malgré un Jared Leto formidable d'ambiguïté), Stone se coupe à nouveau de ce qui fait le succès d'un film.

Cela dit, ce refus du spectaculaire hisse Alexandre à un autre niveau : celui d'un thriller politique contemporain. Car en montrant un homme ambitieux, désireux de modeler le monde à son image, ne reculant devant aucun obstacle et refusant d'admettre ses erreurs de peur de paraître faible ou indécis, Oliver Stone réactualise un propos vieux de 2300 ans. Alexandre fut obsédé non pas tant par la conquête mais par l'union de la pensée grecque et de la vitalité asiatique. En épousant Roxane , princesse de second rang, Alexandre n'obéit qu'à sa logique : montrer à l'empire conquis qu'il n'est pas là pour le détruire mais pour l'emmener dans une nouvelle ère. Alexandre n'accapare pas, n'impose pas, mais entend mêler sa pensée avec celle des Perses. Stone montre que ses généraux ne le comprennent pas, que pour eux, les Perses ne sont que des barbares. Et la phrase, presque finale, de Ptolémée (au diable les rêveurs et leurs chimères) prouve finalement l'embarras de Stone.

Alors oui, Alexandre est un film formidable, une réflexion fabuleuse sur notre monde et sur notre propension à nous contenter de peu. Et même si la vie de cet homme aurait nécessité un film deux fois plus long, on est très loin de l'échec. Échec public, peut être. Échec cinématographique, absolument pas !! Film somme d'une vie, porté par des acteurs magnifiques, Alexandre aurait mérité d'être vu par beaucoup beaucoup plus, histoire de voir que l'ambition et la vision messianique d'un monde meilleur ne date pas d'aujourd'hui.

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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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