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28 février 2019 4 28 /02 /février /2019 07:00
Alita, Battle Angel (*****)

Le pitch : Dans un futur où la Terre, dévastée, vit sous la coupe de Zalemn une cité flottant dans le ciel, Ido, un médecin spécialiste en prothèse découvre le corps d'une jeune cyborg dans une décharge où se déversent les ordures de Zalem

 

Un manga est un médium extrêmement complexe à transférer au cinéma. Si les films "live" pullulent au Japon, souvent avec des résultats moyens, Hollywood s'en est rarement emparée (Speed Racer, Ghost in the Shell) car le grand écart entre les deux cultures est immense. Seuls les Wachowski  ont réussi à en intégrer des pans entiers dans leur trilogie Matrix, mais sur la base d'une histoire inédite et qui mixait également d'autres éléments.

 

James Cameron a découvert Gunnm dans les années 90. Le potentiel de ce manga lui a immédiatement sauté aux yeux, d'autant plus qu'il traitait d'un de ses thèmes favoris : une femme forte dans un monde masculin. Il en a acheté les droits, a commencé à développé un scénario, mais accaparé par ses projets, a toujours remis le film à plus tard. Dans les années 2010, alors qu'on se disait "cette fois, c'est la bonne", le réalisateur a décidé de se consacrer aux suites d'Avatar. Alita allait donc rejoindre la  liste des projets abandonnés par Cameron (Spiderman, True Lies 2...). 

 

Mais surprise, il a alors confié son projet à Robert Rodriguez. Les deux hommes se connaissent depuis des années et ont énormément de choses en commun, notamment le fait de vouloir maîtriser un film de A à Z et les envies d'expérimentations. Et si Rodriguez ne boxe pas dans la même catégorie que Cameron, c'est surtout parce qu'il préfère se contenter de petits budgets où il pourra être tranquille, faire jouer ses amis, s'occuper du montage, des effets visuels (il possède son propre studio, ses fonds verts...), de la musique, le tout dans une ambiance familiale et décontractée.

 

Bien entendu, cette annonce a soulevé une levée de boucliers des puristes et de ceux qui jugent un film sur la foi d'une image ou d'une bande annonce, voire du nom du réalisateur. Le fait que le créateur du manga, Yukito Kishiro, ait adoubé le scénario du duo (Rodriguez l'a remanié pour le rendre plus court) ne changeait rien à l'affaire.

 

A SOI, on préfère juger les films sur vision. Et passée cette longue introduction, je peux dire en âme et conscience qu'Alita est une réussite totale !! Le manga prend vie à l'écran, servi par des comédiens totalement investis dans leurs rôles (Christopher Waltz en tête) et surtout un visuel dantesque ! C'est simple, vous avez là un animé en live , doublé d'une 3D exceptionnelle, du niveau d'Avatar, avec une profondeur de champs inouïe et une véritable utilisation du médium pour transporter le spectateur dans le film. Si vous voyez Alita en 2D, vous enlevez 70% de son potentiel.

 

Le début du scénario suit , grosso-modo, la trame du manga  et narre donc la lente renaissance à la vie de la Cyborg. Elle va petit à petit découvrir l'étendue de ses pouvoirs, sa puissance et quelques brides de souvenirs , notamment son assaut contre la cité de Zalem, voir que son "père" a d'autres activités que réparer ses compatriotes blessés... En fait, Cameron et Rodriguez ont pioché dans les passages les plus iconiques du manga, notamment la bataille dans le bar. Mais, le fond qu'ils ont créé va plus loin que l'original, donnant plus encore de chair à Alita, lui adjoignant une véritable famille . 

 

Réalisé en capture motion, la cyborg respecte donc totalement son alter égo de papier, allant jusqu'à reproduire les fameux "gros" yeux des manges, un pari risqué, mais, à mon avis, totalement réussi !! Que les "ignares" qui ont tiqué en voyant le visage d'Alita aillent au diable, on est ici dans un animé live, pas un drame shakespearien.

 

Doté d'un budget énorme de 170 millions de dollars, Alita ne se donne aucune limite et offre à l'écran une vraie représentation de l'animé ! Iron City fourmille de détails et la 3D, je le répète, permet d'en voir les moindres couches ! On se rend d'ailleurs compte combien Neill Blomkamp s'est "inspiré" de Gunnm en créant Elyseum, même si, sur le fond, l'histoire est bien différente. Là, Rodriguez, comme il le dit dans les interviews, a réalisé un film de Cameron à la place de Cameron. Toute la dimension titanesque du plus grand réalisateur de l'histoire est là ! Alita c'est un spectacle bigger than life, un univers fantasmé par des millions de fans et qui prend vie sous nos yeux !!

 

Mais au delà du visuel époustouflant, de la perfection des effets spéciaux (voir Alita en gros plan s'apparente à un prodige !!), c'est bel et bien l'histoire de la jeune cyborg qui est au coeur du film. Loin de céder à la mode de l'action à 100%, le duo prend son temps pour la raconter cette histoire, prend le temps pour que chaque protagoniste ait son moment, que l'on comprenne ses motivations et, comme toujours chez Cameron, que l'on voit leur évolution, leur traitrise, leur fidélité, leur amour. Rien n'est monolithique, personne n'est réduit à un cliché

 

Alita est un personnage féminin très fort, mais elle n'est pas la seule. L'ex femme d'Ido est un autre bel exemple de que le cinéma de Cameron peut offrir. D'abord froide et cruelle, elle va finalement comprendre ce que représente Alita pour son ancien compagnon. 

 

Bien entendu, Cameron ne serait pas Cameron sans ses triples climax. Ici, le scénario enchaîne donc 3 énormes scènes d'action, commençant dans l'arène de motorball, pour continuer avec un combat dantesque  dans les rues en ruines puis sur l'un des filins qui alimentent Zalem !! Les trois derniers quart d'heure ne sont qu'un enchaînement hallucinant où le manga prend encore plus de vie. Car une fois, tous les postulats posés, scénariste, producteur et réalisateur s'en donne à coeur joie et offre au spectateur ce qu'il est venu chercher : la manifestation sur grand écran d'un univers qu'il a d'abord connu sur papier de mauvaise qualité !

 

Avec Alita, l'année 2019 connait donc un 2e chef d'oeuvre après Glass, dans un registre totalement différent. Sa fin ouverte laisse espérer évidemment une suite, que l'énorme démarrage en Asie, devrait autoriser. Mais même ainsi, Alita a tout pour devenir un film culte , une oeuvre hors du commun, un métrage que l'on a hâte de revoir à peine sorti de la salle ! 

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7 février 2019 4 07 /02 /février /2019 20:52
La tour sombre (***)

Le pitch : au centre de l'univers trône une tour sur lequel repose son équilibre. Walter, un sorcier surnommé l'homme en noir, tente de la détruire.

 

Enorme saga de Stephen King, composée de 7 tomes dont certains font plus de 800 pages, on était très curieux de voir quand Hollywood s'en emparerait. Et l'annonce d'un film, alors qu'une série télévisée aurait été plus logique, la puissance des romans laissait augurer quelque chose de grandiose.

 

Hélas, on en est très loin. Et si je mets 3 étoiles , c'est surtout parce que le film tient quand même la route. Mais de la saga originelle, on est très très loin. Alors qu'ils disposaient d'un matériel en or, les scénaristes ont préféré piquer quelques idées dans les milliers de pages(La maladie du pistolero, la maison servant de passage entre les mondes, le rayon, la tour..), quelques noms (Roland, Jake Chambers) et quelques lignes de dialogues (je ne vise pas avec ma main...).

 

Pour le reste, les scénaristes ont modifié une grande partie de l'histoire : ainsi, l'homme en noir, Walter, enlève des enfants dans les différents mondes car leurs cris peuvent détruire la tour , ce qui va l'amener à s'intéresser à Jake Chambers, jeune habitant de New York qui rêve de cet autre monde. 

 

Et heureusement que cette "nouvelle" histoire tient à peu près la route, même si elle est quelque peu banal par rapport aux romans de base, car sinon , le film serait totalement raté.

 

Plus curieux encore, les scénaristes ont fait des rapprochements avec  d'autres romans du King. Ainsi, les dons de Jake sont assimilés à son "shinning". Ou alors Roland et Jake découvrent dans la forêt un parc d'attraction qui évoque à la fois le roman "Joyland" et Ca (le clown, le nom du parc). Ou bien la présence fugitive de Christine, la voiture diabolique.  Cette tentative d'univers partagés est intéressante, mais ne s'adresse vraiment qu'aux spécialistes. C'est d'autant plus amusant que dans les romans de King, c'est plutôt le contraire. Ce sont certains romans ou nouvelles qui se connecte à La tour sombre. Par exemple, Coeurs croisés en Atlantide ou Le fléau. Sans oublier, ce passage de 22/11/63 où le personnage principal rencontre carrément les héros de Ca. 

 

La grosse surprise vient aussi de la longueur du métrage qui ne dépasse pas 1H30 avec, certes, une fin très ouverte qui appelait à des suites - qui ne verront sans doute jamais le jour, l'accueil avant été bien trop faible avec 113 millions de recettes mondiales pour 60 de budget - mais il est évident , dès le départ, qu'on ne peut pas porter à l'écran un tel pavé. Cependant le nombre important de scènes coupées présentes sur le Blu-ray montre que l'ambition était sans doute tout autre avant que les ciseaux ne taillent dans le montage.

 

Il faut donc faire abstraction du roman pour chroniquer le film. Et en l'état, il n'est pas si mal. L'histoire , si brève soit-elle, se tient bien, les décors et effets visuels tiennent bien la route et on retrouve, par moment, le souffle épique de la quête de Roland. 

 

Enfin, Idris Alba est plutôt crédible en pistolero et on passera sur sa couleur de peau. Dans le roman, Roland est blanc, mais quelle importance de nos jours. Matthew McConaughey se régale visiblement à jouer l'homme en noir et le jeune Tom Taylor est un excellent Jake.

 

La tour sombre ne trônera donc pas dans le panthéon des adaptations réussies de Stephen King , mais , le film se laisse voir, même si on peut quelque peu rager en voyant un tel potentiel flingué !

 

 

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28 janvier 2019 1 28 /01 /janvier /2019 10:13
Sans un bruit (**** 1/2*)

Le pitch : suite à une invasion de créatures (extra-terrestres ?) sensibles aux moindre bruits, l'humanité vit dans la terreur et le silence totale. Une famille, qui a perdu l'un de ses enfants victime des créatures, tente de survivre...

 

Il est donc possible de faire des films traitant de la fin du monde sans avoir recours à de grosses scènes de destruction ! Il est donc possible de faire un film en se passant d'un des éléments les plus essentiels du cinéma, à savoir le son.  

De manière ironique, le film est nommé pour l'Oscar du meilleur son. Cela dit, un film sur le silence n'est pas un film sans son et le travail remarquable sur ce médium le prouve !

En réalisant Sans un bruit (A quiet place en VO, titre plus ironique et à double sens), John Krasinsky , que l'on avait vu en mercenaire dans l'excellent 13 hours de Michael Bay, s'inspire évidemment de Signs (une invasion que l'on sait mondiale, une famille brisée et repliée sur elle même dans un coin reculé des USA) mais il s'affranchit de son modèle et propose une vision apocalyptique d'un monde où le son conduit fatalement à la mort.

 

Servi par d'excellents effets numériques - là où Shyamalan suggérait énormément, Krasinsky n'hésite pas à mettre ses créatures dans la lumière dans la dernière partie de son film  - Sans un bruit est un quasi sans faute, doté d'un scénario diabolique et magistralement interprété, Emily Blunt (Mme Krasinsky à la ville) en tête. En étudiant le microcosme familial, en prenant son temps de nous dépeindre leur quotidien, les astuces déployées pour survivre dans ce monde cauchemardesque , Krasinsky met en place tous les enjeux d'une deuxième partie plus rythmée où la notion de sacrifice sera au centre.

 

Certaines critiques ont pu s'étonne que l'épouse du héros puisse être enceinte dans un tel monde, estimant que faire naitre un enfant était de la folie pure. Or la première scène et la première apparition furtive des créatures donnent en fait l'explication : elle est en deuil et ce nouvel enfant va lui permettre de "remplacer" ce qu'elle a perdu. 

 

La culpabilité est d'ailleurs présente dans toute la première partie du film. Chaque membre de la famille se reproche le drame survenu même si la responsabilité de chacun est diluée, la plus grande part en revenant hélas à la victime. Mais cette tragédie ronge l'équilibre familiale, notamment chez l'aînée, persuadée que ses parents la déteste.

 

Cette étude d'une famille serait tout à fait ordinaire sans le concept de la SF. Chaque famille ayant connu une épreuve a du mal à s'en relever. Chacun s'interroge sur ce qu'il aurait du faire pour éviter un drame. Et chacun se sent coupable. En  ajoutant une invasion , Krasinsky dope son propos et l'élève au delà de la simple étude de moeurs. Et sa mise en scène est diablement efficace, chaque détail entraînant une cascade de problèmes : un simple clou dépassant d'une marche enclenchera la phase finale du film.

 

En refusant de tirer à la ligne (Sans un bruit dure 1h30, générique compris), Krasinsky offre un film efficace et direct, un vrai coup de poing dans le visage du spectateur , un spectacle où on ne sait jamais qui va s'en tirer! Son coût de production de 17 millions de dollars n'handicape jamais l'histoire et l'on peut se dire qu'une fois de plus Michael Bay, qui a produit et fait confiance à son acteur, a parfaitement joué son rôle : il a trouvé les fonds puis l'a laissé travailler tranquille. L'utilisation du cinémascope est également magistral, preuve que le film a été pensé pour le cinéma.

 

Le résultat, s'il n'est pas parfait (la fin est quelque peu abrupte et quelques incohérences grèvent la dernière partie), est conforme à la superbe bande annonce : oui, on va trembler pour cette famille. Oui, on sursaute et on se prend à espérer une issue heureuse, même si l'on se doute qu'elle ne sera pas forcément au rendez vous, du moins pour tous les protagonistes. 

 

Le succès mondial (340 millions de dollars) est amplement mérité ! On nous annonce une séquelle, ce qui ne serait pas illogique vue la toute dernière scène et les questions laissées en suspens. Mais dans ce cas, il faudra un sacré travail sur le scénario pour égaler ce premier essai dramatique de John Krasinsky dont les deux premiers films (Brief interviews with hideous men, The  Hollars) tiraient vers la comédie. 

 

Réussite visuelle et scénaristique, vrai film de genre parfaitement maîtrisé, Sans un bruit aurait dû être nominé autrement que dans une catégorie technique. Mais comme il ne mentionne aucune minorité...

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25 janvier 2019 5 25 /01 /janvier /2019 06:54
Glass (*****)

Le pitch : Alors que la bête continue de sévir à Philadelphie, David Dunn part à sa recherche. Il ne sait pas encore que la confrontation avec l'homme qui casse est également très proche.

 

Glass est un miracle ! Un miracle juridique déjà car faisant la synthèse de deux films appartenant à deux studios différents, à savoir Disney et Universal.  Si les deux mastodontes ont laissé faire, c'est d'une part parce que le film ne coutait pas très cher (20 millions) et que d'autre part, M.Night Shyamalan est en pleine renaissance. 

 

Mais c'est aussi un miracle d'écriture qui parvient donc à conclure deux oeuvres cultes, le fabuleux Incassable, sans doute l'un des meilleurs films de super héros jamais écrits et Split, oeuvre dont la complexité et l'interprétation extraordinaire de James McAvoy en font l'un des films les plus brillants de 2017.

 

Glass transcende son idée de départ (les surhumains sont parmi nous) en nous soumettant un postulat simple : comment visualiser une vérité enfouie ?

 

On le sait depuis Signs, M.Night Shyamalan aime disserter sur le pouvoir de l'image. Avec Signs, il ne montrait quasiment jamais les créatures extra-terrestres, reprenant en cela la méthode de Spielberg pour Les dents de la mer ou Scott pour Aliens, mais effrayait bien plus que n'importe quel film où tout est "visible". Son film suivant, le très sous-estimé Le village, se focalisait sur la façon dont on créait la peur, les artifices utilisés et comment la rendre la plus efficace possible.

 

Dans Glass, il doit désormais faire entrer ses "héros", David Dunn l'être incassable et Kevin, l'homme aux multiples personnalités dans la lumière. Car Incassable et Split étaient construit de la même façon : la lente mise à jour de deux êtres extraordinaires, chacun étant manipulé par une troisième personne. Pour David, c'est bien entendu Elijah Preece, directement responsable de sa "naissance" en tant que super héros. Pour Kevin, ce sont toutes ses personnalités qui vont lui faire naitre la bête. Et si le monde restait dans l'ignorance des pouvoirs de David à la fin d'Incassable, il découvrait l'existence de la bête, même si celle-ci n'était pas encore connue de tous.

 

Reprenant les événements d'Incassable 18 ans après et ceux de Split quelques semaines plus tard, Glass fait donc la synthèse brillante de deux univers. Kevin continue à enlever des jeunes filles pour les offrir en sacrifice à la bête tandis que David Dunn, aidé par son fils Joseph (toujours interprété par Spencer Treat Clark, une idée de génie de la part du réalisateur) qui, dans un rôle à la Professeur X, guide son père derrière les ordinateurs dans sa croisade contre le mal. 

 

Mais si la bête est connue, David commence à devenir autre chose qu'une légende urbaine. La police le traque car elle n'apprécie pas ses méthodes. Et dans l'ombre, une autre force le guette.

 

Quand à Elijah, il croupit dans un hôpital psychiatrique depuis que David l'a dénoncé. Son rôle dans l'histoire semble mineur. Et pourtant...

 

La force des films de Shyamalan réside dans ses twists finaux. Ici, le premier intervient à une heure de métrage et laisse le spectateur pantois, car il résout une bonne partie des questions que l'on se posait. D'autant plus que le scénario commence par l'affrontement entre David et la Dunn, très violent graphiquement et magistralement filmé, avant de faire une longue pause dans l'hôpital psychiatrique où les trois protagonistes se retrouvent enfermés, à la merci d'une médecin qui connait leurs faiblesses et entend les guérir de leur "mythomanie". 

 

Pour cela, elle n'hésite pas à utiliser les personnes les plus proches de ces patients : le fils de David, la mère d'Elijah, la jeune fille survivante du carnage de Split. Or, ces trois personnages "secondaires" sont les seuls témoins des capacités surhumaines des prisonniers. En contrôlant tout ce petit monde, la psychiatre pense exercer son pouvoir en toute quiétude. Evidemment, tout ne va pas se passer comme elle l'entend et l'émergence de M.Glass va faire capoter son plan très bien huilé !

 

La partie dans l'hôpital évoque évidemment Vol au dessus d'un nid de coucou. Elle prend son temps, donne la part belle à James Mc Avoy (crédité en premier au générique d'ailleurs) qui prolonge son interprétation de Split avec brio, mais cette "lenteur" est nécessaire à la mise en place de la dernière partie et de ses (nombreux) coups de théâtre. 

 

Et quand l'action reprend alors le dessus (la bête affronte à nouveau David qui peut laisser éclater ses pouvoirs sans crainte), on est à nouveau dans le Comics cher à Incassable. Le film reprend les codes des super héros de papier et les transcende, mais sans tomber dans un déluge de CGI. Après tout, le cinéaste n'est jamais aussi bon que lorsqu'il dispose de peu d'argent.

 

Mais il ne se moque pas de son spectateur et lui offre donc ce qu'il est venu voir : l'affrontement entre les trois protagonistes autrement que sur un plan mental. A nouveau, les coups font mal et le destin des personnages n'en sera que plus douloureux.

 

En concluant deux de ses oeuvres phares, M.Night Shyamalan montre à nouveau toute l'étendue de son talent , son incroyable capacité à écrire des films forts, allant très loin dans la tête des personnages et ne prenant jamais le spectateur pour un gogo. En lui donnant à réfléchir, en faisant de ces différents protagonistes des êtres de chair et de sang, et non de simples silhouettes, il parvient à créer une mythologie digne des meilleurs Comics. On excusera alors quelques dialogues un peu trop théâtrales, surtout dans la bouche d'Elijah, mais ce défaut mineur s'inscrit en fait dans la logique de l'histoire.

 

Glass est donc un nouveau chef d'oeuvre de l'auteur de 6e sens et Incassable. Espérons que son succès sera vraiment massif afin de prouver au studio qu'un sujet peut également être autre chose qu'un remake, un reboot, une séquelle, une préquelle, même si, et c'est bien là le paradoxe, Glass est à la fois un peu tout ceci.

 

 

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12 janvier 2019 6 12 /01 /janvier /2019 17:52
Skyscraper (****)

Le pich : Die hard dans la tour infernale !

 

Découvert dans l'avion qui m'emmenait à San Francisco (petit écran, son au casque), Skyscraper est une excellente surprise à mes yeux. Certes, le scénario accumule les clichés (l'ancien policier victime dans sa chair d'un attentat, mais qui n'a rien perdu de ses fabuleux réflexes), des cascades délirantes (sauter d'une grue dans un building en feu), les méchants bien caricaturaux et des traitres qu'on voit arriver 10 minutes avant le héros, sans oublier des bons sentiments à la pelle.

 

Dit comme cela, j'ai l'impression de décrire un navet ou un épisode de Louis la brocante (building en feu en moins). Mais l'atout numéro 1 de ce film, c'est bien son acteur principal, Dwayne Johnson !! Comme Arnold en son temps ou Willis après lui, l'ancien catcheur voit les films bâtis autour de son personnage. Et comme il est très crédible en action man, tout ce que j'ai noté aussi passe comme une lettre à la poste.  

 

En retrouvant son réalisateur de Central Intelligence, Johnson est en terrain connu. Mais en s'axant sur une action vraiment énorme, et après une très bonne séance d'ouverture, le film annonce clairement la couleur : ça va frapper fort et tout sera bigger than life, à commencer par le building délirant servant de décor. A côté, le Yakatomi Plazza fait figure d'un petit immeuble de province. L'incendie déclenché par les vilains est dantesque et l'effet poudre aux yeux fonctionne à plein, même su un écran plus petit que celui de mon iPad !! J'imagine en grand ce que cela peut donner !!

 

En fait, on a beau connaître ce genre de film par coeur, savoir que les caractéristiques du building (la gigantesque sphère par exemple) seront utiles au dénouement de l'histoire ou que les héros ne craignent absolument rien, c'est tellement bien rythmé que l'on est vite pris dans l'histoire et qu'on oublie toutes les invraisemblances. Et tant pis également si le personnage féminin (Neve Campbell, héroïne de la trilogie Scream) manque d'épaisseur, même si elle n'atteint pas la cruchitude de certaines de ses collègues des années 80 ! Après tout, on n'est pas venu pour cela.

 

Une fois lancé sur ses rails, ce qui arrive relativement vite, Skyscraper fonce donc vers son objectif, à savoir divertir. Et je le redis, le professionnalisme est patent. Oui, tout est archi-vu, mais c'est sacrement  bien foutu !! Visuellement, le film ne souffre pas de défaut, y compris (et surtout) dans les nombreuses scènes nocturnes.

 

En résumé de cette courte chronique, Skyscraper aurait mérité un meilleur accueil au box office (304 millions mondiaux pour 125 de budget , dont chaque dollars est à l'écran), mais il se rattrapera sans doute en vidéo. N'hésitez à pas à lui donner sa chance.

 

 

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22 décembre 2018 6 22 /12 /décembre /2018 21:18
Rémi sans famille (****)

Le pitch : alors qu'il coule des jours paisible auprès de sa mère, le retour de son père apprend à Rémi qu'il est en fait un enfant trouvé. Pire, le mari va le vendre à un saltimbanque ambulant, Vitalis.

 

Le roman de  Hector Malot a fait pleurer des millions d'enfants, la série télévisée vue dans les années 80 a achevé le travail, mais heureusement l'animé avait quelque peu redressé la barre.

 

Il n'empêche , la succession de malheur qui touche Rémi va forcément arracher des larmes à une nouvelle génération. Car , peu de choses lui sont épargnées tout au long du film. Et même si on connait l'histoire par coeur, on sent tout de même nos yeux s'humidifier aux moments clés du film.  

 

(Je vais éviter au maximum les spoilers pour ceux qui n'auraient pas lu le roman)

 

Cependant, cette version, superbement réalisée, ne cherche pas à en rajouter dans ce domaine, n'oubliant pas qu'elle s'adresse aussi aux enfants. De même, le soin apporté aux décors (naturels ou non), à la lumière, aux costumes font que cette version s'éloigne de la vision assez noire que l'on se fait de l'histoire. Même la partie dans le "château" anglais est plus proche de l'ambiance de La belle et la bête que l'atroce bicoque dépeinte dans le roman. 

 

Au delà du soin apporté au film, ce sont surtout les acteurs qui tirent leur épingle du jeu. Daniel Auteuil est merveilleux en Vitalis, là aussi moins "terrible" que dans le roman et les enfants sont tout aussi excellents. La petite qui joue Lise est vraiment lumineuse et et le gamin incarnant Rémi réussit à passer toutes les émotions du roman, l'enthousiasme quand il découvre qu'il peut donner de la joie en chantant, son attachement aux animaux de son maître, son courage devant les épreuves...

 

Certains argueront que Antoine Blossier rend une copie très scolaire, ne cherche pas à prendre de risque et déroule son histoire, ajoutant juste un prologue "contemporain" où un Rémi âgée (Jacques Perrin) va raconter son histoire à de jeunes orphelins qu'il a pris sous son aile. C'est vrai, mais un film se déroulant au XIXe doit-il vraiment être misérabiliste ? Et puis, faut-il vraiment modifier une histoire de fond en comble pour être moderne ? 

 

Surtout que la mise en scène est loin d'être statique et les mouvements de caméra permettent de s'élever au dessus des personnages et des paysages. En fait, au lieu de parler d'académisme, on devrait plutôt dire que Rémi sans famille ne se moque pas de son public et sa technicité se met au service de son scénario.

 

Personnellement, j'ai beaucoup aimé le film, j'y ai retrouvé , certes un peu édulcorée, l'histoire qui m'avait ému dans mon enfance.

 

Ayant vu le film avec ma classe, je peux affirmer que Rémi touche au coeur son public cible.  Et c'est sans doute sa plus belle qualité.

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7 décembre 2018 5 07 /12 /décembre /2018 07:25
Detroit (**** 1/2*)

Le pitch : alors que Détroit s'embrase dans des émeutes liées à des tensions raciales, 2 policiers racistes investissent un hôtel où un jeune noir a eu la mauvaise idée de tirer sur les forces de l'ordre avec un pistolet inoffensif.

 

Katryn Bigelow est sans aucun doute la plus grande réalisatrice américaine de toute l'histoire du cinéma. Sa filmographie est remplie de chefs d'oeuvre (Near Dark, Strange Days, Demineurs, Le poids de l'eau, Zéro Dark Thirty) et il est donc logique que son regard sur la question raciale américaine soit un tel coup de poing, un film sec, maîtrisé de A à Z, souvent en état de grâce et surtout sans aucune concession.

 

Mêlant images d'archives et film de fiction, la cinéaste plonge le spectateur dans le chaos de Detroit et les émeutes de 1967, sans lui fournir la moindre explication et sans s'attarder à présenter les personnages - un procédé similaire au début de Strange Days d'ailleurs) , chose qu'elle fera plus tard, au bout de presque 30 minutes, quand les policiers investiront l'appartement et entameront leur danse macabre. Car une fois que l'unité de lieu et de temps sera mis en place, le film passe du presque documentaire à une véritable oeuvre de fiction se basant sur le réel, et utilise alors tous les procédés d'un film , ses mouvements de caméra, ses travellings, ses points sur des détails essentiels. Bref, Detroit devient un vrai film de cinéma et quand on sait que la réalisatrice est une surdouée, on est alors happé par cette histoire terrifiante, par son racisme, sa brutalité (rien n'est épargné aux malheureuses jeunes femmes accusées de "frayer avec des nègres") et son absence totale de remords.

 

On a d'ailleurs peine à croire à cette histoire tant elle semble loin dans le temps, alors que les évènements ne datent que de 50 ans, un abcès épouvantable sur une Amérique encore remplie de préjugés et de haine. Mais pourtant, et la dernière partie va encore plus loin dans le dégoût de cette époque, avec la reconstitution du procès qui, finalement absoudra les meurtriers, tout est réel, impitoyablement réel.

 

Pour reconstituer cette époque, Katryn Bigelow utilise des acteurs peu connus. Les seuls visages que l'on a déjà vus ailleurs - et pour cause - sont John Bogeya alias Finn dans la nouvelle trilogie Star Wars et Anthony Mackie alias Le faucon dans le 2e Captain America. Pour le reste, rien ne vient distraire le spectateurs. Comme toujours, la réalisatrice va à l'essentiel et ne veut pas parasiter son propos.

 

Le tour de force de Detroit est bien entendu sa partie centrale. Une fois tous les personnages - les musiciens, les jeunes filles et leurs compagnons noirs, le vigile noir, les policiers racistes - , commence alors ce long et terrifiant interrogatoire où , imbus de leur pouvoir, les forces de l'ordre ne vont plus connaître aucune limite, aucun tabou, le meurtre n'étant finalement qu'un moyen comme un autre d'obtenir des aveux.

 

Durant une bonne heure, on assiste donc à cette bavure épouvantable, un rouleau compresseur qui se met en place et qui avance, écrasant tout sur son passage. Les humiliations et les coups se succèdent sans qu'aucun des habitants de l'hôtel  ne comprennent ce qui se passe.  Et les tentatives de Bogeya pour adoucir les choses ne changent rien. A chaque instant, on sait que cela va mal finir et la seule chose qui épargnera aux deux jeunes femmes de se faire violer est leur couleur de peau.

 

Véritable coup de poing dans la figure du spectateur, Detroit ne prend pas de gant et ceci explique sans doute son échec public : 16 millions de recettes aux USA pour un budget de 34, quasiment rien de plus dans le reste du monde. Sans doute le film est-il trop radical dans sa description de la vérité ! Sans doute que l'Amérique n'est pas encore prête pour regarder en face certains aspects de son histoire.

 

Mais échec ou pas, Detroit reste un nouveau sommet dans la filmographie de la réalisatrice. Ceux qui auront le courage de s'y engager ne seront pas déçus : plus qu'un pan d'histoire, c'est surtout un métrage totalement maîtrisé, réalisé de main de maître, brillamment interprété et dont le jusqu'au boutisme se justifie totalement. Bref, c'est un très grand film de cinéma !

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29 novembre 2018 4 29 /11 /novembre /2018 07:29
Barry Seal (****)

Le pitch : l'incroyable histoire d'un ex pilote de la TWA qui deviendra trafiquant de drogue pour le futur cartel de Médeline tout en travaillant pour la CIA.

 

Attention, OVNI ! Si vous voulez voir un Tom Cruise cynique , obsédé par l'argent, la réussite (et le sexe - rarement l'expression "S'envoyer en l'air" n'aura été aussi bien illustrée), prêt à toutes les compromissions pour sauver sa peau, hautain et servile à la fois, alors Barry Seal est fait pour vous.

 

De cette délirante histoire vraie, Doug Liman a retenu le côté bigger than life, n'hésitant jamais à "exagérer" les situations (les montagnes de billets planqués dans la maison par exemple) dans la plus pure tradition des films des années 80, décennie qui vit s'épanouir le culte de l'argent, de la réussite à tout prix, quitte à le faire au dépend des autres et où la morale n'était qu'une variable d'ajustement comme les autres.

 

Tom Cruise porte évidemment  le film sur ses épaules de A à Z, apparaissant dans quasiment tous les plans et n'hésitant jamais à casser son image de chevalier sans peur et sans reproche. Il faut le voir dans des postures peu glorieuses, amener des revues porno à des guérilleros , mentir sans vergogne à tout le monde, mettre sa famille en danger pour quelques (dizaines de milliers de) dollars de plus, se vautrer dans le luxe le plus indécent et tout ceci sans jamais se répartir de son sourire.

 

La façon de filmer de Doug Liman accentue encore ce côté frime et tape à l'oeil. Moins épileptique  que sur certains de ses films, il se met au service de son histoire, comme il l'avait déjà fait avec Edge of Tomorrow. La star c'est Cruise, pas lui, mais il n'agit pas en tant que Yes man pour autant. Son style est très rapidement reconnaissable et le ping pong entre passé et  présent (les confessions de Barry), filmé de manière différente, accentue encore ce côté "paillette" et futile de l'histoire.

 

Parce que de quoi parle-t-on ? d'un pilote de ligne qui, lassé de son existence routinière, va accepter une mission de la CIA (amener des armes à des contre-révolutionnaires au Nicaragua) et qui, pour arrondir ses fins de mois va transporter de la drogue pour le futur cartel de Medeline. Un homme sans aucun scrupule donc, à la moralité évanescente, se doutant bien que la poudre qu'il ramène dans son pays va forcément tuer de jeunes américains, mais bon, tant que cela rapporte...

 

Barry ne doute jamais, sauf peut être quand une membre de son entourage est assassiné par le cartel. Et encore, il va se débrouiller pour camoufler le crime et retourner à ses affaires. 

 

Il ne doute pas quand il affronte la procureur chargée de l'inculper, quand il doit faire décoller son avion sur une piste trop courte, quand il doit blanchir des tonnes d'argent. Il vit au jour le jour en se disant "pourquoi pas ? on verra après". 

 

Le plus amusant (quoique) est le voir monter son trafic comme une véritable entreprise : embaucher d'autres pilotes, acheter des avions, élargir sa palette d'activité... Le parfait roman d'un self made man, mais dans le domaine de la drogue, traitant avec les pires crapules, ramenant sur le sol US des pseudo-soldats, flouant son gouvernement dans une sorte de fuite en avant dont on sait dès le départ que cela va mal, très mal finir.

 

Tom Cruise, je le répète, est parfait dans ce rôle où son image de golden boy fait merveille, jouant constamment sur ce décalage entre le mec sympa et propre sur lui et les affaires honteuses qu'il traite.

 

Passé quelque peu inaperçu , Barry Seal vaut largement le coup d'oeil, histoire de voir qu'il n'y a pas que Ethan Hunt dans la carrière de Cruise et que le voir s'encanailler de temps en temps reste un plaisir rare.

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23 novembre 2018 5 23 /11 /novembre /2018 06:43
Les animaux fantastiques : Les crimes de Grindenwald (****)

Le pitch : comme il l'avait promis, Grindenwald parvient à s'échapper à ses gardiens et se met en quête du jeune Croyance. Norbert Dragonneau et ses amis devront alors choisir leur camp.

 

Après un premier épisode sympathique, mais tout de même mineur vis à vis de la saga Harry Potter, un peu trop axé, à mon goût, sur les créatures magiques (même si, logiquement, c'était le but vu le titre), JK Rowlings a donc pris une direction inattendu avec un nouvel opus moins spectaculaire et moins riche en bestiaire, mais à la dramaturgie bien plus élevée.

 

Le ton est déjà bien plus sombre, les personnages étant connus, l'auteure peut donc commencer à lancer des ponts vers la saga de sa vie. Des petites touches (on connait donc l'origine de Nagini, le serpent de Voldemort, on rencontre Nicolas Flamel) et des grandes (la première apparition officielle de Dumbledore) forment donc l'ossature du film, dont la principale est donc les flashbacks se déroulant à Poudlard. Mais ce qui aurait pu apparaître comme du fan service (après tout, c'est ce que l'on a reproché à Lucas pour sa prélogique) est au service d'une histoire où Grindenwald est le nouvel ennemi principal et où sa méchanceté (lui et ses partisans massacrent toute une famille de Moldu pour s'emparer de leur appartement) ne laisse aucun doute.

 

Cependant, et c'est là le génie de Rowling, le sorcier , bien campé par un Johnny Deep tout en sobriété, séduit suffisamment dans le propre camp du "bien" pour ne pas être qu'un simple méchant de carnaval. Certains alliés de Norbert n'hésiteront d'ailleurs pas à le rejoindre et la cassure dans le monde magique n'en sera que plus évidente. 

 

A aucun moment, d'ailleurs, Les animaux fantastiques 2 cherchent une quelconque tentative de séduction du très grand public. Il faut impérativement avoir vu le premier opus pour comprendre tous les tenants et aboutissants de l'histoire et rester concentré durant tout le métrage sous peine de se perdre. On sait que Rowling est une écrivain exigeante et douée (sa trilogie policière, basée sur le personnage de Cormoran Strike, le montre à chaque page) et que si elle s'est lancée dans ce nouveau défi, ce n'est pas que pour faire plaisir à la Warner qui désirait prolonger le triomphe d'Harry Potter. Certes, il y a des raisons commerciales derrière, mais elle en a profité pour donner au spectateur une histoire solide, pleine de ramifications et très ambitieuse. Et cet épisode de transition, à l'image de L'empire contre attaque, pose donc les véritables bases de l'histoire à venir.

 

Du coup, Norbert Dragonneau perd un peu de son leadership, même s'il reste clairement le héros de l'histoire. Même "punition" pour Tina, désormais Auror. Rowling se permet même de ne pas intensifier les sentiments entre les deux personnages, alors que la logique (et les fans) auraient voulu qu'ils aillent logiquement plus loin. Mais l'heure n'est plus à l'amusement.

 

Le personnage de Jacob subit également une surprenant évolution, même si les raisons de son retour sont un peu trop vite expédiées (quelques lignes de dialogue et hop, le revoilà) et on ne serait pas étonné de le voir prendre un rôle plus important encore dans le 3e opus. Quant à Queenie, là aussi, son évolution ne pourra que surprendre.

 

En voulant faire rejoindre les deux sagas, JK Rowlings et David Yates (dont la mise en scène est toujours impeccable) prennent le risque de perdre les néophytes, mais comme je l'ai dit, on est largement au delà du simple produit dérivé commercial. Cependant, le public américain semble moins adhérer à ce "crossover" et les résultats financiers seront moindres. Cela ne devrait pas handicaper la suite des événements : après tout, le 3e Harry Potter avait aussi connu un succès moins important aux USA avant de rebondir et battre records sur records jusqu'à la 8e partie.

 

David Yates connait l'univers par coeur : après tout, c'est le 6e film qu'il réalise. Cette fois ci, l'histoire se concentre en partie à Paris, occasion pour lui de reconstituer la ville lumière des années folles. La partie "historique" rappelle d'ailleurs le travail qu'il avait fait sur son Tarzan, très sous-estimé, mais empreint lui aussi d'un gros travail sur la reconstitution d'un lieu et d'une époque. La photographie se veut également plus sombre que le premier film, ton dramatique oblige et sa mise en scène se veut toujours au service de ses personnages. Seule l'évasion de Grindenwald détonne un peu, quelque peu brouillonne , au montage trop abrupte et un peu trop numérique. Mais pour le reste, Yates réussit un sans faute, multipliant les scènes spectaculaires revisitant des lieux cultes de la saga, mais n'oubliant pas les passages plus intimes et les doutes de ses personnages.

 

Car cet épisode est bien basé sur le doute : chacun devra choisir sa voie et son camp, sortir de sa zone de confort et de ses préjugés. C'est sans doute ce flou qui a dérangé une partie des spectateurs. C'est bien dommage car, après tout, les films qui osent aller dans des directions pas forcément attendues sont devenus rare, surtout dans une franchise aussi énorme que Potter.

 

On attend donc désormais la suite avec impatience, voir où l'histoire va nous emmener et comment les personnages vont évoluer. Et la fin ouverte, ainsi que la promesse d'un affrontement entre Dumbledore et Grindenwald ne peut qu'être excitante à tout point de vue ! Rendez vous en 2020 avec , dit-on, la première apparition d'Hagrid.

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17 novembre 2018 6 17 /11 /novembre /2018 15:49
Bohemian Rhapsody (*****)

Le pitch : de la rencontre du Freddy Mercury avec le groupe jusqu'au triomphe de Live'Aid, 15 ans de la vie de Queen !

Cela fait un bail que le biopic de Queen était en gestation, les problèmes engendrés avec le réalisateur Bryan Singer n'étant que la dernière étape d'un long processus. Mais au final, cela valait la peine d'attendre, car Bohemian Rhapsody est sans doute le meilleur biopic musical depuis The Doors d'Oliver Stone.

 

Personnellement, je craignais un peu ce film car les aléas de la production (elle  a débuté en 2010, sous les auspices de Sacha Baron Cohen), l'abandon de Dexter Fetcher (qui aura finalement signé une partie du film), les exigences des membres survivants du groupe qui voulaient un film pour tout public et l'énorme attente suscitée pouvaient laisser craindre au mieux un biopic tiède au pire un échec cinglant.

 

Au final, malgré des arrangements avec la réalité - dont le grand public se contrefout totalement, le film est un véritable chef d'oeuvre, une ode à la musique et à la création, une plongée dans les coulisses des studios d'enregistrements -processus que je connais très bien - , rarement vue au cinéma , mais c'est surtout l'histoire touchante d'un homme ambitieux, talentueux qui aura su trouver dans la musique le moyen de s'élever, mais dont le prix à payer sera terrible.

 

Evacuons tout de suite les "erreurs" ! Non, John Deacon (le bassiste, brillamment interprété par Joseph Mazzelo, le gamin de Jurassic Park) n'a pas rejoint Queen en même temps que Mercury. Non, le groupe n'était pas séparé avant Live Aid , même si le film ne le dit pas clairement. En fait, 8 semaines avant cet évènement énorme, Queen achevait une tournée mondiale. Non, Freddy n'a pas annoncé sa maladie en 85 mais après 1986. Franchement, est-ce que cela va changer la teneur de l'histoire ? 

 

Absolument pas car le scénario prévoyait de s'arrêter sur ce concert unique et magistralement reconstitué dans le film, de mettre Live Aid en apothéose. Pour des raisons dramatiques, il était logique de distordre un peu la réalité. Mais citez-moi une reconstitution historique qui ne prenne pas quelques libertés avec la réalité pour des raisons de dramaturgie ?

 

Evidemment, un biopic repose sur ses acteurs. Les membres de Queen ne voulaient pas de têtes connues pour les interpréter (on peut les comprendre) et Rami Malek est absolument fabuleux ! Il donne toute l'ambiguïté au personnage, ses errements, sa folie des grandeurs, son génie... Car, et c'est finalement assez rare dans l La musique, Queen était l'addition de quatre vrais talents. Il suffit de regarder les crédits de leurs chansons pour voir que les quatre musiciens sont derrière les titres, et non pas un seul.

 

Certains ont reproché au film d'être trop lisse, de ne concentrer que  sur la musique , sur l'enregistrement des albums, les tournées, les concerts, et de ne pas en mettre en avant l'homosexualité du chanteur. D'une part c'est faux, plusieurs scènes de "baisers" entre hommes montrent que le script n'élude pas cette partie. Et d'autre part, quand j'étais gamin, que j'écoutais Queen dans mon walkman, je me foutais bien de savoir que Mercury était homo. Pour moi, seule la musique compte, le reste n'est que philosophie !! Les artistes peuvent faire ce qu'ils veulent avec leur vie privée du moment qu'ils soient loyaux envers eux mêmes, qu'ils respectent leur public et surtout, surtout, qu'ils offrent le meilleur d'eux même au niveau de leur art !!

 

Bohemian Rhapsody offre justement ceci : la vie d'un groupe, ses aléas, ses triomphes et surtout ce qui se passait derrière les chansons. Ainsi, la création de We Will Rock you ou Another one Bites the Dunst, c'est vraiment très brillant. La folie de cette époque où les groupes de rock n'hésitaient pas à aller au delà de ce que le "commercial" exigeait, cette folie qui n'existe plus que dans le death et le black metal, franchement, on la regrette. 

 

D'un point de vue de mise en scène, Bryan Singer fait un travail merveilleux, même si on ne saura jamais quelles scènes ont été tournées par Fletcher. Que l'on soit sur scène devant 100 000 personnes ou dans une petite chambre avec la petite amie de Mercury (Lucy Boynton, excellente), jamais le film ne cherche à épater ou à se prendre pour autre chose qu'il n'est.  Il aurait été facile de tomber dans l'excès ou de jouer les expérimentations, mais justement, la sobriété d'une très grande partie du film permet de se focaliser sur l'essentiel : la musique.

 

Car , ne l'oublions pas, les chansons de Queen sont extraordinaires, sans doute parmi les plus belles de toute l'histoire du rock. Mercury était un chanteur hors pair, Bryan May un guitariste monstrueux et la section rythmique sans doute l'une des plus carrés que l'on ait vu sur une scène ! Et c'est évidemment, cette partie qui a fait le triomphe du film : en moins de 3 semaines, il est devenu le biopic le plus rentable de toute l'histoire avec plus de 317 millions de recettes mondiales, battant les 201 de Straight Outta Compton (qui n'avait marché qu'aux USA). Et comme on sait que le budget n'est que de 52 millions, on comprend que la Fox a finalement fait une affaire et a bien eu raison d'attendre que les planètes s'alignent.

 

Alors oui, certains aspects sont survolés, oui il n'y a rien sur les collaborations de Queen et le cinéma (Flash Gordon, Highlander), oui, on aurait aimé que le film aille au delà de Live aid, peut être jusqu'à la mort du chanteur, mais franchement, apprécions déjà ce superbe métrage dont on peut désormais se repasser en boucle la bande originale avec d'autres images en tête.

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Présentation

  • : Salla Obscursium Invocat
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  • Enseignant, fan de cinéma et de métal, chanteur dans différents groupe de métal, collectionneur de tout ce qui touche à Star Wars... what else ?
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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

L'affiche du moment