20 décembre 2007
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J’ai vu
Blade Runner à sa sortie en 82. J’en étais ressorti partagé. D’un côté le visuel était absolument magnifique et 25 ans plus tard, je n’ai pas le souvenir d’avoir vu un film aussi beau. D’un
autre, j’avais trouvé le film un peu lent. Il est vrai qu’avec Harrison Ford à l’affiche, je m’attendais à Indy II ou Star Wars III (on était un an avant Le retour du Jedi).
Le temps a passé. J’ai revu Blade Runner à plusieurs reprises : en cassette, en Laserdisc (la version de 92)… et j’ai compris que la « lenteur » n’était en fait qu’une magnifique leçon de cinéma
de Ridley Scott. Blade Runner prend toute sa splendeur avec le temps et on peut affirmer que c’est sans aucun doute l’un des plus beaux films de toute l’histoire du cinéma. Pour moi, le meilleur
avec Titanic et La revanche des Sith.
Scott est définitivement un dieu de notre galaxie cinéma.
Alors quelle joie de chroniquer ce coffret exceptionnel qui reprend TOUTES les versions du film, qui ajoute des suppléments d’une rare densité dont un retour sur le film de près de 4h où aucune
langue de bois n’est employée. Ridley Scott soigne ses DVD mais pour son chef d’œuvre, il a fait encore plus fort. Et respecte ses fans. Je fais partie des gens quelque peu déçu par le retrait de
la voix-off. Je la retrouve donc et je peux tout autant apprécier la nouvelle version Director’s cut. Merci Ridley.
Première partie donc d’une chronique qui en comptera au moins 5 (il y a 5 disques). Une fois n’est pas coutume, je commence par le disque 2.
Ce disque est en fait un très long retour en arrière, de près de 4 heures, divisé en 8 chapitres (dont le plus court fait 21 minutes) et qui couvre absolument tout le processus de création du
chef d’œuvre de Ridley Scott.
De l’écriture du scénario au statu culte du film en 2007, tout y passe et sans aucune langue de bois. Tous les intervenants, Ridley en tête, parlent avec passion et émotion de Blade Runner.
Enfin, après des années de rumeurs, on peut voir s’exprimer Harrison Ford sur ses doutes, sur son refus de la voix-off non diriger de Scott. On entend enfin tous les acteurs qui, sur le moment,
n’avaient pas tous l’impression de faire un tel film. On met enfin un nom sur les financiers, sur les écrivains, sur les dirigeants, sur ceux qui ont rendu le spectacle possible. Les rumeurs sont
confirmées : c’est bien Rutger Hauer qui fait la cascade finale, ce sont bien des images de Shining qui sont intégrées dans la première fin du film, celle qui se déroule sous un soleil éclatant,
totalement absent du premier métrage. Et oui, le tournage fut un cauchemar pour tous, le réalisateur multipliant les prises, exigeant de tous le meilleur.
Et quel bonheur de voir un réalisateur s’exprimer sans fausse modestie. Scott est doué, il le sait, il ne s’en cache pas. Mais il sait aussi qu’il est exigeant, qu’il ne laisse rien passer, qu’il
n’est pas là pour cirer des pompes. Mais en plus, il sait qu’il doit rendre des comptes à ses producteurs, à ses financiers. Tout au long de ce making of rétrospectif, il se montre d’une très
grande responsabilité, assumant tout, les erreurs comme les éclairs de génie. On ne s’en souvient plus aujourd’hui mais en 82, il venait coup sur coup d’enchaîner Duellistes et Alien, et il
préparait Legend. Il avait déjà réalisé plus de 2500 pubs. Scott était un dieu pour les cinéastes en herbe et Blade Runner n’avait fait que confirmer son style visuel absolu (ce que lui
reprochèrent les critiques d’ailleurs).
Résumer ces 4 heures est impossible, mais rien n’est passé sous silence : ni les dépassements de budget, ni les exigences artistiques inouïes de Scott, capable de demande que l’on inverse des
éléments de décors alors que le tournage n’a pas encore commencé, ni même le côté chaotique d’un tournage de nuit, déprimant et triste, constamment sous la pluie.
Les difficultés, Scott les met en avant (il a supervisé, comme à son habitude, ce coffret) mais n’en tire aucune gloire. Pour lui, Blade Runner était un travail passionnant mais c’était un
travail. Perfectionniste, il en attend la même chose des autres. Il reste cependant responsable, mettant une voix-off parce qu’il sent bien que le public n’est pas encore prêt à accepter un film
purement visuel, n’hésitant pas à virer l’ambiguïté du film (Decckard est-il un répliquant ?) . Peut-être savait-il, inconsciemment, que le futur technologique lui permettrait de revoir son
film.
L’un des modules s’écarte cependant de ce côté un peu déprimant, celui des effets visuels. 30 minutes de pur bonheur où l’on peut voir de grands enfants jouer avec des maquettes, des lumières,
etc… Scott insiste bien qu’en 82, il n’y avait pas d’informatique, si ce n’est dans les caméras puis laisse la parole à ses techniciens. Ceux-ci ne sont pas peu fiers de leur travail et ils ont
bien raison car, hormis Le retour du Jedi, aucun film analogique n’est allé aussi loin. Et comme les techniciens ont vécu ce film assez loin des turbulences du plateau, des conflits qui
opposaient Scott à la production, ils en gardent forcément un souvenir bien différent, presque idéalisé.
Plonger ainsi dans le tournage d’un film se révèle donc riche en enseignement, d’autant que 1982 c’est à la fois proche et lointain. Proche puisque la plupart des protagonistes sont encore en vie
et lointain parce que la révolution informatique n’avait pas encore eu lieu. Il est clair qu’en 2007 Blade Runner aurait un destin différent.
Mais ce que met en scène le dernier module, c’est justement l’influence du film sur le cinéma. Matrix lui doit tout ainsi que le cyberpunk. Et les différents réalisateurs interviewés (Del Toro,
Darabont …) insistent bien sur le choc que constituât sa vision et sur sa façon d’anticiper ce qu’est notre monde. Car par bien des aspects, Blade Runner est en train de devenir un film
contemporain.
Published by David Martin
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Chroniques DVD
15 octobre 2007
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Très beau collector présenté dans un format à l'italienne. Les deux disques sont accompgnés d'un livret de 24 pages sur la création du film et d'une série de 10 magnifiques photos. La
qualité de ce coffret en fait un bel objet de collection, ce qui est déjà une première qualité.
Le premier disque contient bien évidemment le film, admirablement retranscrit avec sa palette de couleur bistre et dorée. Le son est brutal , bien spatialisé . Préférez la VO , ne serait-ce que
pour vous éviter l’horrible chanson rap du générique de fin mais surtout pour vous délecter des dialogues quasi théâtrales originaux. Ils perdent beaucoup de leur verve en français.
Par contre, on regrettera , une fois de plus, que Warner ne sous-titre toujours pas ses commentaires audio . Celui ci , effectué par le réalisateur , du co-réalisateur et du directeur photo,
semble bourré d’info. Mais j’ai vite décroché, mon anglais n’étant pas bon au point de pouvoir suivre une conversation à trois aussi technique !!
Le deuxième disque contient les bonus. Le premier est le regard de deux historiens sur le film, agrémentés d’interventions de Frank Miller, Zack Snyder et Gérard Butler.
Les intervenants prennent donc les uns après les autres les différents aspects du film pour voir ce qui est exact historiquement et ce qui ne l’est pas.
La chose importante rappelée est que , au-delà de Frank Miller, 300 se base sur Hérodote, père de l’histoire mais en aucune façon témoin direct de la bataille. Mais ce que l’on sait des
Thermopyles reste assez important pour que l’on puisse démêler le vrai du faux. Miller, très honnêtement, explique qu’il a modifié, inventé, raccourci afin de donner SA version de la bataille.
Snyder dit la même chose. Ainsi, le fait que Léonidas pousse le messager perse dans le trou est exact. Sauf que c’est le roi précédant Léonidas qui l’a fait.
Snyder explique aussi qu’il a choisi les éléments qu’il voulait pour représenter la vie à Sparte. Ainsi, les épreuves de l’Agogée, quand les jeunes spartiates partaient dès 7 ans pour devenir de
parfaits hoplites contenaient aussi de la danse, de la musique, de la philosophie…
Les deux historiens (un homme et une femme) permettent également de faire le lien entre le vrai de l’Antiquité et le fantasme de Miller. On y apprend donc que le nom du héros signifie Né d’un
lion, que les femmes de Sparte étaient effectivement des esprits libres, que la ville était très sensible à la religion et aux oracles… Bien entendu, il n’est pas question d’un documentaire
retraçant la vie à Sparte mais de quelques éléments visant à établir le film comme un bon étalon de la vérité historique.
Curieusement, un deuxième module, bâti sur le même modèle et les mêmes intervenants, revient sur la notion du guerrier sparte. Pourquoi ne pas l’avoir inclus dans le premier bonus ? Sans doute
pour « étoffer » la liste des bonus. Quoi qu’il en soit, l’amateur éclairé n’apprendra pas grand-chose, mais le novice comprendra mieux le statut particulier de cette cité grecque, dont la
popularité est bien loin d’atteindre celle d’Athènes. Athènes la démocratique mais qui comme Sparte fonctionnait aussi sur l’esclavage. Miller revient également sur le choc des cultures du film
et qui, selon lui, se continue aujourd’hui. Un point avec lequel je suis entièrement d’accord.
Le troisième module tourne autour de l’œuvre de Miller, de ses débuts avec Neil Adams (l’un des plus grands dessinateurs de Comics des 70’s , dessinateur entre autres de Batman et des premiers
X-Men, sans compter la guerre Kree-Skrulls dans la série Avengers, sans doute l’une de leurs meilleures sagas), de ses influences comme le film noir… 14 minutes où le fan de Miller est
forcément aux anges en découvrant l’hagiographie qu’on lui tresse mais également en voyant que lui et Snyder n’ont pas leur langue dans leur poche, y compris quand il s’agit de critiquer
Hollywood. Miller montre qu’il n’est pas qu’un artiste d’exception mais bel et bien un créateur pur et dur qui ne s’embarrasse pas de tabou ou de contrainte quand il dessine. Et un amoureux fou
du comics, estimant que ce médium est aussi valable que toutes les autres façons de raconter une histoire.
Un tout petit making of laisse craindre le pire : le DVD aurait fait l’impasse sur le développement. En effet, juste quelques minutes, avec très peu de scènes de tournage, beaucoup d’images de
films et d’interviews d’acteurs. En fait, ce point est tout simplement laissé à une deuxième série de petits documentaires (dit en ligne et qui se trouvaient sans doute sur le site du film).
Ce petit making of contient cependant la phrase clé de 300 « Les héros sont ceux qui font les choses justes ». Frank Miller relativise et exalte à fois sa vision des choses.
Un deuxième making of survole de manière intéressante le tournage : une succession en images quasi fixes du tournage, sans narration aucune. Cela peut sembler gadget mais en fait, la
quasi-totalité ayant été tournée sur fond bleu, c’est une option très logique quoique minimaliste.
3 scènes coupées présentées par Snyder sont également proposées dont l’une très impressionnante où l’on voit des archers nains juchés sur les épaules des géants sans mains !! Un concept radical
que le réalisateur a finalement écarté car trop « too much » !!
Comme je l’ai dit, les 12 documentaires (38 minutes en tout) issus du site Internet constituent le vrai making of !! Des costumes aux décors, des acteurs à la création des effets visuels, de
l’entraînement des acteurs à la philosophie du projet, tout est dit. Le travail ayant été réalisé en amont et étant destiné au Web, on se trouve donc avec des modules directes, efficaces et
claires mais pas inédits pour un sou.
Au final, 300 en dépit des quelques déceptions liées aux bonus restent un achat indispensable aux nombreux fans du film !!
Published by David Martin
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Chroniques DVD
30 septembre 2007
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Bon, ok le DVD est sorti depuis un bout de temps. Mais que voulez vous, je viens seulement de regarder les bonus. Donc , rattrapage.
(La chronique du film, je l'ai faite en 2006, sur SOI-le Site. Vous pouvez donc la trouver ici. Mon opinion n'a pas
changé : je trouve toujours le film aussi bon et Craig est un excellent Bond)
Le premier Making of , Devenir Bond, s'intéresse surtout à la façon dont ce film a été lancé. Les intervenants, Campbell en tête, reviennent sur le choix de Daniel Craig, estimant que , puisque
Casino Royal revenait aux "débuts" du personnage, Pierce Brosnan était donc trop vieux. Elégante façon d'expliquer que c'est surtout une histoire de gros sous qui a exclu celui qui a fait revivre
la franchise. Car, sans le succès mondial de Goldeneye puis des 3 autres Bond, uniquement porté par le charisme de Brosnan (et pas par des scripts de plus en plus "jeux vidéos), pas de Casino
Royal.
Qu'importe !! La page est tournée et l'on peut donc voir les premières images de Craig lors de sa conférence de presse, les premiers jours de tournage, les soucis avec les fans enragés qui n'en
voulaient pas (un aspect que pas mal de studios auraient passés sous silence) et bien entendu le pourquoi de ce choix. Craig a du charisme, n'est pas trop connu et constituait donc un choix idéal
pour un nouveau départ.
Un petit zoom sur M , Le Chiffre, les James Bond girl ainsi que l'étonnant acteur français qui ouvre la première grosse scène d'action, virevoltant à l'écran comme un véritable petit démon : ce
premier making of remplit son rôle tout en offrant pas mal d'images de tournage, un tournage à l'ancienne, avec des cascades réalistes et un Martin Campbel aussi braillard, par moment, qu'un
Michael Bay.
Le deuxième making of se concentre sur les incroyables cascades du film et insiste bien sur leur aspect réel. Loin des délires informatisés de certains films, on peut donc voir la préparation
minutieuse des trois grosses scènes du film : la poursuite à pied et dans le chantier (on apprend donc que le décor est en fait un hotel en construction abandonné des Bahamas) , l'aéroport et la
bagarre dans la maison. Un zoom sur le retournement de l'Aston Martin et de ses 7 tonneaux (record mondial comme le souligne la production tout en rappelant qu'il est dangereux de tenter de
refaire la cascade, des fois que des crétins aient envie de casser leur Aston Martin) montre des conducteurs tout heureux de faire du "vrai" devant la caméra.
Pourtant, tout au long de ces 23 minutes (qui passent comme un éclair), les responsables des effets visuels et le réalisateur rappelle que , même dans Goldeneye, les cascades étaient des vrais, y
compris le saut à l'élastique.
Il est vrai que les cascades informatisées sont surtout réservées aux films d'anticipation.
On pourra être un peu déçu que le making of soit un peu court mais la production , toujours honnête, n'hésite pas à montrer à la fois l'envers du décor, les fonds bleus mais aussi les doublures.
C'est suffisamment rare pour être noté. Et quel plaisir de voir notre compatriote Sébastien , créateur du Free Running, expliquer comment il cherche à échapper à Bond.
Le troisième bonus pourra apparaître superficiel à certains. Il s'agit en fait d'un survol des différentes James Bond Girl, commenté par Maryam d'Abo, la girl de Tuer n'est pas jouer. Bon, ce
n'est pas le reportage le plus transcendant que l'on puisse voir mais il permet de revoir les plus belles filles de la saga. Si certaines comme Sophie Marceau passent manière subliminales (Carole
Bouquet, elle, n'apparaît d'ailleurs pas), une bonne partie , dont Ursula Andress, parle de son rôle dans la saga. Cette rétrospective permet d'ailleurs de voir comment ont évolué les Girls. Des
potiches sexuées des années 60, elles se sont peu à peu libérées dans les années 70 et 80 pour tenir la dragée haute à Bond depuis Goldeneye. Le reportage n'oublie pas M et Moneypennie et on peut
également comment voir le politiquement correct partir aux oubliettes. Finies les tapes sur les fesses et les mines soumises. Tant mieux , cela dit. L'heure n'est plus au machisme triomphant !!
(Cela dit, Bond , surtout interprété par Pierce Brosnan, reste un petit malin qui a su s'adapter à son temps. Politiquement correct ou pas, il met quand même toutes les Bond Girls dans son lit
!!).
Le clip de Chris Cornel "You know my name" clôt le disque.
Un peu décevant tout de même, ce double disque collector a le mérite d'être présenté dans un superbe Digipack. Mais il est clair qu'on aura droit à une nouvelle version, sans doute en 2008 , pour
la sortie de Bond 22 !!
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Chroniques DVD
15 septembre 2007
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Intéressons nous au DVD de Bonus de cette édition dite collector. Là aussi, les menus sont sobres mais soignés. Le disque est divisé en deux parties : le film, la môme. Mais ces deux
parties sont, hélas , bien inégales.
La première est donc axée sur le film. On commence par un making of plutôt bien foutue mais bien trop court (26 minutes), d'autant que le générique de fin indique que les images sont tirées d'un
making of de 66 minutes !! Ce making of sera-t-il visible sur une autre édition ? On sait qu'un super collector sort en novembre mais il contiendra en fait le même double DVD, un CD et un livre .
Quoiqu'il en soit, ce premier reportage est donc forcément frustrant. L'essentiel y est, notamment dans les interventions d'Olivier Dahan concernant ses motivations dans le film, l'idée qu'il se
fait de Piaf, l'invention du personnage de Titine (l'une des prostituées du bordel où Piaf passa une partie de son enfance. En fait, si cette partie de la bio est véridique, Dahan a créé ce
personnage, sans doute en en mélangeant quelques uns, afin d'ajouter à la fêlure du personnage). On peut également voir les séances de maquillages de Marion et le travail incroyable effectué pour
la transformer en Edith.
Les images de tournages sont assez spectaculaires dans le sens où l'on s'aperçoit que pas mal de plans sont truqués comme, par exemple, quand Edith assiste au match de Marcel au Madison Square
Garden : tournage sur fond bleu ou vert puis ajout d'images de foules, parfois numériques. On peut également voir que Dahan aime la caméra qui bouge, d'autant que le making a la bonne idée
d'insérer les images résultantes telles qu'on peut les voir dans le film. Mais là aussi, c'est un peu trop court pour rentrer vraiment dans l'intimité du tournage. Enfin, les scènes montrant
Marion chanter en playback montre également la difficulté de l'exercice.
Une partie du casting intervient également pour donner son opinion sur le film à l'exception notable de Depardieu. Chaque acteur a sa raison d'avoir joué dans Piaf, le plus émouvant étant sans
doute Jean Paul Rouve dont le personnage, malgré ses défauts, ne parvient pas à attirer l'antipathie, sans doute à cause de l'amour que lui portait sa fille.
Le plus intéressant restant de toutes façons les interventions de Marion, d'une sincérité absolue, et celles d'Olivier. On peut se gausser à l'écoute de sa diction parfois hasardeuse mais en
fait, si l'on fait un tout petit effort, on voit rapidement qu'il est d'une très grande précision. De plus, il ose dire que, s'il est content du succès du film, il n'en est pas dupe, rappelant
qu'il a déjà fait 6 films. Sous entendu, c'est le premier qui a un tel succès !! Dahan connaît très bien ce proverbe hollywoodien : "Vous ne valez que ce que a rapporté votre dernier film".
7 scènes coupées sont également disponibles. Elles n'apportaient pas grand chose au film mais témoignent tout de même de la volonté de Dahan de faire un film qui ne rejoint pas le biopic
classique. D'une grande humilité, le réalisateur explique, via un petit texte placé avant chaque scène, pourquoi la scène a été supprimée. La plus "dure" montre la mère d'Edith plongée dans sa
toxicomanie dans un Paris qui l'ignore totalement.
Un bonus intitulé "Surprise" montre Manon et Pauline, les deux gamines jouant Edith à 5 et 12 ans entonner "Milord". Sympa et permettant de voir l'incroyable ressemblance physique des deux
petites actrices.
Enfin, un reportage de 14 minutes sur la sortie du film aux USA permet de voir l'équipe arpenter quelques villes américaines afin de promouvoir "La vie en Rose" (titre US). Les critiques ont
adoré la prestation de Marion et lui prédisent déjà l'Oscar. Ce qui ne serait que justice. Cependant, la qualité médiocre de ce bonus (surtout en vidéo projection) gâche quelque peu ce bon moment
de gaieté. Ne boudons pas notre plaisir, il est tellement rare de voir une équipe française dans des cinémas américains que l'on peut excuser ce soucis. De plus, le reportage n'essaie jamais de
faire croire que cette tournée était triomphale : les salles ne sont pas énormes, Marion est interrogée sur de petits plateaux, on voit peu de gens connus du grand public. Les 10 millions de
dollars rapportés là bas sont surtout le fait de cinéphiles. Mais il est clair que Piaf reste une star en Amérique, peut être la seule qui ait vraiment marqué la mémoire
américaine.
La deuxième partie est en fait un curieux reportage sur Piaf. Mêlant extraits lus de livres sur Edith (dont celui de Momone, la compagne de galère) et intervention de critiques cinémas et
musicales, le tout est rarement passionnant. Entendre une critique cinéma faire l'analyse de la mise en scène de Dahan aurait pu être intéressant si la dite critique n'aimait pas autant
s'écouter. Résultat, les banalités succèdent aux phrases totalement déconnectées de la réalité.
La critique musicale est plus intéressante, relevant que Piaf s'est en fait inspirée d'une autre chanteuse réaliste (la robe noir, la gestuelle) mais là aussi , pas grand chose par rapport au
film de plus à apprendre. On attendait une biographie commentée par ceux qu'ils l'ont connue comme Aznavour et on se retrouve avec de parfaits inconnus (pour moi, s'entend) analyser un spectacle
qui leur a plu. Le seul véritable interêt est de voir des photos de Piaf à tous les ages de sa vie.
Petite déception donc pour un film qui méritait nettement plus. Mais comme je le dis souvent, ce qui compte, c'est le film. Et rien que pour lui, l'achat de ce collector est indispensable.
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Chroniques DVD
2 septembre 2007
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Vie et mort d'Edith Piaf, sans doute la plus grande chanteuse française. La plus éprouvée par la vie également !!
D'entrées, ce double DVD se distingue par sa sobriété. Pas de menus qui en "jettent" mais des transitions douces magnifiées par la voix d'Edith. Un emballage à l'image du film : respectueux avec
un élégant fourreau noir reprenant la superbe affiche. Enfin , pas de bandes annonces tapageuses pour ouvrir le disque.
L'image est forcément superbe, y compris dans les nombreuses scènes nocturnes ou sombres caractérisant la fin de la vie de la chanteuse. Quand au son... on sent le soin tout particulier
apporté à la musique, aux chansons (chaque chapitre porte d'ailleurs le titre d'une chanson de Piaf) et aux ambiances. Pas un disque de démo (quoique) mais une preuve solide qu'un travail sur le
son ne consiste pas forcément à placer des explosions sur chaque canal !! Je n'ai pas testé la piste DTS , ne disposant pas du matériel adéquat.
Le film vaut largement ses 5 millions d'entrées. Non seulement, Olivier Dahan réussit l'exploit, malgré de multiples allers et retours dans le temps, de faire passer toutes les souffrances
de la vie de la chanteuse mais surtout, il parvient à rendre attachant un personnage bien moins lisse que l'on pourrait le croire, comme le montre ses relations avec la petite pègre parisienne,
ses démélés avec la police alors qu'elle commence juste son ascension.
Brisée par une succession d'épreuves (une enfance sans véritables parents dans une maison close puis dans la rue avec un père aimant mais pas à la hauteur, la mort de son fils puis , plus
tard, de son véritable amour , Marcel Cerdan, sa dépendance à la morphine et à l'alcool...), Edith Piaf n'avait au final que deux réconforts : sa foi chrétienne et la musique. Ce ne
fut pas assez pour la sauver de la mort à 47 ans.
Dahan est un réalisateur talentueux , les Rivières Pourpres 2 le montrait quand il réussissait à mettre en images de manière sublime le récit infantile de cette indigne séquelle. Ici, il a écrit
le scénario et a été au bout de son art. Peintre dans le "civil", il créé ici de véritables tableaux imagés, mélange les touches de couleur en mélangeant la vie de Piaf, revenant au traumatisme
de l'enfance, montrant sa souffrance , ses amitiés perdues (la scène où son père l'arrache aux prostituées de la maison close où elle a vécu ses premières années est extraordinaire) mais
s'attachant à magnifier la lumière. Ainsi, sa dernière apparution sur scène (dans le film) à l'Olympia voit le rideau s'ouvrir, la lumière illuminer l'écran et la môme Piaf apparaître tel
un ange. Superbe. Et des scènes de cette intensité, le film en regorge.
Mais La môme est loin d'être un film triste . Si Olivier Dahan n'écarte aucun des traumatismes de la Piaf, il en restitue également tous ses aspects positifs : son amour avec Marcel Cerdan, sa
fidélité en amitié malgré son caractère parfois épouvantable, sa volonté inébranlable de monter sur scène, au dépend de sa santé et surtout, surtout cette voix extraordinaire.
Marion Cottillard a trouvé le rôle de sa vie, celui qui vous change à jamais. On comprend qu'elle ait refusé Taxi 4. Quand on incarne à la perfection ce petit bout de bonne femme, on peut faire
l'impasse sur le reste. Si le César lui échappe, on aura la preuve définitive que les soi-disants professionnels qui votent ne sont que d'incultes béotiens !!
En attendant, ce premier DVD est une splendeur. Les bonus se concentrant sur le 2e disque (que je chroniquerai un peu plus tard), on peut tout de même y trouver la bande annonce (avec
quelques plans absents du film) et le commentaire audio de Dahan, assisté de son 1er assistant, son monteur , son directeur photo... Un commentaire passionnant et dense !!
Notons aussi une piste en audio description destinés aux aveugles, des sous-titres en français destinés aux mal-entendants et des sous-titres en anglais... Un DVD réellement conçu pour tous
!!
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Chroniques DVD
28 août 2007
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Double ration de DVD Europa et de Luc Besson. Après les Minimoys, voilà les nouvelles aventures de Daniel et Emilien .
Comme d'habitude, Europa nous sort un DVD impeccable, de facture technique de très haute volée avec de superbes menus dans l'esprit du film. Par contre,
exit le double DVD et retour au DVD simple de Taxi 1 (première version, que je ne possède qu'en Laserdisc d'ailleurs) et Taxi 2.
Ce 4e film ne changera pas votre opinion. Si vous aimez la série, vous aimerez celui ci même si les performances de Daniel et son bolide sont nettement
moins mises en avant, le film se recentrant plus sur Emilien et surtout le commissaire Gibert (omniprésent dans la bande annonce). Comme pour le 3e opus, on a droit à un petit pré-générique avec
Djibrill Cissé en guest star. Puis on part dans de la pure comédie avec cette fois ci des truands belges. Gags, quiprocco, bons mots, quelques cascades, un peu de dialogues salés... Besson ne
change pas une recette qui gagne, même si ce Taxi est celui qui a fait le moins d'entrées au cinéma (4,7 millions contre 6,5 ,10 et 6 pour les autres épisodes).
Par contre, si vous n'aimez pas la série, inutile d'essayer de remonter dans le bolide. Rien n'a changé depuis le premier film, si ce n'est que les
acteurs sont plus vieux.
Puisque l'on parle des acteurs, Marion Cottilard est absente puisqu'ayant préféré tourner La Môme . Son rôle dans le film est juste évoqué via un
dialogue. Par contre, on retrouve son père , le militaire quelque peu borné de Taxi 2, mais qui se révèle être un papy gateau franchement marrant. L'idée d'avoir mis des enfants déjà agés
aux deux héros permet d'ailleurs quelques gags sympas. Et à la limite, le film se serait concentré sur eux, on aurait peut être gagné au change. D'autant que faire d'Emilien un père angoissé qui
"sur-sur" protège son fils est la source de pas mal de gags.
Mais tel n'est pas le cas. Cela dit, l'histoire est suffisamment rythmée et les acteurs bien déjantés pour passer un bon moment en famille.
Les bonus du DVD sont de factures assez classiques. On a droit , bien entendu, au making of . 26 minutes c'est court, très court quand on voit tout ce
qui aurait pu être dit. Si on enlève les images du film et les acteurs qui expliquent des personnages que l'on connaît par coeur, il reste une dizaine de minutes intéressantes sur les cascades de
Julienne, le secret de la coiffure de Daniel, les transformations de la voiture (une 407 cette fois), le travail avec les enfants, le tournage au stade vélodrome... Franchement on aimerait
en voir plus.
Par contre, on se serait passé du making of sur la musique d'autant que le DVD de Taxi 3 nous avait déjà fait le coup. Les amateurs de Rap apprécieront
mais les autres (dont je fais partie) zapperont rapidement ces pseudos rebelles crachant leur haine de la société tout en palpant beaucoup de billets. C'est d'autant plus rageant que ce "making
of" fait 42 minutes, presque le double de celui du film !! Faut croire que , pour Besson, les amateurs de Rap sont plus importants que les cinéphiles.
D'autant plus que l'on a droit à deux clips issus de la BO.
Taxi4 est donc un DVD que l'on peut louer si on aime les éditions collector, acheter si on aime cette saga française. Car après tout, l'important
c'est le film, pas l'emballage, non ?
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Chroniques DVD
26 août 2007
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Tiré des deux premiers
romans de la série qu'il a lui même initié (sur l'idée de Céline Garcia), le dernier film de Luc Besson ne pourra que le réconcilier avec tous ceux qui furent déçu par Angel A
(j'en suis). Malgré cela, ce premier vrai métrage d'animation 3D comporte quelques défauts visibles et bien gênants.
Le DVD propose dans un premier temps une superbe image, l'étalonage chaud a été bien travaillé et le niveau de détails est impressionnant tant la définition est bonne. Le monde des Minimoys
est superbement retranscrit et même en vidéo projection, l'image est quasi parfaite. De plus le mélange monde réel pour les décors/animation 3D pour le reste donne un cachet solide et évite la
froideur de certains films "virtuels".
Le son est excellent, mais la version anglaise est nettement meilleur car la voix des personnages est mieux calée sur les animations. Côté effets 5.1, pas de soucis, on est dans la grosse
artillerie avec myriades de passages avant/arrière et des basses très très présentes. La musique symphonique d'Eric Serra (qui ne peut s'empécher de se plagier ou de "recopier" certains
airs connus) est un peu noyée mais elle participe à la bonne humeur ambiante du film.
Le DVD est un simple mais Europa nous en promet un double à la fin de l'année. La surpochette en léger relief est aussi colorée que le film. C'est d'ailleurs une constante chez Europa puisque la
même technique a été faite pour Taxi 4.
Côté bonus, on est donc un peu chiche. Le making of de 26' est cependant très bien fait, éducatif juste ce qu'il faut et empli de la bonne humeur du film. Les enfants étant le coeur de la cible,
il est clair que l'on ne va pas les assommer avec des tas de termes techniques. Fait de manière chronologique, on assiste donc à la naissance du projet en 1999, aux premiers essais, à la
construction des décors en dur et au travail sur les designs. Les intervenants étant tous français , on peut se passer des sempiternels sous-titres.
Si le making of en rajoute un peu dans le laudatif (comme affirmer que c'est la première fois qu'un réalisateur live fait un dessin animé , ce qui est faux puisque dans le même temps Georges
Miller travaillait sur Happy Feet), il permet de voir que Besson a prévisualisé son film avec de véritables acteurs qui ont tourné toutes les scènes des minimoys pendant près d'un an afin que les
animateurs aient de vrais références. L'intérêt d'un making of est de montrer l'envers du décor. C'est ici totalement réussi puisque ces scènes n'apparaîtront jamais à l'écran.
Le tournage live est aussi évoquée, mais bien trop bref. On a droit à quelques brides d'interview de Mia Farrow ou Freddie Highmore mais ce côté est trop survolé.
Survolée aussi l'interraction entre animation 3D et décors réels. Cela sera peut être pour le double collector. Enfin, un passage intéressant montre la création des personnages principaux via
leurs vrais interprètes (Snoop Dog...).
(le splendide mapping des décors)
Au final , un making of court mais instructif où Besson a l'humilité de reconnaître qu'il s'est surtout occupé du tournage live et n'a que peu interféré dans la partie 3D. Il est vrai qu'il a
tourné Angel-A durant la production 3D. Du coup, ce sont surtout les techniciens qui sont mis en avant. Une bonne carte de visite, donc...
Une interview d'Arthur par Michel Drucker (tiré de l'émission Vivement Dimanche) que j'ai trouvé un peu ridicule , 2 clips (un de Snoop Dog utilisant la scène de la boîte de nuit et un autre
d'Elijah, un mini-rappeur qui utilise toutes les mimiques ridicules des adultes, sans trop de rapport avec le film), une floppée de bandes annonces (les mêmes que sur Taxi 4 !!) , une démo
jouable (que je n'ai pas testée) complètent cette galette.
Venons en au film proprement dit : la dichotomie entre univers réel et univers 3D n'est pas génante . Par contre, la progression dramatique si !! Alors que dans les livres, la découverte du monde
des Minimoys par Arthur est progressive et permet au jeune garçon de subir une véritable initiation pour en trouver le chemin, ici, on a l'impression que Besson n'a qu'une envie : entrer
dans le monde animé. Du coup, le scénario abuse de Deus ex Machina (Arthur comprend sans que l'on sache pourquoi comment déchiffrer les mots cachés), se précipite et met des dialogues
qui sonnent faux dans la bouche de ses acteurs. De même, on peut s'étonner de voir Mia Farrow en grand mère. Si Freddie Highmore est un choix parfait , on ne peut pas en dire autant du
reste du casting qui a tendance à sur-jouer. Besson tombe en fait dans le piège du film pour enfants qui consiste à tout surligner à l'encre rouge des fois que les petites têtes blondes ne
comprennent pas. De ce fait, les méchants sont vraiment très méchants et très bêtes... Bref, une partie live pas vraiment emballante...
Heureusement, on se rattrape dans la partie animée. Et même si une partie des péripéties manquent à l'appel (la course sur le dos de l'araignée par exemple), la beauté de l'animation, les
sublimes éclairages souterrains et surtout l'inventivité de l'histoire permettent de passer un excellent moment. Les petits personnages sont attachants, bien croqués et l'action ne faiblit
pas. Même la scène de la discothèque , un peu lourdingue dans le bouquin, passe ici comme une lettre à la poste. Buff compagnie a fait un travail formidable et prouve qu'en France, on peut faire
de la belle animation , on peut ne pas sacrifier la qualité comme le fit Ocelot... Et contrairement à ce que j'ai pu lire, je trouve l'animation faciale très réussie . On voit les sentiments des
personnages sur leurs visages !!
Le retour au monde réel fait ressurgir , hélas, les défauts du début du film : tout est trop rapide, mal exploité. Dommage. Le vilain promoteur est puni en deux temps trois mouvements, le suspens
avec les rubis est vain... Besson nous a quand même habitué à mieux côté progression.
Au final, un bon DVD mais on attendra tout de même la version collector pour se faire une idée complète .
Published by David Martin
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Chroniques DVD
26 juillet 2007
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08:38
Le deuxième DVD
de bonus s'ouvre avec la bande annonce de L'orphelinat, un film espagnol produit par Del Toro qui s'annonce bien flippant puis on a accès au choix de navigation : tout voir (et
accéder à un bonus supplémentaire) ou voir au fur et à mesure.
Ce 2eme disque est nettement plus axé sur la psychologie du film et sa symbolique.
Ainsi, le premier bonus est un entretetien avec Guillermo Navarro , le directeur photo (j'en profite pour corriger mon erreur de la 1ere partie : ce n'est pas Del Toro qui
a fait la photographie du film). Celui ci rappelle l'historique de sa collaboration avec le créateur d'Hellboy ainsi que ses premiers pas dans le cinéma via le métier de
photographe de plateau. Il explique quelques unes des options retenues pour le film, notamment sur le choix des couleurs. Un module de 5 minutes reprend d'ailleurs ces explications de
manière bien plus appronfondies : des couleurs froides (bleues, vertes) pour le monde réel et des couleurs chaudes (jaunes, rouges) pour le monde fantastique. L'entretien est
quasi intime et on peut voir que la collaboration ainsi que l'amitié entre les deux hommes est profonde et ce, malgré la différence d'âge.
Del Toro explique ensuite durant un long entretien les sources de son inspiration : les contes de fée . Pour lui, cette forme de récit n'est pas assez valorisée et , au
détour d'une phrase, on sait que son inspiration première fut Bruno Betleheim qui analysa de manière psychanalitique les contes. De ce fait, le propos du film devient d'une
clarté limpide et surtout on comprend que rien n'y a été mis au hasard. Le fait que l'héroïne soit une enfant de cet âge (pas encore une jeune fille mais plus une petite fille) implique
tout un travail sur les rites de pasages. Pour Del Toro, Ofélia veut revenir dans un monde utérin, ce que confirme les formes et les couleurs du monde souterrain. Sa crainte de grandir ,
l'arrivée de son petit frère (qui va faire d'elle une grande soeur donc une grande personne), la grossesse difficile de sa mère qui lui fait refuser le fait d'être une femme,
tout cela se met en place sous la baguette du réalisateur.
On s'aperçoit alors que Del Toro a pensé son film dans les moindres détails et que la puissance du mythe a été le moteur de l'histoire. Construction intellectuelle importante, Le
labyrinthe de Pan se prête ainsi à de merveilleuses analyses.
Un dernier entretien avec Del Toro permet d'entrer un peu plus dans sa tête, dans son enfance. Le réalisateur parle de ses rapports avec la guerre civile espagnole, avec la religion qu'il dit
avoir quittée... 25 minutes rares où l'homme se met à nu.
Des bonus plus techniques complètent ce disque. Outre le module sur la couleur , déjà cité, un autre s'intéresse au cadre et à la caméra, toujours en mouvement. Les images de tournages montrent
un réalisateur et un directeur de photographie obsédés par leur cadre, préparant minutieusement leurs plans et les refaisant jusqu'à satisfaction. Un aperçu des décors (la salle du trône
notamment) montre là aussi une volonté de différencier le monde réel et le monde fantastique.
La classique comparaison film/storyboards permet de voir combien le métrage a été préparé et Del Toro n'hésite pas à inclure ses propres storyboard, bien pauvres à côté des "officiels" mais
ô combien déjà précis.
Classiques aussi les galeries de dessins , que l'on retrouve de manière plus lisible dans le splendide livret au centre du coffret : 64 pages d'une grande bauté. La navigation est aisée
mais les images sont un peu petites.
Enfin, crédits et liens internet complètent le disque.
En bonus caché, on peut accéder à 6 extraits des notes du réalisteurs , dont certaines datant de 1993 , et commentées par lui. Rappelons que ce film est en gestation depuis plus de 15
ans.
Le 4eme disque est la Bande Originale du film, écrite par Javier Navarette et dominée par une berceuse que le compositeur décline sous plusieurs formes. Les 21 plages du CD font honneur à
la musique et on a bel et bien affaire à un travail d'une grande beauté, d'une superbe précision. Le son de ce CD est cristallin et le seul reproche est que si on veut l'écouter en voiture, il
nous faut lui trouver un boîtier vide.
Le 5eme disque est le film en Haute Définition. N'ayant pas de lecteur DVD HD, je ne peux vous en parler.
Le labyrinthe de Pan collector , au delà de la beauté du film, est donc un achat indispensable pour tout cinéphile qui se respecte.
Published by David Martin
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Chroniques DVD
16 juillet 2007
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18:34
Le deuxième DVD est le premier disque de suppléments. Comme à son habitude, Guillermo del Toro (qui a bien compris les possibilités de ce médium) nous offre des
bonus variés, intéressants tout en restant dans un domaine classique. Pas de révolution mais du solide !!
Le premier bonus est un long making of, qui part un peu dans tous les sens car voulant faire parler tout le monde (les acteurs, les techniciens, les maquilleurs, le concepteur des décors et bien
sûr le réalisateur) mais qui montre bien le travail derrière la caméra. On peut également sentir la fierté de tous les participants de travailler en Espagne sur un aussi gros film. Chacun livre
son idée, sa conception de l’histoire et il est passionnant de voir que Del Toro nuance considérablement son propos sur la guerre civile espagnole, estimant qu’elle ne fut pas faite de noir et de
blanc et que, hormis les Espagnols, personne n’en connaît grand chose, hormis les clichés classiques. Il analyse également très finement ses personnages, avouant avoir fait de Vidal, le méchant
de l’histoire, un personnage très simple, fait d’une pièce. Enfin, il montre bien de quel côté penche son interprétation de la partie fantastique (du côté du rêve). Si on enlève un côté laudatif
un peu agaçant (et que l'on pourrait penser réserver aux seuls américains) , on est dans un registre sincère.
En marge de ses propos, les parties les plus passionnantes sont ceux concernant les décors : nous sommes désormais habitués aux écrans bleus ou verts, aux décors virtuels. Point de cela ici, les
décors sont en durs, le labyrinthe existe, le Pale Man n’est pas une marionnette numérique, les locomotives détruites sont là sur le plateau. Del Toro utilise le terme « film classique » au lieu
de « film à l’ancienne ». Ce qui n’empêche pas un technicien des effets numériques de montrer comment il modifie les images, rajoute des impacts de balles, etc... Désormais, la technologie
numérique s’est bien démocratisée et la planète entière en profite. Mais à la différence de certains Français (je pense à Pitof) , ces artistes espagnols se mettent totalement au
service du film et livrent un travail remarquablement invisible. Du grand art.
Chaque participant a donc droit à son moment d’explication du film. Une fois passé le choc d’entendre parler espagnol (choc dans le sens où c’est une langue que l’on n’a pas forcément l’habitude
d’entendre sur des DVD) , on plonge rapidement et les 45 minutes passent à vitesse grand V. De plus, l’utilisation parcimonieuse d’images du film laisse pleinement la place à ce qui est «
derrière la caméra » (qui est d’ailleurs le titre de ce making of).
Suivent deux séries d’entretiens d’un quart d’heure chacune. Dans le premier Guillermo parle de ses acteurs et ses acteurs parlent du film. Cela complète agréablement le making of et l’on
comprend mieux la motivation de Sergio Lopez. On peut également voir, via un montage de différents extraits du film, que le monde réel et le monde magique sont plus proches que le film ne le
laisse entendre, notamment avec deux scènes de repas, la première avec Vidal et ses amis, la deuxième dans l’antre du Pale Man. Pas de toute, Le labyrinthe.. est un film à voir plusieurs fois
pour bien se rendre compte de tous ses niveaux de référence. Les interviews ont été réalisées à Cannes.
La deuxième est axée justement sur le passage du film à Cannes en 2006 avec extraits de la conférence de presse. Del Toro en profite pour mettre le point sur une injustice : le fantastique est
toujours considéré comme un genre mineur et il trouve donc fabuleux qu’un film de genre soit enfin en compétition. Il estime que la présentation du film et les 22 minutes d’applaudissements qui
ont suivi le film ont changé sa vie. Cela dit Le labyrinthe de Pan repartira bredouille, le jury préférant les très démagogues Le vent se lève et Indigènes. Comme quoi, on veut bien inviter des
films fantastiques en compétitions mais de là à les récompenser !!!
Deux petits modules suivent : le premier, très court (à peine 2 minutes) sur les effets visuels (en fait, un montage de quelques scènes avant/après lorsque Ofélia suit la fée) est décevant. Le
deuxième parle de la mélodie principale, une berceuse voulue par Del Toro.
Les décors font ensuite l’objet de 24 minutes de making of. À ce moment aussi, on plonge derrière la caméra, on suit la construction du moulin, du labyrinthe, de l’arbre et des locomotives. Une
nouvelle occasion de voir que les artistes espagnols sont aussi talentueux que ceux d’Hollywood.
30 minutes sur
les créatures suivent. C’est sans doute le meilleur bonus du lot, s’attardant sur le maquillage, la création du faune et du Pale Man. Un sacré boulot et qui aurait pu être intégré sans
souci dans le making of principal.
Enfin, filmographies, bandes-annonces et une partie DVD-Rom complètent ce premier disque.
Les bonus sont accessibles d’un bloc ou un par un. La navigation est très aisée. Si l’on choisit la navigation d’un seul bloc, on peut accéder à deux petits bonus (l’un sur les décors, et
une galerie de dessins préparatoires)
Bref, une belle réussite.
Published by David Martin
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Chroniques DVD
14 juillet 2007
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/2007
23:44
Le dernier film en date de Guillermo del Toro (Blade II, Hellboy, L'échine du diable, Mimic) vient de sortir dans une superbe édition 5 disques (3 DVD + 1 DVD HD + le CD
de la BOF) et un livret de 64 pages, le tout dans un superbe fourreau.
Ecrin idéal pour la première chronique DVD de SOI - le Blog !!
Voici donc la première partie qui va s'intéresser au film lui même. Les chroniques des autres disques suivront la semaine prochaine.
Le film raconte deux histoires en parallèle : la première suit le quotidien de Vidal, un capitaine de l'armée de Franco , en Espagne, après la guerre civile. Celui ci traque sans relache les
derniers Républicains qui se cachent dans les montagnes.
La deuxième suit Ofélia, la fille adoptive de ce dernier qui va découvrir qu'elle est en fait la princesse d'un monde souterrain et qui, avec l'aide d'un faune , va devoir affronter de
redoutables épreuves , pour revenir dans ce monde. Mais est-ce un rêve ou une réalité ?
On le voit, Guillermo del Toro n'a pas choisi la facilité pour un projet qu'il chérit depuis 20 ans. Les deux histoires s'entremêlent plus que ce résumé ne le laisse à penser mais sans
vraiment se rejoindre (sauf à la toute fin, et encore). Il plante sa caméra dans une Espagne franquiste en proie à la violence et à la répression tout en faisant évoluer sa jeune héroïne dans de
superbes décors du monde souterrain. L'emploi du fantastique, somme toute réduit, permet donc d'opposer le monde des adultes, fait de trahison, de meurtre et de guerre, à celui des enfants, plus
axé sur la magie, la féérie et la ruse.
Ophélia va vite découvrir que sa mère, enceinte d'un petit garçon, a fait le pire choix en rejoignant son nouveau mari, Vidal et que ce dernier ne s'intéresse qu'à la survivance de son nom.
Commettant les pires atrocités , il ne se soucie pas du bien être de sa femme ou d'Ofélia. Et c'est cette brutalité ainsi que la soumission de sa mère à cet homme qui va propulser l'enfant dans
le labyrinthe (du faune, comme le montre le titre original El Laberinto del Fauno).
Del Toro a non seulement réalisé mais signé le scénario et fait la photographie du film. De ce fait, l'unité est parfaite. Mais si le film est une réussite majeure et sa sélection à Cannes prouve
que , quand il le veut, le festival peut s'ouvrir à un véritable cinéma, il comporte deux défauts qui en gâchent un peu le visionnage.
Le premier réside en une répartition trop schématique des caractères. Ainsi, Vidal est un odieux franquiste qui torture, assassine, brutalise, méprise... Les Républicains sont montrés comme des
gens nobles , courageux, honnêtes. La réalité fut bien plus complexe. Comme tentent de l'expliquer des historiens espagnols nés après la guerre (donc débarassés de toute idéologie), la guerre
civile est née du refus des Républicains d'accepter le verdict des urnes du 3 décembre 1933 qui donnèrent la victoire à la droite. Mais surtout, que les atrocités furent une constance des deux
côtés. Les chiffres bruts sont les suivants : la guerre a fait 60 000 victimes de repression dans la zone du Frente Popular et 50 000 dans la zone tenue par Franco. C'est après la guerre
que la balance s'inverse avec l'execution de 30 000 personnes par les Franquistes. Le film montre l'alliance classique entre l'Eglise et le pouvoir franquiste, alliance réelle et
indiscutable. Mais sait-on que les Républicains ont, durant la guerre, massacré plus de 20 000 religieux, prêtres, nonnes...
(Je vous renvoie au dossier La nouvelle Revue d'Histoire de juillet-août 2006 qui reprend tous les nouveaux ajouts de l'historiographie à ce sujet)
Comme dans tout drame humain, la réalité est plus complexe qu'un simple scénario. Guillermo del Toro a cependant l'immense honnêteté de ne pas faire des franquistes des pantins grandiloquents.
L'interprétation de Sergio Lopez dans le rôle d'un Vidal bien conscient de sa propre monstruosité montre également un refus du manichéisme.
L'autre soucis du film réside dans son emploi un peu chiche du fantastique. Ne vous attendez pas à un déluge de créatures fantasmagoriques, Del Toro étant resté finalement sobre sur ce point.
Mais au final, le fantastique est loin d'être la majorité du métrage. Le réalisateur semble être plus intéressé par l'histoire classique de la lutte entre résistants et oppresseurs, histoire
d'ailleurs fort bien réalisée, pleine de rebondissement et admirablement bien jouée. Le film est alors dans un réalisme total et les combats évitent les clichés du genre. Les coups de feu sont
chétifs, les corps ne volent pas en l'air...
De ce fait, on s'éloigne
parfois un peu trop longtemps d'Ofélia et de son royaume. Une écriture plus parallèle aurait sans doute mieux permis de cerner les enjeux du film et ce n'est que dans son dernier acte que les
intrigues se rejoignent vraiment. En fait, et c'est sans doute pour cela que Le Labyrinthe de Pan a tant brillé dans les festivals internationaux , ce fantastique diffus a permis aux critiques de
s'encanailler sans plonger dans un pur film de Fantasy.
Ceci est d'ailleurs surprenant quand on voit les délires graphiques d'Hellboy (que je trouve très surestimé) et de Blade II (nettement plus convaincant à mes yeux).
Mais ces deux "défauts" (qui n'en sont pas vraiment, plutôt des points de vue différents du mien) ne sauraient cacher une mise en scène impressionnante. Del Toro se sert , par exemple, du tronc
des arbres pour passer d'un plan à un autre. Il multiplie les points de vue sur une même scène (Vidal se rasant) en usant du même procédé (en se servant des poteaux de soutenement de la maison).
Sobre et efficace à la fois, le montage laisse au spectateur le temps d'imaginer tout en mettant en pleine lumière de fantastiques créatures comme le faune ou l'ogre (qui a ses yeux dans ses
mains).
Les images sont superbes , amplifiées par des décors sompteusement éclairés et magnifiés par de lents mouvements de caméra. On sent que le film est l'aboutissement du travail hollywoodien du
réalisateur qui a su apprivoiser, métrage après métrage, son métier de metteur en scène.
Enfin, Guillermo del Toro a su tirer le meilleur de l'interprétation d'Ivana Baquero qui campe une fantastique Ofélia. Tout le film d'ailleurs est une ôde à la féminité. Si les hommes sont des
lâches, des brutes ou des ombres, les femmes , quelque soit leur âge, représentent ici le courage, la vaillance mais aussi la maternité, la douceur , la protection. Il est clair que del Toro a
choisi son camp.
Au final , malgré les quelques réserves (que certains balaieront d'un revers de main), Le Labyrinthe de Pan est une réussite , un exemple parfait de ce que le fantastique peut apporter au cinéma
d'auteur.
(Rappelons que le film a rapporté 81 millions de dollars sur toute la planète pour son interprétation salle dont 37 aux USA , devenant ainsi le 4eme film en VOST du Box Office US. A comparer avec
les 2,4 millions de dollars récoltés en France. Qui a dit qu'il n'y avait pas de cinéphiles en Amérique)
Published by David Martin
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Chroniques DVD