Après avoir survolé la saga, entrons dans le vif du sujet avec les deux premiers films adaptés en 2001 et 2002. Pourquoi les associer ? Parce qu'il forme un tour, ayant été réalisé par la même équipe dirigée par Chris Colombus et qu'ils collent de très près aux bouquins.
Cette fidélité s'explique par une chose toute simple : les deux premiers livres sont plutôt courts. Malgré le fait qu'ils introduisent le monde de Poudlard et des magiciens, JK Rowling a su rester raisonnable et amener les éléments de cet univers en douceur. Elle se rattrapera par la suite en rajoutant de nouvelles couches s'appuyant sur les bases des deux premiers épisodes.
Le tout premier film est un quasi décalque du livre, seuls certains points de détails ont été omis. La première partie qui présente Harry et les Dursley est la seule qui est légèrement souffert du passage au grand écran. Le scénariste est parti du principe que le spectateur voulait surtout voir Poudlard et les 10 premières années du petit sorcier sont donc expédiées en quelques images et un fondu enchaîné. A partir du moment où Hagrid emmène Harry, on retrouve une très grande fidélité au roman et l'on se rend compte que la construction de Rowling se rapproche justement d'un scénario, notamment par le fait que le personnage principal est dans toutes les scènes. Les romans sont linéaires, les films aussi. On passe du point A au point C en passant par B. C'est aussi simple que cela.
Les différences se feront donc sur des détails. Ainsi, l'épreuve des potions, résolues par Hermione, est absente du film. Colombus va surtout s'attarder sur la présentation des personnages. Chaque acteur majeur de la saga a donc droit à sa scène d'introduction, d'autant que , si on excepte Richard Harris (décédé en 2002), ils garderont leur rôle durant les 8 films. La durée du métrage (2h22) autorise un rythme de présentation plutôt lent, y compris pour des personnages finalement secondaires comme Sir Nicholas.
L'aspect enfantin du livre est transcrit merveilleusement à l'écran. Point de macabre ou d'épouvante à la petite semaine, mais une sensation de découverte permanente. Harry découvre un univers magique qu'il n'avait jamais soupçonné et à l'écran, le spectateur doit éprouver la même sensation. Les décors sont donc jolis, le château ressemble à un château de conte de fée, les personnages sympathiques, sauf évidememnt Rogue. Le parti pris de Colombus en a énervé plus d'un, mais il ne fait que refleter le livre. Et le succès impressionnant du film (seule la partie 8 fera mieux) donnera entièrement raison à cette idée.
En relisant les livres, on est soufflé de voir combien la romancière a fait un travail cohérent, certains éléments ou personnages esquissés dans ce premier volume trouvant leur aboutissement plusieurs livres plus tard.
Le premier film fonctionne plus en cercle fermé, même si certains allusions et clins d'oeils témoignent de cette volonté de rester dans un tout dépassant un seul film. Mais il fallait bien faire un film qui se tienne car, après tout, le succès n'était pas forcément assuré. Regardez Eragon ou A la croisée des mondes. On attend toujours la suite.
Rassuré par le triomphe du film, Colombus a pu mettre un peu plus de fantasy dans le deuxième film. Progressivement, les décors deviennent plus sombres, les péripéties moins innocentes, les personnages plus ambiguës. Et quelques coupes apparaissent aussi : la vie de Harry au Terrier, la maison des Weasley est absente, ou la fête d'anniversaire de Sir Nicholas par exemple. Mais comme pour le premier film, les coupes sont surtout des scènes moins importantes. Le scénario garde l'essentiel du livre à savoir la chambre des secrets. Tout ce qui ne s'y rattache pas n'apparait pas ou alors est édulcoré.
Le deuxième film verse donc moins dans le merveilleux et l'on devine que la direction voulue par la Warner est encore hésitante. Car il ne faut pas oublier qu'en 2002, seuls les 4 premiers livres sont parus. Le studio sait que Voldemort va revenir à la fin du 4e livre, mais pas du tout ce qu'il fera après. L'adaptation est donc complexe car il est impensable de modifier la structure des livres alors qu'on ne sait pas comment se terminera l'histoire. Doit-on mettre en avant tel ou tel personnage si on ignore s'il va passer la rampe du 5e livre ?
Cependant, quand on relis La chambre des secrets, on voit que la direction un peu plus noire du film n'est pas si présente dans les phrases écrites. JK Rowling a construit son 2e roman sur la même trame que le premier, la présentation de la famille Weasley faisant le contrepoint de la vie chez les Dursley du premier livre. Mais la noirceur (légère) du film est un parti pris de Colombus, pas le reflet du roman. Harry Potter reste encore émerveillé de ce qu'il découvre et l'univers n'a pas encore sombré dans les ténèbres. Ceux-ci arrivent cependant et surtout JK Rowling lève le début du voile de la vie de Tom Jedusor. Et quand on referme le dernier livre, on s'aperçoit que, comme sur la saga Star Wars, le méchant n'existe qu'à travers le héros. Cela ne se perçoit pas encore dans le film (et cela ne se percevra pas, les trames cinématographiques étant plus manichéennes que les trames romanesques) ce qui donne une approche plus simple à l'écran.
Le dyptique de Colombus est particulièrement intéressant car il met en place toutes les bases de l'univers, les décors, les personnages, le ton général de la saga et qu'il ouvre la porte d'un monde merveilleux à tous ceux qui n'ont pas lu les roman. A partir de cette base, les trois autres réalisateurs vont pouvoir construire leur film. Mais c'est une autre histoire.