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28 septembre 2021 2 28 /09 /septembre /2021 08:57
Godzilla Vs Kong (****)

Le pitch : alors que Godzilla semble s'être retourné contre l'humanité, Apex, une société de très haute technologie, souhaite utiliser Kong pour atteindre la terre creuse...

 

ATTENTION : cette chronique contient des spoilers. Si vous n'avez pas encore vu le film, mieux vaut reporter votre lecture.

 

4e volet du Monsterverse, ce combat de titans était tombé à pic pour relancer la fréquentation dans les salles US. Sorti en mars dernier, il fut le premier film depuis Bad Boys 3 à passer la barre des 100 millions en Amérique et en engrangea 467 dans le monde entier. Un bon score qui dépassait celui de Godzilla King of Monsters, mais restait logiquement en deçà de Skull island (566 millions) et Godzilla 2014 (524).

 

Reprenant certains personnages vus dans King of Monsters, ce nouvel opus nous projette dans plus de 40 ans après les évènements de Skull Island. Kong y est désormais surveillé de près par les hommes , mais coule des jours paisibles. Du côté de Godzilla, le titan oscille toujours entre le bien et le mal et le début du film le voit attaquer, apparemment sans raison, les installations d'Apex, une société dont la façade respectable cache une réalité nettement moins reluisante.

 

Godzilla Vs Kong fonctionne à la façon des Marvel Team Up, à savoir des comics où deux super héros (généralement Spiderman ou La chose) commençaient par s'affronter avant de faire front contre un ennemi commun. Ainsi, les deux titans vont donc se castagner déjà sur mer puis dans Hong Kong avant de devoir s'unir contre MechaGodzilla, un titan artificiel développé par Apex ! 

 

Entre deux combats, l'histoire se focalise sur deux groupes humains. Le premier voit donc des scientifiques employés par Apex et cherchant à atteindre la terre creuse, territoire d'origine des titans et de Kong et que le PDG soupçonne d'abriter une source d'énergie capable de remettre l'humanité à égalité avec les monstres qui attaquent périodiquement la planète. Dans ce groupe se trouve une petite fille malentendante qui a trouvé le moyen de communiquer avec Kong, justifiant ainsi que le scénario l'emmène dans des endroits d'une dangerosité inouïe.

 

L'autre groupe est un trio, composé d'un théoricien du complot , d'une de ses admiratrices - qui se trouve être la fille d'un des scientifiques de King of Monsters, et son ami, totalement dépassé par les évènements. Le trio va rapidement comprendre que Apex n'est pas aussi "sympathique" que sa communication veut le faire croire et découvrir le secret derrière l'attaque initiale de Godzilla en Floride. Cela permet quelques saillis comiques, même si cet aspect reste marginale.

 

Bien entendu, ce qu'espère le spectateur, c'est l'affrontement entre les deux monstres. Et même si le réalisateur Adam Wingard (You're Next, Blair Witch 2016) estime que les situations vécues par les hommes doivent répondre aux dangers qu'affronte Kong, comme par exemple la noyade lors du premier combat, il est évident que le film prend toute sa mesure quand il met en scène les titans. 

 

Et de ce côté, on est servi ! Ultra spectaculaire à souhait, les trois affrontements sont diversifiés , tant par leur environnement qui va convenir à l'un ou l'autre. Ainsi , Godzilla prend le dessus sur Kong en pleine mer tandis que la jungle urbaine de Hong Kong permet au grand primate d'utiliser le décor pour être à la hauteur de son homologue reptilien. L'humanité n'a plus qu'à se terrer et espérer que les dégâts monstrueux engendrés par cette guerre ne feront pas trop de victimes, même si on peut douter que des gratte-ciels qui s'effondrent les uns sur les autres en font des milliers.

 

La surprise du film tourne autour de la terre creuse. Loin d'être un gimnick, il en devient le thème centrale de la 2e partie avec, là aussi, des images grandioses d'un environnement jouissant d'une gravité inversée (et totalement surréaliste). Et quand Kong découvre le temple de ses ancêtres , immense caverne qui pourrait contenir des dizaines de basilique St Pierre, on en apprend un peu plus sur ses origines. D'ailleurs, les protagonistes évoquent tous dans les bonus leur envie que le 5e volet se déroule plus longtemps dans cet environnement. Après tout, on ne fait qu'effleurer le monde des titans.

 

L'autre surprise est donc l'apparition de MechaGodzilla, un titan mécanique qui n'a rien à envier aux transformers de Michael Bay. Comme toujours, la créature de Frankenstein échappe à son créateur (ce qui nous vaut une mort assez rigolote) et devient le pire ennemi de l'humanité. Il faudra donc que Kong et Godzilla enterrent la hache de guerre afin de briser définitivement la menace.

 

On le voit, Godzilla Vs Kong est un pur film pop corn, un blockbusters décomplexé dont le scénario  n'est qu'un prétexte à filmer deux titans se mettant sur la tronche, un plaisir régressif mais très bien réalisé. Alors, oui, on pourra reprocher une approche "humaine" très clichée , une justification oiseuse de l'attitude de Godzilla et une certaine lassitude quand le combat s'éternise.   C'est sans doute le prix à payer pour un spectacle , que nous n'avons pas pu voir sur grand écran en France, qui ne cherche jamais à être prétentieux. Au contraire, il annonce rapidement la couleur et offre au spectateur ce qu'il est venu chercher dans le titre.

 

 

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16 février 2021 2 16 /02 /février /2021 22:20
Antoinette dans les Cévennes (****)

Le pitch : parti retrouver son amant dans les Cévennes, une jeune institutrice va découvrir que marche avec un âne n'est pas si facile.

 

Les "Feel good movies" sont suffisamment rares en France pour ne pas être attiré quand l'un est visible sur nos écrans. Enfin, sur nos écrans, je dois préciser que c'est en Blu-ray que j'ai vu le film , chose rare car je n'achète que très rarement des films sans les avoir vu.

 

Vous savez quoi ? je ne regrette pas cet achat à l'aveugle car Antoinette dans les Cévennes, bien loin d'être une comédie classique, est un vrai bon film qui fait plaisir et qui rend heureux, superbement filmé (les paysages des Cévennes y sont pour beaucoup) et avec un couple surprenant et atypique : une actrice au top - Laure Calamy- et un âne prénommé Patrick.

 

En fait, la grande surprise de ce film vient du fait qu'il ne cherche pas à faire rire bêtement mais aussi et surtout à émouvoir. Antoinette est une belle jeune femme naïve qui se lance tête baissée dans une aventure qu'elle ne maîtrise pas. Et ainsi, elle va en apprendre beaucoup sur elle, faire le tri dans ses choix et dans sa vie, comprendre les faux semblants qui l'empêchaient d'avancer et tout cela avec une drôlerie incomparable.

 

Parce que oui, Laure Calamy est vraiment rigolote, un peu à l'image de Alice Pol (une actrice que j'apprécie beaucoup). Dès la première scène, où elle enfile une robe dans sa classe, elle est drôle mais surtout naturelle. Et cela fait toute la différence. Elle n'a pas besoin de se forcer, elle est sublime et ses mésaventures - parce qu'elle vit quand même de sacrées galères - la rendent encore plus attachantes.

 

Qui dit film de "voyage" , dit belles images. Et là, comme je l'ai dit plus haut, on est gâtés. La caméra Caroline Vigal, aérienne et légère, se  fait vraiment plaisir et offre au spectateur une superbe visite des Cévennes. Et même quand la scène pourrait paraitre anodine (Antoinette qui parle à son âne), elle la cadre de loin pour montrer que ce qui pourrait paraître insignifiant est sublimé par le décor. Oui, le film est beau en plus d'être drôle et touchant. Un vrai film de cinéma , pas un téléfilm !

 

Alors, bien sur, le métrage n'est pas exempt de quelques défauts. Ainsi, une partie des personnages, notamment le groupe qu'elle rencontre dans le premier gite est sous-exploité puisque disparaissant rapidement. Des pistes de l'histoire ne se terminent pas (Antoinette en a-t-elle vraiment fini avec Vladimir ? Et que va penser la fillette de sa maîtresse après les révélations que lui fait sa maman ?) et alors qu'on se demande comment elle va bien se sortir du guêpier dans lequel elle s'est fourrée, le film fait le choix de partir dans une autre direction. Petit sentiment de bâclé donc aux vues de certains aspects du scénario.

 

Mais ce qui fait la force du film, c'est le lien que Antoinette va établir avec son âne. La plus scène du film la voit déjà l'insulter, lui taper dessus avec la trique - et ce qui est horrible, cela fait rire - pour la voir fondre en larmes ensuite en regrettant son attitude, demandant pardon à Patrick comme elle ferait avec un enfant qu'elle aurait grondé trop fort dans son métier. Laure Calamy y est aussi touchante que drôle, une fois de plus, et atteint un sommet que peu d'actrices peuvent prétendre atteindre. A ce moment là du film, Antoinette dans les Cévennes est parfait !

 

Vous l'aurez compris, ce métrage m'a plu. Et il mérite totalement son succès de cet été. Alors, oui, peut être que sans la pandémie qui faisait que l'on n'avait peu de chose à se mettre sous la dent dans une salle obscure, il n'aurait pas fait autant d'entrée. Et encore, je n'en suis pas sûr. Car le public sait toujours reconnaitre un bon film , français ou pas. 

 

Si vous ne l'avez pas vu, faites moi confiance et rattrapez vous : vous ne le regretterez pas.

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9 décembre 2020 3 09 /12 /décembre /2020 08:25
Green Book (****)

Le pitch : En manque d'argent, un videur de boîte de nuit italo-américain accepte de véhiculer un pianiste noir qui doit partir en tournée dans le sud des Etats-Unis.

Venant de la part d'un des frères Farrely (Mary à tout prix, Fous d'Irène et autres comédies pas vraiment fines), la surprise devant la vision de Green Book n'en est que totale. Car ce road movie situé dans les années 60, à une époque où la ségrégation raciale était toujours de vigueur dans une grande partie des USA est à la fois pudique, réaliste et empreint d'une grande rigueur historique, ne cherchant jamais à nier une situation que l'on espère disparue à jamais.

 

Se basant sur le principe du Buddy movie, avec ces deux personnages que tout oppose , Tony le vigile brut de décoffrage et Dr Shirley, artiste raffiné et instruit, Green Book va donc faire monter en puissance le respect mutuel puis l'amitié qui va s'installer entre les deux hommes.

 Petit à petit, chacun va chercher à comprendre l'autre, à se rendre compte qu'il est aussi victime de préjugés et que les apparences sont parfois trompeuses. Dr Shirley a beau être riche et célèbre, il est seul et sa notoriété ne le protège pas des humiliations subies dans le sud des USA : interdiction de manger dans un restaurant réservé aux blancs, obligation d'aller dans des toilettes pour noir situées dans un jardin, obligation de dormir dans des hôtels pour les "colorés". Tony, lui, malgré sa situation précaire, peut compter sur ses amis, sa famille.

 

Chacun des deux hommes devra faire un pas vers l'autre,  et l'aider à découvrir d'autres facettes de la vie. Shirley apprendra à Tony à écrire de vraies lettres à sa femme et Tony fera découvrir le KFC à Shirley. De petites choses certes, mais au final, ce sont elles qui cimenteront leur amitié.

 

Victime de préjugés épouvantables, Shirley  devra compter sur l'aide de Tony pour le sortir de plusieurs situations délicates. Il le fera sans arrière pensée et sans se poser de questions, bien conscients que son statut de "blanc"  lui permet d'éviter ce genre de problèmes. Et quand ce sera à Shirley de rendre la pareille, son honnêteté et son sens du devoir lui feront honte d'être obligé de faire appel à de puissants soutiens. D'ailleurs à ce moment du film, le point de bascule entre les deux hommes est sur le point de se rompre et c'est finalement le fait que Shirley ouvre - enfin - son coeur à Tony et lui explique sa solitude que ce dernier va comprendre celui qui va devenir plus qu'un simple patron.

 

Filmé de manière très simple, Green Book n'en est pas moins un film au rabais. La reconstitution des années 60 que cela soit les maisons bourgeoises du sud des USA, les salles de concert où se produit Shirley, les rues de New York - du Bronx en particulier - donne un incontestable cachet au film. Tout un monde disparu qui revit sous nous yeux et qui , pourtant , n'est vieux que d'une soixantaine d'année. 

 

Enfin, pour obtenir une telle réussite, il fallait deux grands acteurs. Farrelly les a trouvé en la personne de Virgo Mortensen, quelque peu empâté certes mais toujours aussi charismatique, et Mahershala Ali (on avait pu le voir dans Les figures de l'ombre, autre superbe film se déroulant dans des années 60 ségrégationnistes ou Alita), parfait dans ce rôle d'artiste hautain mais cachant une réelle fragilité. L'alchimie fonctionne dès leur première scène, et dynamise le film, se servant des joutes verbales - qui ont souvent lieu dans la voiture - pour faire avancer l'histoire. 

 

Si on peut quelque peu déplorer que l'aspect musical passe au second plan, une scène magistrale rappelle que nous sommes sur un récit biographique : à un moment du film, Dr Shirley va investir le piano d'un bar réservé aux noirs, alors qu'il vient de refuser un concert dans un hôtel pour blanc et montrer les deux facettes de son talent  : le pianiste classique prodige et celui qui va donner une puissance folle au rythm'n'blues de l'orchestre local. A ce moment, Shirley a basculé dans le monde de Tony et surtout il s'est mis au diapason de ses frères.

 

Green Book a donc parfaitement mérité son succès mondial (325 millions de dollars de recette dont 85 aux USA) de par son message positif et de par cette grande direction d'acteur.

 

Disponible en Blu-ray - c'est sur ce support que j'ai pu le voir - Green Book n'est pas qu'un film sur la ségrégation , la musique ou les rapports entre blancs et noirs, c'est surtout un grand film, porté par deux grands acteurs. Chapeau bas, messieurs !!

 

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14 novembre 2020 6 14 /11 /novembre /2020 19:40
Rambo, Last Blood (****)

Le pitch : Alors qu'il tente de finir  sa vie tranquillement dans le ranch qui l'a vu naître, John Rambo doit partir à la rescousse de celle qu'il considère comme sa fille, enlevée au Mexique.

 

Plus de 10 ans après le dernier épisode, qui se déroulait en Asie du sud est, Stallone retrouve donc l'autre personnage qui l'a rendu célèbre et le moins que l'on puisse dire, c'est que ces retrouvailles sont réussies !

 

Prenant en compte, l'âge de l'acteur (et donc du personnage), Adrian Grunberg, le réalisateur, aidé en cela par un script écrit par Sly, a donc conçu un film qui se découpe clairement en 3 parties : une  introduction où l'on découvre la nouvelle vie de Rambo, en paix pour la première fois avec lui même et ayant enfin sa famille, même si c'est une famille d'adoption, une deuxième plus sombre se déroulant au Mexique où il va devoir affronter l'horreur des réseaux d'exploitation sexuelles et enfin, une dernière partie où il lâche ses démons et décime tous ceux qui ont brisé sa fin de vie.

 

Trois parties fort différentes, que cela soit dans leur montage , de plus en plus cut au fur et à mesure, leur brutalité - le massacre final se teinte d'un gore parfois outrancier - et le ton, Rambo étant de plus en plus désabusé, et de moins en moins humain, de moins en moins héroïque. La réussite du film vient qu'il ne cherche pas à reproduire les exploits du 2e et 3e épisode, véritables films de super héros où, Stallone, tout muscle saillant, n'avait plus grand chose à voir avec le vétéran brisé du premier opus. Il ne cherche pas non plus à se rapprocher du 4e film, si ce n'est pas son approche de la violence. Comme je l'ai dit, Rambo a vieilli et désormais, il doit rivaliser d'astuce et de furtivité pour se défaire de ses ennemis. La scène centrale du film le voit d'ailleurs se faire passer à tabac par une horde de voyous mexicains, alors que dans les années 80, il n'en n'aurait fait qu'une bouchée ! A partir de là, Rambo comprend qu'il va devoir avoir une autre approche et sa vengeance n'en sera que plus brutale !

 

L'un des aspects du film réside dans la description d'un fléau de notre époque, à savoir le commerce sexuelle où les femmes ne sont que des objets de plaisir. Le making of (excellent au demeurant) insiste bien sur cet aspect, même si, et le réalisateur l'avoue, il n'était pas question de faire un documentaire et il a mis la pédale douce sur la description des horreurs que subissent les prostituées malgré elle. Cependant, cette partie est suffisamment écoeurante pour faire réfléchir le spectateur  ! Et le dénouement tragique de la destinée de plusieurs partenaires ne laisse que peu d'espoir pour ces filles enlevées, droguées et vendues comme des objets.

 

Sly a donc vieilli, mais sa rage reste intacte. Et même si l'histoire prend un peu de temps à démarrer , tout en s'accélérant dans la dernière partie, le film est tout aussi nerveux que les autres, insistant bien sur le temps qui a passé. Une autre scène pivot voit Rambo balancer ses médicaments qui l'aidaient à contrôler son stress post traumatique : une façon de dire que la bête va se libérer à nouveau.

 

Last Blood est donc l'ultime (?) voyage d'un homme que la vie aura meurtri, défait et dont les cadeaux qu'elle lui a donné lui seront impitoyablement retiré. Stallone est évidemment magnifique dans ce rôle qui, même si il lui a collé à la peau durant des années, est sans aucun doute celui où il est le plus lui même. Mine de rien, sa carrière, ses hauts, ses bas, se sont construites sur la vie de John Rambo. L'incompréhension de certains, les accusations de fascisme (surtout dans les années 80), mais la reconnaissance mondiale (Rambo est connu dans tous les pays du monde) sont à la mesure du personnage !

 

Avec ce dernier épisode, Sly offre donc un beau cadeau à ses fans, mais aussi à lui même. Il boucle une boucle entamée il y 38 ans, sur une petite route des USA, où un quasi vagabond tentait de retrouver un de ses camarades de combat.

 

Ceux qui suivent ce blog savent combien j'aime Stallone, dans ses réussites et dans ses échecs, dans ses excès, dans ses idées. Ce Last Blood, que j'aurais donc découvert en vidéo, est clairement un nouveau sommet de sa carrière !!

 

 

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8 mai 2020 5 08 /05 /mai /2020 16:34
Ad Astra (****)

Le pitch : dans un futur proche, Roy McBride un astronaute part à la recherche de son père , disparu près de Neptune, lors d'une mission ultra-secrète.

 

Quand le réalisateur de Little Odessa, Lost City of Z ou La nuit nous appartient , tous d'authentiques chefs d'oeuvre, s'attaque à la SF, on se doute bien qu'on sera plus proche  de 2001 que de Star Wars. Et effectivement, hormis quelques scènes "d'action" obligées (je vais y revenir), Ad Astra choisit de prendre son temps pour raconter son histoire et s'ancre le plus possible dans la réalité.

 

Et quand il s'inspire , avec Ethan Gross, de la nouvelle Au coeur des ténèbres, qui a déjà inspiré le script d'Apocalypse Now, on sait que Ad Astra sera forcément un voyage autant intérieur que physique.

 

Car le scénario d'Ad Astra évoque irrémédiablement Apocalypse Now à savoir un soldat qui va , étape par étape, remonter la piste d'un autre soldat disparu et dont la hiérarchie veut la mort car il a visiblement sombré dans les arcanes de la folie. Tommy Lee Jones remplace Marlon Brando, Brad Pitt prend le relais de Martin Sheen, la route vers Neptune passant par la Lune et Mars remplace elle la remontée du fleuve vietnamien. 

 

Doté d'effets visuels extraordinaires (certaines visions spatiale du McBride sont fabuleuse, notamment quand il passe devant Saturne), d'un casting en béton et d'une interprétation sans faille, Ad Astra avait tout pour se hisser à la hauteur d'Interstellar , Blade Runner (les deux opus), Gravity ou de Premier Contact en matière de SF cérébrale.

 

Mais, quelques défauts l'empêchent d'obtenir une étoile supplémentaire. 

 

En premier, on ne peut que regretter la présence ultra minimale de Liv Tyler. La belle jeune fille d'Armageddon ou That's thing you do n'est là que dans les flashbacks et la scène finale, de manière tellement brève qu'elle en devient subliminale. Il y avait pourtant matière à en dire plus sur ce couple à la dérive, mais Gray a choisi de se centrer sur le voyage de McBride, ce qui enlève une grande partie de l'émotion au film, le personnage osant enfin les exprimer que dans le derniers tiers de l'histoire.

 

Ensuite, même si grandement réussies, les scènes "d'action" à savoir la chute de McBride de l'immense station qui part de la Terre jusque dans l'espace, l'affrontement sur la Lune ou la découverte d'un vaisseau abandonné  donnent parfois l'impression d'avoir été ajoutées artificiellement. Là où Coppola incorporait parfaitement ses scènes grandioses (l'attaque du village, le lâcher de napalm, le combat sur la rivière) dans sa trame contemplative, Gray semble réaliser deux films différents, d'autant que le contexte politique est parfois nébuleux (pourquoi la Lune est-elle devenue une zone de quasi non droit ?). En fait, ce sont surtout les ruptures de ton entre des scènes que l'on sent "obligées" qui gênent quelque peu. Ce sont pourtant elles  qui ont été mises en avant dans la bande annonce et l'affiche, trompant quelque peu le public qui s'attendait peut être à voir un film à la Emmerich.

 

Enfin, la froideur de McBride , que l'on devine semi autiste, finit par  se retourner contre lui et on n'éprouve finalement pas d'empathie pour lui. Heureusement, la dernière partie du film balaye enfin cette impression, grandement aidée par un Tommy Lee Jones une fois de plus au sommet de son art. 

 

Mais que ces défauts n'empêchent pas de donner sa chance à Ad Astra si vous n'avez pas pu le voir en salle car ce voyage aux confins de notre système solaire est d'une beauté incroyable et sa conclusion redonne forcément foi en ses personnages. Après tout, les films de SF nous amenant à réfléchir ne sont pas si légion et quand ils sont portés par un tel casting, que cela soit devant ou derrière la caméra, on ne peut pas jouer les blasés.

 

Comme il se doit, le Blu-ray est extraordinaire et les bonus grandement intéressants. On peut cependant, mais cela devient une constance , l'absence de sérigraphie colorée sur le disque. Les éditeurs en font vraiment de moins en moins !!

 

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24 avril 2020 5 24 /04 /avril /2020 15:27
Le Mans 66 (*****)

Le pitch : soucieux de changer l'image de sa marque, Ford décide de défier Ferrari sur la plus prestigieuse course automobile du monde , celle du Mans !

 

Attention chef d'oeuvre ! Même si vous n'aimez pas les voitures de courses ou les films de voiture, James Mangold transcende le genre et brosse surtout le portrait de deux pilotes marginaux, totalement différents dans leur caractère et leur vie, mais unis par la même détermination et la même volonté de ne rien céder de leurs idéaux.

 

Car au travers de deux acteurs d'exception, Matt Damon et Christian Bale, le film , même s'il offre de spectaculaires scènes de course et une reconstitution fidèle des circuits du Mans ou de Daytona, s'attarde sur le lien qu'entretiennent les différents personnages avec les voitures. James Mangold avait déclaré n'avoir aucun fétichisme envers l'automobile et c'est sans doute pour cela qu'il a fait un film sur des pilotes et non sur des courses.

 

Toute l'histoire tourne autour de cette même idée : réussir sans renier ses idéaux. Tous les personnages qui suivent cette voie attirent immédiatement la sympathie, malgré leur caractère parfois difficile. Tous ceux qui tentent de louvoyer, comme l'un des cadres de Ford sont montrés sous leur jour le plus noir, comme si Mangold nous disait : ceux qui sont prêt à des compromissions ne méritent pas notre compassion, au contraire de ceux qui ne transigent pas, même s'ils font des erreurs.

En cherchant à capter une époque , le film se double évidemment d'une formidable reconstitution historique, pas si ancienne que cela et pourtant où tout semble différent : les habits, les voitures, les objets, les mentalités même. Le travail sur les décors, sur les accessoires est exemplaires et on jurerait que le film a été tourné dans les années 60. Bien sûr, les effets visuels sont à l'origine de cette réussite également , preuve que le médium est arrivé à maturité car à aucun moment, ils ne cherchent à en mettre plein la vue, mais sont totalement invisible. Ceux qui ont vu Le Mans avec Steve McQueen pourront faire la comparaison, mais Le Mans 66 aurait pu être tourné au moment même des faits.

 

Si on compare le film avec le dernier fleuron du genre, à savoir Rush de Ron Howard, Mangold a donc choisi une approche quelque peu différente (pas d'opposition frontale entre les deux acteurs principaux) mais il s'inspire du respect des personnages pour leurs bolides, tout en ne mettant pas en avant les voitures qui sont, ici, un "véhicule" pour le destin des héros. Et même quand celui ci est tragique, Mangold filme de loin, ne cherche jamais à faire de l'esbroufe. On est loin d'une vision romantique voire tape à l'oeil de Michael Bay, adorateur de voitures puissantes devant l'éternel, qui cadre ses bolides comme s'ils étaient des personnages à part entière.

 

Mieux encore, Mangold refuse même au spectateur certaines scènes attendues. Ainsi, la première course du Mans que fait l'écurie Ford n'est présente que par la retransmission radio. Beaucoup d'ellipses permettent d'aller à l'essentiel également, tandis que d'autres passages que d'aucuns jugeraient comme "inutile", par exemple, quand Ken Miller, le pilote surdoué mais rebelle, explique à son fils les arcanes du circuit du Mans, sont là pour  que, quand les scènes de cette course arrivent, on sache tout de suite où on est. Mangold n'est jamais vraiment là où on l'attend et c'est cela qui fait le sel du film, même si on en connait l'issue - on sait que Ford a réussi à battre Ferrari plusieurs fois de suite !

 

Le Mans 66 est un vrai film d'acteurs, filmé à l'ancienne avec l'aide des nouvelles technologie. Un énorme travail est fait sur le son également : on est dans l'habitable avec les pilotes, on ressent la tension, la dangerosité rien qu'en entendant les crissements de pneus, les freins qui chauffent...

 

Enfin, l'histoire n'élude pas les frustrations énormes de ces protagonistes, dont le plus gros traumatisme est la victoire ex-eaquo d'une des courses. En présentant des personnages humains, servis, je le répète, par des acteurs d'exception, ce qui n'est pas une surprise, Mangold réalise un vrai chef d'oeuvre, récompensé au box office mondial (225 millions, à comparer aux 97 de Rush) et encensé par la critique, à juste titre.

 

N'ayant pas pu le voir en salle, c'est donc en Blu-ray que j'ai pu enfin le découvrir. La qualité du disque est exceptionnelle et lui rend parfaitement justice.

 

Si, comme moi, vous n'avez pas pu voir le voir sur un grand écran, vous savez ce qu'il vous reste à faire.

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31 mars 2020 2 31 /03 /mars /2020 11:26
Les indestructibles 2 (**** 1/2*)

Le pitch : après un combat qui a tourné au désastre, les super héros sont à nouveau interdits. Mais une énorme société va proposer à la famille de Bob de redorer le blason des super. Sauf que c'est Elastic Girl qui va s'en charger, au grand désarroi de son mari.

 

En fouillant dans les pages de SOI, je me suis aperçu que je n'avais pas chroniques cet excellente séquelle. Voilà donc une chose réparée, d'autant plus que le film de Brad Bird, qui revenait à l'animation après un passage réussi par le film live (Mission Impossible IV, A la poursuite de demain) n'a rien perdu de son inventivité.

 

On sait que Brad Bird est l'auteur d'au moins 3 chefs d'oeuvre de l'animation : Le géant de fer, échec commercial en son temps mais devenu culte depuis, Ratatouille et Les indestructibles. On aurait pu penser que le voir revenir pour une suite était une solution de facilité pour se refaire suite aux résultats mitigés de A la poursuite de demain. D'ailleurs les critiques n'ont pas été absentes, tant envers lui qu'envers Pixar, accusé de désormais capitaliser sur les séquelles. Cars, Toy Story, Némo, Monstres et cie avaient chacun eu droit à une voire plusieurs suites, ce qui hypothéquait la fameuse propension du studio à imaginer des mondes nouveaux.

 

Or, chacune de ses suites a permis d'approfondir un univers et surtout de proposer un schéma différent. Cars 2 par exemple est un film d'action et d'espionnage basé sur le personnage de Martin tandis que le 3e opus revenait à Flash. Le monde de Dory se focalisait sur Dory justement et non Marin. Monsters Académie jouait sur le thème de la préquelle et expliquait l'origine de l'amitié de Bob et Sully. Quand aux différents Toy Story, chaque film est une évocation de l'enfance et de la façon dont elle s'enfuit, mais à chaque fois, c'est tout le casting animé qui évolue.

 

Qu'en serait-il pour les Indestructibles 2 ? Brad Bird a choisi de mettre en avant l'élément féminin de la famille et dans le premier acte du film c'est donc Helen (Elastic Girl) qui se taille la part du lion au niveau super héros. Bob devient un faire valoir domestique qui doit dompter sa vie de papa, faire les devoirs, traiter les problèmes sentimentaux de sa fille et tenter de gérer les super pouvoirs du petit dernier. Cette inversion des rôles permet des gags très réussis et donne - enfin - un rôle important à une super héroïne. Il est d'ailleurs intéressant que la genèse des Indestructibles 2 s'est faite alors que Wonder Woman était en tournage et que Captain Marvel un projet encore un peu lointain du MCU. Cette convergence féministe est une véritable bouffée d'air frais dans le monde du cinéma gangréné par le sexisme et les abus, bien symbolisé par le mouvement Me Too. Mais ici, point de revanche, mais la recherche d'un point d'équilibre. 

 

Et c'est d'ailleurs sur ce point que va s'articuler la deuxième partie du film quand Bob puis les enfants vont devoir venir prêter main forte à Elastic Girl, victime d'une trahison. On notera que le méchant du film est également une méchante (je ne pense pas spolier, le film étant sorti il y a 3 ans). Là aussi, une évolution logique car qui dit égalité dit également égalité dans le mal. Bard Bird et son équipe refusent l'angélisme et font des femmes de leur histoire des protagonistes cherchant chacune une façon d'exister dans l'ombre des hommes. Sauf que leur chemin est bien différent.

 

En choisissant la voie de la séquelle, Brad Bird peut également approfondir les rapports de la famille Parr. L'idée de génie est de situer le début de l'histoire immédiatement après la fin du premier : le combat entamé en 2005 se finit donc 13 ans plus tard. Ce qui fait que les personnages n'ont pas changé d'un iota, la magie de l'animation permettant de faire fi du vieillissement des acteurs. Du coup, on va pouvoir assister aux bouleversements qui vont transformer leur vie. Chaque enfant Parr va devenir plus responsable, sans rien perdre de sa drôlerie. Violette reste certes une adolescente timide, réservée et quelque peu en colère, mais elle va accepter son rôle de super héroïne d'autant plus qu'elle aura contribué, avec ses frères, à sauver ses parents.

 

Le seul point faible du film réside dans son déroulement : on comprend bien trop vite que la société qui engage Helen cache quelque chose et une fois la trahison accomplie, l'histoire se met en pilotage quasi automatique : il faut contrer les méchants, empêcher la catastrophe. Certes, c'est la base de 99% des films de super héros, mais la première partie du film, avec cette inversion mère en action/père au foyer est nettement plus intéressante.

 

Ce qui n'empêche pas le film d'être ultra spectaculaire, rythmée, inventif, rempli de gags hilarant. Les différents pouvoirs de Jack Jack sont une source de délire infini et on sent que les concepteurs de l'histoire se sont bien marrés à travailler dessus. Et comme le film est un Pixar, la technique est irréprochable. Enfin, le design très particulier de l'original, inspiré des clichés du comics (les mâchoires carrés, la musculature démesurée...) est toujours là.

 

Les Indestructibles 2 est donc une franche réussite, même si on aurait aimé qu'il prenne un peu plus de risques dans sa deuxième partie. Mais ne boudons pas notre plaisir et gageons qu'un 3e épisode permettra d'aller plus loin dans les aventures de la famille super héroïque la plus cool depuis les Fantastic Four !

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23 mars 2020 1 23 /03 /mars /2020 07:44
Le grinch  - 2018 (****)

Le pitch  : personnage misanthrope, le Grinch décide de saboter la fête de Noël de Chouville dont le bonheur de vivre l'indispose.

 

Si le film éponyme de 2000 avec Jim Carrey , réalisé avec Ron Howard, avait été une bonne surprise , et une bonne adaptation du livre du Dr Seuss (sans compter que ce fut l'un des projets de maquillage les plus importants de l'histoire du cinéma), cette version animée, réalisée par le studio d'Illumination l'est tout autant.

 

Car, à partir d'une histoire très connue, les auteurs ont réussi à développer le thème , en allant plus loin dans la psychologie des personnages, notamment celle du Grinch et ils ont utilisé le médium de l'animation pour offrir au spectateur un film très spectaculaire. 

 

La 3D animée permet de faire quasiment tout ce qui passe par la tête de ceux qui imaginent ces mondes fantastiques. Et Illumination ne s'en est pas privé : Chouville est immense, scintillant de mille feux, bourrés de vie et d'une beauté sans égal. Les lumières de l'hiver sont très bien captées, très belles et donnent une coloration "chaude" aux décors. Quand à l'environnement du Grinch, là aussi, le souci du détail, l'adjonction d'un petit compagnon à 4 pattes et la taille démesurée de son repaire permettent également de surpasser le film éponyme de 2000. 

 

En fait, tout comme Horton en 2008, The Grinch se sublime en dessin animé. Car le médium permet d'aller plus loin, plus grand, plus fort. Les mouvements de caméra ne lésinent pas sur cet aspect spectaculaire non plus. Ainsi , la glissade en traineau de la petite héroïne au début du film est digne des grandes séquences d'action de n'importe quel blockbusters. De même , quand la caméra tourne autour des décors, fonce sur les personnages et se faufile dans les rues, on a l'impression d'être sur un manège. Sur grand écran et avec la 3D, le procédé était très immersif.

 

Voilà pour la technique. Mais on le sait, un bon film c'est avant tout une bonne histoire. Et  Michael Lesieur, le scénariste a su tirer le meilleur du livre, alternant les scènes drôles (la vie quotidienne du Grinch est irrésistible) et tendres (les interactions de la fillette avec sa maman ou ses amis). Il n'en oublie donc pas des passages très spectaculaires (le vol des cadeaux, la chasse aux rennes) tout en respectant là aussi le personnage. Enfin, dans le roman, l'intéressant est évidemment la prise de conscience du Grinch de son égoïsme et du mal qu'il fait en voulant réparer une injustice dont il s'estime victime. Cet aspect est là aussi très bien amené, préparant lentement le spectateur qui ne connaîtrait pas l'histoire au retournement final. 

 

Si on y ajoute un casting vocal très réussi, y compris en doublage VF, on comprend tout à fait le très bon score mondial du film, plus de 500 millions de dollars de recette pour un budget de 75. Car, et on oublie trop souvent de le dire mais Illumination ne fait pas dans l'escalade de dépenses pour ses films. Preuve que l'animation 3D, si elle coûte cher, peut rester raisonnable tout en offrant un très beau film, coloré et spectaculaire !

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21 mars 2020 6 21 /03 /mars /2020 17:17
Midway (*****)

Le pitch : alors que la flotte américaine  a été décimée  à Pearl Harbor, un analyste américain tente d'alerter la hiérarchie militaire de l'imminence d'une attaque à Midway.

 

Les lecteurs de ce blog le savent : j'ai un faible pour Roland Emmerich et ce depuis un jour d'été 1992 où j'ai pu voir Universal Soldiers, un film dont je n'attendais pas grand chose (Van Damme, Lundgren, un inconnu allemand derrière la caméra) mais qui m'avait ébloui par sa réalisation, son rythme et son visuel. S'ensuivit Stargate, sublime SF à l'ancienne, ID4 , LA claque de 1996 , Godzilla, The Patriot et j'en passe.

 

La filmographie de Emmerich, je l'ai donc vu à chaque fois au cinéma sauf Stonewall (un drame historique sur la naissance du mouvement LGBT aux USA) et ...Midway !!

 

Car si en 2011, j'avais réussi à dégoter une salle qui projetait Anonymous (sans aucun doute son plus beau film, même si Midway s'en approche), impossible l'an dernier de trouver du temps pour aller voir le dernier opus d'Emmerich, du fait de son échec au box office français. Dans ma région, il est resté deux petites semaines à l'affiche.

 

Rattrapage donc avec le Blu-ray qui vient de sortir et que j'ai choppé dans une superbe édition métal, avec un disque supplémentaire de la Fnac contenant une interview inédite du réalisateur.

 

Midway renoue donc avec la face historique de Emmerich, qui avait déjà mêlé histoire et grand spectacle dans The Patriot (La révolution américaine), 10000 (la préhistoire et la naissance de l'agriculture, avec cependant un côté plutôt fantaisiste), Anonymous (Shakespeare a-t-il écrit ses pièces ?) et donc Midway, un projet qu'il portait depuis la fin des années 2000. En effet, le 21 septembre 2009, Roland Emmerich avait annoncé, alors qu'il présentait 2012, que la bataille du Pacifique était un de ses projets à venir.

 

Il aura donc fallu 10 ans pour que le film se fasse. Les raisons ? Sony avait refusé le film (n'oublions pas que Midway fut une défaite japonaise) ce qui amena Emmerich a chercher d'autres partenaires. Pearl Harbor de Michael Bay (qui fut loin d'être un échec commercial comme je l'ai lu à droite et à gauche, avec 450 millions de recettes mondiales pour un budget de 140) avait également raconté une partie de l'histoire de la guerre du Pacifique. Enfin, les films historiques sont toujours un énorme pari. Même Spielberg ne parvient toujours à faire d'un triomphe de toutes ses incursions : Cheval de guerre en est un bel exemple.

 

Mais au final, Emmerich est parvenu à réunir un budget de 100 millions de dollars et, sa science des effets visuels aidant (le making of montre bien comment il réussit à passer d'un plateau, certes énorme, à un porte avion naviguant sur le Pacifique) , restitue donc l'ampleur de la bataille. 

 

Blindé par un script en béton, basé sur les protagonistes réels et les péripéties vécues, Midway est un mélange rare de réalisme et de spectaculaire. Démarrant quelques années avant Pearl Harbor, quand l'agent de renseignements Layton (impeccable Patrick Wilson) commence à se doute que le Japon ne  joue pas franc jeu, le film passe rapidement sur l'attaque surprise de décembre 41 puis le raid de Doolittle (vu dans le métrage de Michael Bay) avant de s'attaquer à son sujet proprement dit. Mais cette longue introduction permet de poser tous les protagonistes, d'expliquer clairement l'enjeu de la bataille - si les Japonais avaient réussi à anéantir totalement la flotte américaine, le Pacifique leur aurait appartenu et la côte Ouest devenait vulnérable - et de permettre au spectateur de suivre une chronologie quelque peu complexe pour celui qui ne connaît pas cette phase de la guerre.

 

En confiant les rôles à de solides acteurs , Woody Harrelson en Nimitz, Dennis Quaid en Haisley (les deux acteurs avaient d'ailleurs déjà travailler avec le réalisateur) ou Aaron Eckart en Doolittle, Emmerich ancre son projet dans du concret. Et le reste du casting est à l'avenant !  Luke Evan et Ed Skrein interprètent les deux faces de l'aviation : le posé et la tête brûlée. Mais chacun, à sa façon, participera à la victoire.

 

Soucieux de réalisme, Emmerich ne s'embarrasse pas de romance. Malgré toutes les qualités du film de Michael Bay (que j'avais revu en revenant de Los Angeles il y a un an, ayant séjourné dans le motel où furent tournées quelques scènes) , le film était quelque peu parasité par la romance du trio vedette. Là, l'histoire ne s'intéresse qu'à la bataille, ce qui n'empêche pas des scènes intimistes, très réussies d'ailleurs. Il ne double pas non plus les dialogues en japonais , sauf quand ils parlent avec des Américains. Et on sait que c'est toujours très risqué aux USA, le public ayant du mal avec les sous-titres.

 

En fait, Midway est un film très didactique , pédagogique même. Le scénariste Wes Tooke, dont une partie de la famille était dans la Navy, a fait un travail énorme pour rendre accessible à tous le compte à rebours, les étapes de la bataille, et ce des deux côtés, et Roland Emmerich magnifie ce script par une mise en scène fluide et très lisible. Mais il n'en oublie pas qu'un film de guerre peut être spectaculaire et son professionnalisme sans faille, sa connaissance des effets visuels et son sens de l'image font le reste. 

 

Midway est un film à très grand spectacle, avec une reconstitution maniaque des attaques japonaises ou américaines. Mais là aussi, Emmerich ne fait pas dans l'esbroufe , il se base sur des images d'archives et reste fidèle au leitmotiv de départ : ne pas amplifier, ne pas magnifier, respecter la réalité.

 

Au final, Midway est un superbe film, magistralement interprété , réalisé par professionnalisme sans faille. Rien ne distraira le spectateur de l'histoire et son échec commercial (124 millions de recettes mondiales seulement) ne peut s'expliquer que par une chose : le public ne s'est pas intéressé  à cette histoire. Et c'est bien dommage.

 

Profitez donc de la sortie vidéo pour vivre cette bataille et vous comprendrez comment, en quelques minutes, l'Amérique a réussi à inverser le cours de la guerre. 

 

Chapeau et merci , Monsieur Emmerich !

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17 janvier 2020 5 17 /01 /janvier /2020 06:54
La Mule (****)

Le pitch : étranglé par les dettes, un Américain de 90 ans devient "mule" pour un cartel mexicain.

 

Clint Eastwood et les histoires réelles, c'est devenu une tradition : American Sniper, Sully, Invictus, Mémoires de nos pères, J.Edgar et j'en passe. Avec La Mule, il reste donc fidèle à ce qu'il estime être un devoir de mémoire, à savoir raconter des tranches de vies américaines, sans les juger et livre à nouveau un superbe film.

 

Présent devant la caméra pour la première fois depuis 2011 (Une nouvelle chance) et se filmant pour la première fois depuis 2009 (Gran Torino), Eastwood s'est offert le premier rôle , celui de Earl Stone, un vieil homme aux abois qui a mis son travail avant sa famille et qui va se ré-inventer dans le transport de drogue ce qui, paradoxalement va lui permettre de renouer avec les siens , et pas que sur un plan financier.

 

Fidèle à sa méthode, l'acteur/réalisateur reconstitue donc une époque, ou plutôt un contexte ici, dans ses moindres détails. Il n'occulte pas la violence des cartels, l'attrait pour cet argent facile et condamnable et la traque dont Stone va faire l'objet.

 

Mais surtout, il brosse le portrait d'un homme au dessus de tout soupçon  et dont la candeur, la naïveté même va lui permettre certes de réussir ses voyages mais aussi de naviguer dans un milieu extrêmement dangereux. Ainsi, sa visite dans la villa du baron de la drogue , joué par un José Garcia qui n'en finit plus d'accumuler les rôles de truands depuis sa partition magistrale dans Le parrain 3, est quasiment surréaliste. Il comprend bien que tout ce luxe n'est pas dû à un travail honnête et intensif, mais ébloui, il ne peut s'empêcher de dire "il faut en tuer des gens pour arriver à ça. C'est magnifique !". 

 

Eastwood n'a d'ailleurs pas peur de montrer les mauvais côtés de Stone. Mauvais père (il rate le mariage de sa fille), mauvais mari (il a délaissé sa femme pendant des années), il se permet également quelques saillies pas franchement politiquement correct à l'égard de la famille noire qu'il dépanne ou des lesbiennes à moto qu'il rencontre. Ce faisant, il ne fait que dépeindre un homme de 90 ans, qui a grandi dans les préjugés raciaux, retrouvant quelque peu la misanthropie de Gran Torino. Comme dans ce dernier film , il n'hésite pas à montrer sa vieillesse à l'écran, une démarche entamée en 1992 avec Impitoyable !

Et comme je l'ai déjà écrit, cet argent sale va lui permettre de se remettre à flot puis de faire le bien autour de lui, même s'il n'est pas dupe de la provenance de cette source et qu'il comprend que, petit à petit, il se met au service de criminels, pire qu'il leur appartient, comme se chargera de lui faire comprendre le nouveau boss ambitieux qui a dessoudé l'ancien.

 

Au bout de ce voyage, Stone va finalement retrouver sa dignité, accompagner son épouse dans son ultime combat contre la maladie, retrouver l'amour de sa fille. Et si la morale est sauve (arrêté, il plaidera coupable et ira purger sa peine de prison), jamais le cynisme qui aurait pu plomber le film ne pointe le bout de son nez.

 

A ses côtés, Bradley Cooper est parfait dans le rôle de Colin Bates, l'agent de la DEA , même s'il est finalement très en retrait dans l'histoire et que ses scènes communes avec le réalisateur qui l'avait dirigé dans American Sniper ne sont au nombre que de deux. Cependant, la scène où Stone confesse ses erreurs familiales à Bates est le sommet de La Mule, d'autant plus surréaliste que Bates ignore qu'il est face à l'homme qu'il traque depuis des semaines. 

 

Côté casting, Eastwood a toujours su s'entourer : Laurence Fishburne, José Garcia et même sa fille Alison donnent à cette histoire, au rythme lent, un parfum d'authenticité indéniable. La technique est, comme toujours, impeccable et les cadrages rendent justice à l'itinéraire du héros . Bien évidemment, le montage suit les préceptes du réalisateurs : sobre, efficace et lisible ! Eastwood n'a jamais caché son amour pour John Ford et les grands maîtres du western. Et à cet égard, La mule en est un : les grands espaces, le cow boy solitaire en quête de rédemption, le shérif incorruptible, les bandits de grand chemin qui ont remplacé l'attaque de diligence par le trafic de drogue...

 

Le réalisateur voit aussi le film comme un road movie. Les paysages filmés sont magnifiques et l'Amérique représentée ici est celle des grandes routes interminables , des 4 voies que l'on parcourt pendant des milles en s'émerveillant de ce que l'on peut voir par sa portière. Je le sais, je l'ai fait plusieurs fois. Mais  Earl Stone, qui sillonne son pays depuis des décennies, ne regarde plus ces paysages, il préfère chantonner, accentuant encore le surréalisme d'une situation. Même surveillé par certains caïds du cartel, nerveux à l'idée de le voir transporter une telle cargaison, il ne perd pas son naturel. Après tout, c'est bien grâce à son aspect de "pépé tranquille" qu'il peut sillonner les USA sans attirer l'attention.

 

Succès aux USA (plus de 100 millions de recettes), un peu plus mitigé dans le monde (70 millions) , La Mule est donc une nouvelle superbe étape dans la carrière prolifique de Clint Eastwood. Ne reniant en rien ses valeurs américaines, l'acteur/réalisateur continue donc de tourner et s'il sait que ses plus belles années sont derrière lui depuis longtemps, il n'en est guère nostalgique.

 

Le Blu-ray permet d'admirer les superbes paysages dans un magnifique transfert. Par contre, on ne peut qu'être déçu que les bonus n'abordent pas le fait que cette histoire est tirée d'un fait réel. J'aurais bien aimé en savoir plus sur le vrai Léo Sharp, le vrai nom de Earl Stone qui fut arrêté en 2011 avec une centaine de kg de cocaïne dans sa voiture et qui avoua en avoir transporté pendant plus de 10 ans.

 

 

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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

L'affiche du moment