Le pitch : la vie de Barnum, l'inventeur du cirque moderne, racontée en chanson !
Hugh Jackman aime les comédies musicales !! Il faisait déjà parti de la très belle adaptation chantée des Misérables (il incarnait Jean Valjean et était opposé à Russell Crown en Jabert) et le retrouver à la tête de The greatest Showman ne pouvait que nous réjouir et titiller notre envie.
Disons le tout de suite, le film est très largement à la hauteur de ses ambitions : coloré, inventif, , tendre, passant du rire aux larmes, spectaculaire (les séquences de cirque sont magistrales), déroulant une dizaine de chansons pour faire avancer l'intrigue, toutes plus belles les unes que les autres, The greatest Showman passe tout près de la note maximale, en raison d'une légère baisse de rythme en son milieu. Mais franchement, quel superbe film !
En adaptant librement la vie de Barnum, Michael Gracey nous fait plonger dans un tourbillon insensé, où chaque partie du film, casting, chansons, séquences, effets visuels (parfois ultra réalistes ou utilisant les vieux trucs du cinéma), mouvements de caméra, dialogues participent à une vision où l'ode à la différence est le moteur de l'histoire.
Barnum est pauvre et il aime la fille d'un riche citoyen de New York, il veut réussir et son ambition folle lui fait écarter tous les obstacles. Pour que son projet artistique fonctionne, il va donner sa chance à tous les "monstres" qu'il rencontre : une femme à barbe, un lilliputien, un homme tatoué de la tête au pied, des siamois, un géant... Ce défilé de "freaks" , ces gens que tout le monde rejette, il va les mettre au grand jour, leur offrir une chance de sortir de l'ombre, mieux de devenir les stars d'un spectacle. Et c'est quand Barnum va tenter de devenir "respectable" en s'occupant d'une chanteuse "normale", qu'il va frôler la chute avant de retrouver les sommets...et de passer la main.
Si en apparence, on a affaire à un biopic classique (l'enfance, les débuts, les premiers triomphes, la chute, la rédemption), à l'instar du récent Bohemian Rhapsody, l'aspect comédie musicale transcende totalement le film. Les chansons, je le redis, sont fabuleuses , véritables hymnes pop, totalement en décalage avec l'époque où est sensée se dérouler l'histoire (l'Amérique de la fin du XIXe siècle) et les chorégraphies qui vont avec ont fait l'objet d'un tel soin que l'on ne peut que s'incliner devant une telle maestria. Et comme les acteurs, y compris les enfants (l'extraordinaire A million dreams chanté par Barnum à 12 ans et adultes, puis repris par ses deux petites filles) font passer toutes les palettes de l'émotion , se mettant clairement en danger pour incarner leur personnage, The greatest Showman tutoie des sommets.
Ainsi, la négociation entre Barnum et son futur associé (magistral Zac Efron) se veut une chanson ping pong où chaque personnage se renvoie la balle dans un dialogue pas si naïf que cela, bien au contraire. Les nombreux bonus du Blu-ray montrent d'ailleurs (et ce pour chaque chanson) comment se sont montées les scènes, l'implication de tous et surtout un processus de création qui pouvait aller de la trouvaille géniale (certaines chansons sont incroyablement proches de la première version démo) à des essais laborieux qui nécessitait des heures et des heures de tâtonnements acharnés de la part des deux compositeurs. Et c'est évidemment cet amour du travail bien fait qui transparait dans le film.
Si Barnum a inventé le spectacle moderne (le cirque lui doit tellement), le film ne passe pas sur ses aspects moins reluisants , même si ils sont sans doute quelque peu adoucis. Manipulateur, n'hésitant pas à se servir des autres pour assouvir ses ambitions, rancunier, il n'est pas fait d'une seule face, mais c'est justement ce qui fait l'autre force du film : le manichéisme n'y est pas présent et l'hagiographie est loin d'être totale. Et en mettant la différence au centre de l'histoire, y compris dans la volonté de Barnum de faire voler en éclat les conventions, The greatest Showman réussit la symbiose rare entre tous ses éléments.
Nanti d'un budget respectable de 84 millions, The greatest Showman en a rapporté 174 aux USA et 260 de plus dans le monde, ce qui en a fait un vrai succès populaire, même s'il aurait mérité de monter encore plus haut. Et les 3 Golden Globes (Musique, Chanson et meilleur acteur) aurait du lui ouvrir la porte des Oscars. En attendant, le Blu-ray vous attend, avec son son cristallin et son image au cordeau. Et pour les plus HC d'entre vous, faites comme moi, n'hésitez pas à vous offrir le CD de la bande son afin de revivre en boucle le film rien qu'en fermant les yeux.