Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 novembre 2015 6 07 /11 /novembre /2015 12:00
Ennemi d'état (****)

Le pitch : ayant récupéré par hasard un document impliquant un membre de la NSA dans le meurtre d’un sénateur, un avocat va se trouver plonger dans un monde où la surveillance est omniprésente.

 

Revoir l’un des meilleurs films de Tony Scott plus de 15 ans après sa sortie montre combien le cinéma peut anticiper sur notre futur là où ne l’attend pas. Car, si en 1999, le monde d’avant le 11 septembre n’était pas aussi paranoïaque que le notre, il n’en n’avait pas moins semé quelques graines concernant les menaces sur les libertés individuelles.

 

En effet, dans Ennemi d’Etat, les « méchants »  (excellent John Voight) travaillent sous pavillon gouvernemental et sont persuadés de leur droit, à savoir surveiller tout le monde au cas où un futur terroriste se trouverait dans cette nasse. C’est tout à fait la doctrine des années Clinton, avec la mise en place du programme Echelon, que l’on qualifia de Grandes oreilles de l’Amérique, à savoir une surveillance des télécommunications, des emails, des échanges entre particulier, société, nation. Malheureusement, cette débauche technologique ne permit pas d’éviter le 11 septembre. Ou plutôt, les renseignements trouvés qui auraient pu éviter ce drame ne furent pas mis en lien les uns avec les autres.  

 

Tony Scott filme donc, avec son efficacité habituelle, un monde où les agences gouvernementales espionnent ses con-concitoyens sans aucune vergogne. Mais ce n’est pas assez pour l’un des chefs de la NSA. Il lui en fait plus , un contrôle encore plus serré, une surveillance plus accrue. Et si le script ne prétend pas partir dans une direction style « Les dossiers de l’écran », il aborde tout de même les différents points de vue : Will Smith est au départ indifférent, ne voyant pas le mal à être écouté vu « qu’il n’a pas l’intention de poser des bombes », sa femme est totalement opposée et y voit un procédé fasciste, tout comme le sénateur assassiné au début du film (pour lui, c’est la liberté qui est menacée) alors que le patron de la NSA et ses employés y voient un rempart indispensable contre  tous les ennemis de l’Amérique.

Comme souvent, le héros va vite changer d’avis. Quand sa vie tournera au cauchemar, que ses secrets seront exposés en place publique et que le piège commencera à se reformer, il va comprendre que la vie privée vaut le coup d’être protégée et que rapidement, on peut devenir un coupable. Ironiquement, sa femme qui refusait tout contrôle acceptera très rapidement toutes les accusations de la presse.

 

La première partie du film met donc en place les différents évènements qui, mal interprétés par la NSA, vont fournir une base idéal pour accuser Smith. Ces éléments permettront également la conclusion du film, le scénario étant suffisamment diabolique pour prendre des faits entrevus au début de l’histoire et qui, à priori, n’ont pas de rapport avec, et les ressortir à la fin. Ainsi les rapports de Smith avec la mafia, sources de ses ennuis avec la NSA, seront sa planche de salut.

 

Mais c’est dans sa 2e partie que l’histoire devient encore plus passionnante avec l’arrivée de Gene Hackman. Il est d'ailleurs amusant de voir que dans l'un de ses premiers films, Conversations secrètes, il jouait un spécialiste des écoutes. Une référence qui n'a sans doute pas échappé à Tony Scott. Son arrivée dans le film est d’ailleurs très furtive, une brève apparition en voiture. Hakcman interprète la classique figure de l’initiateur qui va permettre à Smith de survivre dans un monde qu’il ne connait pas. Ancien espion, Hackman a quitté cet univers en en connaissant tous les secrets. L’action devient plus spectaculaire, les enjeux plus grands et la toile d’araignée tissée autour de Smith se desserre peu à peu, jusqu’à la conclusion finale.

 

Tony Scott a , comme son frère, un talent inné pour aborder efficacement ses sujets. Et même s’il n’a réalisé que des films contemporains, laissant à son aîné le loisir d’explorer le passé et le futur, il connait parfaitement sa grammaire cinématographique. Ici, il se sert de séquences très brèves , mais toujours lisibles et utilise à merveille toutes les possibilités d’images présentes dans  nos sociétés : caméras de surveillance, écrans informatiques et autres, les intégrant à sa narration et à sa façon de filmer. Le résultat ? couplé à un montage nerveux, les 120 minutes et quelques passent comme un éclair et cette plongée. Tony Scott aura été un réalisateur sous-estimé, mais si les critiques pouvaient se poser au moins sur ce film, il verrait qu’au delà du « faiseur de série B », on a un véritable auteur , un cinéaste majeur dont le seul « crime » fut peut être d’avoir eu un frère qui l’était encore plus.

 

Ironiquement, Ennemis d’Etat , film condamnant une certaine technologie, sera le dernier long métrage à sortir en Laserdisc Pal en France. Tué par le DVD, ce merveilleux support signait ici un chant du cygne exceptionnelle , avec une qualité d’image et de son époustouflante. C’est d’ailleurs à partir des 3 faces de mon LD que je rédige cette chronique.

 

En conclusion, Ennemis d’Etat est clairement un des sommets de la filmographie de Tony Scott, à ranger aux côtés des Prédateurs, du Dernier samaritain, USS Alabama ou de Déjà Vu. Il serait d’ailleurs temps que les historiens du cinéma se penche enfin et sérieusement sur son travail. Puisse cette modeste chronique être un point de départ !

 

Partager cet article
Repost0
4 mars 2015 3 04 /03 /mars /2015 06:34
Supercondriaque (***)

Le pitch : Romain Faubert, Un homme dont la phobie de la maladie atteint des sommets délirants va se faire passer , à la suite d’un malentendu, pour un révolutionnaire slave, objet de l’admiration de la soeur de son médecin.

 

Pour son 4e film, Dany Boon délaisse donc le Nord de la France pour un sujet plus général. Et sans être une réussite totale, Supercondriaque renouvelle plutôt bien l’humour du réalisateur des Chtis.

 

Le film ne tombe jamais dans la farce et la première partie est suffisamment amusante pour mettre en place tous les personnages. Comme l’indique le titre, la phobie de la maladie en est au coeur, permettant de développer des situations cocasses , comme la scène où Romain va copieusement savonner sa partenaire d’un soir sous la douche avant de se faire éjecter manu militari par cette dernière, ahurie devant une telle maniaquerie et une telle peur des microbes. Car pour se débarrasser de lui, son médecin , Dimitri Zvenska (excellent Kad Merad) le pousse dans les bras de toutes les femmes qu’il peut, espérant qu’en trouvant l’âme soeur, il désertera son cabinet.

 

Conscient des limites de ce thème (c’est un peu court pour un long métrage) , Dany Boon a la bonne idée de bifurquer vers un qui-procco totalement inattendue quand Romain va devoir se faire passer pour un révolutionnaire en exil et qu’il va tomber amoureux de la soeur de Dimitri.Même si l’hypocondrie va régulièrement revenir sur le devant de la scène (notamment quand il sera emprisonné pour de bon), ce thème devient alors secondaire pour laisser la place à une succession de scènes basées sur les faux semblants, les mensonges, un peu comme si, en endossant la vie d’un autre, le héros venait à bout de ses phobies.

 

Bien entendu, certains raccourcis scénaristiques sont quelque peu agaçants, comme la partie se déroulant en Europe de l’Est (l’évasion est trop téléphonée). Un peu trop de Deux ex Machina, mais rien de bien méchant au final. Car Supercondriaque ne se prend pas au sérieux, ne cherche pas à manipuler le spectateur et son amorce de réflexion sur les dangers du totalitarisme n’en fait aucunement un film politique. A la manière d’un Rabbi Jacob, mais en mode mineur, le film permet de rire devant des thèmes plus graves comme celui des réfugiés politiques ou de l’égoïsme de notre société.

 

Car c’est en renonçant à sa vie finalement douillette pour en endosser celle bien plus sombre d’un leader politique menacé dans on pays que Romain va finalement comprendre qu’il gaspillait son temps. Il va découvrir l’amour, le partage et surmonter (en partie) ses peurs.

 

Comme pour les Ch’tis, Dany Boon a su tirer le meilleur de Kad Merad), excellent en médecin totalement parasité par son patient le plus « fidèle ». Il y a du « Viens chez moi, j’habite chez une copine » dans leur relation. Mais on ne saurait résumer Supercondriaque à une compilation de moments comiques pris dans les classiques. Car cette relation n’est finalement qu’un des aspects du film, et non pas son fil principal. 

 

Au final, Supercondriaque a amplement mérité son succès. Ce n’est pas la comédie de l’année mais il tient toutes ses promesses, tout en étant plutôt bien filmé, bien éclairé et bien montée. Dany Boon sait réaliser de bonnes comédies et il ne s’en prive pas. Que le public le suive n’est que justice car il lui offre ce qu’il sait faire de mieux. Et ce en toute générosité, sans arrière pensée. Bien entendu, le film est conçu pour rameuter des gens dans les salles. Mais s’ils ressortent un peu plus gais qu’en y entrant, le pari est réussi.

Partager cet article
Repost0
15 février 2015 7 15 /02 /février /2015 09:38
300, la naissance d'un empire (****)

Alors que Léonidas parvient à freiner l’avance perse aux Thermophiles, l’Athénien Themistocle tente d’unir la Grèce contre Xersès.

 

Curieux projet que ce 300, rise of an empire. Pas vraiment une séquelle (une partie des évènements se passe avant le premier film, une autre en parallèle, une autre après) ni une préquelle, le film trompe même par son titre. Car d’empire grec, il n’y eut pas vraiment (Alexandre était Macédonien et l’empire Byzantin, qui parlait grec, fut au départ l’extension maximale de l’empire romain) et si le titre se référait à l’empire Perse, il existait bien avant Xersès et existera encore longtemps après lui.

 

Bref, un titre bizarre, une chronologie qui fait de fréquents aller et retour dans le temps, quelques flashs de 300, mais une esthétique intacte et directement hérité du premier film.

 

Zack Snyder ayant laissé sa place de réalisateur, pour ne garder que la production mais il est clair que sa patte est omniprésente tout au long des 100 et quelques minutes du film. Que cela le choix des ralentis, des gerbes de sang qui éclaboussent l’écran, de la violence et du gore omniprésents , La naissance d’un Empire a de qui tenir, Noam Murro (dont c'est le premier film) s'en tire vraiment très bien. La thématique est restée la même (la résistance grecque face au totalitarisme perse) , seul le lieu de l’action a changé : on passe des gorges des portes chaudes à la mer Egée, mais on s’y bat toujours autant. 

 

En fait, l’histoire suit l’affrontement à distance de Themistocle, démocrate athénien et d’Artémise, une femme grecque qui, par vengeance, s’est fait l’allié de Darius puis de Xersès. Les deux personnages représentent la quintessence de leur camp, mais rivalisent dans la violence et sont prêts à tout pour arriver à leur fin. Themistocle veut débarrasser la Grèce des Perses, Artémis veut la voir réduite en cendre.

 

Forcément, les deux ennemis vont se rencontrer, d’abord dans un combat sensuel et très chaud, puis dans un véritable affrontement , à travers leurs armées puis au corps à corps. Et ce dernier sera bien moins érotique que leur première rencontre. Mais on sent la détermination de chacun, sa volonté de dominer l’autre, puis de le détruire.

 

Evidemment, l’historien tiquera quelque peu devant les raccourcis et les libertés prises avec l’histoire (les Perses n’ont jamais détruit Athènes). Mais le spectateur, venu chercher un spectacle esthétique et barbare en aura pour son argent. Et même si l’effet de surprise ne joue plus à plein, la mise en scène est suffisamment alerte pour faire vibrer et pour éblouir. Dès les premières minutes, on est plongé dans la bataille et rares seront les moments calmes. 

 

Bien entendu, toutes les images ont été truquées, re-colorisées, modifiées ou étendues par la 3D. Que cela soit les navires, la mer, les décors arides, quasiment tout le film a été créé dans un ordinateur. Et il ne reste plus guère que l’élément humain pour se raccrocher à la réalité. Les costumes sont d’ailleurs toujours aussi superbes et les musculatures puissamment mises en avant. La naissance d’un Empire n’est pas un film fun et ne cherche jamais le second degré, bien au contraire. Il n’hésite pas à aller très loin dans son propos et ne caresse pas le spectateur dans le sens du poil. On accepte le concept ou on ne l’accepte pas. Et si on  ne l’accepte pas, on ne rentre pas dans le film.

 

Si on peut regretter quelques minauderies d’Eva Green et la fadeur relative du héros (Gerard Butler dégageait une tout autre aura), le casting de chair et de sang s’est mis au diapason de la mythologie créée par Frank Miller, en reprend les codes et a dû suer fortement pour arriver à ces silhouettes d’esthètes sculptés dans le marbre.

 

Il est clair que le spectateur hermétique à ce genre de péplum ne pourra que détester. Comme je l’ai écrit, le but n’est pas de flatter, mais bien de lancer en pleine face un maelström d’images, de ralentis, d’accélérations et de morts. Ici, les Perses ne sont que de la chair à canon et leur déferlante ne peut finalement rien devant la volonté farouche des Grecs.

 

Dommage cependant que la splendide « renaissance » de Xersès ne soit pas mieux exploitée. Il disparaît un peu trop rapidement et la défaite d’Artémis l’évacue totalement du récit. 

 

La naissance d’un Empire s’avère être un prolongement de 300, tout aussi barbare et enthousiasmant. Et même s’il n’apporte finalement pas énormément de choses en plus, il est suffisamment accrocheur pour se voir et se revoir avec un réel plaisir.

 

Il faut donc dépasser l’espérance du titre pour se laisser entraîner dans ce nouvel épisode de la confrontation entre les Grecs et les Perses. Le résultat en vaut la peine.

Partager cet article
Repost0
30 décembre 2014 2 30 /12 /décembre /2014 11:34
Le loup de Wall Street (****)

Le pitch : grandeur et décadence d'un golden boy américain qui va vivre sans retenue les années sexe, coke et fric, jusqu'à la chute finale.

 

Pour leur 5e collaboration, le duo Di Caprio/Scorsese ont sans doute décidé de faire leur Bad Boys II à eux ! Et à la vision de ces 3 heures hallucinantes, à ne pas mettre entre toutes les mains, il est clair que l'acteur a voulu (re)casser son image soi disant lisse et que le réalisateur s'est rappelé que, après la récréation Hugo Cabret, il avait aussi réalisé Casino, Les Affranchis ou Gangs of New York. 

 

Du coup, pendant 3 heures, que certains ont qualifié d'interminables, on suit les "aventures" d'un type dont la seule morale est de s'enrichir et qui ne se refuse absolument rien, entraînant avec lui toute une bande de gus bien frappés et tout aussi prêt à tester tout ce qui existe en matière de drogue ou de débauche...

 

Mais résumer Le loup de Wall Street à une série d'orgies, de prises de drogues diverses ou de délires de junkies en tout genre serait très réducteur.

 

Car au travers des exès de Jordan Belfort, Scorsese filme surtout une Amérique totalement disproportionnée et sans moralité aucune, si ce n'est de s'enrichir à tout prix. Et la scène finale de l'agent du FBI reprenant seul  le métro ne laisse aucun doute : après avoir fait son travail sérieusement et mis fin à un système d'arnarque, celui qui serait le héros dans n'importe quel film apparait finalement comme le dindon de la farce. Il repart vers sa vie normale , alors que Belfort passera quelques années en VIP dans une prison avant de reprendre ses activités télévisuelles. Certes, il aura perdu sa femme, ses enfants, ses amis (qu'il a tous dénoncé), sa moralité sans doute, mais pas sa vision de la vie, d'un cynisme incroyable !

 

Il n'est pas question dans cette chronique d'approuver les actes de Belfort. C'est bien l'objet filmique dont je parle. Et de ce point de vue, le film est une vraie réussite, tant visuelle (toutes les scènes de groupes sont incroyables) que scénarisitique, multipliant les points de vue (savoureux ping pong verbal entre Jean Dujardin et DiCaprio). Ce dernier confirme une fois de plus un talent que 99% des acteurs n'atteindront jamais. Quand il s'époumone pour motiver ses troupes, quand il se contorsionne sous l'effet d'une drogue qui le fait ramper ou quand il devient littéralement fou lorsque sa femme annonce qu'elle veut divorcer, il est totalement habité par son personnage. Alors même s'il n'aura jamais l'Oscar (vu que l'académie lui refuse depuis Titanic où il ne fut même pas nominé), le talent est là, incroyable, fou et on ne pourra jamais lui retirer.

 

Et comme il est entouré d'excellents seconds rôles, tout aussi prêts que lui à aller très loin dans le délire et dans leur personnage, le côté humain du film , avec toutes les facettes de la vie est indéniable. On n'a pas affaire à une galerie désincarnée, mais bel et bien à des gens qui veulent vivre leur rêve à fond et tant pis pour les conséquences sur leur santé, leur proche ou les inconnus qu'ils cotoyent. 

 

D'un point de viue de mise en scène, Scorsese reste égal à lui même : malgré son âge, il ne fait pas vraiment dans le plan-plan ou le pépère, bien au contraire. Outre les scènes de foules, il s'autorise quelques gâteries comme celle où le Yatch est en perdition en pleine tempête ou , plus anecdotique, le passage où la voiture change de couleur, au moment où Jordan dit "non, elle était blanche, comme dans Miami Vice". Scorsese a de la bouteille, il sait filmer, il sait tirer le meilleur de ses acteurs, il n'hésite pas à changer de point de vue... Bref, plutôt que de se reposer sur des acquis, il expérimente, cherche et peut être se cherche. Après avoir tâté de la 3D et des effets visuels dans Hugo Cabret, hommage magistral aux pionniers du cinéma (et servi par la technologie la plus moderne), Il replonge donc dans ses eaux troubles, mais toujours en cherchant à faire autre chose. 

 

Car il aurait été facile de faire un Affranchi 3 (on lui avait reproché à propos de Casino). Il a préféré la difficulté, quitte à se mettre tout le monde à dos et à choquer les plus prudes des spectateurs.

 

Mais le succès du film aux USA (116 millions de dollars quand même) et les 290 ajoutés dans le reste du monde ont largement prouvé qu'il a trouvé son public, malgré les polémiques, les scènes hot, l'immoralité de son personnage. 

 

 

Partager cet article
Repost0
3 décembre 2014 3 03 /12 /décembre /2014 09:43

Le pitch : Alors que la marine américaine est en pleine manoeuvre, de mystérieux Aliens décident d’envahir la Terre.

 

Plutôt une bonne surprise que ce Battleship. Alors qu’on attendait un gros truc bourrin tourné à la va vite pour surfer sur le succès de Transformers, on se retrouve face à un blockbusters certes pas très fin et très patriotique, mais plus intelligent qu’il n’y parait.

 

La mise en scène de Peter Berg, très efficace, ainsi que des personnages suffisamment épais pour qu’on s’y intéresse , doublé d’un scénario très roublard permettent cette petite réussite. Certes, certaines grosses ficelles sont bel et bien présentes et les relations entre les personnages relèvent clairement du traitement hollywoodien très classique. Mais au final, l’histoire se suit sans problème et les effets visuels sont à la hauteur. Que demander de plus ?

 

La vraie bonne idée du film est d’avoir intégré une invasion extra-terrestre dans une histoire maritime. Généralement, les Aliens attaquent sur terre (même si dans World Invasion, ils venaient aussi de la mer). Ici le combat sera naval, ce qui permet même de placer la phrase « Touché, coulé ». Mais l’intérêt est ailleurs : en déplaçant l’action sur l’eau et en enfermant une partie de l’armée américaine dans une espèce de bulle où aucun secours ne peut aller, le scénario permet à la fois de superbes images (la mer reste toujours très photogénique) et de diversifier les attaques. Enfin, cela donne aussi l’occasion de voir en action de « vieux » navires , moins dépendants de leur électronique, dans le troisième acte du film. La lutte de l’analogique contre le numérique en quelque sorte, un paradoxe quand on sait qu’une grosse partie des effets visuels sont sortis d’ordinateurs.

 

L’histoire pioche cependant un peu partout  : les engins et les sons aliens évoquent clairement Transformers, la stratégie Alien est quelque peu inspirée de celle d’ID4, toutes les parties sur les militaires se calquent sur Pearl Harbor, le décor de Hawaï contribuant grandement à cette impression. Enfin, on n’échappe pas à tous les clichés du genre : le pacha bougon mais au grand coeur  qui protège sa fifille (interprété par un  excellent Liam Neeson), le soldat tête brûlée qui prendra enfin conscience de ses responsabilités face à l’adversité et qui va donc grandir dans sa tête, la Marines , interprétée par la chanteuse Rihanna, qui veut être plus macho que les mecs (un petit clin d’oeil à la latino d’Aliens ?), la belle fiancée du héros qui va elle aussi être partie prenante de la victoire… Bref, rien de nouveau sous le soleil du Pacifique, mais après tout, c’est dans les vieilles marmites que l’on fait les meilleures soupes, non ? Quelques bonne trouvailles cependant, comme ce soldat ayant perdu ses jambes ou le rappel des vétérans de la 2e guerre mondiale afin de contrer la menace Alien.

 

Bien entendu, qui dit blockbusters dit scènes d’action irréprochables. Celles de Battleship sont très lisibles, remarquablement truquées (mais c’est devenu une telle norme que l’on ne parvient plus trop à s’extasier dessus) et originales. Je le répète, mais situer les combats principaux sur l’eau permet des audaces visuelles intéressantes et évite l’ennui face à des invasions qui se succèdent contre notre bonne vieille planète.

 

On pourra reprocher cependant un coup de mou assez sensible au milieu et quelques incohérences scénaristiques, inhérentes à ce type de film. Enfin, le côté très patriotique du film (à côté ID4 est finalement très soft) pourra en rebuter certains.

 

Mais si vous cherchez à passer un bon moment, sans vouloir vous prendre la tête, alors Battleship fait parfaitement l’affaire…

Battleship (***)
Partager cet article
Repost0
24 novembre 2014 1 24 /11 /novembre /2014 10:14

Le pitch : Alors que Bella s’adapte à sa nouvelle condition de vampires, elle doit défendre sa fille face aux clans des Volturi.

 

La 1ere partie de Révélation se terminait sur un cliffhanger révélant la nouvelle nature de Bella. Cet ultime épisode de la saga conclut donc de manière très efficace l’histoire d’amour initiée par Stéphenie Meyers.

 

Disons le tout de suite, cette 2e partie est très supérieur à la première. D’une part parce que la valse d’hésitation entre Bella et ses deux soupirants est enfin terminée (c’est largement la partie la moins intéressante des romans) et que d’autre part, l’action est là et bien là.

 

Si l’on fait abstraction d’un introduction encore quelque peu faiblarde, dès que le danger des Volturi menace, le film décolle et ne retombe plus. Les scènes où Bella va apprendre à se servir de ses nouveaux pouvoirs sont très bien faites, et servies par d’excellents effets visuels. On sent Kristen Stewart bien plus à l’aise dans un rôle plus physique et sa présence à l’écran est bien plus forte. Du coup, et par réaction, Robert Pattison subit cet impact et il en devient plus fade. 

 

La menace sur Renesmée permet l’introduction d’une foule de nouveaux personnages et de nouveaux vampires. Le grand écart entre le premier épisode et celui-ci en devient même impressionnant. c’était déjà le cas avec les romans car on passait tout de même d’une romance gothique plutôt convenue à un affrontement sanglant entre deux communautés ne partageant pas vraiment la même vision de la vie. Toute proportion gardée, on est très près du combat entre Louis et les vampires parisiens de la saga d’Anne Rice, avec deux visions totalement opposée à propos d’un enfant.

 

Mais ici, l’histoire fait la part belle aux différences géographiques entre les différents vampires, venant d’un peu partout, d’Amazonie, d’Europe ou d’Asie. Chaque vampire a développé des pouvoirs différents, ce qui évitera la monotonie lors du combat final. Cet aspect des choses permet aussi d’expliquer la résistance mentale de Bella. Enfin, l’élégance de cette société vampirique est à nouveau soulignée. Car, agressif ou pas, chaque groupe suit son code d’honneur et ne s’en détourne pas.

 

Après l’accouchement gore de la 1ere partie, Bill Condon n’a pas  lésiné sur les effets sanglants lors de l’ultime affrontement. Tête arrachée, démembration sauvage, immolation par le feu, les différents combats , se déroulant sur une plaine neigeuse, ne font pas dans la dentelle. D’un côté, les Cullen et leurs alliés, vampires et loups garou (une belle trouvaille de Stephenie Meyers), de l’autre les Volturi. Et si le leader des Cullen va tenter la négociation , il sera vite submergé par la violence de ses adversaires et de ses alliés. 

 

Relativement longue, très brutale (pour une saga qui, au départ s’adressait à des adolescentes), le combat est qui plus est bien orchestré, bien monté, relativement lisible… Et même si la pirouette finale pourra en faire tiquer quelques uns, le réalisateur a le mérite d’être allé au bout de la logique de l’histoire. On ne pourrait lui en tenir gré.

 

Révélations - 2e partie conclut donc la saga en beauté , même si l’on peut regretter qu’un seul film n’ait pas été fait en ramassant la première partie. Au final, les 5 films constituent bel et bien un bel exemple d’adaptation réussie d’une saga littéraire , qui a su monter son ambition au fur et à mesure de son succès, partant d’un budget de 37 millions pour le premier opus à 120 pour le dernier. 

 

Il  est vrai que les deux derniers épisodes, comportant bien plus de décors, de personnages et d’effets visuels valaient bien un petit coup de pouce de la part du studio. La réussite est parfois à ce prix.

Twilight - Révélation 2e partie (****)
Partager cet article
Repost0
19 novembre 2014 3 19 /11 /novembre /2014 07:17

Le pitch : Edward et Bella se marient et partent en ligne de miel sur une petite île au large du Brésil. Mais la grossesse inattendue de Bella va mettre sa vie en danger et précipiter les choses.

 

Après un 3e épisode plutôt efficace, pourtant tiré du livre le moins passionnant de la saga, les producteurs ont décidé de couper le chapitre final en 2 films, à l’instar d’Harry Potter et les reliques de la mort. Mais ce qui marchait bien pour le sorcier anglais ne l’est pas forcément pour les vampires romantiques.

 

Entendons nous bien, le dernier livre de Twilight est un livre épais et bien plus rempli de péripéties que les autres. Et si la narration à la première personne demeure efficace, l’arrivée d’un nouveau personnage, Renesmée, et surtout la transformation de Bella en vampire, permettait de donner un second souffle à l’histoire. Il aurait donc été préférable de faire un long film plutôt que deux métrages. Mais la logique commerciale n’est pas forcément la meilleure.

 

Du coup, après une scène de cauchemar plutôt efficace (et très dérangeante), la première heure tire quelque peu à la ligne (c’est la même chose dans le livre), l’accent étant mis sur la romance, la lune de miel et les hésitations d’Edward à transformer Bella. Il est clair que si l’on n’a pas l’esprit fleur bleue, ces passages peuvent vite être très dispensables (j’avoue que je me suis préparé mon thé quand les deux tourtereaux roucoulaient). Mais à partir du moment où Bella s’aperçoit qu’elle est enceinte, le film démarre vraiment. Car il n’est plus question pour elle d’aimer son vampire, mais bien de sauver sa vie. Seule la transformation pourra lui permettre de survivre à une grossesse hors norme (l’enfant a soif de sang et grandit bien plus vite qu’un foetus normal). Le retour de Jacob, toujours en colère après le rejet que lui a imposé Bella, amène également plus de tonus , d’autant plus qu’il va rapidement se heurter frontalement à sa meute. On saluera d’ailleurs les excellents effets visuels tournant autour des loups géants, les gros plans étant plus que réussis.

 

Les dilemmes deviennent alors plus importants et les choix, que les protagonistes pensaient faciles, se révèlent bien plus complexes que prévu, y compris chez la famille de Edward. Alice ne voit plus le futur, et l’arrivée d’une créature inédite , un enfant vampire, va forcément chambouler la vision des deux communautés surhumaines. Les loups y voient un danger pour les hommes, tandis que les Callen sont partagés sur la conduite à tenir. 

 

Le thème de l’enfant vampire n’est pas nouveau. Il avait été exploité à merveille dans Entretien avec un Vampire, en montrant également la dangerosité d’un buveur de sang qui n’a pas encore la conscience d’un adulte. Pour mémoire, les Khmers rouges employaient des adolescents comme soldats, estimant qu’un jeune de 12-13 ans sera moins perméables à la pitié. Savonarolle , le moine florentin de la toute fin du Moyen Age, ne pensait pas autrement. Renesmée est donc condamnée par certains avant sa naissance et seul un changement de point de vue radical de Jacob va la sauver.

 

De ce fait, la 2e partie du film est bien supérieure, alignant plusieurs scènes très efficaces, dont un accouchement sanglant ainsi qu’un affrontement entre vampires et loups. Et quand dans la dernière scène, Bella ouvre les yeux (au sens littéral du terme) sur sa nouvelle condition, on pourrait presque comprendre cette volonté de faire deux films. Pour ceux qui n’ont pas lu les romans, les cliffhanger est très efficace.

 

Twilight 4 aurait sans doute été meilleur en un seul film. A trop vouloir respecter le roman, les producteurs se sont quand même mis des obstacles importants d’un point de vue narratif. Plutôt que d’élaguer les pages les moins réussies , ils ont, au contraire, accentué leurs défauts.

 

Mais dans l’état, la dernière partie du film donne une envie furieuse de voir la suite. Et c’est bien pour cela que j’ai attendu que Twilight 5 sorte en vidéo pour l’acheter et regarder les deux films à la suite. Et comme le dernier film est nettement supérieur.

 
Twilight - Révélation (1ere partie) *** 1/2
Partager cet article
Repost0
21 octobre 2014 2 21 /10 /octobre /2014 09:29

Les Verneuil, Une famille catholique qui a vu ses 3 premières filles épouser un Arabe, un Juif et un Chinois espère de tout coeur que la petite dernière ramènera enfin un gendre « idéal » à la maison.

 

Enorme succès en salle (12 millions d’entrées), Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu a su surfer sur le phénomène finalement récent (à l’échelle du temps) des mariages mixtes. Et il l’a fait en se riant des clichés et en osant confronter toutes les images du racisme dans des dialogues ciselés aux petits oignons.

 

Alors certes, tout comme Intouchables ou Bienvenue chez les Ch’tis, autres comédies phénomènes et triomphes absolus en salle, le film n’est pas exempt de défaut. Mais il atteint très largement son but : faire rire, sans tomber dans la grossièreté et en évitant le plus souvent la caricature.

 

Comme souvent dans les comédies françaises, on peut reprocher une certaine paresse dans la mise en scène. Il n’est évidement pas question de faire du Michael Bay, mais par rapport aux comédies américaines qui n’hésitent pas à balancer d’excellents mouvements de caméra ou d’éclairer de manière sophistiquée les scènes, on est ici dans le très banal. Même les scènes qui demanderaient un peu d’ampleur comme celle de l’église sont plan-plan. Cependant, le film évite le défaut classique qui consiste à surdécouper les dialogues. Du coup, cette platitude permet de suivre parfaitement les différentes péripéties. Mais on reste dans le téléfilm sur grand écran. A la limite, les 2 Ducobu du même duo étaient plus inventifs.

 

On pourra reprocher également quelques raccourcis scénaristiques. Ainsi, l’évolution du personnage de Chantal Lauby est trop brutale. C’est elle qui prononce la phrase fatidique « Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? », mais d’un seul coup, elle vire totalement de bord , devenant limite alter-mondialiste. Du coup, l’idée d’un divorce des deux parents arrive quelque peu comme un cheveu sur la soupe.

 

Mais au delà de ces quelques réflexions, le film est drôle et use habilement de tous les clichés sur le racisme. Mieux encore, il ose dire qu’on est toujours la cible raciste d’un autre. Les affrontements entre les 3 beaux-frères, les maladresses des parents et aussi le sentiment anti-blanc du père africain font que chacun en prend pour son grade et qu’aucune communauté n’est épargnée. Les dialogues, particulièrement soignés, permettent donc de rire de tous et d’éviter de tomber dans la grosse farce.

 

Car ici le comique vient bien des mots, et non des situations. Mis à part quelques passages (réussis d’ailleurs) comme la partie de pêche ou les rapprochements par l’alcool, ce sont bien les réflexions, les non-dits, les quiproquos qui font rire. Et sous un sujet grave (après tout, le racisme et la haine de l’autre font encore des milliers de morts de nos jours), c’est bien une invitation à en rire qui nous est proposée.

 

Il fallait donc de solides acteurs de comédies pour transformer l’essai. Rien à dire sur Clavier qui, mine de rien, passe la barre des 10 millions pour la 3e fois après Les Visiteurs et les Bronzés 3. Il reste égal à lui même, c’est à dire drôle, parfait dans un rôle de grand bourgeois plein de préjugés. Et l’hystérie qui l’avait accompagnée dans les années 90 a quasi disparu. Quant à Chantal Lauby, j’avoue qu’elle ne m’avait jamais convaincue (je ne suis pas un fan, loin de là, des Nuls qui plus est). Mais ici elle trouve aussi un rôle parfait, faisant parfois penser à l’Edith de Tanguy (les scènes chez le psy, avec un Elie Sémoun tout en retenue et qui retrouve donc le réalisateur de Ducobu), y sont pour beaucoup. 

 

Le reste du casting est à l’avenant. Chaque second rôle, que cela soit les gendres, les filles, la belle famille africaine est bien croqué, jamais ridicule. Et même si on a reproché au film de surfer sur des clichés, alors que c’est souvent le contraire (le Juif , ici, n’est pas doué en affaire, le Maghrébin n’est pas délinquant), c’est bien cette volonté d’opposer des personnages, des coutumes et des idées reçues qui rendent l’histoire attachante et drôle. Ainsi cette scène où Chantal Lauby a fait pour Noël 3 dindes, une hallal, une casher et une laquée alors que ses gendres vont lui avouer qu’ils ne mangent ni hallal, ni casher, ni laquée. Ainsi, en détournant ces clichés alimentaire, le scénario en fait une petite enfilade de scènes amusante (la visite chez le boucher musulman).

 

12 millions de spectateurs en salle, c’est la conséquence logique de cette enfilade de bonne humeur. Chacun pourra se retrouver dans ce kaléidoscope « ethnique » et forcément rire d’un autre. 

 

Le réalisateur et le scénariste penseraient à une séquelle. S’il est clair qu’ils ne pourront pas refaire l’effet de surprise, retrouver toute cette famille arc en ciel ne serait pas pour déplaire. Après tout, il y a suffisamment de situations qui ont été semées dans le film pour envisager d’autres histoires. Cela avait bien réussi aux Juifs de la Vérité si je mens. Cela devrait bien réussir à la famille Verneuil.

 
Qu'est ce qu'on a fait au bon Dieu (****)
Partager cet article
Repost0
10 octobre 2014 5 10 /10 /octobre /2014 07:06

Le pitch : 15 ans après la destruction mystérieuse d’une centrale nucléaire au Japon, un physicien qui a perdu sa femme dans cette catastrophe tente de découvrir la vérité.

 

16 ans après la dernière et excellente version de Roland Emmerich, Godzilla revient donc sur les écrans afin de commettre des destructions massives. Et comme à la grande époque des Kaïju, il n’est pas seul et va devoir affronter plusieurs de ces congénères.

 

Dit comme cela, on pourrait presque résumer le film. Car après une première demi-heure d’exposition, le film démarre sur une trame relativement simpliste, pas si spectaculaire que promis (le réalisateur a pris le parti de souvent filmer du point de vue des personnages, les créatures sont donc juste entr’aperçues) et surtout plombé par un élément de scénario totalement irréaliste. Mais j’y viendrais.

 

Il est d’ailleurs amusant que la critique continue à casser le Godzilla d’Emmerich alors que ce dernier film offrait tout ce qu’il promettait : des scènes spectaculaires, un monstre visible sous toutes les coutures, de l’action dans le plus pur style pop corn et même un rebondissement bienvenu sous la forme des Mini-Godzilla. Quand aux personnages, n’en déplaisent aux fans du Emmerich bashing, ils avaient une véritable existence et des motivations claires.

 

Vous l’aurez compris, j’ai été quelque peu déçu par ce Godzilla 2014. Il est vrai que j’en attendais bien plus et il a , de plus, l’inconvénient de sortir un an après Pacific Rim, film pas totalement réussi certes, mais au moins, on sentait l’amour de Del Toro pour les Kaïju. Ici, on la désagréable impression d’être face à un blockbusters cynique, réalisé non pas par passion, mais par pur mercantilisme. Ce n’est pas un défaut en soi (certains films commerciaux sont passionnants  à voir), mais ici, malgré le côté réaliste et psychologique, la machine tourne un peu à vide. D’ailleurs d’un point de vue recettes, en valeur absolue, le film d’Emmerich a bien mieux marché.

 

En fait, le principal défaut du film est de ne pas avoir de point de vue clair. Qui est le héros ? L’ingénieur américain qui perd sa femme dans un « accident » nucléaire ? Son fils qui entre dans l’armée pour faire le deuil de ce drame ? Godzilla lui même , venant d’on ne sait où et qui va se battre contre les deux autres monstres sans que l’on sache pourquoi ? Le film d’Emmerich présentait tous ces points de manière bien plus claire et donnait des réponses. 

 

Autre soucis de Godzilla 2014, l’abracadabrantesque origine des monstres. Peut-on sérieusement penser que des autorités quelconques vont « élever » un Kaïju ? Certes, il faut un point de départ, mais dans le même ordre d’idée, la faille du pacifique était une explication bien plus crédible. Il faut donc gober une énormité avant de rentrer dans le film. Pas facile.

 

Bien entendu, le film n’est pas un ratage, loin de là. Malgré des personnages bien moins développés que le marketing nous l’a fait croire, on s’attache à eux et à la façon dont ce combat de titans va affecter leur vie. Bien entendu, on n’échappe pas à certains hasards heureux (comme dans n’importe quel film de ce genre), mais globalement, on est quand même loin de personnages interchangeables. 

 

Visuellement, le film souffle le chaud et le froid. S’il n’y a rien à redire sur les effets spéciaux, magistralement intégrés, le parti pris de montrer le film dans un style « réaliste » est parfois frustrant. Soyons honnête : dans ce genre de métrage, on veut voir du Kaiju piétiner de la cité urbaine. Or, ce n’est vraiment le cas que vers le dernier tiers. Dans les deux premiers actes, on devine plus souvent qu’on ne voit. Ce qui marchait très bien dans Cloverfield. Mais qui est moins efficace ici. De même, l’introduction de Godzilla dans le film d’Emmerich était , à mon avis, bien plus réussi, avec l’arrivée progressive des traces, des griffes… Le réalisateur allemand avait repris la trame ce qui lui avait si bien réussi dans ID4 quand il dévoilait peu à peu les Aliens.

 

Là, la progression est quelque peu artificielle et surtout , comme certains pistes de départ son abandonnées, on a un peu de mal à être étonné. Enfin, et je clouerai ainsi le bec à certains détracteurs d’Emmerich, cette cuvée 2014 présente des scènes « légèrement » copiées sur le film de 1998 comme, par exemple, le passage du monstre dans la ville vue de l’intérieur d’un building.

 

Heureusement, la dernière demi-heure offre enfin au public un spectacle digne de ce nom, où la dimension dramatique des affrontements, totalement absente chez Emmerich (cela avait été largement pointé à l’époque) est douloureusement présente. Quand des créatures de 100 m de haut s’affrontent dans une ville, cela fait des morts, des drames. Le parti pris « réaliste » se justifie alors que même l’apparition du souffle nucléaire de Godzilla ne distrait pas.

 

On notera également le clin d’oeil au nom japonais dans les derniers instants du film quand la créature est qualifiée de Roi des monstres par les médias.

 

En résumé, Godzilla 2014 est loin d’être le chef d’oeuvre vanté à droite et à gauche. Pour ma part, il n’arrive pas à la cheville du film d’Emmerich, mais une fois l’histoire en place, il se laisse agréablement regarder. Sans doute était-il plus spectaculaire au cinéma (je l’ai vu sur mon Home Cinéma perso, mais pas en salle) et en 3D, mais un très bon film doit pouvoir passer la barre de la maison.

 

Les résultats mondiaux, couplés à ceux des USA se montent à 524 millions, soit 2,5 fois son budget. Pas sûr cependant que cela soit suffisant pour envisager une séquelle. 

 

Avec un scénario plus touffu cette fois ?

Godzilla (***)
Partager cet article
Repost0
7 septembre 2014 7 07 /09 /septembre /2014 10:03

Le pitch  : alors que les hommes ont répandu le mal sur la Terre, le Créateur décide d'en finir avec eux. Seuls les animaux seront sauvés du déluge qui va s'abattre. Un homme, Noé, est chargé de la tâche.

 

Rattrapage pour ce "péplum" biblique qui met à l'écran l'une des histoires les plus connues du Livre, mais aussi l'une des plus mystérieuses. Car Noé occupe juste quelques versets de la Genèse, n'a aucun dialogue et on sait très peu de chose de lui.

 

Le premier challenge était donc de construire un scénario digne de ce nom autour d'éléments aussi ténus. En rajoutant quelques personnages, en faisant de Noé un homme intègre mais d'une incroyable dureté et en prenant certains passages de la Bible au pied de la lettre (les géants de pierre), le script permet de tenir les 2H15 du film.

 

Et le moins que l'on puisse dire est que ces rajouts sont loin de délayer l'histoire, mais au contraire l'enrichisse.

 

Visuellement, le film est magnifique. Tourné dans les décors époustouflants de l'Islande (une destination "à la mode" depuis Oblivion et Prometheus), dans un arborteum de New York avec une arche quasi grande nature et en studio, Noé en met plein la vue tout en ne tombant pas dans l'esbrouffe. Associés à de splendides effets numériques, les plans sont au service de l'histoire et tentent de respecter au plus près les écrits de la Génèse. 

 

Par exemple, l'arche n'a rien à voir avec l'imagerie classique. Ce n'est pas un bateau, mais une sorte de radeau de fortune , de forme rectangulaire et dont les dimensions, la forme sont décrites de manière très précises dans la Bible. Cela a étonné plus d'un spectateur, mais cela montre comment les clichés sont durs à abattre.

 

Mais quid de l'histoire ? Comme je l'ai dit , Noé n'a droit qu'à quelques versets et son histoire est peu développée. En ajoutant le personnage du roi des hommes, TubalCain, Darren Aronofsky ne fait pas que donner un adversaire à Noé , mais il lui donne un reflet noir dans le miroir. Pour lui, l'homme doit régner sur la Création et il est prêt à tout pour éviter que son "peuple" ne soit détruit. Ses motivations, au delà de leur égoïsme, ne sont pas si éloignées de nos visions de la vie. Si Dieu envoie le déluge, c'est parce que les hommes ont abimé sa création. Pour TubalCain, la création est au service des hommes, un outil dont il peut disposer à sa guise.

 

L'autre ajout du film est le conflit entre Noé et ses fils. Pour Noé, l'humanité doit mourir avec le déluge et sa famille ne doit pas échapper à ce destin. Mais pour ses fils, au contraire, cette castastrophe doit servir de nouveau départ et ils ne comprennent pas l'obstination de leur père à refuser de sauver une partie des hommes. Noé est prêt à mettre à mort les futures enfants de sa belle-fille (jouée par Emma Watson dans un rôle très complexe et dont elle se tire à merveille) pour respecter ce qu'il pense être la volonté de Dieu.

 

De ce fait, Darren Aronosky pose des questions extrêmement intéressantes. Le responsable d'une création a-t-il vraiment le droit de mort sur elle ? Et pourquoi le Dieu de l'Ancien Testament est-il aussi cruel ? Les dernières images montrent justement ce revirement, perceptible aussi dans la Bible après le déluge.

 

Le film n'élude en rien cette cruauté : les hommes ont détruit la planète, la transformant en désert, ils se livrent à la guerre, à la luxure et ne respecte pas la création. Mais le plan absolument terrifiant où des rescapés tentent d'échapper à la montée des hauts ne laisse pas place au doute : dans la noirceur, hommes et Dieu se valent. 

 

Le discours de Aronosky devient franchement éblouissant quand il mixe les images scientifiques de la création de l'univers avec le discours de la Genèse (le premier jour, il créa la lumière...) ! Certains intégristes pourront s'étouffer devant un tel passage, mais la puissance de cette séquence justifie à elle seule la vision du film.

 

Pour une telle histoire, il fallait un acteur d'exception ! Russel Crowe tient le film sur ses épaules. Passant du sauveur et de l'élu à celui du boureau, l'acteur néo-zélandais livre sans aucun doute une de ses compositions les plus abouties ! Il fallait oser ne pas tomber dans un côté héroïque et faire ressortir toute l'ambiguité d'un homme allant jusqu'au fanatisme , refusant de discuter les ordres de Dieu, même quand il les trouve atroce.

 

Si l'on ajoute un Anthony Hopkins étonnant en Mathusalem et, je le répète, un environnement visuel incroyable (l'entrée dans l'arche !!!) , on est face à une réussite incontestable dont les quelques longueurs, notamment une fin un peu trop convenue (et s'écartant quelque peu du texte originel) s'effacent devant l'impression générale.

 

Le Blu-Ray offre une image exceptionnelle, notamment dans les séances de déluge et les arrêts sur image permettent d'admirer le travail sur les animaux antédiuviens. Le son n'est pas en reste, et au coeur de la tempête, on ressent la puissance "divine" dans ses enceintes.

 

Côté bonus, si le bon making of d'une heure, articulé en 3 parties, couvre toute la production, dévoilant le tournage en Irlande, la construction de l'arche ou la conception des scènes de bataille, il est dommage que la post-production soit totalement absente. On aurait en savoir plus sur la création des animaux (une galerie de photos ou de dessins serait la bienvenue), sur l'environnement 3D du film et surtout l'origine du film.

 

Car pour faire un film sur Noé, il faut avoir soit des convictions très solides (religieuses ou athées) mais surtout une bonne dose d'inconscience ! Après tout, le concept est loin d'être vendeur.

 

Peut être pour une futur édition collector ?

Noé (****)
Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Salla Obscursium Invocat
  • : BO US, BO France, BO Mondial, chroniques ciné, Chroniques DVD..... Toujours sans concessions et politiquement incorrect !!
  • Contact

  • Dave
  • Enseignant, fan de cinéma et de métal, chanteur dans différents groupe de métal, collectionneur de tout ce qui touche à Star Wars... what else ?
  • Enseignant, fan de cinéma et de métal, chanteur dans différents groupe de métal, collectionneur de tout ce qui touche à Star Wars... what else ?

La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

L'affiche du moment