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27 octobre 2017 5 27 /10 /octobre /2017 08:46
Blade Runner 2049 (*****)

Le pitch : K, un répliquant de nouvelle génération, chargé de traquer les vieux modèles Nexus qui se cachent encore sur Terre depuis 30 ans, découvre une chose qui pourrait changer la face du monde et va, petit à petit, être amené à changer de camp.

 

Le chef d'oeuvre de Ridley Scott est sans conteste l'un des plus beaux films de toute l'histoire du cinéma ! Une oeuvre parfaite où le visuel grandiose se conjugue à un scénario palpitant et une mise en scène d'anthologie. Et malgré les différentes versions, Blade Runner que cela soit celui de 82, 92 ou 2002, est inscrit au panthéon du cinéma. 

 

Autant dire que la mise en chantier d'une séquelle avait de quoi inquiéter, surtout aussi longtemps après. La nomination (et l'adoubement par Scott) de Denis Villeneuve a tempéré ses inquiétudes. Puis la bande annonce a clairement montré la direction prise et enfin la vision du film a confirmé que Blade Runner 2049 s'inscrivait de manière magistrale dans les pas de son aîné.

 

Il aurait été tellement facile de massacrer la "franchise" en banalisant le propos, en en faisant un simple film d'action alignant les scènes spectaculaires ou en affadissant le propos.  L'intelligence des concepteurs de la séquelle a été de se rappeler ce qu'est Blade Runner, et non pas de le faire à leur sauce. 

 

Qui plus est, on a droit à une véritable suite et non un faux remake. L'histoire parle toujours de ce qu'est un être humain, ce qui le définit, mais la quête de K ajoute une couche supplémentaire : et si l'humain artificiel pouvait dépasser l'homme y compris dans le domaine de la création ?

 

C'est cette question qui est au centre du film et de la recherche de K. Simple "objet" obéissant aux hommes qui pourtant le méprisent, le répliquant (interprété subtilement par Ryan Gosling) va petit à petit s'émanciper de sa tutelle humaine pour tenter de vivre sa propre existence. Sa quête va l'amener à retrouver Dekkard, toujours en vie après les évènements de 2019. Et si l'ambiguïté du premier film n'est plus de mise (d'entrée, la couleur est annoncée : K est un répliquant), la rencontre entre les deux personnages, outre le fait de créer un pont entre les deux films, permet surtout de rappeler à quelques égarés que Ford est un grand acteur et que son panthéon personnel (Han Solo, Harrison Ford, Dekkard, Richard Kimble ou Jack Ryan) ne sera sans doute jamais égalé. La vieillesse lui va comme un gant et le script joue de cette façon dont l'ancien Blade Runner a évolué, comment il s'est caché après s'être enfui avec Rachel.

 

Visuellement, le film est également à la hauteur de son aîné. Mais on pourrait dire que c'est la partie la plus facile, vu que les moyens colossaux (150 millions de dollars de budget) ont rendu la partie plus simple. Sauf que lorsqu'on lit les articles sur les SFX, on s'aperçoit que les concepteurs des effets visuels ne se sont pas contentés de simples images de synthèse mais, au contraire, ont utilisé des maquettes, des plateaux réels... A l'instar de Christopher Nolan qui ancre ses effets dans la réalité, Villeneuve a voulu que son Blade Runner 2049 soit physiquement présent et non entièrement issu d'ordinateurs ! La vision pessimiste qu'il propose prolonge évidemment celle de Ridley Scott, même si les lieux visités par ce film sont quasiment vides le plus souvent (le Las Vegas de 2049, les fermes californiennes, la "plage" de la scène finale) alors que ceux du film original grouillait comme des fourmilières. Mais le climat est toujours aussi déréglé, la brume et la pluie omniprésente et même les décors mégalomaniaques de la Wallace Corporation, qui a pris le relais de la Tyrell Corporation, évoque un monde qui n'est plus tout à fait conçu pour l'homme.

 

A cela s'ajoute des trouvailles exceptionnelles comme ce programme informatique qui permet à K de s'inventer une vie sentimentale et qui va s'avérer bien plus qu'un simple gadget. Les effets visuels permettant la création de la "compagne" sont également extraordinaires. Mais comme pour l'original, ils sont toujours au service du film.

 

La musique participe également de la réussite. En s'inspirant du score électronique de Vangelis, Hans Zimmer supervise un score tout en élégance et en longues plages planantes. Les deux musiciens à son service n'ont pas non plus cherché à "moderniser" le travail mais bel et bien à rendre hommage. Certaines scènes sont sublimées par la bande originale, notamment les moments où K survole la ville.

 

Enfin, il faut parler de la mise en scène de Denis Villeneuve. Il s'inscrit dans les pas de Ridley Scott tout en gardant son propre style, ce qui est tout de même exceptionnel ! Jamais il ne cherche à ré-inventer la roue, mais jamais il ne cherche non plus à renier sa façon de faire. En fait, il se met au service de l'histoire tout en faisant son film. Si Scott avait été aux commandes de cette séquelle (on sait qu'il en parle depuis 1995), le film aurait été sans doute différent.

 

En soi, Blade Runner 2049 est donc, à mes yeux, une réussite totale, qui place la barre très très haute. S'il est encore trop tôt pour savoir si l'aventure continuera (les résultats mondiaux sont corrects, mais sans doute loin des espérances de Sony), contentons nous de ce que nous avons déjà : deux chefs d'oeuvre réalisés à 35 ans de distance par deux visionnaires ! Franchement, c'est déjà exceptionnel !

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18 mai 2017 4 18 /05 /mai /2017 20:10
Alien Covenant (**** 1/2*)

 

Le pitch : alors qu’il fait route afin d’établir une colonie humaine sur une planète lointaine, le vaisseau Covenant capte un signal mystérieux qui va l’amener à se dérouter.

 

Dit comme cela, on pourrait penser à une redite du tout premier Alien. Mais Alien : Covenant est bien plus que cela, une relecture complète et radicale du mythe créé par Giger, Scott et Dan O’Banon il y a 38 ans et un pont entre Prometheus et la saga originel.

 

Le mauvais accueil critique de Prometheus reste pour moi inexplicable. En revenant à la science fiction 30 ans après Blade Runner, Scott montrait qu’il n’avait rien perdu de sa capacité incroyable à sculpter des images, à jouer avec la lumière et à ne pas se contenter du minimum. Fort d’un scénario à tiroir sacrément audacieux (même si certaines pistes auraient gagné à être explorées plus avant), il entraînait le spectateur dans un ambitieux voyage à la recherche de nos origines, tout en  semant les graines de Covenant, à savoir les fameux xénomorphes sanguinaires.

 

Covenant débute donc 10 ans après la disparition de l’expédition d’Elisabeth Shaw. L’exploration humaine de la galaxie a continué et s’apprête à franchir un pas décisif en établissant une colonie de plusieurs milliers de personnes. Le début du film est donc tout à fait classique, même si la toute première scène explique déjà comment le personnage de David va évoluer quand on le retrouvera dans le 2e acte. 

 

Le spectateur pourra même se demander durant une petite demie-heure si on ne lui refait pas le coup du Réveil de la force, à savoir le remake déguisé d’un épisode populaire, rempli de clins d’oeil pour les fans les plus assidus. Mais dès que les survivants se retrouvent coincés au sol avec David, l’androïde du Prometheus qui était parti avec Elisabeth Shaw pour rejoindre la planète des ingénieurs, Covenant prend alors un virage inattendu et va alors s’apparenter à un rollercoaster géant et sanglant. Car, si beaucoup de réalisateurs s’assagissent avec le temps, Scott au contraire a décidé de ne pas se censurer ! Les scènes avec les Aliens sont donc brutales, éclaboussent de sang les décors. L’une d’elles se permet même de rendre hommage à Psychose avec une certaine ironie. 

 

Si l’on en croit les acteurs, Scott n’a pas cédé au 100% numérique et une bonne partie des Aliens sont des créatures animatroniques. Sa technique hors-pair fait le reste et donne un métrage irréprochable d’un point de vue de sa construction. Que cela soit les décors naturels de la Nouvelle Zélande, incroyablement bien captés et filmés ou la cité des ingénieurs, devenue une nécropole sinistre, il exploite totalement le matériel mis à sa disposition et y fait subir tous les outrages à des personnages complètement dépassés. En fait, seul David sait réellement ce qu’il se passe et seul lui a un plan. Michael Fassenber montre une fois de plus l’étendue de son talent, avec un double rôle (il joue également Walter, l’androïde du Covenant). L’attitude de David, que je ne déflorerais pas ici, explique également pourquoi la  compagnie avait caché à l’équipage du Nostromo la présence d’un androïde sous les traits de Ash.

 

Pourvu d’une logique implacable, David est le véritable « héros » de Covenant, même si Katherine Waterston (qui fut la maîtresse éconduite par Steve Jobs dans le film de Danny Boyle et qui retrouve donc ici l’acteur principal) sera son pendant féminin et reflet de la Ripley des 4 premiers films. Armé de sa volonté de récupérer « sa » saga (on sait que s’il apprécie Aliens, Scott n’a guère aimé les films de Finsher et Jeunet, sans parler des crossovers Aliens Vs Predator), le réalisateur continue donc son plan qui consiste à répondre  à une interrogation : qui est le Space Jockey du premier film ? Les critiques ne l’atteignent visiblement pas et il reste sur la lancée de Prometheus : bâtir une vaste saga de science fiction sans se soucier des désirs de certains fans qui se sentent dépossédés par le créateur.

 

Le constat culotté de l’origine des Aliens, le retournement final (prévisible mais bien amené) et les derniers plans ne laissent évidemment aucun doute au fait qu’il manque encore un chainon pour aboutir au carnage du Nostromo. Mais en l’état, le duo Prometheus-Covenant est un véritable oasis de fraîcheur et d’intelligence dans un monde cinématographique qui a bien du mal à sortir des recettes convenues ou à prendre le spectateur à rebrousse-poil, de peur de le gêner.

 

Les critiques envers Covenant me semblent tout aussi incompréhensibles que celles envers Prometheus. Car, on peut ne pas apprécier la direction que veut faire prendre Scott à ses créatures (après tout, l'art de la préquelle est affaire d'équilibre et Lucas en sait quelque chose, lui qui s'est fait descendre en ne virant pas d'un iota de son idée), mais on ne peut lui dénier le fait d’avoir fait une oeuvre superbe graphiquement, de ne s’être pas censuré et de montrer la créature sous tous ses stades, aidé en cela par un scénario diabolique. Le réalisateur de Gladiateur n’est jamais tombé dans la facilité. Pourquoi le ferait-il à presque 80 ans ?

 

Mine de rien, son oeuvre totale, commencé au cinéma en 1977 avec Les duellistes le pose comme l’un des plus grands cinéastes de l’histoire du médium. Son exigence, son sens de l’image, sa volonté de ne reculer devant aucun défi transparaissent encore plus avec Covenant. Et maintenant qu’il s’est trouvé un nouvel acteur avec qui partagé ses visions, nul doute que la suite de la saga, qu’il entend continuer très vite, emmènera le spectateur vers toujours plus de terreur !

 
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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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