Le pitch : Téléporté sur Mars, un soldat sudiste va se découvrir un destin extraordinaire lors de l’affrontement de deux peuples rivaux de la planète rouge.
Star Wars, Superman, Avatar, Flash Gordon…Tous ont quelque chose en commun : les romans martiens d’Edgar Rice Burroughs et son héros John Carter. Du coup, l’échec du film (à peine 250 millions de dollars de recette pour un budget de 200) s’explique aisément par ce pillage, car au fur et à mesure que se déroule l’histoire, on a l’impression de voir un catalogue d’extraits de film : une lutte dans une arène contre des monstres belliqueux (l’attaque des clones), un personnage qui tire ses pouvoirs d’une moindre gravité que sur sa planète (Superman), des personnages avec 6 membres (Avatar), un mélange technologie moderne et médiévale (Flash Gordon)… Doit-on continuer ?
Et pourtant, c’est surtout un sentiment d’injustice qui prévaut. Car John Carter a été écrit à la fin du XIXe siècle. Cela, certaines critiques incultes de cinéma l’ont oublié !! Et si l’autre héros du papa de Tarzan débarque aussi tard, c’est uniquement parce que la technologie a enfin permis de mettre sur grand écran les délires du roman. Cela fait plus de 20 ans que le film est dans les limbes du développement et ce temps a permis à tous ses concurrents de lui piquer ses meilleures idées, ses meilleurs séquences…
Andrew Stanton est connu pour avoir réaliser Le monde de Némo. Comme Brad Bird ou Andrew Adamson (Shrek), il a donc été tenté par le film live. Une chose logique car, vu le nombre élevé d’éléments en CGI, il fallait bien un animateur pour mettre tout ceci sur un grand écran. On a d’ailleurs un aperçu d’une journée de tournage sur l’un des bonus du Blu-Ray : l’équipe technique est énorme sur les plateaux et le réalisateur apparaît ici comme un chef d’orchestre qui doit œuvrer sur plusieurs musiques en même temps.
Sa mise en scène s’inspire donc de l’animation. Mais sa direction d’acteur n’est pas anecdotique. Car il ne fallait surtout pas que les personnages soient noyés dans un déluge technologique (accentué par la 3D qui plus est). C’est plutôt bien réussi et même si les protagonistes sont plutôt stéréotypés (le soldat rebelle qui prend fait et cause pour un autre peuple, interprété par un excellent Taylor Kitsh, la princesse courageuse, le traître ricanant…), ils sont suffisamment attachants pour ne pas lasser le spectateur.
Visuellement, le film est une splendeur. Les décors, bien plus solides qu’on pourrait le croire quand on regarde le making of, sont magnifiques, les costumes et l’apparence des humains martiens sont très recherchés (travail extraordinaire sur les maquillages tribaux) et la vision de Mars enterre tout ce qu’on a pu voir depuis des années. Mars est certes mourante, mais ses plaines rocheuses, ces rivières, son horizon légèrement rouge sont à tomber par Terre. Quant à la technologie extra-terrestre, sa richesse vaut largement celle d’Avatar avec une mention spéciale pour les villes nomades, montées sur des espèces de pattes mécaniques (tiens, cela me rappelle vaguement les AT-AT impériaux)… À la limite, on regrette presque que la mise en scène ne s’attarde pas plus sur ces merveilleuses machines et il est clair que John Carter nécessite plusieurs visions pour bien en saisir la saveur et la richesse.
Le travail sur les créatures CGI est également hyper pro !! William Dafoe insuffle d’ailleurs sa voix au chef des créatures à 6 membres (appelées Martiens verts dans les romans) et lui donne immédiatement le relief et la grandeur nécessaires. Mais tous les martiens non-humanoïdes ont fait l’objet d’un travail minutieux, sérieux et participent au festin esthétique du film.
Qui plus est, cette débauche visuelle est accompagnée d’un scénario fort intelligent. Mais là aussi, le passage d’autres space opéras avant lui en atténue l’originalité. Il a cependant le mérite de ne pas tomber dans la simplicité ou d’infantiliser le spectateur. La progression dramatique est bien fichue, les personnages pas si caricaturaux et chacun cherche finalement ce qu’il pense être le meilleur pour son peuple. Du coup, les péripéties s’enchaînent sans aucun temps mort et ce voyage sur Mars devient de plus en plus passionnant au fur et à mesure qu’avance l’histoire, l’univers proposé étant tellement vaste qu’on regrette également que les futures séquelles soient désormais très aléatoires.
Au final, John Carter est évidemment un film à ré-évaluer d’urgence en espérant que Disney ne se focalisera pas que sur les chiffres de l’exploitation en salle et qu’on retournera bien sur Mars.
Outre le making of (Une journée de tournage) de 30 minutes, le Blu-ray propose un excellent focus sur le roman et son auteur, un bêtisier sympa et 18 minutes de scènes coupées, bien commentées par le réalisateur. Le commentaire audio est instructif, mais manque parfois de pêche. Mais ce n’est qu’un détail. L’image est cristalline, le son monstrueux, même en VF. Bref, un achat indispensable.