The Monument Men
Le pitch : alors que le débarquement est proche, un assemblage hétéroclite de passionnés d’art montent un commando afin de retrouver les oeuvres volées par les nazis.
Pour sa dernière réalisation, Georges Clooney s’est donné les moyens de ses ambitions. Un budget confortable (70 millions de sujet), un casting conséquent (Matt Damon, Jean Dujardin, Bill Murray) et un sujet sérieux, et surtout évitant les polémiques de ses premiers films, voire leur révisionnisme (Good Lucks… modifie l’histoire du Macarthysme à un tel point qu’il en devient risible).
Et comme par hasard (?), The Monument Men est largement son meilleur film !!
Certes, ne vous attendez pas à des scènes de guerre grandioses, le propos du film est bien autre. En suivant l’équipe formé par Clooney, c’est bel et bien une invitation à réfléchir sur les buts premiers d’un conflit dont il s’agit. Abattre l’ennemi est une chose, mais empêcher que la barbarie détruise la mémoire des hommes en éradiquant les oeuvres du passé en est une autre.
C’est ce dilemme que propose Clooney dès le début de l’histoire à des officiels bien plus pressés de reprendre l’Europe que de recouvrer ses oeuvres d’art. Et c’est à partir de cette idée, que les Monument Men vont suivre les « vrais » soldats, tâchant par tous les moyens de mener leur mission à bien. Et même si la mort sera au bout du chemin pour certains d’entre eux, la fin de la guerre verra leurs efforts et leurs sacrifices récompensés. Car en sauvant l’une des plus belles oeuvres de Michel-Ange et en la remettant dans son église (le fil rouge de l’histoire), ils auront réparé les outrages faites à la mémoire des hommes.
Le film propose un excellent équilibre entre humour (il y a tout de même plusieurs bras cassés dans l’équipe) et sérieux. La reconstitution historique poussée justifie largement le budget et ces 9 « salopards » de l’art peuvent donc déambuler dans des décors magnifiques, malgré l’horreur de la guerre, et leurs différentes aventures, savamment enchevêtrées (même si quelques ellipses surprennent) permettent de ne pas voir le temps passé.
Ayant vu le film à Oxford, il est intéressant de constater que Jean Dujardin a largement réussi son pari. Son anglais est excellent et à aucun moment il ne joue sur les clichés du french lover. Bien au contraire , et c’est sans doute l’un des aspects les plus réjouissants du film, Clooney l’a parfaitement intégré à son équipe et c’est avec jubilation que Oss 117 participe à l’histoire. Notez que, de nombreux dialogues se tenant en allemand, français ou flamand, les sous-titres m’ont souvent tiré de quelques mauvais pas quand à la direction que prenait le film.
En fait, le rôle du séducteur échoue à Matt Damon, parfait quand il joue de ses charmes pour convaincre Cate Blanchett de l’aider. L’entendre parler français est un grand moment comique, sans doute involontaire, même si Cate le remet rapidement à sa place , tout en jouant une française qui parle anglais avec un petit accent français… Car au delà de la recherche des oeuvres d’art, c’est bien de culture que nous parlons. Une culture européenne et sauvée par des Américains et des Français d’Allemands qui ne souhaitent que l’enfermer dans un musée grandiloquent destiné à Hitler lui-même.
Et quand les SS se rendent compte que la fin de la guerre est proche, ils n’hésiteront pas à détruire et à ravager des milliers de pièces, tels les barbares d’autrefois qui incendièrent les bibliothèques de Constantinople au prétexte que les livres ne valaient pas l’or promis par les Vénitiens. Ces barbares ne venaient pas de Germanie, mais bel et bien de France, d’Angleterre et commentèrent ce crime lors de la 4e croisade.
Alors que les Monument Men s’avancent en Europe, retrouvant une à une les caches nazies (grâce à un astucieux procédé linguistique que je ne révélerais pas ici , et à un peu de chance aussi, dans une des scènes les plus drôles du film, quand un dentiste conduit sans le vouloir quelques membres de l’équipe dans la maison de campagne de celui qui a pillé Paris), ils doivent lutter contre la montre car de l’autre côté, l’armée rouge s’embarrassent de moins de subtilités, s’octroyant la moitié du continent pour son propre compte.
Le discours final de Clooney nous explique que plus de 10 000 oeuvres volées ont finalement été retrouvées. La poignée d’hommes qu’il a entraînée avec lui a donc parfaitement réussi sa mission, et les dernières images du film ne laissent aucun doute : l’acteur-réalisateur s’est lassé de la polémique inutile et a seulement voulu rendre un hommage appuyé à ces hommes de l’ombre sans qui notre monde ne serait pas tout à fait le même .
The Monument Men est un film franchement formidable, une somme de talents qui me tarde désormais de revoir en vidéo, mais peut être en actionnant les sous-titres du début à la fin, car il faut bien l’avouer, l’accent de certains acteurs est sacrément handicapant quand on ne maîtrise pas une langue à 100%.
J’ajouterai, pour clore cette chronique, qu’en Angleterre, le film est interdit au moins de 12 ans. A cause de sa violence ? Il y en a très peu. De ses dialogues crues ? A part quelques gros mots par ci par là, la moindre chanson rap en dit bien pire. En fait, la censure a frappé car The Monument Men contains some intense smoking scenes ! En clair, on y fume comme des pompiers… A pays différents, moeurs différents !