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19 janvier 2016 2 19 /01 /janvier /2016 22:44
12 years a slave (****)

Le pitch : Salomon est un afro-américain libre du nord des USA. Mais dupé par deux escroc, il va se retrouver vendu comme esclave. Passant de propriétaires en propriétaires, il va découvrir de l’esclavage avant de retrouver la liberté au bout de 12 ans.

 

Passé quelque peu inaperçu en France, 12 years a slave a connu un succès public mondial plutôt important. Il est vrai que le roman dont il est tiré fut un best seller dans le monde anglo-saxon et que son sujet, l’esclavage, même s’il a touché (et touche encore parfois) toute les parties du monde, est ici plus axé sur celui des Noirs dans une Amérique qui n’avait pas encore connue la guerre de Sécession.

 

Mais il n’est pas nécessaire de connaître l’histoire américaine pour apprécier ce film de Steve McQueen (non, cela n’a rien à voir avec l’acteur vedette de La tour infernale, Bullit ou Les 7 mercenaires), brillamment interprété (impeccables Chiwettel Ejiofo et Michael Fassbender), brillamment mis en scène et dont l’histoire, un brin académique, se révèle passionnante.

 

D’un point de vue historique 12 years a slave permet de lever une voile sur un aspect peu connu de l’Amérique, à savoir l’existence d’une petite bourgeoisie noiredans le nord du pays au XIXe siècle. Roland Emmerich avait déjà montré l’existence de petite communauté noire indépendant dans l’Amérique anglaise précédent la guerre d’indépendance. Ce point montre comment l’histoire américaine est mal connue en France et que beaucoup d’aspects nous échappe. C’est également une occasion de voir que cette société est bien complexe que ceux que l’on veut bien nous faire croire. 

 

Ainsi, Salomon est instruit, lettré et vit comme n’importe quel Américain, bien loin de l’image « classique » connue en Europe et qui fut véhiculée durant des décennies par le cinéma américain. Le contraste avec le sort qu’il va subir dans le Sud sera le leitmotiv du film. Sa descente aux enfers de l’esclavage (notamment quand il reçoit le fouet), la rapide dégradation de sa condition vont vite accompagner son existence désormais misérable. Trimballé pendant 12 ans d’un propriétaire à l’autre, connaissant si peu de mansuétude, méprisé par tous, y compris parfois par ses « frères », Salomon n’abdiquera cependant jamais, même si la prudence va le conduire à cacher les qualités et connaissances qu’il avait acquises quand il était libre.

 

Pour originale que soit l’histoire, elle n’en contient pas moins quelques clichés, notamment dans sa construction, un peu alambiquée au départ (des flashbacks inutiles là où un déroulement linéaire aurait donné plus de force). Mais ce ne sont que détails tant la force de l’histoire prend aux tripes et engendre un légitime dégoût des pratiques esclavagistes. 

 

La reconstitution d’une Amérique finalement peu connue, tellement nous sommes habitués aux grands paysages des western, est évidemment une des forces du film. Ce Sud besogneux, pauvre (par rapport à un Nord industrialisé et bien plus riche) apparaît paradoxalement baigné d’une lumière superbe et d’une grande beauté. La verrue esclavagiste ne parvient pas à l’enlaidir totalement et le travail sur les cadrages et les décors contraste donc avec la dureté de l’histoire. Qui plus est, la mise en scène plutôt académique ne cherche jamais l’esbroufe ou le pathos simpliste. Au contraire, elle se met au service de son histoire : inutile d’en rajouter dans l’horreur.

 

Cerise sur le gâteau, 12 years a slave offre à Brad Pitt un excellent second rôle (mais essentiel) comme l’acteur semble désormais les affectionner. C’est lui qui offrira la chance à Salomon d’échapper à ce cauchemar. Il sera, finalement, le seul blanc à tendre la main à ce malheureux, fidèle à ses idées religieuses qui estiment que l’esclavage est une abomination et que personne ne doit être la propriété d’un autre.

 

Avec toutes ces qualités, 12 years a slave est donc un excellent film qui ravira tant celui qui s’intéresse à l’histoire américaine qu’à celui qui apprécie les bonnes histoires. Sans être un chef d’oeuvre du genre (je trouve personnellement qu’Amistad allait plus loin sur le sujet), le film trouvera sa place dans toute vidéothèque qui se respecte et sera le point de départ idéal pour creuser une période dont personne ne sort grandi.

 

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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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