Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 juin 2016 2 28 /06 /juin /2016 06:49
The Walk (*****)

Le pitch : Philipe Petit, un funambule français décide de tendre et de marcher sur un fil tendu entre les deux tours du World Trade Center, alors en construction.

 

Il semble que Robert Zemeckis ait laissé derrière lui son travail expérimental des années 2000 autour des films en images de synthèse créées par motion capture. Et après l’excellent Flight qui avait vu le retour de l’auteur de Forrest Gump au long métrage traditionnel, il retrouve avec The Walk le niveau d’excellence qu’il n’a jamais abandonné.

 

Petit budget, The Walk n’est en rien un petit film. D’une part la perfection des effets visuels (une constante chez Zemeckis) montre que l’ambition est là, notamment dans la reconstitution d’un New York qui n’existe plus - difficile de voir le film sans éprouver un pincement au coeur en raison du souvenir des tours jumelles - et d’autre part, l’exigence de l’interprétation des acteurs poussent forcément le métrage vers le haut.

 

Car Joseph Gordon-Levitt porte le film sur ses épaules de la scène d’introduction à la conclusion. S’adressant directement à la caméra pour raconter son histoire, le jeune acteur , par son long monologue, rend un hommage sincère au véritable Philippe Petit. Les bonus du Blu-ray montre bien cette implication totale à recréer non seulement l’aventure, mais aussi (et surtout) l’état d’esprit du funambule français. De ses débuts à Paris à son exploit new yorkais, de sa rencontre avec Papa Rudy, un artiste de cirque venant de l’est à celle avec Annie, qui sera son inspiration en passant par le recrutement de ses « complices », l’histoire se déroule sans accroc, passant du classique film de casse (la préparation du coup) aux longues minutes où, sur son fil, Philippe Petit atteint l’apogée de sa vie.

 

Ayant du apprendre la jonglerie, les arts du cirque et le funambulisme, Gordon-Levitt s’est fondu physiquement dans le personnage et lui a donné une épaisseur sans égal. La mise en scène toujours aussi élégante de Robert Zemeckis a fait le reste.

 

Car, disons le tout net, malgré des films d’anthologie, qui se sont souvent transformés en triomphes commerciaux (ce n’est hélas pas le cas de The Walk), Zemeckis n’a pas vraiment le statut dont il devrait bénéficier. Dans un monde où la critique glorifie des cinéastes qui enchaînent des films souvent banals voire médiocres (je pense à Aldomovar, Nolan, Alllen même et tant d’autres), il est quand même incroyable de voir qu’un metteur en scène qui a révolutionné le cinéma à plusieurs reprises, qui sait à se point allier défis techniques et aventures humaines soit toujours considéré comme un vulgaire faiseur. 

 

Pourtant on retrouve dans The Walk l’essence évanescente de Forest Gump (pour le monologue notamment), la comédie de La mort vous va si bien (la loufoquerie des complices permet un ton léger dans une entreprise où le personnage principal risque quand même la mort) et bien entendu la perfection visuel de tous ses films. Refaire les tours jumelles était devenu une véritable obsession pour lui et on à peine à croire que ce monde a disparu le 11 septembre. Mais Zemeckis ne joue même jamais sur cette fibre nostalgique et finalement facile. Le New York décrit dans le film est bien celui de 1974 et la traversée a bien lieu dans le Manhattan de cette époque. Pour être allé à Ground Zero, j’ai ressenti un sentiment confus en voyant recréer sur un écran ce qui fut l’une des perles de Big Apple et dont la destruction par des fanatiques reste un drame humain mais aussi une atteinte contre notre civilisation.

 

Le cinéaste rend hommage aux 2 tours, toujours avec l’envers du décor  : on y verra les travaux, les sous-sols, les ascenseurs de service, le toit, mais jamais les bureaux ou les luxueux intérieurs. On est vraiment plongé au coeur du squelette des bâtiments, que l’on visite non pas en touriste mais bel et bien en spectateurs privilégiés. Nul doute que la somme de travail pour recréer ce monde a été énorme. Il est d’ailleurs dommage que les bonus n’insistent pas assez sur ce point. Mais c’est sans doute parce que Zemeckis s’intéressait avant tout à l’homme et non à la technique.

 

Un plan cependant résume toute la poésie du fil. Quand le brouillard présent en haut de la tour s’estompe au moment où Philippe met son 2e pied sur le fil et entame sa traversée. La plénitude est alors atteinte et, même si l’on sait que l’histoire se terminera bien, on commence alors à trembler.

 

L’autre idée géniale est d’avoir fait de The Walk un film de casse à la Ocean’s Eleven. Tous les ingrédients y sont : le recrutement d’une équipe de bras cassé (avec en prime des acteurs français et américains vraiment fendants), le cerveau qui organise, le mentor qui regarde cela de loin, les aléas de l’histoire avec ses solutions à trouver à la dernière minute. Cela ne serait pas une histoire vraie, on pourrait même penser que les scénaristes ont exagéré. 

 

The Walk est donc un nouveau sommet dans la très riche carrière de Robert Zemeckis qui s’est affranchi depuis des années déjà de l’étiquette d’un disciple doué de Spielberg. Il a atteint il y a 22 ans l’autonomie avec Forrest Gump et depuis n’a eu de cesse que de creuser son propre sillon. Après Contact et Flight, ses deux derniers films « live », il ajoute donc une pierre magnifique à son édifice.

 

Peut-être qu’un jour la critique se rendra compte qu’elle a affaire à un cinéaste exceptionnel. En attendant, il faut impérativement se rattraper en vidéo. Car même sans 3D, le film est d’une beauté sans pareille, une ode à la persévérance, l’amour et l’amitié, le dépassement de soi, bref un résumé parfait de la carrière d’un homme qui a dédié sa vie au cinéma.

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Salla Obscursium Invocat
  • : BO US, BO France, BO Mondial, chroniques ciné, Chroniques DVD..... Toujours sans concessions et politiquement incorrect !!
  • Contact

  • Dave
  • Enseignant, fan de cinéma et de métal, chanteur dans différents groupe de métal, collectionneur de tout ce qui touche à Star Wars... what else ?
  • Enseignant, fan de cinéma et de métal, chanteur dans différents groupe de métal, collectionneur de tout ce qui touche à Star Wars... what else ?

La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

L'affiche du moment