Le pitch : au travers le lancement du Macintosh, du Next et de l'Imac, 3 moments clés de la vie du co-créateur d'Apple.
Ceux qui suivent mon blog depuis longtemps savent l'attachement que j'ai pour Apple et tous les produits de la marque ! J'écris d'ailleurs cet article sur un de Macbook tout en surveillant mes messages sur mon iPhone.
Connaissant bien la vie de Steve Jobs (j'ai lu ses différentes autobiographies plusieurs fois, donc celle, excellente de Daniel Ichbiah (Les 4 vies de S.Jobs)), j'attendais donc avec impatience ce que Danny Boyle allait en faire.
Surprise !! Plutôt que de le faire dans le biopic "classique", avec quelques flashbacks pour donner plus de corps, le réalisateur de Transpotting et Slum Dog Millonnaire a décidé de partir dans une direction totalement inverse en axant son film sur 3 moments qu'il considère clé chez le génie de l'informatique.
Et pour bien distinguer les 3 parties, il choisit de les traiter avec 3 cartes graphiques, si j'ose dire, différente ! Un gros grain de pellicule pour le lancement du Mac en 84, des couleurs plus chaudes en 88 pour le NEXT et un traitement "actuel pour le lancement de l'Imac. Mais un fil rouge : les rapports entre Steve et sa fille Lisa !
Franchement, cette approche est magnifique, car elle permet de dérouler les moments les plus importants de la vie de Jobs (la création de l'Apple 1 dans le garage, son adoption, la rencontre avec Sculey, sa mise à l'écart d'Apple...) tout en ne laissant pas dans l'ombre son caractère impossible, ses contradictions, sa dureté envers ceux qui lui étaient dévoués corps et âme. A ce niveau, Kate Winslet, qui interprète Joanna Hoffman, sa fidèle directrice du marketing, et qui retrouve sans aucun doute l'un de ses plus beaux rôles (son plus beau ?) depuis Rose de Titanic, en donne toutes les nuances ! Malmenée, humiliée parfois, elle ne cherche qu'à aider son boss ! Mais c'est justement sa force de caractère (elle est au minimum aussi tenace que lui) qui lui permet de tenir le coup et même d'être la seule à oser s'opposer frontalement à lui, que cela soit sur les sujets informatiques et sur sa fille, qu'il refuse de reconnaître !!
Car oui, Jobs était un type imbuvable, orgueilleux, persuadé d'avoir toujours raison et refusant de donner les remerciements à ceux à qui il était redevable (les duels verbaux avec Steve Wozniak sont merveilleux). Oui, mais pas tout le temps.
Car Jobs était aussi la personne qui pouvait donner son amitié sans aucune retenue, qui, malgré son déni, mettra sa famille "cachée" à l'abri du besoin, qui poussait ses équipes dans leurs derniers retranchements et exigeait l'impossible car il savait que c'était possible. Tout ceci transparaît également dans le film.
On passe d'un Jobs colérique à un Jobs ayant gardé le dessin de sa fille pendant des années, d'un Jobs d'une mauvaise foi effroyable à un Jobs qui propose au président de Pepsi de changer le monde, un Jobs manipulateur à un Jobs qui rebondit encore et toujours, qui obtient toujours ce qu'il veut, même quand c'est futile (éteindre les panneaux Sortie de secours) !! Et pour cela, il fallait un acteur d'exception : Michael Fassenber est cet acteur ! Il retransmet à merveille le personnage privé que le monde ignorait s'il ne s'intéressait pas au co-fondateur d'Apple, avec ses failles, ses certitudes, ses erreurs, ses mensonges, ses vérités, sa confiance aveugle, ses exigences, ses doutes... Bref, Fassenber est Steve Jobs !
Le reste du casting est au diapason, outre Kate Winslet, déjà citée, Jeff Daniels retrouve aussi un rôle digne de lui et campe un Sculley tour à tour admiratif puis très critique vis à vis du fondateur d'Apple, Seth Rogers est parfait en alter-égo geek de Jobs et les 3 actrices qui se succèdent pour interpréter Lisa lui rendent totalement justice.
Alors, un film sans défaut ? une biopic parfaite ? J'ose penser que oui car le script ne juge jamais Jobs mais offre son personnage entier au public et car Boyle ne se met jamais en avant par rapport à son sujet !
En fait, il filme surtout des joutes verbales, entre Jobs et sa la mère de Lisa, Chrisann Brenann , entre Jobs et Sculley, entre Jobs et Wozniak, entre Jobs et Joanna... Mais chaque affrontement est filmé différemment et on ne sais jamais qui en sortira vainqueur ! Il est évident que raconter la vie de Jobs de A à Z n'intéresse pas Danny Boyle. Ce qui l'intéresse, ce sont les moments vraiment importants ! Bien sûr, il en manque des tas comme l'explosion de l'Apple II, le lancement de l'ipod (qui redéfinira la stratégie d'Apple de manière radicale), son mariage, sa maladie, le rachat de Pixar... Tous ces pans sont absents du film, mais de toutes façons, pour raconter une telle vie, c'est une trilogie qu'il faudrait au minimum !
L'échec public du film (34 millions de recettes internationales pour un budget de 30) ne change rien ! Peut être que les gens voulaient qu'on leur raconter une histoire simple de pouvoir et de succès, pas qu'on leur raconte l'histoire d'un homme qui mettra 15 ans pour avouer à sa fille qu'il l'aime. Mais qu'importe !! Steve Jobs est un chef d'oeuvre, un film à l'image de son modèle : complexe, contradictoire et malgré tout attachant !
Que vous soyez un fan absolu d'Apple ou que vous détestiez la marque, vous ne regarderez plus les gens qui ont changé le monde de la même manière !!