Le pitch : Une jeune policière cherche à intégrer la célèbre unité d’élite. Petit souci : elle est gaffeuse et maladroite. Avantage : son père est le ministre de l’intérieur.
Après le très réussi Supercondriaque, Dany Boon change quelque peu de registre. S’il est toujours question de comédie, Raid Dingue va également mettre en avant une mise en scène plus ample, quelques scènes d’action très réussies et une réflexion très pertinente sur la place des femmes dans notre société.
Et, à la différence des 4 précédents films de l’acteur (Si, si !! Les Ch’tis ne fut pas son premier film mais le moins connu La maison du bonheur), Dany Boon joue un vrai second rôle. La vedette est bel et bien Alice Pol dont le seul visage fait rire.
Parce que, comme toute comédie qui se respecte, Raid Dingue est un film rigolo. Certes, quelques gags ou dialogues sont un peu faciles (le dîner avec les deux méchants travestis en femme) et le script aurait pu aller plus loin avec certaines situations. Mais très franchement, on se bidonne du début à la fin, que cela soit aux gaffes de la policière (mention spéciale à sa protection très « rapprochée » du président) ou aux tentatives désespérées et très machistes de Boon pour évincer Pol de son unité.
L’histoire se déroule tranquillement et il est clair qu’elle n’entend pas révolutionner la comédie de situation. Mais, sous cette apparente simplicité se cache une histoire à tiroir : il y a bien entendu le cheminement d’Alice, l’intrigue policière (plutôt bien ficelée même si pas toujours crédible), le chemin inverse de Boon, la romance contrariée (là, on est dans la classique comédie chien/chat avec retournement de situation puis réconciliation) et les dommages collatéraux faits aux personnages secondaires. Parmi ceux là, Michel Blanc est excellent en ministre de l’intérieur notamment quand le script brocarde gentiment certains aspects pas très reluisants.
Cependant, la force du film est de ne pas se prendre pour ce qu’il n’est pas. On est clairement dans le registre de la comédie et si l’histoire tourne autour des difficultés pour une femme de s’insérer dans un monde très masculin, à aucun moment, on ne se retrouve avec un métrage vindicatif ou ultra-militant. En fait, si le film soulève bien quelques questions (tout comme Rien à déclarer parlait du racisme ordinaire ou Supercondriaque de notre dépendance aux médicaments), Raid Dingue est surtout un prétexte à faire passer un bon moment.
La réussite tient justement à cela : les gags, je le répète, sont drôles, les dialogues bien écrits et la mécanique de la comédie parfaitement rodée. Certains pourront s’agacer que le personnage de Dany Boon change de ton à mi-parcours, mais quand on sait que l’acteur-réalisateur déteste le cynisme et préfère toujours montrer ce qu’il y a de meilleur chez les gens, cela n’est en aucun cas une surprise. C’est même le contraire qui aurait été étonnant.
Vrai succès populaire (quasiment 4,5 millions d’entrées au moment où j’écris ces lignes), Raid Dingue confirme la proximité dont jouit Boon avec son public. Et franchement, on ne lui demande pas de se lancer dans un western néo-réaliste ou un drame gore. Il sait faire ce type de film, y excelle, le public en redemande. Pourquoi devrait-il changer ? Après tout, notre société a besoin de se détendre et quand des artistes sont capables de le faire, il n’y a aucun intérêt à les pousser à faire autre chose.
En attendant, avec Alice Pol, il a trouvé son pendant féminin. Et si on avait enfin un duo à la hauteur du Depardieu/Richard des années 80 ? C’est bien le seul mal qu’on lui souhaite !