Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 décembre 2017 2 12 /12 /décembre /2017 07:25
Les figures de l'ombre (****)

Le pitch : derrière les succès de la Nasa, il n'y avait pas que des astronautes. Il y avait aussi des hommes de l'ombre qui oeuvraient. Mais aussi des femmes. Noires de surcroit !

 

Passé inaperçu en France, tout comme La couleur des sentiments (il faut croire que le "pays des droits de l'homme" n'en a rien à faire des films traitant de la lutte des Afro-américaines) , Les figures de l'ombre mérite largement d'être découvert en vidéo. Je n'avais eu la chance de le voir en salle, car son temps à l'affiche avait été super court et j'ai attendu de le voir en Blu-ray pour le chroniquer.

 

Les deux premières scènes donnent le ton : une petite fille noire surdouée qui résout une équation devant des étudiants deux fois plus âgés qu'elle. Puis les trois héroïnes en panne de voiture, traitées comme des moins que rien par un shérif avant que ce dernier ne leur ouvre la route quand il comprend qu'elles travaillent à la Nasa.

 

A travers la trajectoire de 3 femmes noires, une mathématicienne de génie, une jeune ingénieur qui veut faire les mêmes études que les blancs et une matrone (Octavia Spencer, déjà vue dans La couleur des sentiments) qui, afin de sauver les emplois de son équipe, apprendra le  Fortran pour dompter les monstrueux IBM de l'époque, on suit l'évolution d'une société tout en plongeant dans les arcanes de la Nasa, à une époque où, concurrence avec la Russie soviétique oblige, elle dépendait de la CIA. Ou tout du moins, ses locaux étaient installés à Langley. Battre l'ennemi soviétique dans la course spatiale était un combat à mort !

 

La force du film est de s'intéresser à une période que tout le monde pense connaître, mais qui comporte des pans largement méconnus. A l'instar de L'étoffe des héros qui s'intéressait aux pilotes derrière le programme spatiale ou Apollo 13 qui décortiquaient la mission avortée, Les figures de l'ombre plonge dans les arcanes de la conquête spatiale de manière réaliste et fait revivre toute une épopée.

 

Mais, à la différence de ces deux glorieux aînés, le film se concentre sur les fourmis de cette conquête, les personnes que l'on ne voyait que comme figurants dans les autres métrages. Et la force du script est de s'intéresser à une minorité dans la majorité, ressuscitant une époque qui nous semble tellement étrangère par sa ségrégation, mais si proche finalement dans le temps.

 

Ainsi, l'une de scènes les plus incroyables du film est celle où Catherine, la mathématicienne surdouée, doit filer dans un autre bâtiment à plus de 800m parce qu'il n'y a pas de toilettes pour gens de couleur dans celui où elle travaille. On a peine à croire qu'une telle organisation ait existé. Une autre scène choque, celle où John Glenn arrive à Langley et salue les employés. Tout à coup, il décide d'aller saluer également l'autre groupe, celui des gens de couleur. Même dans la foule admirative, la ségrégation était de mise.

 

Mais je me garderais bien de jeter la pierre à l'Amérique car elle a su faire face à ses erreurs et, même si tout n'y est pas parfait, l'Europe a-t-elle fait aussi sa révolution "raciale" ?

 

Mélangeant images d'archives avec reconstitutions ultra fidèles des vols spatiaux, Les figures de l'ombre n'a pas vocation à être spectaculaire. La conquête spatiale n'y est finalement qu'un prétexte pour parler d'égalité, de racisme ordinaire, de combats féministes. Et le fait d'avoir pris le très grand Kevin Costner (mâtin !! Quel acteur ! Chacune de ses apparitions dans un film est un régal) pour contrebalancer le casting afro-américain est une idée de génie. Car quel autre acteur personnifie à ce point une certaine idée de l'Amérique ? D'un abord très froid, c'est son indifférence à la couleur de la peau de ses employés (pour lui, ils doivent donner le meilleur d'eux même et c'est tout) qui fera évoluer la Nasa, et par ricochet la société de Virginie.

 

Si Costner montre la façon dont un homme peut s'interroger sur les préjugés qui, mine de rien, étaient normaux et acceptés par quasiment pout tous, Kristen Dunst , excellente, représente la face qui a plus du mal à accepter le changement. Dans un rôle ingrat et difficile, elle livre une prestation des plus convaincantes. Mine de rien, la petite fille de Entretien avec un Vampire et la MJ de la première trilogie Spider-Man est devenue une femme tout en améliorant encore son jeu d'actrice, l'épurant et la hissant à la hauteur des plus grandes.

 

Dommage d'ailleurs que le cinéma américain, tout comme pour Costner, n'ose pas lui faire plus confiance.

 

Bien entendu, les héroïnes sont bien ce trio féminin afro-américain, Taraji P.Hanson en tête dans la peau de cette mathématicienne géniale qui permis à John Glenn de s'envoler au delà de notre planète. Son interprétation est fabuleuse car jamais elle ne cherche à militer. Elle ne fait que son travail et gagnera le respect par lui, pas par des quotas ou des passe-droits. Là aussi, le rôle est casse-gueule car la tentation d'en faire une passionniaria était grande.

 

Si Janelle Monae a un rôle plus effacée que ses deux comparses, Octavia Spencer retrouve la gouaille de La couleur des sentiments dans un rôle pas si éloigné de femme faisant bouger les lignes par son action.

 

Vous l'aurez compris, Les figures de l'ombre ne pourra que satisfaire tous ceux qui s'intéressent à l'histoire américaine contemporaine, mais aussi à tous ceux qui aiment voir une belle histoire et un beau combat au cinéma.

 

Le Blu-ray rend amplement justice à l'atmosphère colorée de l'époque, l'image est très piquée et le son sait se déchaîner dans les scènes spatiales.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Salla Obscursium Invocat
  • : BO US, BO France, BO Mondial, chroniques ciné, Chroniques DVD..... Toujours sans concessions et politiquement incorrect !!
  • Contact

  • Dave
  • Enseignant, fan de cinéma et de métal, chanteur dans différents groupe de métal, collectionneur de tout ce qui touche à Star Wars... what else ?
  • Enseignant, fan de cinéma et de métal, chanteur dans différents groupe de métal, collectionneur de tout ce qui touche à Star Wars... what else ?

La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

L'affiche du moment